Partie 9 de la saga «Espace UltraDanse de 2013 à 2025 »
[<< Précédemment en partie 7 : les à-côtés et la gestion]
Préambule
Je m’appelle Christian ROLLAND et c’est moi qui ai créé l’école de danse « Espace UltraDanse » à Aucamville, en périphérie nord de Toulouse, en 2013. Créer sa propre école ne vient pas de nulle part et c’est un projet qui ne s’improvise pas. Je vous raconte ici, en quelques épisodes et sans trop entrer dans les détails (d’où l’absence de la plupart des noms de personnes et lieux précis), le parcours qui a mené à la création de cette école de danse à laquelle je me suis consacré, tel un sacerdoce, où de nombreuses personnes ont pu s’épanouir et dont je m’apprête à fermer le livre prochainement en juin 2025.
PARTIE 8 : les livres sur la danse et la photo de danse
Comme je l’ai dit en partie 1, j’ai créé ma propre maison d’édition sur le thème de la danse avant de créer mon école de danse. Depuis que je suis enfant, j’adore la lecture (elle permet de s’évader et de s’instruire dans un temps ralenti, contrairement aux autres médias) et manipuler le livre en tant qu’objet. J’ai environ 1400 livres dans ma bibliothèque qui ne compte pas les ouvrages que j’ai empruntés et rendus. La danse est un thème qui regroupe déjà 400 de ces livres des années 1900 à nous jours et en diverses langues. Je m’étais déjà essayé à l’écriture de livres depuis tout jeune en recopiant des articles d’encyclopédie sur tel ou tel thème. Plus tard, à l’âge de 21 ans, je publiais déjà mon premier vrai livre dans le domaine de l’informatique aux éditions Addison-Wesley et deux autres ont suivi, dont un chez O’Reilly, des maisons d’édition connues dans ce domaine. Dans mon envie de partager sur le sujet de la danse, il m’a donc semblé naturel de me mettre à l’écriture d’un premier livre sur la technique du rock en 2003.

Je voulais faire une vraie référence technique détaillée permettant non seulement d’apprendre à danser mais surtout au lecteur aguerri de concevoir lui-même sa méthode d’apprentissage. J’ai beaucoup travaillé sur le concept et les notations. Les descriptions sous forme de texte avaient déjà été utilisées et les notations des pieds au sol sous la forme de schémas également dès les années 1950. J’ai ajouté une notation de mon invention qui visualise le couple de danse depuis le dessus avec les positions de corps et de bras. Il ne me restait plus qu’à décrire par écrit la technique du rock’n’roll basé sur ces outils en y adjoignant des vues 3D que je réalisais en images de synthèse. Peu d’autres que moi pouvaient le faire, car il fallait regrouper des compétences techniques en informatique et des compétences techniques et pédagogiques en danse pour écrire ce livre de plus de 400 pages. Malheureusement pour moi, aucune maison d’édition n’a voulu de mon manuscrit qui s’inscrivait dans une niche.
Le rock’n’roll : etchnique de danse et pratique par C. Rolland

Vous commencez à le comprendre, je ne me laisse jamais abattre et, quand j’ai une idée en tête, je me donne les moyens pour aller jusqu’au bout. J’ai donc décidé de faire imprimer moi-même mon livre, puis de le mettre en vente. J’ai démarché les librairies, glané les informations qu’elles me donnaient sur le réseau de fournisseurs qu’elles utilisaient, puis décidé de professionnaliser mon activité pour être présent dans tous les rayons. J’ai donc créé ma structure d’édition sous la forme d’une micro-entreprise, j’ai suivi le parcours du combattant pour me faire référencer un peu partout dans les réseaux professionnels, créé un site Internet et commencé à envoyer mes livres aux librairies et aux particuliers qui me passaient commande dès 2006. Puisque j’avais atteint ce stade, autant continuer à écrire d’autres livres qui seraient distribués grâce au circuit mis en place. J’ai donc continué à écrire des livres sur la danse : techniques des danses à deux, nouvelles, etc. Et puis je suis tombé sur l’autobiographie en anglais de Frankie Manning, monstre sacré du lindy hop, dont j’avais suivi les cours en stage intensif. Quand j’en parlais autour de moi, beaucoup me disaient qu’ils ne maîtrisaient pas assez l’anglais pour le lire. Il me fallait faire découvrir ce texte aux francophones et, comme mon credo est toujours « Ça n’existe pas ? Fais-le toi-même ! », je me suis mis en tête de le traduire.

J’ai contacté l’éditeur américain, acheté les droits d’adaptation en français et je me suis mis au travail. J’ai beaucoup échangé avec le co-auteur du livre par e-mail et par téléphone pour produire une traduction fidèle et même améliorer le livre par rapport à l’original en lui adjoignant des éléments spécifiques et originaux pour la version française. Je passe sur mes 9 mois de labeur pour produire ce livre de 368 pages et mon unique échange téléphonique avec Frankie Manning, un mois avant son décès, qui attendait avec impatience de voir la première adaptation étrangère de son livre en 2009. C’est à cette époque que j’ai contracté avec un diffuseur-distributeur qui m’a permis d’atteindre le statut d’éditeur à part entière et de rendre disponibles mes livres dans tous les pays francophones.

Lorsque j’ai créé mon école et eu mes propres locaux professionnels, j’y ai naturellement regroupé aussi les livres de ma maison d’édition et le stock correspondant. J’ai continué à travailler de nouveaux projets après le lancement de l’école, mais il restait de moins en moins de temps pour me consacrer régulièrement à l’édition et l’écriture de livres. Actuellement, je maintiens la commercialisation et j’attends d’avoir le temps de mettre en place de nouveaux projets ou rééditions. Depuis 2013, j’ai pu partager mon expérience par le biais de conférences, dont une sur l’adaptation en Français du livre de Frankie Manning. Par ailleurs, plusieurs personnes sont venues me voir après avoir connu mon livre de référence sur le rock et apprendre la technique auprès de moi. C’est un plus pour une école de danse que de pouvoir proposer un support correspondant à certains de ses cours. Au moins, la crédibilité technique de l’enseignant est mise en avant et accessible à tous librement. Je sais que de nombreux profs utilisent certains de mes livres (certains ne donnent pas leurs sources malgré tout) et ça montre que mon travail a été utile.
Lorsque le Covid a pointé le bout de son nez avec la fermeture obligatoire des écoles de danse, je me suis demandé ce que j’allais faire de tout ce temps enfermé dans mon école en centre-ville sans jardin pour m’aérer. Comme je l’ai dit en partie 7, j’ai essayé de gérer cela au mieux. J’ai consacré une partie de tout ce temps libre pour acquérir de nouvelles compétences et j’ai choisi le domaine de la photographie. Depuis que je me produis sur diverses scènes avec ma troupe, j’ai souvent été photographié et j’ai découvert qu’on pouvait faire de jolies choses sur une photo. Je maîtrisais déjà un outil complexe comme Photoshop et la retouche d’image, mais je n’avais vraiment aucune compétence en prise de vue. Le fait de côtoyer des photographes passionnés et de voir leur travail m’a donné envie d’en faire autant. J’ai donc suivi des heures et des heures de cours en vidéo en ligne et lu des livres sur la photo. J’ai ensuite dû expérimenter les notions. En premier lieu, j’ai utilisé mon smartphone avec des réglages manuels. Ensuite j’ai acheté un petit appareil photo micro 4/3 et j’ai exploré le mode manuel et encore appris beaucoup de choses.

Puis j’ai acheté des éclairages et flashes et, dès la fin des confinements du Covid, j’ai mis à contribution les élèves de l’école de danse pour m’exercer à toutes ces techniques dont je connaissais la théorie. De fil en aiguille, j’en suis arrivé à voir les limites de mon matériel et je suis passé sur un appareil photo plein format et du matériel professionnel. En 2020, j’ai décidé d’inclure une activité de studio photo dans l’école. Pour cela, j’ai remodelé la 3e salle de danse et je l’ai aménagée, isolée et climatisée pour pouvoir servir à la fois de studio photo avec du matériel fixé au mur et de salle de danse avec des miroirs cachés derrière des rideaux. Actuellement, j’y reçois des particuliers pour des photos d’identité, des familles pour des portraits, des professionnels pour des photos relatives à leur profession, etc. Je me déplace aussi pour couvrir des concerts (j’ai déjà eu une photo publiée dans un magazine), festivals et spectacles (dont évidemment des spectacles et galas de danse). Et voilà donc que prend place dans ce local une nouvelle activité en rapport avec la danse et le développement personnel et culturel.
