Pas de danse

Le pas magique universel

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Il arrive souvent qu’une personne souhaitant apprendre à danser se présente dans une école de danse pour des cours particuliers et découvre que l’apprentissage doit être plus long qu’elle ne l’avait envisagé. Évidemment, tout le monde aimerait savoir danser en un clin d’oeil et sans effort. Malheureusement, cela n’est pas possible. Pourtant, il y a des gens qui prétendent qu’on peut tout danser en ne maîtrisant qu’un seul ensemble de pas. Je suis tombé, il y a quelques mois, dans une librairie (je ne me suis pas fait mal , je vous rassure ), sur un livre qui le prétendait en tout cas. Je n’ai plus exactement le titre en tête, mais il me semble que cela ressemblait à « Manuel de l’homme parfait ». Peu importe. En tout cas, ce livre regroupait tout un tas d’astuces et de raccourcis (ouvrir une bouteille de champagne, défaire un soutien-gorge avec une seule main, réussir la manoeuvre de Heimlich, etc.) pour permettre à monsieur Tout-le-Monde de devenir cet homme parfait qui fait tomber les femmes (décidément, tout le monde tombe aujourd’hui… ). Comme la Saint-Valentin vient de passer, je vais vous donner le secret pour ce qui concerne la danse en couple. Ca pourra servir à certains d’entre vous l’année prochaine !

Ce fameux livre décrivait un pas soi-disant universel à la rythmique comme suit : « lent, vent, vite, vite », puis on recommence. Cela m’a fortement rappelé le « Magic Step » (traduction française : le pas magique) d’Arthur Murray. Et je crois que l’auteur du livre y a trouvé son inspiration. Pour mémoire, Arthur Murray (ci-contre avec son épouse) est un célèbre professeur de danse né en 1895 et décédé en 1991. Il a particulièrement été connu par ses cours de danse télévisés et les écoles de danse sous licence disséminées dans tous les États-Unis. Pour la petite histoire, Jane, la fille d’Arthur Murray a épousé le docteur Heimlich qui a donné son nom à la fameuse manoeuvre que l’on enseigne en stages de premiers secours. Il y a tellement à dire sur ce monsieur que je lui consacrerai un article entier ultérieurement.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre fameux « Magic Step », le pas magique. En plus de l’enseigner, Arthur Murray en parle dans son livre « How to become a good dancer » (« Comment devenir un bon danseur »), écrit en 1938 et réédité jusqu’en 1959 (c’est tout du moins l’édition dont je dispose). Il situe ce pas dans le contexte du foxtrot, mais certains d’entre vous auront malgré tout reconnu une rythmique familière à d’autres danses.

Voici comment le présente Arthur Murray (je vous le traduis en français).

Après trente années d’expérience, j’en suis arrivé à une découverte qui a changé notre système d’enseignement du foxtrot dans son ensemble. J’ai trouvé qu’un seul pas facile était la base de 75 pour cent de tous les pas populaires du foxtrot. Une fois qu’une personne maîtrise le rythme de cet unique pas, ce dernier peut être utilisé de 27 différentes façons. Je l’ai donc appelé le Magic Step, le pas magique — ceci parce que son rythme fonctionne comme par magie !

Avant que je ne découvre le rythme du pas magique, toutes les variations du foxtrot devaient être apprises séparément. Toutes les combinaisons avaient des comptes différents qu’un élève devait mémoriser.

Mais à présent, avec le pas magique, on apprend uniquement un motif rythmique de deux comptes « lents » et de deux comptes « vite », ce qui devient très rapidement quasiment automatique. La musique semble vous guider sans que vous ayez à penser « Que dois-je faire ensuite ? ».

Le motif du pas magique en lui-même peut être fait en avant ou en arrière et, comme c’est un précieux raccourci vers le fait de bien danser le foxtrot, je vous conseille de passer un bon moment à l’apprendre et à le pratiquer. Le pas magique à lui seul peut mettre le pied à l’étrier à un débutant de bonne manière et l’amener à une danse de qualité.  

Le schéma de base de déplacement du danseur est représenté dans la figure ci-dessus : en avant, en avant, de côté, assemblé. Il suffit de danser ce pas le long de la ligne de danse et l’on obtient un foxtrot « à la Murray ». Ensuite, il n’y a plus qu’à transformer ce pas pour changer les directions, tourner, etc. À partir de là, Arthur Murray ajoute le « Senior Walk » pour tourner d’un quart de tour à droite, puis un quart de tour à gauche et l’on obtient quasiment le pas de base pratiqué aujourd’hui en quickstep (en forme de « W »). Dans la progression, on trouve aussi le « Junior Walk » (en déboîté), le « Conversation Step » (position promenade) et il introduit même un « Magic Right Turn », le tour à droite magique… En tout cas, si vous voulez en savoir plus, ne cherchez pas ce livre dans le commerce : il n’existe plus depuis longtemps.

Comme je l’ai laissé entendre, on retrouve la rythmique de ce pas (mais avec une autre technique de pas) dans d’autres danses comme le tango, le pas marché du rock ou le collegiate shag, sans compter les variantes du foxtrot. Certains s’en servent aussi pour danser le slow (mais en réalité cela s’apparente plutôt au slow fox). Dès qu’une musique (en 4/4 ou 2/4) n’est pas trop rapide, le « lent, lent, vite, vite » peut être utilisé (ou peut-être « lent, vite, vite, lent » résonne-t-il mieux à vos oreilles ?). Il est sûr que certains messieurs ne s’en sont pas privés pour séduire lors de soirées ou repas dansants au son d’un grand orchestre de jazz. Classe et décontraction. Bien entendu, ce « Magic Step » ne fonctionne pas dans le cadre de danses à 3 temps ou des danses stationnaires. On peut donc dire que le pas universel n’existe pas et qu’il faut malgré tout travailler beaucoup différentes techniques pour devenir le danseur parfait !

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