Archives de catégorie : Culture

Article sur un thème culturel :  cinéma, télévision, vidéo, livres, musique, peinture, photographie, etc.

Le Bus Stop : la danse emblématique du disco

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Quand on évoque l’époque disco, on ne peut pas s’empêcher de penser aux pistes de danse éclairées de lumières colorées, aux paillettes et aux mouvements rythmés des danseurs en harmonie avec les « boum boum » enivrants de la musique. Parmi les multiples danses qui ont marqué cette période, le Bus Stop est l’une des plus appréciées et emblématiques. Plus qu’une simple danse, c’est un véritable phénomène culturel qui a traversé les décennies pour devenir un classique intemporel.

Origines et évolution

Fastback Band, Do The Bus Stop
Fastback Band, Do The Bus Stop

Le Bus Stop est dans les années 1970, dans le milieu de la musique disco dans une petite discothèque de Chicago. On lui attribue généralement le titre de première danse en ligne de l’ère du disco. Initialement appelée le « L.A. Hustle », cette danse en groupe a été renommée « Bus Stop » lorsqu’elle s’est propagée vers la côte Est des États-Unis. Elle est composée d’un mélange de pas simples et répétitifs basés sur des mouvements simples de danse en ligne. À l’inverse des danses de couple qui dominaient avant l’ère disco (rock’n’roll, danses de salon, etc.), le Bus Stop permettait à un grand nombre de personnes de danser ensemble sur la piste de danse, créant ainsi une sensation d’unité festive.

L’apparition de la danse dans les clubs new-yorkais a favorisé sa diffusion grâce aux DJ et aux chorégraphes de l’époque. La popularité du Bus Stop s’est rapidement accrue, au point de devenir une référence dans les soirées disco à travers le monde. La danse est généralement liée à la chanson « Do The Bus Stop » du groupe The Fatback Band bien qu’en réalité elle puisse être faite sur n’importe quelle chanson disco avec un tempo adapté. Citons en particulier « Get Up, Get Down, Get Funky, Get Loose » de Teddy Pendergrass, “Play That Funky Music” de Wild Cherry ou encore « Some Kind of Trouble » de Tanya Tucker. Voici une vidéo de la version de The Fatbck Band en 1975.


Petit à petit, grâce à son succès au fil des années, le Bus Stop a été intégré parmi les danses en ligne pratiquées par les amateurs au même titre que les autres danses (country) en ligne.

Mouvements de base

Le Bus Stop est relativement simple à danser, ce qui a joué un rôle essentiel dans sa réussite. La danse se déroule en 32 temps et 4 murs. Voici une explication des étapes fondamentales par série de 4 temps :

  • 1-4 : Walk Back, Touch
    reculer le pied droit, reculer le pied gauche, reculer le pied droit, pointer le pied gauche à côté du pied droit sans le poids du corps
  • 5-8 : Walk Forward, Touch
    avancer le pied gauche, avancer le pied droit, avancer le pied gauche, pointer le pied droit à côté du pied gauche sans le poids du corps
  • 9-12 : Vine Right, Touch
    écarter le pied droit à droite, croiser le pied gauche derrière le
    pied droit, décroiser le pied droit à droite, pointer le pied gauche à côté du pied droit
  • 13-16 : Vine Left, Touch
    écarter le pied gauche à gauche, croiser le pied droit derrière le
    pied gauche, décroiser le pied gauche à gauche, pointer le pied droit à côté du pied gauche
  • 17-20 : Step Touch, Step Touch
    écarter le pied droit à droite, pointer le pied gauche à côté du
    pied droit, écarter le pied gauche à gauche, pointer le pied droit à côté du pied gauche
  • 21-24 : Slide and Heels
    écarter largement le pied droit à droite, assembler le pied gauche
    au pied droit en le faisant glisser au sol (slide), déplacer le poids
    du corps sur l’avant des pieds puis écarter les talons, ramener
    les pieds parallèles
  • 25-28 : Taps
    pointer le pied droit vers l’avant deux fois, pointer le pied gauche
    vers l’arrière deux fois
  • 29-32 : Toe, Turn and Stomp
    pointer le pied droit vers l’avant, pointer le pied droit vers
    l’arrière, pointer le pied droit vers le côté, pivoter d’1/4 de tour à gauche puis taper du pied droit au sol à côté du pied gauche, sans mettre le poids du corps (stomp)
  • Puis on recommence au début !
Danseuses de Bus Stop
Danseuses de Bus Stop

Comme dans le cas d’un madison, on répète ces mouvements, les danseurs tournant d’un quart de tour, vers une nouvelle direction, à chaque cycle. Il est possible d’inclure des variations dans le Bus Stop de base, les danseurs improvisent en utilisant des mouvements de bras ou en ajoutant des pas supplémentaires, ce qui rend la danse à la fois accessible et personnalisable. Par exemple, sur les comptes 21 à 24, il est possible de sauter vers l’avant sur un temps, sauter en arrière sur un temps, puis effectuer un mouvement faisant se joindre puis s’écarter les talons deux fois ; ou encore pour s’amuser, on peut aussi débuter la danse sur le temps 9 et reprendre les temps 1 à 8 pour finir ou encore sur le temps 25 et reprendre les temps 1 à 24 pour finir comme dans la vidéo ci-dessous où le Bus Stop est piloté par Charlie Green en 1982 à Chicago dans une version adaptée au titre « Make It Clap » de Will The Funkboss.

La danse (country) en ligne
La danse (country) en ligne

Vous pourrez retrouver les pas du Bus Stop illustrés dans mon livre « La danse (country) en ligne » avec de nombreuses autres danses accessibles à tous, toujours disponible en librairie, en commande en ligne ou en commande directe aux éditions Ch. Rolland !

Impact culturel

Le Bus Stop dépasse largement le simple cadre de la danse, il incarne une époque la danse en ligne en groupe relativement important étaient au cœur de la culture des clubs. À une époque la musique disco rassemblait les individus de toutes origines et de tous âges, le Bus Stop était un moyen facile et divertissant pour tous pour se connecter et de partager la joie de la danse.

Le Bus Stop est devenu une icône des soirées disco grâce à l’émergence des clubs de danse et à l’influence des films tels que Saturday Night Fever. Il a franchi les frontières culturellesen étant pratiqué dans différentes soirées et demeure encore populaire dans certains cours de danse et les fêtes disco à l’heure actuelle.

Le Bus Stop aujourd’hui

Malgré la disparition de la culture disco années 1970, le Bus Stop n’a jamais réellement disparu. Il demeure un élément essentiel des soirées incluant de la musique disco et continue d’être enseigné dans les cours de danse aux USA. La danse est toujours appréciée pour son côté nostalgique et accessible, tant par ceux qui l’ont connue à son apogée que par les nouvelles générations curieuses de retrouver l’esprit festif de l’époque disco.

Petite anecdote supplémentaire, aujourd’hui dans le milieu du swing « à l’ancienne » des années 1930-40 (jazz roots, lindy hop, etc.) et de ses festivals ou cours de danse, on voit un Bus Stop revisité à la manière swing par des professeurs. On avait déjà eu droit au « Madison revisité par Frankie Manning », et à présent c’est au Bus Stop de servir de base pour animer les cours de danse ou comment faire du neuf avec du vieux ou, plus précisément, faire du très vieux avec du moins vieux !

En résumé, le Bus Stop dépasse largement le simple enchaînement de pas ; il s’agit d’une partie essentielle de l’histoire de la danse, d’un témoignage de l’influence du disco, et d’un rappel que parfois, les meilleures danses sont celles qui réunissent tous les participants sur la piste. 

 

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Jackie Chan le danseur : danse et arts martiaux

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Qui ne connait pas Jackie Chan, célèbre acteur associé aux arts martiaux, cascadeur et réalisateur de films d’action à succès ? Mais saviez-vous que la danse émaille sa vie et sa carrière tout entière ?
J’ai aujourd’hui décidé de vous parler de cet acteur iconique et de sa capacité  à danser mais aussi de la relation entre les arts martiaux et la danse.

Arts martiaux
Arts martiaux

La danse et les arts martiaux partent d’un grand point commun : la maîtrise du mouvement corporel. Que l’on exerce ces disciplines en solo ou avec un(e) partenaire (ou plutôt un(e) adversaire dans le cas des arts martiaux), il est nécessaire d’utiliser des techniques bien précises pour aboutir au bon résultat. En danse, on doit maîtriser l’équilibre, le rythme, l’énergie, les forces appliquées à un(e) partenaire dans le cadre d’une interaction (guidage en danse à deux, pas de deux, portés, etc.), le placement des éléments du corps pour réaliser les mouvements correspondant au style recherché, l’anticipation pour une chorégraphie fluide, sans oublier la mémoire des enchaînements lorsqu’on danse hors improvisation.  Dans le domaine des arts martiaux, je pourrais faire une phrase très semblable puisque les mêmes qualités sont requises pour une bonne pratique dans le cadre d’un combat ou celui d’une exhibition.On peut aussi ajouter dans la liste des points communs la discipline, la concentration, le contrôle de soi, l’expression artistique à travers les mouvements du corps. Dans le cas de démonstrations, on peut aussi citer l’importance du rythme, de la synchronisation entre les participants ainsi que la fluidité des enchaînements.

Si l’on poursuit le parallèle entre la danse à deux et un combat d’arts martiaux, la différence essentielle en dehors de la présence ou l’absence de musique sera le fait que dans le premier cas le danseur veut faire ressentir à sa danseuse le mouvement qu’il voudrait lui faire faire et que dans le second cas les adversaires essaient de masquer leurs intentions à l’autre pour pouvoir se surprendre mutuellement.

Le cas de Jackie Chan et d’autres stars des films d’arts martiaux mérite d’être étudié de plus près… De ses débuts à l’Opéra de Pékin à ses apparitions dans des films à succès, Jackie Chan a en particulier parcouru un chemin unique dans le monde de la danse.

Seven Little Fortunes
Seven Little Fortunes avec Jackie Chan

Jackie Chan est né le 7 avril 1954 à Hong Kong. Il a commencé sa formation en arts martiaux dès son plus jeune âge à partir de 1961 à l’Opéra de Pékin, également connue sous le nom de « China Drama Academy », où il a aussi étudié la danse traditionnelle chinoise et l’acrobatie. Cette formation précoce a influencé son style de combat unique qui intègre des éléments de danse et d’acrobatie, jetant ainsi les bases de ses talents multiples qui allaient le propulser vers la gloire cinématographique. Il a fait partie des meilleurs de sa promotion et sélectionné pour faire partie des « Seven Little Fortunes » qui se produisaient au Lai Yuen Amusement Park de Kowloon. La formation à l’Opéra de Pékin a également exposé Jackie Chan à une variété d’autres disciplines artistiques, notamment l’acrobatie et les arts martiaux, qui allaient devenir des éléments clés de son style cinématographique unique plus tard dans sa carrière. Cette formation polyvalente a contribué à forger sa passion pour les arts de la scène et à jeter les bases de sa future carrière dans l’industrie du divertissement.

Les premiers pas de Jackie Chan dans l’industrie cinématographique  dans les années 1960 et 1970 ont été marqués par des rôles dans des films où il a eu l’occasion de mettre en valeur ses compétences en danse et en arts martiaux. Son rôle dans le film en noir et blanc « Big and Little Wong Tin Bar » en 1962 lui a offert sa première expérience d’arts martiaux chorégraphiés sur grand écran en tant qu’enfant, posant ainsi les fondations de sa future carrière. Dans les années 1970 et 1980, Jackie Chan est devenu une figure majeure du cinéma d’action hongkongais, notamment grâce à sa collaboration avec le réalisateur Lo Wei et sa participation à la série de films « Drunken Master » et « Police Story ».

Drunken Master
Drunken Master

Son style de combat unique, qui intègre des éléments de comédie et de chorégraphie complexe, a attiré l’attention du public international et lui a valu le surnom de « Maître des arts martiaux comiques ».

Dans ses films d’action qui incorporent des séquences de combat chorégraphiées avec une précision remarquable, les mouvements de Jackie Chan sont souvent fluides et gracieux, rappelant ceux d’un danseur, ce qui ajoute une dimension artistique à ses scènes d’action. Ses cascades vont même souvent au-delà des simples combats. Il intègre fréquemment des éléments de danse dans ses scènes de combat et d’action, ce qui rend ses performances à la fois spectaculaires et esthétiques. Au fil de sa carrière, Jackie Chan a travaillé avec plusieurs chorégraphes de renom pour créer des scènes de combat et des séquences de danse dans ses films. Ces collaborations ont contribué à enrichir son répertoire de mouvements et à élever le niveau de l’action dans ses films.

Au fil des années 1980 et 1990, Jackie Chan a incorporé des éléments de danse dans ses films d’action de manière de plus en plus prononcée. Des séquences de combat chorégraphiées avec grâce et précision ont ajouté une dimension artistique à ses performances, distinguant ainsi ses films des autres productions d’action. Citons par exemple « City Hunter » (1993) mêlant chorégraphie et comédie.
Dans ce film, Jackie Chan offre au public une séquence de combat chorégraphié mémorable et hilarante. Déguisé en Sailor Moon, il entraîne les spectateurs dans une performance énergique sur le thème de « Street Fighter II », illustrant ainsi sa capacité à combiner danse, humour et action dans une seule séquence.

Dans la même période, on note des apparitions à la télévision où Jackie Chan danse. Par exemple, l’émission « Dance With Me » en 1982 où on le voit commencer par un saut acrobatique façon arts martiaux comme dans ses films, puis il continue en dansant en solo ou avec des danseuses comme le montre la vidéo ci-après.

Autre exemple, avec de la danse à part entière cette fois, dans le film Kung Fu Yoga réalisé par Stanley Tong et sorti en 2017, Jackie Chan joue le rôle de Jack, professeur d’archéologie chinois, qui fait équipe avec Ashmita, professeure de danse indienne, et son assistante Kyra pour retrouver le trésor perdu de Magadha. On y voit une scène de danse festive de style Bollywood où Jackie Chan démontre avec brio ses qualités de danseur. On retrouve la danse Bollywood principalement dans les films indiens (Bollywood est la contraction de Bombay et Hollywood) où l’industrie du cinéma regorge de scènes de danse de ce type. Pour faire la promotion de ce film, on a pu voir notre amateur d’arts martiaux exécuter des extraits de cette scène en direct sur plusieurs plateaux de télévision. D’ailleurs, ce style de mouvements rappelle une petite scène où Jackie Chan effectue une petite danse avec les mains dans « Drunken Master ».

Au-delà des mouvements de danse en solo mis en scène dans quelques films tels qu’évoqué précédemment, Jackie Chan a eu plusieurs fois l’occasion de danser en couple sur le grand et le petit écran. On peut citer, par exemple,des films comme « Shanghai Knights » (dans ce film de 2003, il reprend son rôle de Chon Wang aux côtés d’Owen Wilson. Bien que ce ne soit pas un film centré spécifiquement sur la danse, il y a des scènes où Jackie Chan danse en couple, notamment lors de certaines séquences comiques et de divertissement) ou encore

The Tuxedo, danse en couple
The Tuxedo, danse en couple

« The Tuxedo » (dans ce film d’action comique de 2002, Jackie Chan joue le rôle de Jimmy Tong, un chauffeur de limousine qui se retrouve impliqué dans une intrigue impliquant un smoking spécial doté de capacités surhumaines. Il y a plusieurs scènes où Jackie Chan danse en couple avec Jennifer Love Hewitt, qui joue le rôle de Del Blaine, un agent secret).

En fait, ce qui m’a donné l’idée de cet article est un extrait d’émission
de la télévision chinoise en ce début de 2024 où l’on voit Jackie Chan
faire quelques pas de danse improvisés. Ce n’est pas la première fois que Jackie Chan danse comme cela à la télévision, comme je vous l’ai précisé plus haut, mais l’occasion était trop belle pour ne pas aller dans le détail et vous montrer cela. Voici la vidéo :

 

On le voit bien, au fil des ans, Jackie Chan a étendu ses talents au-delà du cinéma pour inclure la réalisation, la production, le doublage vocal, la musique et même la philanthropie. Sa capacité de à fusionner habilement les arts martiaux, l’acrobatie et la danse a contribué à faire de lui une icône du cinéma d’action internationale.
Il a reçu de nombreux prix et distinctions tout au long de sa carrière, y compris un Oscar d’honneur en 2016 pour sa contribution exceptionnelle au cinéma. Comme quoi les qualités de danseurs peuvent mener très loin !

Je ne saurais être complet sur le sujet en citant quelques autres acteurs connus pour les arts martiaux qui mêlent danse et combat comme Bruce Lee,  Jet Li, Sammo Hung, Jean-Claude Van Damme  ou encore Tony Jaa qui a reçu une formation en danse thaïlandaise par exemple.  À l’inverse, plusieurs artistes connus pour la danse et/ou le chant maîtrisent les arts martiaux, parmi lesquels on peut citer Michael Flatley, Kamel Ouali, Madonna et même Elvis Presley (et son fameux déhanché peut-être en rapport avec sa ceinture noire de karaté ?).

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Le bal populaire en France

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Bal 14 juillet dans les rues
Bal 14 juillet dans les rues

La danse et la musique ont évolué au fil du temps pour devenir des éléments essentiels de la vie sociale française tant du point de vue social que du point de vue culturel. Avant même de disposer de la radio pour écouter les chansons en vogue, chacun pouvait danser au son des instruments que les musiciens s’enorgueillissaient de faire sonner de belle manière pour leur audience.  Même si de nos jours les  soirées se passent souvent à la maison devant un écran, il ne faut pas oublier que le bal a été pendant longtemps une partie du lien social local dans chaque région et que bien des familles ont été créées suite à un rencontre dansante à cette occasion. Grand-parents, parents et enfants trouvaient eu sein du bal populaire, organisé à l’origine à l’occasion d’événements comme les moissons ou les mariages, un espace de liberté différent du cercle familial où l’on croisait des personnes de tous âges et de toutes origines.

Affiche 14 juillet 1880
Affiche 14 juillet 1880

Le 14 juillet symbolise le bal populaire par excellence, mêlant diversité sociale et citoyenneté. Mais les bals populaires ce sont aussi les festivités des moissons dans les campagnes, les fêtes familiales, les soirées dans les dancings, les bals des pompiers, etc. Pourtant ces manifestations de joie a priori anodines ont souvent été encadrées de manière stricte par les autorités.  Le premier bal du 14 juillet a été organisé en 1880 accompagné de fanions tricolores et de musique populaire jouée par un orchestre du haut d’une estrade. Cette fête a été créée par les autorités pour fédérer les citoyens français autour de le toute nouvelle Troisième république pas forcément acceptée de tous.

Estrade bal 14 juillet
Estrade bal 14 juillet

Les bals populaires ont lieu dans des endroits tels que les salles des fêtes, les places publiques et les terrains de sport, etc. Ils sont souvent organisés par des associations locales. Les danses traditionnelles y régnaient aux débuts, comme la bourrée auvergnate au son de la cabrette ou la gavotte bretonne au son du biniou, voire même diverses danses sur des mélodies a capella des chanteurs de villages. Les occasions de faire la fête et de danser offraient une soupape aux travailleurs harassés par le travail quotidien dans les champs, dans les mines ou à l’usine. Ils pouvaient ainsi se retrouver entre amis, faire des connaissance et danser dans une ambiance détendue, vêtus de leurs plus beaux habits. Et cela pouvait durer jusqu’au bout de la nuit. Ainsi, des couples de tous âges dansent sur une variété de musiques, des plus traditionnelles aux plus modernes. Les bals populaires sont aussi un moyen de rassembler les communautés locales et de renforcer les liens sociaux. C’est au bal populaire que se sont faites de nombreuses rencontres alors que dans la « vie de tous les jours » les gens se voyaient de loin. Mais cela ne se faisait pas toujours sans mal. Si les hommes étaient libres d’y participer sans restriction, les femmes de la fin du XIXe siècle avaient systématiquement un chaperon plus âgé, sans compter que certaines manifestations étaient organisées sous la houlette du clergé bien-pensant qui n’a pas apprécié l’arrivée des danses dites « modernes » comme la valse ou la polka avec leur position de couple rapprochée.

Bal parisien
Bal parisien

Revenons à ces fameux bals du 14 juillet du début du XXe siècle… Malgré les réticences du clergé, ce jour devient un jour férié dans tout le pays. Ce début de  XXe siècle est appelé « La belle époque »,
les lieux se créent autour de la fête à Paris et portent l’appellation de « bal » : bal du Moulin Rouge, bal du Moulin de la Galette, Bal Tabarin… L’entrée coûtait un franc à l’époque ! Les jambes se dévoilent petit à petit et offusquent les « Père Lapudeur » de l’époque à l’instar du clergé des années auparavant. À l’opposé, certains bals comme celui des Barrières est fréquenté par les Apaches avec leur foulard, leur casquette et leur manières pour le moins directes. On y danse la valse, la scottiche, la mazurka et, bien sûr, la danse des Apaches (voir l’article à ce sujet sur ce blog).

Bal Breton
Bal Breton

Dans certains quartiers parisiens, on retrouve différentes communautés venues chercher du travail à la Capitale : en premier lieu les Auvergnats avec leur cabrette, mais aussi les Italiens avec leur accordéon… Et voilà que naît le style de musique dit « musette » et la danse qui va avec, à l’opposé du tango fustigé par l’Église et réservé aux quartiers bourgeois. À l’orée de la 1ère Guerre mondiale, tout le monde danse à l’unisson dans les rues à l’occasion des bals organisés dans un état d’esprit insouciant.

Accordéoniste piano accordéon
Accordéoniste piano accordéon

Si la guerre désorganise les festivités dansantes, il n’en demeure pas moins que l’on danse toujours et parfois entre personnes du même sexe sans ambiguïté. Le Américains débarquent et apportent avec eux le jazz . Le 14 juillet 1919 est marqué par un défilé fêtant la fin de la guerre et accompagné par un bal populaire ouvert à tous. Il y a fort à parier que les personnes venues danser sont plutôt là pour décompresser que pour célébrer le pays. Dans la rue se côtoient la valse musette et le tango mondain au son de l’accordéon chromatique, instrument roi des bals populaires à partir de ce moment-là. À lui seul un accordéoniste est en mesure de transformer n’importe que lieu en bal musette et, par conséquent, les lieux à danser se multiplient.  Les Français se libèrent de toutes ces années noires grâce au bal afin de pouvoir renaître… d’autant plus que la journée de travail passe de 60 à 48 heures sur 6 jours cette année-là. La java s’ajoute peu à peu à la liste des danses avec le boléro et le paso doble, permettant à certains de s’encanailler au bal musette.  Pendant ce temps, pendant l’entre-deux-guerres, les classes mondaines préfèrent le jazz et dansent le foxtrot, le charleston, le black bottom ou le shimmy et investissent de nouveaux lieux appelés « dancings ». Les tenues féminines se raccourcissent encore pour permettre de mieux effectuer ces mouvements dynamiques venus d’Amérique. Dans ces années-là, la norme était qu’une jeune homme ou une jeune femme de 18 ou 19 ans sache danser pour pouvoir aller au bal.

Au début des années 1930, près d’un Français sur deux dispose d’une radio TSF. La musique pour danser devient donc accessible à toutes les classes sociales à domicile sans attendre une quelconque occasion. Cela n’empêche pas les Français de se rassembler dans les guinguettes des bords de Marne par exemple (Le Grand Cavana, chez Gégène, etc.), des lieux où se retrouvent des gens de toutes les origines. À Montmartre, le premier bal des pompiers est créé dans la caserne. Puis, les grèves ouvrières de 1936 servent de prétexte à l’organisation de bals quotidiens lors de l’occupation des usines qui conduira à la semaine de 40 heures et aux congés payés, avec par conséquent toujours plus de temps libre pour danser.

En 1939, la Seconde guerre mondiale éclate. Le Maréchal Pétain prône la « France d’avant » et ferme tous les bals et dancing par décret en mai 1940. Bien sûr, l’interdiction n’est pas suivie à la lettre dans les campagnes où des bals sont organisés dans les fermes isolées ou l’arrière salle des bistrots aux fenêtres calfeutrées. Le peuple a besoin de se changer les idées et de danser dans ces bals clandestins où l’accordéon fournit l’ambiance musicale. Dans les villes, occupées par l’armée allemande, c’est plus compliqué mais quelques irréductibles appelés les Zazous (voir l’article sur le sujet dans ce blog) continuent de danser en secret sur les musiques américaines en signe de rébellion.

Caves de Saint Germain
Caves de Saint Germain

Après le débarquement américain de juin 44 qui marque le retour de la paix en France, le général De Gaulle réinstaure le bal républicain du 14 juillet et les autres bals renaissent comme les bals des pompiers dans diverses villes ou le Balajo à Paris. En parallèle, certains suivent les traces des Zazous et vont danser le be-bop et le swing dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. L’après-guerre marque la nouvelle tendance des bals « où l’on veut, quand on veut », sans avoir à attendre un événement particulier (moissons ou 14 juillet par exemple). Les danses latines s’y intègrent progressivement : mambo, cha-cha, etc. Le bal populaire devient mobile, parfois en intérieur, parfois en extérieur, parfois sous tente, organisé par des professionnels. Il restera la première occasion de rencontre jusque dans les années 1970 puisque les jeunes utilisaient le bal comme lieu de rendez-vous. À la fin des années 1950, le rock’n’roll et les danses des yéyés venues des USA (madison, twist, etc.) reportent un franc succès chez les jeunes, boostés par les jukeboxes et les 45 tours, alors que les plus anciens restent attachés aux danses pratiquées jusque là dans les bals. Les discothèques se créent peu à peu pour donner à la jeunesse amatrice de rock’n’roll, de slow et des nouvelles danses un lieu pour danser avec des lumières tamisées et propice aux rencontres.

Bal traditionnel
Bal traditionnel

Les années 1970 marquent l’envie d’un retour à la nature et le renouveau de la musique folklorique et traditionnelle avec les danses associées. Les bals trads fleurissent en parallèle des soirées pop rock psychédéliques en discothèque où l’on se laisse aller. Puis les soirées en discothèque connaissent l’essor de la musique disco et l’âge d’or de ces établissements (plus de 4000 en France à la fin des années 1970). Face à ce raz-de-marée les bals populaires déclinent malgré les efforts et les subventions du gouvernement pour construire des salles des fêtes dans tout le pays. Ceux qui sortent en boîte de nuit se préparent longuement au préalable et on y va de plus en plus pour être vu et éventuellement y faire des rencontres. Même s’il y a beaucoup moins de discothèques de nos jours qu’à l’époque, la tendance continue dans ce sens sachant que les Français sortent moins, au profit d’une soirée Netflix en famille ou entre amis .

Danseurs de rock'n'roll
Danseurs de rock’n’roll

On peut à ce point se poser la question suivante : « le bal populaire  ne se cantonne-t-il de nos jours qu’au bal du 14 juillet ? ». Il me semble que la réponse est non. On retrouve les marqueurs du bal populaire dans de nombreuses occasions allant des soirées en boîte de nuit aux bals trad en passant par les soirées et festivals rock’n’roll, latino, swing ou encore country. Les gens sont là, venant de tous horizons, pour partager un bon moment, décompresser, danser, se retrouver entre amis et éventuellement faire de nouvelles connaissances. Ainsi s’il ne s’appelle plus « bal populaire » l’événement dansant contemporain en a encore tous les atours.

Malgré les différents points d’arrêt et interdictions dus aux crises traversées par les Français (le choléra en 1883, la 1ère guerre mondiale, la grippe espagnole en 1918, le 2e guerre mondiale et même récemment le Covid en 2020), la danse et les bals populaires ont conservé leur rôle essentiel dans la vie sociale des Français. Le bal populaire contribue indéniablement à la préservation et au développement de la culture française avec un impact positif sur la cohésion sociale. La danse et les bals populaires sous toutes leurs formes sont bien plus qu’un simple divertissement, mais ils sont également un élément vital de la culture et de la vie sociale française.

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Josephine Baker : artiste, danseuse et résistante

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Cette semaine, je vous présente Josephine Baker, icône des années 1920 qui est devenue la sixième femme à entrer au Panthéon le 30 novembre 2021. Elle était une artiste qui ne faisait pas uniquement de la danse, mais dans cet article nous allons mettre le focus un peu plus sur sa carrière de danseuse puisque c’est la thématique de ce blog.

Même si on l’imagine couramment en train de se déhancher sur scène vêtue d’une simple ceinture de bananes, Josephine Baker est  artiste et danseuse de music-hall noire américaine qui incarne malgré tout complètement l’esprit français de son époque. Elle est née à Saint-Louis dans le Missouri, au sud des États-Unis, le 3 juin 1906. C’est une époque où la ségrégation est commune dans le pays où les Noirs traités comme des sous-hommes. Sa jeunesse s’est passée dans la misère et à 11 ans elle voit l’attaque de son quartier par des blancs durant laquelle de nombreuses personnes sont assassinées. Très tôt, elle se passionne de chant et de danse.
À 13 ans déjà, elle intègre une troupe itinérante qui se produit à New York. Elle veut devenir danseuse de cabaret, mais on dit d’elle qu’elle est trop petite, trop maigre, trop noire, mais elle persiste !

Josephine Backer charleston
Josephine Backer charleston

Elle se fait embaucher dans un cabaret de Harlem comme habilleuse
quelques semaines après son arrivée à New York. Un jour, une danseuse fait défaut et Josephine se porte volontaire pour la remplacer au pied levé. Le public est séduit par son style dynamique, humoristique et original.

Josephine Baker et ses mimiques
Josephine Baker et ses mimiques

Après une représentation, une certaine Caroline Dudley vient la voir. C’est une productrice française qui cherche à monter une revue noire à Paris. Josephine accepte sa proposition et, le 15 septembre 1925, à l’âge de 19 ans, elle embarque pour Paris. Elle découvre la France, un pays qui ne pratique pas la ségrégation, et elle s’y sent libre. Son spectacle, créé par treize danseurs et douze musiciens dont Sidney Bechet, la « Revue Nègre » connaît une grand succès rapide. Elle s’y produit les seins nus (ce qui lui a été fortement suggéré pour faire davantage « nègre »/sauvage africaine…), ce qui est nouveau à l’époque, et danse dans un décor de savane au rythme des tambours. En réalité, le spectacle se moque de l’attitude des blancs dans les colonies.

Je vous propose, à titre d’illustration, un passage de charleston dansé par Josephine Baker en 1925. On y distingue bien tout son style évoqué plus haut.

Josephine Baker photo avec plumes
Josephine Baker photo avec plumes

Passant de danseuse à chanteuse et, plus tard, en passant par actrice (dans, entre autres, un film avec Jean Gabin), elle trace une jolie carrière et devient rapidement l’une des plus grandes stars de music-hall de Paris au même titre que Mistinguett au Moulin Rouge. Elle passe par le Théâtre des Champs Élysées, les Folies Bergère, le Casino de Paris où elle chante sa célèbre chanson « J’ai 2 amours, mon pays et Paris ». C’est l’époque des années 1920, celle des Années folles, l’époque du foxtrot et du charleston. On y fait des bals décadents, des soirées où se mêlent jazz, débauche et exotisme (selon les normes de l’époque) faisant le contraste avec les valeurs rigides d’avant-guerre. Cela va avec une certaine libération des mœurs : les femmes travaillent, fument en public, conduisent des voitures, etc. Les corsets de la Belle Époque disparaissent au profit de robes plus amples et les jupes dévoilent les genoux des jeunes filles.

Cette époque prend fin avec le krach boursier de 1929 et, 10 ans plus tard, éclate la Seconde Guerre mondiale. Paris est menacée par les nazis et leur idéologie raciste et Josephine Baker décide de s’engager dans la résistance pour défendre son pays d’adoption et cette liberté loin de toute ségrégation raciale qui l’avait tant marquée à son arrivée.

Josephine Baker Armée
Josephine Baker Armée

Un militaire, le capitaine Abtey, la recrute comme haut correspondant et la charge ainsi de transmettre des documents de manière secrète. Comme Joséphine est célèbre, régulièrement en tournée et se produit auprès des soldats français postés le long de la Ligne Maginot, elle a le profil tout indiqué pour cette activité discrète. Sa notoriété lui permet d’être invitée dans des lieux de pouvoir où elle côtoie les ministres, les diplomates et autres hommes de pouvoir. Cela lui permet de recueillir facilement de nombreuses informations à transmettre à la résistance. Les messages sont copiés sur ses partitions de chant à l’encre invisible. Au-delà de ce rôle de messager, elle cache des résistants chez elle au Château des Milandes dans le Périgord. Elle devient aussi ambassadrice du Général de Gaulle et obtiendra plusieurs décorations : la Croix de Lorraine en or, la Médaille de la Résistance et la Légion d’honneur.

En 1947, elle retourne pour la première fois aux États-Unis depuis la fin de la guerre (elle y était retournée pour une tournée en 1935, les Ziegfeld Follies). La ségrégation est toujours là. Elle refuse alors de se produire dans les établissements qui refusent l’accès aux Noirs, certains changent leurs règles d’autres non.

Josephine Baker chante 1975
Josephine Baker chante 1975

Dans sa vie, elle aura adopté 12 enfants issus de plusieurs pays. Ils forment sa « tribu arc-en-ciel », illustrant le fait qu’il n’y ait qu’une seule race : la race humaine. Mais les temps sont durs avec toutes ces bouches à nourrir. Faute d’argent elle est expulsée de sa propriété. Elle est aidée par plusieurs célébrités dont Brigitte Bardot et Grâce de Monaco. Elle finira par emménager à Monaco avec sa tribu. Pour rembourser ses dettes, Joséphine remonte une dernière fois sur scène à Bobino à l’âge de 68 ans, marquant aussi ses 50 ans de carrière. Malgré le succès, elle décède au bout de la 14e représentation le 12 avril 1975.

En novembre 2021, elle devient la sixième femme à entrer au Panthéon en guise de reconnaissance nationale aux côtés de Jean Jaurès, P. et M. Curie, Simone Veil ou Jean Moulin.

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La musique electro-swing

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Parlons un peu musique aujourd’hui… Vous connaissiez l’électro-acoustique, l’électro-aimant, l’électroencéphalogramme, l’électroménager et aujourd’hui je vous présente… l’electro-swing ! C’est un courant musical issu de la rencontre de la technologie moderne des DJ et des vieux vinyles des années 20, 30 et 40 où sont enregistrés des titres américains de charleston, de jazz et de swing.

On trouve les premières tentatives de ce genre « remix moderne de swing » en 1994 (« Lucas With The Lid Off », mêlant swing, boîte à rythmes et rap) et en 1995 (« Doop » par Doop, très charleston, plus connu que le titre cité précédemment et dont je vous propose une vidéo d’illustration ci-dessous). Même si au fil des titres les styles diffèrent, le principe de base reste le même : sampler (cela veut dire numériser et isoler des sections) un morceau de swing, le faire passer plus ou moins régulièrement en boucle et y ajouter/superposer des sons modernes (batterie, basse, voix, etc.). Dans cet exercice, il faut avouer que les Français sont plutôt bien placés à l’échelle mondiale. On retrouve régulièrement plusieurs groupes français dans les meilleures ventes du style, comme G-Swing, Caravane Palace ou Le Club des Belugas.

Pour mémoire, je rappelle qu’à l’origine la musique swing était une musique créée uniquement pour danser. Les big bands des années 1930 et 1940 s’en donnaient à cœur joie devant des salles de danse remplies de danseurs. Les samplers de l’electro-swing se sont aussi intéressés aux morceaux de charleston des années 20. J’ai l’impression que l’aspect sautillant du charleston est mieux conservé dans les morceaux d’electro-swing que l’aspect « swing » des swings des big bands. Tout cela est une affaire de ressenti et c’est ce même ressenti qui va faire que l’on va avoir envie de danser telle ou telle danse sur un morceau d’electro-swing. Jusqu’ici, j’ai assez peu entendu de titres qui avaient conservé les « bounces » du swing qui permet de danser le lindy hop des années 30. Cela dit, certains parmi lesquels le collectif de DJ G-Swing, essayent de conserver l’aspect dansant de la musique qu’ils ont samplée. Leur album « Swing for modern clubbing » est particulièrement parlant dans ce domaine. En cherchant sur YouTube, vous trouverez plusieurs extraits de leur album.

Le terme de « electro-swing » ayant été inventé par des anglophones explique la raison de l’extension des musiques samplées au-delà du swing des années 1930. On trouve de nos jours dans la catégorie des titres electro-swing des titres qui sont inspirés de la famille swing qui contient aussi bien du blues, que du rock ou encore du rhythm’n’blues. Ceci explique aussi pourquoi il est possible de danser du charleston (souvent), du rock, du West-Coast swing et parfois même du mambo sur certains titres d’electro-swing. Je l’avoue, bien que souvent issue de morceaux de swing faits pour danser, la musique electro-swing ne se danse pas toujours. C’est par ailleurs, une très bonne musique de type « lounge » ou « easy listening », c’est-à-dire agréable à l’oreille en fond sonore. Cela dit, voici quelques titres connus ou sur lesquels on peut danser (les danses que j’indique pour chaque titre ne sont que des suggestions).
 
– Jolie coquine, Caravan Palace : charleston
– Cement Mixer, G-Swing : lindy hop
– It Don’t Mean a Thing, Club des Belugas : lindy, mambo, rock
– Get a Move On, Mr. Scruff : West coast swing (pub France Télécom en 1999)
– Rum and Coca cola, Tim Tim : samba, mambo, rock
– Dibidy Bop, Club des Belugas : hip-hop
– Puttin’ on the Ritz, Fred Astaire (Club des Belugas) : lindy hop, foxtrot, charleston
– Sweet Sugar Swing – Lyre Le Temps : West coast swing, hip-hop
– Prosschai – Artie Shaw (Minimatic Remix) : charleston, hip-hop

Je vous propose une petite vidéo qui m’a bien plu et dont l’action se déroule au son d’une musique que l’on pourrait rapprocher de l’electro-swing. La musique en question est « We No Speak Americano » du duo Yolanda Be Cool qui remixe un titre plus ancien « Tu vuo fa l’americano », créé à l’origine par l’Italien Renato Carosone en 1956 (avec mandoline et ocarina, s’il vous plaît…). Cette chanson aux accents de swing a rencontré un grand succès à sa sortie et a été reprise plusieurs fois depuis par divers artistes. Parmi ceux-ci, on trouve The Brian Setzer Orchestra, Marty and His Rockin’ Comets, The Good Fellas, Lou Bega, Akhenaton et plus récemment Dany Brillant et The Puppini Sisters. Cette chanson a même été la bande-son d’une publicité pour les jean’s Lewis dans les années 1990. Dans la vidéo que je vous propose, le duo irlandais Up & Over (Suzanne Cleary et Peter Harding) fait des claquettes (style irlandais) avec les mains. La rythmique est convaincante, on aurait très bien pu l’imaginer faite avec les pieds. De plus, la mise en scène du couple est amusante (et l’homme ne cligne qu’une seule fois des yeux à partir du moment ou on passe en plan rapproché — vous l’avez repérée ? –… je ne sais pas comment il fait). Je crois qu’on peut parler ici de danse des bras et des mains et non seulement de « finger tutting » (terme faisant référence à une danse faite uniquement avec les doigts).

Pour les amateurs et les curieux, vous trouverez facilement des compilations d’electro-swing en CD ou coffrets ainsi que sur les sites de streaming musical ou des playlists sur YouTube tout simplement.

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Le flamenco : une danse venue d’Espagne

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Le flamenco (el baile flamenco en espagnol) est une danse qui est synonyme de soleil, mais aussi de passion. Elle est très appréciée des Français et, en particulier, de la gent féminine. Dès la prononciation du mot « flamenco », on entend les guitares sonner et résonner des castagnettes. On devine peu après des silhouettes dans des robes à pois et à volants qui tapent des pieds en agrémentant les déplacements de mouvements de mains gracieux. Pourtant, l’histoire du flamenco n’est peut-être pas si superficielle que cela, car elle est fortement ancrée dans l’histoire espagnole.

Au XIXe siècle, l’Andalousie, grande région du sud de l’Espagne, est le théâtre d’une certaine instabilité politique où misère et violence sont des thèmes récurrents. L’inégalité qui règne entre les riches propriétaires et les nombreux paysans modestes ne fait que croître. En parallèle, la communauté des gitans est mal aimée. C’est dans ce contexte que sont nées les mélodies du flamenco en tant que chant et musique et en particulier sur le côté atlantique de l’Andalousie dans les environs de Séville et Cadix. On doit les origines du chant flamenco aux gitans qui y exprimaient tout leur désarroi. La danse flamenca raconte donc une histoire. Cette manière de chanter va sortir du cercle familial et se diffuse petit à petit. Certains chanteurs s’en feront même une spécialité et seront recherchés et payés pour cela comme El Planeta et El Fillo. À la fin du XIXe siècle, cela marque le début de l’éloignement du flamenco de la sphère paysanne ainsi que l’intégration de cet art dans le contexte classique du spectacle grand public. En particulier, on crée des cafés cantantes (cafés théâtres) où le chant flamenco des origines rejoint les mélodies traditionnelles andalouses.

Au début, la danse n’était qu’une manière d’agrémenter visuellement le chant en fond de scène, voire même de faire patienter les spectateurs des cafés cantantes. Les représentations de l’époque montrent des danseuses bien en chair. Les mouvements sont alors peu élaborés et se limitent parfois aux palmas, l’accompagnement rythmique avec les mains. On ne peut donc pas réellement encore parler de chorégraphie comme celles qui viendront plus tard. La danseuse de cette époque est vêtue d’une robe longue (sans volants), elle peut porter un châle et une peineta (un peigne) achève sa coiffure.

Le flamenco a ensuite connu peu à peu une évolution vers quelque chose de plus spectaculaire. Les chants étaient donc accompagnés par la guitare flamenco (toque), les battements de mains (palmas), les battements de pieds (zapateado, action des talons) et la danse proprement dite (baile). Les castagnettes ne sont, semble-t-il, arrivées qu’ultérieurement. Dans le même temps, comme le flamenco est devenu plus physique, la danseuse type s’est amincie et sa tenue vestimentaire s’est transformée. On a aussi vu arriver les danseurs mâles, soit seuls, soit pour accompagner une danseuse. La danse masculine porte alors l’accent sur les claquements de pieds alors que celle des danseuses met l’accent sur les bras et les mains.

Il n’y a pas un seul et unique type de musique flamenco et il en est naturellement de même pour la danse. On peut ainsi compter jusqu’à 50 palos différents (types de chants flamenco), même si certains sont rarement joués. Certaines formes sont dansées tandis que d’autres ne sont pas. Parallèlement, certaines danses sont traditionnellement réservées aux hommes et d’autres sont pour les femmes. Mais c’est de moins en moins cloisonné de nos jours. Les danses de base comportent les suivantes : alegrias, soleares, bulerias, farruca. Pour commencer un spectacle de flamenco, la danseuse (ou le danseur) reste immobile pendant quelques instants pour s’imprégner du chant, de la musique et du rythme de celle-ci marqué par les claquements de mains. Puis arrivent les gestes et déplacements qui expriment des émotions et racontent l’histoire correspondant aux paroles du chant. Il est à noter l’importance de l’improvisation dans ce contexte. Les grands danseurs d’expression de flamenco sont connus pour leur duende, une qualité qui exprime à la fois leur âme et leur capacité à se traduire par des états d’émotion pure. En flamenco traditionnel (clasico), on ne considère pas que les jeunes puissent avoir la maturité émotionnelle pour bien transmettre le duende du genre.

Nous pouvons actuellement distinguer plusieurs catégories de flamenco : le flamenco puro (proche des origines gitanes), le flamenco clasico (troupes de danseurs pour ballets), le flamenco moderne (très technique) et le flamenco nuevo (visuellement dépouillé et influencé par d’autres styles de danses). Parmi des danseuses et danseurs célèbres pour leur flamenco, on peut citer Antonia Mercé y Luque (dite « La Argentina »), Vicente Escudero, Carmen Amaya, El Farruco, mais aussi Cristina Hoyos, Sara Baras, Mercedes Ruiz, Israel Galvan, etc. Au cinéma, Antonio Gades s’inscrit dans la continuation du duende dans « Carmen » et « Noces de Sang », deux films réalisés par Carlos Saura (qui a fait au total 3 films sur le flamenco).

Les non-spécialistes associent bien souvent le flamenco et le paso doble. Il est vrai que ces deux danses nous viennent d’Espagne. Cependant, les origines de ces danses sont différentes (le paso doble est issu de l’univers des corridas et se danse en couple exclusivement). Néanmoins, l’ambiance espagnole est souvent accentuée par certaines danseuses de paso doble (en particulier dans des démonstrations de danse sportive) par le biais de positions issues du flamenco.

Pour finir par une démonstration visuelle de flamenco, je vous propose une vidéo filmée lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 où l’on voit Cristina Hoyos danser du flamenco clasico (à partir de la 24e minute de vidéo).

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Dansez-vous la java bleue ou celle de Broadway ?

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Nos (arrière-)grands-parents entendaient ces paroles chantées par Fréhel dans les transistors en 1938 et dansaient en tournant au rythme de la mélodie :

C’est la java bleue, la java la plus belle
Celle qui ensorcelle, quand on la danse les yeux dans les yeux
Au rythme joyeux, quand les corps se confondent
Comme elle au monde, il n’y en a pas deux
C’est la java bleue…

La java bleue
La java bleue

Créée en 1937 sous la plume de Géo Koger et Noël Renard, cette chanson a été mise en musique par Vincent Scotto. La Java bleueAcheter sur Amazon aurait pu être la seconde java de tous les temps, après « La plus bath des javas » sortie en 1925 et chantée par Georgius. On dit que cette java a été associée à la couleur bleue par référence à la valse brune de 1909 et, en réalité, cette chanson est bien une valse musette et non une java comme le laissent entendre les paroles et son titre. C’est une chanson que l’on peut néanmoins considérer comme un tube, car elle a été reprise maintes fois par des artistes aussi différents que Georgette Plana, Les Garçons Bouchers, Patrick Bruel ou Bézu… La Java bleue est aussi le nom d’un film (aussi nommé « Une Java ») de 1939 où Fréhel chante sa chanson en jouant le rôle  de la patronne d’un bal musette.

Position java, main dans le dos
Position java, main dans le dos

Alors, au fait, c’est quoi une java ? C’est tout d’abord une musique à trois temps, tout comme la valse, on parle d’une signature musicale 3/4 et on compte généralement 1-2-3, 1-2-3, etc. Mais c’est aussi une danse classée parmi les danses musette que l’on confond souvent avec la valse musette. La java partage un certain nombre de points avec la valse musette. En premier lieu, bien que les musiques pour les javas soient un peu plus lentes, les musiques sont très proches les unes des autres. Comme dans le cas de la valse musette, il existe un pas de change en java. La technique des pas de la java diffère de la valse musette dans le fait que la première ne comporte pas de pivots sur les plantes. Au lieu de cela, la java utilise des pas marchés ou courus : les pieds se posent donc dans leur position définitive sans que la semelle n’ait à glisser sur le sol. Au niveau de la technique des pas, il est donc souhaitable de toujours danser les pieds à plat. Cela implique de jouer un petit peu des hanches, ce qui donne cet aspect de danseurs qui se dandinent, parfois exagéré pour les démonstrations de java. D’une manière générale, les pas sont marchés, mais la java autorise de les transformer en pas courus (à l’allure de sautillements). Il faut néanmoins garder en tête que les pas (marchés ou courus) doivent rester petits. La java a en effet été faite pour danser dans les bals musette où la piste est bondée.

Mais continuons donc notre parcours des titres populaires autour de la java… Bien des années après La Java bleue, une autre java a été très populaire, il s’agit de La Java de BroadwayAcheter sur Amazon chantée par Michel Sardou en 1977.  Voici le début du texte de la chanson :

When we sing the java Saturday in Broadway
It swings like in Meudon
We are tired and we fly, no need for Beaujolais
If we got some Bourbon
It might not be the real true one
But it’s the Broadway one
But it’s the Braodway one
Quand on fait la java, le samedi à Broadway
Ça swingue comme à Meudon
On s’défonce, on y va, pas besoin d’beaujolais
Quand on a du bourbon
C’est peut-être pas la vraie de vraie
La java de Broadway
Oui, mais c’est elle qui plaît

La java de Broadway Sardou
La java de Broadway Sardou

Dans le refrain anglais, on parle de « chanter la java » et dans le texte français il est plutôt question de « faire la java », autrement dit faire la fête.  Et c’est ce dernier sens qu’il faut comprendre la chanson qui parle des soirées animées du quartier new-yorkais de Broadway connu pour ses spectacles et ses lieux de sortie. Donc rien à voir avec la java, d’autant plus que le rythme à quatre temps (4/4) de la chanson ne laisse pas davantage de doute sur le fait que cette mélodie ne soit pas une java. On danserait plutôt un rock’n’roll sur cette chanson pop de la fin des années 1970. Passons donc à autre chose…

Le jazz et la java Nougaro
Le jazz et la java Nougaro

Quand on y réfléchit, il y a encore une chanson de 1962 dont le titre et les paroles contiennent le mot java : Le jazz et la javaAcheter sur Amazon du Toulousain Claude Nougaro. Tiens, étrange, il n’est pas particulièrement connu pour ses chansons en relation avec une ambiance de type musette…

Quand le jazz est, quand le jazz est là
La java s’en, la java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air, il y a de l’eau dans le
Gaz entre le jazz et la java

Les paroles abordent la disparition de la java au profit du jazz dans les lieux de sortie. Il est vrai qu’avec l’évolution de l’urbanisation, celle des modes et tendances et l’arrivée des technologies, les instruments associés au jazz ont peu à peu pris le pas sur les accordéons plutôt présents dans les campagnes. Le jazz est devenu assez élitiste alors que l’accordéon musette est resté associé aux milieux les plus populaires. Il faut tout de même noter qu’à l’âge d’or du swing, toutes les classes sociales aux États-Unis pouvaient danser au son des orchestres jazz/swing qui n’était donc pas une musique réservée aux classes les plus hautes. Rappelons que ce sont les noirs Américains de Harlem (il étaient loin d’être les plus riches…) qui ont développé une danse comme le lindy hop sur du swing. De même, de l’autre côté de l’Atlantique, les bals musette ont-ils été fréquentés en France par les classes populaires à la même époque. La Seconde Guerre mondiale a permis au jazz/swing de traverser l’Atlantique et les deux styles musicaux ont été mis en contact, mais ont continué à évoluer en parallèle. Le jazz/swing est devenu à la mode (puis le rock’n’roll qui en est issu) dans les grandes villes avides de nouveauté, le style musette et la java sont beaucoup restés à la campagne ou dans les guinguettes aux abords des grandes villes.

La mélodie du refrain de la chanson de Nougaro est la copie conforme  de celle du titre de 1959 Three To Get Ready du jazzman Dave Brubeck qui mélange les signatures musicales 3/4 (java) et 4/4 (pop & jazz/swing pour simplifier) et tente de concilier les deux formes dans un seul titre. C’est le genre de difficulté que les jazzmen aiment bien en guise d’exercice de style.  L’essentiel de la chanson est en 3/4 et peut se danser en java et seule la mesure de fin de refrain est en 4/4. On peut donc dire que cette chanson est dansable en java moyennant une petite adaptation ponctuelle !

Partisan de la cohabitation des différentes formes de musique et de danse, comme vous le savez sûrement à présent, j’aime bien la seconde moitié du texte de Claude Nougaro qui dit :

Pour moi, jazz et java, c’est du pareil au même
J’me saoule à la Bastille et m’noircis à Harlem
Pour moi, jazz et java, dans le fond, c’est tout comme

Pourquoi devrions-nous prendre parti pour une musique ou une danse plutôt qu’une autre ? On peut aimer le swing sur lequel on peut danser le lindy hop dans les clubs de jazz, mais aussi la java qui nous fait tourbillonner dans les guinguettes populaires ! Et je conclus en vous renvoyant à un article que j’ai écrit dans ce blog il y a un moment, à propos du fait de faire swinguer des titres à l’accordéon. Finalement, des trois chansons ayant servi de base à cet article, aucune n’est donc une vraie java à 100%. Ce n’est pas parce qu’il y a le mot java dans un titre que l’on peu danser la java dessus. Et, à l’inverse, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas le mot java dans le titre ou les paroles d’une chanson qu’il ne s’agit pas d’une java (et il y en a beaucoup dans ce cas, qu’on se rassure !). Les apparences sont parfois trompeuses !

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[Vidéo] Films de danse #1 :
Dirty Dancing

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Dans ce premier numéro de « Films de danse », je vous propose de découvrir le film culte « Dirty Dancing »Acheter sur Amazon dans un format court en vidéo.

Et puisque c’est la première vidéo de la collection, je commence par vous faire une présentation générale. Chaque numéro de la série « Films de danse en bref » vous présente un film sur le thème de la danse (ou contenant des scènes de danse intéressantes) que vous pourrez voir ou revoir au cinéma, en DVD/Blu-Ray ou encore en streaming.

Et voici la petite vidéo de présentation de Dirty Dancing qu’il était difficile de ne pas présenter pour commencer cette série de vidéos !

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Le hip-hop : une danse et une culture

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Dans le langage courant, lorsqu’on parle de hip-hop, on fait souvent référence à la danse, mais cette considération n’est que partiellement vraie. Au-delà d’une danse, le hip-hop est un courant culturel qui prend ses origines à la fin des années 1970 aux États-Unis et en particulier dans les rues de New York. Ce courant est issu d’un mouvement non violent du Bronx lancé par Aka Kahyan Aasim (alias Afrika Bambaataa) et qui, malgré ses airs de Mister T, prônait le respect et la fraternité. Les acteurs de la culture hip-hop tiennent des rôles bien précis dans leurs vêtements amples et sous leurs caquettes ou bonnets. Pour simplifier, on identifiera le DJ (Disc Jockey qui mixe les disques et fait du scratch avec ses disques vinyles), le MC (Master of Ceremony qui, au micro, anime la foule, chante et fait du rap), le B-boy (break-boy qui danse le break, mais peut aussi pratiquer d’autres techniques de danse, et on a naturellement aussi les B-girls) et enfin le graffer (qui fait des graffitis à la bombe de peinture ou au crayon marqueur). Comme le thème de ce blog est la danse, je vais donc approfondir ce qui concerne la danse hip-hop dans ce qui suit.

La danse de la culture hip-hop est associée à la musique hip-hop. Cette musique est formée de mixes, de scratch, de samples (qui sont apparus grâce à la technologie), en plus des performances vocales comme le rap ou la beatbox (imitation de percussions par la voix). Du fait de sa constitution, la musique du hip-hop a induit différentes manières de bouger que l’on nomme le break, le locking et le popping qui peuvent comporter des saccades. Issu des communautés afro-américaines et portoricaines de New York, le hip-hop s’est développé dans les rues et on a pu assister rapidement à la formation de groupes de danseurs (crews) qui rivalisaient d’agilité dans des confrontations (battles). Ces compétitions informelles consistaient, au centre d’un cercle formé par les spectateurs et les danseurs, en une alternance d’improvisations (freestyle) entre les différentes équipes afin de déterminer qui était le meilleur et le plus spectaculaire.

En hip-hop, on rencontre différents types de mouvements de danse. Il y a des mouvements que l’on fait debout et d’autres que l’on fait au sol (tours sur la tête, windmill où seul le torse reste en contact avec le sol alors que le reste du corps tourne, etc.). De nombreux mouvements sont inspirés d’autres disciplines comme le mime (l’idée du moonwalk de Michael Jackson est issu de jeunes danseurs de hip-hop), la capoeira, ou encore de l’observation d’animaux (le scorpion par exemple) ou de cultures (l’Égypte par exemple). Un mouvement en particulier est souvent considéré comme l’un des pas de base du break : le six pas.

0. Commencer accroupi, les pieds assemblés (sur les demi-pointes et directement sous le buste), les 2 mains posées au sol devant soi à largeur d’épaules

  1. Lever la main droite et croiser le pied gauche devant la jambe droite (mouvement circulaire passant là où la main se trouvait). On se trouve genou dans genou
  2. Reculer le pied droit, jambe tendue en arrière
  3. Reposer la main droite et poser le pied gauche parallèle au pied droit (largeur d’épaules)
  4. Lever la main gauche puis poser le pied droit à côté de la main gauche (mouvement circulaire passant là où la main se trouvait)
  5. Croiser le pied gauche derrière la jambe droite (genou dans genou)
  6. Décroiser le pied droit et retrouver ainsi la position de départ

Les mains posées au sol ne sont pas à plat : seule la face interne du bout des doigts est posée

Après la conquête des USA, la danse hip-hop évolua ensuite dans différentes régions incluant la côte californienne et d’autres manières de danser émergèrent au contact de la culture funk dans les années 1980. On peut notamment citer le fait de bouger comme un robot et les mouvements de type electric boogaloo (une sorte de popping). C’est à cette époque que le hip-hop débarque en France. Certains d’entre vous se souviennent peut-être de « H.I.P. H.O.P. » l’émission hebdomadaire de Sidney Duteil qui, en 1984 et sur TF1, débutait par un dynamique « Bonjour, les frères et les soeurs ! ». On y trouvait des cours de danse, des battles (appelées défis en français dans l’émission), des concerts en direct, etc. Cette émission a permis la popularisation du hip-hop (aujourd’hui appelé « old school ») et amené beaucoup de jeunes à s’entraîner chez eux, dans les rues ou à l’école au son de gros radio-cassettes (les ghetto blasters). C’est dans cette émission qu’on a lancé en France le terme de smurf, synonyme du hip-hop dansé debout. La légende veut que le terme « smurf » (nom des schtroumpfs en anglais) a été donné à la danse du fait des gants blancs portés par certains danseurs). Or, les schtroumpfs n’ont jamais porté de gants blancs ! Une autre légende (que je reprends de Wikipedia, mais je n’ai pas trouvé d’autre source : mettons les réserves qui s’imposent) dit que le mot smurf aurait été associé au popping à cause d’un clip associant la bande-son originale des schtroumpfs aux USA et l’image de danseurs en train de faire du popping en portant de grosses chaussettes par-dessus leur pantalon de jogging.

Dans les années 1990, le krump et ses mouvements énergiques (et paraissant empreints de colère) fait son apparition dans la région de Los Angeles. Cette manière de danser est associée à Cesare « Tight Eyez » Willis et Jo’Artis « Big Mijo » Ratti (leaders de la troupe des Krump Kings) ainsi qu’au chorégraphe Christopher « Lil’C » Toler (l’un des membres du jury de l’émission So You Think You Can Dance). Depuis, plus récemment, un courant de hip-hop nommé new style (parfois street dance ou street jazz) se développe, mettant en avant les isolations (un peu comme en danse jazz). Il s’agit d’un style plus « commercial » et qui s’éloigne du monde de la rue puisqu’il est à présent enseigné dans les écoles de danse sous un angle technique. C’est ce style qu’on peut voir régulièrement dans les clips vidéo. La danse hip-hop a donc de nos jours acquis ses lettres de noblesse en entrant dans les écoles de danse. En France, il existe actuellement de nombreuses écoles et associations de quartier pour apprendre le hip-hop dans les différents styles. De plus, trois pôles ont pour objectif de promouvoir la danse hip-hop à Paris/Suresnes (Cités danse connexions), Bordeaux (associé à la Cie Rêvolution) et Lyon/Bron (associé à la Cie Käfig). J’intègre à cet article une prestation de hip-hop de la troupe anglaise Diversity en 2007, pour vous donner une idée de que qui se fait actuellement en hip-hop.

Voilà qui conclut un petit tour d’horizon sur le hip-hop, une danse riche dont certains courants nécessiteraient un article entier à eux seuls. Cela me laisse donc encore quelques sujets d’articles à vous proposer dans les mois à venir dans ce blog !

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Le ballet de danse classique

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Dans ce blog, je parle beaucoup des danses en couple ; c’est en effet la catégorie de danse que je connais le mieux. Mais j’aime bien de temps en temps déroger à la règle au profit des autres formes afin de vous les faire découvrir à l’occasion. Bien souvent, lorsqu’on parle de danse, on imagine les ballerines, danseuses étoiles, avec leur tutu, qui font des entrechats et des pointes. La danse classique est une discipline qui fait rêver toutes les petites filles et j’ai choisi de vous en parler ci-dessous.

La manière de danser à l’origine de la danse classique est née à l’époque de la Renaissance (en particulier au XVe siècle) à la cour d’Italie. À cette époque, il était obligatoire qu’un noble sache se mouvoir avec élégance et sache donc danser. Plus tard en France, à la cour de Catherine de Medicis (Italienne par son père ayant épousé Henri II, devenu roi de France en 1547), tout le monde était amené à danser, même le roi, car la reine était une grande amatrice des arts dans leur ensemble et avait vécu son enfance en Italie. Néanmoins, la danse était pratiquée par une majorité d’hommes et les costumes nous paraissent lourds en comparaison de ce qui se fait de nos jours.

À son ouverture en 1661 par Louis XIV, l’Académie Royale de Danse (dont l’évolution donna l’Opéra National de Paris) fait partie des premières écoles de danse créées en France. C’est à cette époque (fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle) que le ballet devient une discipline essentiellement professionnelle avec la formation de danseurs professionnels. Les femmes ont alors acquis un statut dominant dans la pratique de la danse par rapport aux hommes alors que la danse se dissocie du chant et de la déclamation.

Le mot ballet prend son origine dans le mot italien « ballo », qui signifie « danser », du fait de ses origines profondes italiennes. Cependant, les mots de la technique de danse classique sont en français partout dans le monde, car celle-ci a été mise au point par les Français à commencer par Beauchamp, premier maître de ballet du roi, au XVIIe siècle. On parle dès lors de glissade, entrechat, grand jeté, pas de bourrée, etc. L’une des caractéristiques de base de cette forme de danse est l’en dehors qui consiste à avoir la jambe tournée vers l’extérieur de manière que le public en voit la face interne. Les danseurs se tiennent très droits et divers sauts composent les mouvements de base. Les danseuses et danseurs apprennent les positions de base définies par Beauchamp en plus des mouvements codifiés composant la danse.

Au XIXe siècle, les danseuses montent sur pointes et l’on voit naître les plus grands ballets classiques dans le monde entier. Citons pour mémoire, La Sylphide, Giselle, Coppelia en France, Le lac des cygnes, Casse noisette en Russie, etc. Le ballet romantique apparaît à cette époque et les chorégraphes s’inspirent de romans pour composer leurs ballets où les danseuses ont des costumes de gitanes ou portent un long tutu pour jouer le rôle de fées. La compagnie des Ballets Russes marqua particulièrement le XXe siècle avec des danseurs aux noms connus comme Nijinski, Pavlova, Balanchine, Lifar, etc.

La danse classique continue d’être largement pratiquée durant tout le XXe siècle jusqu’à nos jours, malgré l’émergence progressive de nouvelles formes d’expression comme la danse moderne, la danse contemporaine, le modern’jazz, etc. qui cohabitent sur les scènes de spectacle. La technique de ces nouvelles formes autorise la jambe en dedans ainsi que divers déhanchements.

Un ballet de danse classique en tant que spectacle (aussi appelé opéra-ballet) est composé à la fois de danse et d’expression via le mime. L’un des précurseurs aux premiers ballets fut dansé en 1489 à Tortona, en Italie, mais on considère que le premier ballet en tant que tel a été dansé en 1581 au Louvre à l’occasion d’un mariage de proches du roi Henri III sous le nom du « Ballet comique de la reine Louise ». Ce ballet dura 5 heures. Il est à noter que « La Fille Mal Gardée », créé en 1789, est le plus ancien ballet de danse classique encore dansé de nos jours, même si c’est sous une forme remaniée.

Encore un mot sur ce qui pourrait s’appeler danser en couple en danse classique. Jusqu’au XIXe siècle, la danse était composée des mêmes pas pour le danseur et la danseuse. À partir de cette période, la différence se marque entre la fragile danseuse sur ses pointes et le solide danseur. L’homme devient alors partenaire en servant d’appui à la danseuse afin d’effectuer des équilibres et des portés. Les pas du danseur (l’adage et la coda) encadrent les pas de la danseuse et lui permettent de sortir d’un simple rôle de faire-valoir. C’est ce que l’on appelle le pas de deux puisque la chorégraphie est exécutée à deux. De nos jours, il existe aussi des pas de deux non mixtes et l’on parle plutôt de duos. Je vous propose ci-dessous le pas de deux extrait du ballet Don Quichotte (l’un de mes préféres), dansé par Paloma Herrera et Angel Corella en 1999.

On oppose souvent les danseurs de spectacle (comme le ballet qui peut ne pas être que classique) aux danseurs de danse « participative » (où tout le monde danse). Les premiers ont besoin d’une discipline particulière qui leur permet de développer des qualités permettant d’assurer un spectacle digne de ce nom. Les seconds doivent développer d’autres qualités (guidage, partage de l’espace, improvisation) qui sont certes parfois moins physiques, mais tout aussi importantes vis-à-vis de leur forme de danse. Mon avis est que les différentes formes de danse ont à apprendre les unes des autres. Je suis parfois désolé de voir un couple de danseurs de ballet (classique ou non) qui danse en spectacle sans qu’aucun message ne passe manifestement dans une connexion entre les partenaires. La danseuse fait sa partie, le danseur la sienne et, à la limite, ils pourraient très bien danser sans la présence de l’autre (en dehors des portés évidemment…). Ce n’est pas le cas pour les danseurs de danse de société en couple et sur ce point ils ont l’avantage. À l’opposé, si les danseurs de danse en couple pouvaient se tenir un peu plus droits et tourner d’une manière plus stable avec une bonne technique commune aux danseurs de ballet, ils gagneraient en esthétique et en aisance dans leur pratique de la danse. Chacun son domaine de prédilection, mais tout cela me semble complémentaire malgré tout !

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Bob Fosse, as du cabaret et inspiration pour Michael Jackson

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Tous ceux qui aiment la danse de style « Broadway », la comédie musicale ou le cabaret connaissent forcément Bob Fosse, un danseur, chorégraphe et réalisateur dont la patte visuelle est parfaitement identifiable. Le grand public connaît son œuvre sans forcément connaître le personnage par le biais de films comme « All that jazz » (« Que le spectacle commence » en version française) ou encore « Cabaret ». Je vous invite, par cet article, à découvrir un chorégraphe qui a su apporter sur scène et à l’écran une esthétique de danse toute particulière que j’aime beaucoup.

Bob FosseRobert « Bob » Fosse est né en 1927 à Chicago et a très tôt pris des cours de danse, au point de faire sa première représentation en public à l’âge de 13 ans avec Charles Grass, formant le duo des Riff Brothers. Après la Seconde Guerre mondiale, il apparait régulièrement sur scène et dans quelques shows télévisés dont The Colgate Comedy Hour pour lequel il a été sollicité par Dean Martin et Jerry Lewis (j’ai écrit un article sur ces deux lascars dans ce blog, vous savez quoi faire pour en savoir plus !).

The Affairs of Dobie GillisIl fait sa première apparition au cinéma en tant qu’acteur-danseur pour la MGM dans le film « The Affairs of Dobie Gillis » (« Casanova Junior » en français) en 1953 avec Debbie Reynolds où il tient l’un des seconds rôles. Il est d’ailleurs amusant de remarquer que le titre phare du film « All I Do Is Dream of You », un morceau écrit en 1934, avait été chanté l’année précédente par cette même Debbie Reynolds dans un film culte nommé « Chantons sous la pluie »Acheter sur Amazon (scène où elle sort d’un gâteau d’anniversaire). Mais revenons à notre ami Bob qui a aussi tourné à l’époque dans « Give a Girl a Break »Acheter sur Amazon, mais tout particulièrement « Kiss Me Kate »Acheter sur Amazon dont une scène qu’il a dansée et chorégraphiée a mis le projecteur des producteurs de Broadway sur lui. All That Jazz À partir de 1954, il vogue entre les spectacles sur scène, pour lesquels il sera récompensé de nombreux Tony Awards (pour « Pippin » par exemple), et le cinéma. Ses chorégraphies sont variées, fluides et décalées ; elles mêlent souvent jazz, cancan, charleston, simple marche et des danses n’ayant rien à voir les unes avec les autres. Cela étant, son style tellement particulier est aujourd’hui devenu synonyme de cabaret et de Broadway avec l’utilisation du chapeau et les frétillements des mains. Petite anecdote : Bob Fosse racontait que s’il avait eu l’idée d’utiliser un chapeau dans ses chorégraphies, c’est à cause de sa calvitie qui a très tôt fait son apparition.

Sweet charityJe me concentre sur sa carrière cinématographique par la suite, car c’est ce qu’il reste de plus facile à visionner aujourd’hui en DVD ou streaming pour vous rendre compte par vous-même ou en savoir plus. En 1969, Bob Fosse tourne « Sweet Charity »Acheter sur Amazon avec Shirley MacLaine jouant le personnage principal d’une taxi girl qui se fait arnaquer par son petit ami. Il s’agit d’un remake musical et dansé des « Nuits de Cabiria »Acheter sur Amazon de Federico Fellini. Autant dire que l’histoire est parsemée de scènes atypiques par rapport au cinéma grand public. Je vous reparlerai de ce film en fin d’article sous un angle plus actuel, vous verrez pourquoi.

CabaretUn film incontournable réalisé en 1972 est « Cabaret »Acheter sur Amazon avec Liza Minnelli. Bob Fosse obtint 8 Oscars dont celui du meilleur réalisateur pour ce film. À Berlin, au début des années 30, le meneur de jeu du cabaret le Kit Kat Klub accueille la clientèle, milliardaires et escrocs. Un jeune étudiant anglais s’installe à la pension Schneider et fait la connaissance de sa voisine, exquise et aguicheuse, du nom de Sally Bowles, qui chante au cabaret dont les chansons et les danses ponctuent le film sur un fond de montée du nazisme et du national-socialisme. Certaines postures de Liza Minnelli ne sont pas sans rappeler celles de Marlène Dietrich dans le film de 1930 l’Ange BleuAcheter sur Amazon, qui partage la même ambiance sociale. Ce film est en réalité inspiré de la comédie musicale « Cabaret » de John Kander et Fred Ebb, qui connut un grand succès à New York en 1966. Et si vous entendez la bande son du film, vous reconnaîtrez forcément des titres qui ont été maintes fois repris dans des spectacles sur scène.

En 1974, Stanley Donen réalise une adaptation du « Petit Prince » de Saint-Exupéry, reprenant l’histoire du roman ponctuée de numéros musicaux. Bob Fosse crée une partie des chorégraphies du Petit PrinceAcheter sur Amazon et y joue le serpent dont la gestuelle et les attitudes inspirent fortement Michael Jackson dès la sortie de son album Off The WallAcheter sur Amazon en 1979. Dans une scène de quatre minutes, nous y voyons la majorité de tout ce qui fait le style esthétique de Michael Jackson — mais ne serait-il pas plus exact de dire le style Bob Fosse ? Je vous laisse plutôt en juger par vous même :

All thata jazzBob Fosse réalisa un autre de ses films d’exception en 1979 sous la forme de « All That Jazz »/ »Que le spectacle commence »Acheter sur Amazon. Inspiré de la vie personnelle de Bob Fosse qui avait fait un malaise cardiaque quelques mois avant le film, il raconte l’histoire d’un metteur en scène et chorégraphe qui veut faire de son prochain spectacle à Broadway l’apothéose de sa carrière. Le personnage vogue entre le travail de casting et de préparation du spectacle et ses excès d’alcool, d’amphétamines et les conquêtes féminines et son cœur finit par céder à ce rythme effréné. Ses pensées se mélangent et prennent la forme d’une comédie musicale, un ultime spectacle où la Mort lui apparait de nouveau pour enfin l’accueillir. Ce film a reçu la Palme d’or à Cannes en 1980.

Le dernier film tourné par Bob Fosse fut « Star 80 »Acheter sur Amazon. Un film de type biopic qui ne parle pas de danse. L’artiste sera emporté par une crise cardiaque 4 ans plus tard à seulement 60 ans.

De nombreux de nos contemporains (dont les plus jeunes) ont récemment découvert Bob Fosse par le biais d’une de ses chorégraphies iconiques, « The Rich Man’s Frug » issue du film « Sweet Charity »Acheter sur Amazon et reprise de centaines de fois dans l’application TikTok dans tous les pays du monde. Le « Rich Man’s Frug » est une chorégraphie comportant trois parties (« The Aloof »/la réservée, « The Heavyweight »/le poids lourd et « The Big Finish »/le grand final) qui met en valeur le style chorégraphique distinctif de Bob Fosse et en particulier son utilisation créative de poses, de gestes et de mouvements de bras caractéristiques. Je vous propose ci-dessous l’ensemble de ces trois scènes, dont on reconnaitra aisément l’univers sixties des mouvements (aussi repris dans les films d’Austin PowersAcheter sur Amazon). Personnellement, je ne m’en lasse pas !

Et puis, pour la forme, voici un lien vers l’une des multiples reprises disponibles sur TikTok. En l’occurrence, je vous propose celle de Sarah « Smac » McCreanor, une excellente danseuse australienne que j’ai découverte dans l’émission « So You Think You Can Dance » (j’ai déjà parlé de cette émission dans ce blog), il y a quelques années. Et si vous relevez le challenge en vidéo, n’hésitez pas à me faire passer le lien pour que je voie cela !

@smacmccreanor

 

Haven’t been this excited for a TikTok trend since joining a year ago. DC: Sir Bob Fosse ##bobfosse ##frug

♬ original sound – Finian Hackett

Voilà qui conclut cette présentation d’un artiste qui a marqué l’histoire du cabaret et de la culture populaire sans que le grand public ne connaisse réellement suffisamment son nom à mon avis. J’espère avoir quelque peu remédié à cette situation et j’espère que vous saurez partager cet article autour de vous si vous avez appris des choses !

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La danse traditionnelle ou folklorique

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En voyageant cet été, vous avez peut-être remarqué que, dans chaque pays ou dans chaque région, on peut découvrir des danses que l’on ne danse pas ailleurs. Les participants sont parfois vêtus de costumes traditionnels, parfois ce sont des habitants du coin qui s’amusent en tenue de tous les jours et ouvrent leurs danses aux touristes de passage. Ces danses, issues du terroir et fortement ancrées dans la culture populaire locale, sont appelées danses folkloriques par certains et danses traditionnelles par d’autres. Essayons d’y voir plus clair…

Qui dit danse traditionnelle, dit naturellement tradition. Les danses traditionnelles sont issues de la culture paysanne séculaire où l’entraide entre les hommes est essentielle à la survie. Cela se passait à l’époque où il n’y avait pas d’électricité et où les voies de communication n’étaient pas aussi développées qu’aujourd’hui. Cela renforce donc la notion de groupe que l’on retrouve naturellement dans le caractère des danses (rondes fermées, chaînes de danseurs, etc.). Le chant était souvent le support indissociable de la danse au point que c’étaient parfois même les danseurs qui chantaient tout en dansant. Chaque pays, chaque région, chaque village développe ses propres danses qu’on peut très bien ne pas retrouver dans le village voisin. On peut ainsi regrouper sous l’appellation de « danses traditionnelles » les danses nationales, les danses régionales, les danses locales, mais par extension également les danses ethniques et les danses de caractère. Le qualificatif de « populaire » peut être aussi inclus dans le sens de « issu du peuple ». Quant à la notion de folklore, nous y reviendrons un peu plus loin.

Les danses traditionnelles sont essentiellement pratiquées dans des occasions précises dans un environnement rural : récoltes, mariages, fêtes religieuses, etc. qui amènent les voisins et amis à se rassembler. La danse est donc à la fois un support pour se donner du coeur à l’ouvrage, mais aussi un moment de loisir pour se retrouver et s’amuser en communauté. La danse traditionnelle est donc bien une danse populaire au sens de « issue du peuple ». On peut citer par exemple, les danses suivantes : polka, mazurka, bourrée, branle, contredanse, sauts, rondeau, gavotte, passe-pied, etc. Ces danses ont pour origine aussi bien les campagnes bretonnes que les pays étrangers. En dehors de l’Europe, on peut aussi y placer des danses comme la samba brésilienne, la danse tahitienne, le danzon cubain, la biguine antillaise, le bharatha natyam d’Inde, etc. Avec le développement de l’industrie et du commerce, ainsi que l’urbanisation marquée du milieu du XIXe siècle en Europe, la culture paysanne reste cantonnée au domaine rural. Ainsi les nouveaux urbains (issus des campagnes) repensent-ils avec nostalgie à ces danses et aux bons moments partagés avec leurs proches. Ils vont donc se regrouper autour des traditions de leur région d’origine qui permettent de conserver des noyaux de culture traditionnelle au sein des villes. Notamment, à Paris, la présence de groupes d’exilés bretons ou auvergnats est bien connue.

La danse traditionnelle n’est, à l’origine, pas forcément pensée pour être regardée. C’est le groupe de danseurs qui se divertit ensemble et l’apprentissage se fait par mimétisme. Pas besoin de réfléchir tant les pas étaient souvent effectués (contrairement à aujourd’hui, où des déformations prennent parfois forme). Pour ce qui concerne les danses traditionnelles françaises, la base historique semble être celle des branles (doubles et simples) de la Renaissance se pratiquant sous la forme de rondes de groupe. Avec l’évolution et des influences diverses, les danses à figures se sont formées par la suite.

Du fait de son implantation dans les villes, la danse traditionnelle évolue dans le nouveau milieu des salles citadines par rapport à la cour de la ferme. Ces danses doivent aussi cohabiter avec les danses de salon dont la large popularité croissante les fait passer au second plan. De plus, grâce aux voies de communication, les danses de régions voisines s’influencent les unes les autres. C’est dans ce contexte que des hommes vont comprendre que la richesse des danses traditionnelles des origines disparaît peu à peu. Certains vont se faire « collecteurs de danses » et travailleront à recenser et cataloguer les danses traditionnelles dans certaines régions. Les danses traditionnelles retrouvent un regain de popularité dans les années 1970. Je ne peux m’empêcher ici de faire le parallèle avec l’une de mes danses fétiches : le lindy hop. Là aussi, la présence de la danse s’estompe durant les années rock’n’roll pour revenir de plus belle grâce à des passionnés. C’est à cette époque que des fêtes de danse traditionnelle se développent ; on les appelle aujourd’hui « bal trad » (pour bal traditionnel), « bal folk » (pour bal folklorique) ou même fest-noz (du nom de ces fêtes en Bretagne). Dans ces bals trad, on retrouve le résultat du mélange des cultures entre différentes régions et différents pays (la gavotte côtoie la polka ou la scottish). Il s’agit avant tout pour les participants de partager un moment convivial dans une époque individualiste qui, paradoxalement, recherche de rapports sociaux par le biais des danses traditionnelles tout comme celui des danses de société.

De nos jours, on parle bien souvent de folklore dans un sens un peu dévalorisant. On dit parfois que le folklore, c’est pour les touristes avec ses costumes régionaux colorés, ses sabots, etc.). Dans ce contexte, la danse est mise en scène comme un spectacle et non plus comme un loisir de groupe que l’on vit. Toutefois, cette vision folklorique a l’avantage de contribuer à sauvegarder un patrimoine menacé d’oubli ou de déformation par simplification. Les groupes folkloriques ont connu un grand succès dans les années 1930 et, même s’il y en en moins aujourd’hui, on continue de trouver des passionnés pour poursuivre ce travail de mémoire de la danse. Rappelons simplement que c’est grâce à des chercheurs, collecteurs ou pratiquants de ces danses qu’il est aujourd’hui possible de mieux connaître nos traditions du passé et nos origines populaires. Si vous désirez pratiquer, il vous suffit de participer à des bals trad qui sont souvent précédés d’initiations (mais il est aussi possible de se laisser porter par la danse en regardant les autres). Enfin, si vous avez la chance d’en avoir une à proximité de chez vous, il existe des associations qui organisent des cours hebdomadaires et des stages.

Voici un exemple de bourrée (creusade volante) dansée par « La Bourrée de Paris », un groupe folklorique auvergnat basé à Paris, en 2001 dans l’émission « la Chance aux chansons » de Pascal Sevran sur France 2.

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