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Et si on dansait ?

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Sorti il y a quelques semaines seulement, le dernier livre d’Érik Orsenna a rapidement attiré mon attention. Vous vous en doutez, il y a tout d’abord le titre, « Et si on dansait ? », très intriguant pour un passionné de danse. Ensuite, il y a la couverture, composée de portées musicales où un couple danse au même niveau que des lettres qui semblent également danser. Enfin, il y a le sous-titre : « Éloge de la ponctuation » ; un thème qui parle beaucoup à l’amateur de livres et de typographie que je suis. Mais quel rapport peut-il donc bien avoir entre la ponctuation et la danse ? Laissez-moi donc vous toucher quelques mots de ce livre.

Ce livre est le quatrième d’une série qui commence par  « La grammaire est une chanson douce ». Après avoir abordé successivement les thèmes de la grammaire, du subjonctif et des accents, l’auteur continue dans sa métaphore des mots vivants — et qui parlent ! — en s’intéressant à la ponctuation. Qu’est-ce que la ponctuation ? Il y a tout d’abord, l’espace qui sépare les mots, il y a ensuite le point, puis la virgule et encore le mystérieux point-virgule qu’on ne sait plus utiliser de nos jours et qui a donné lieu à la création de l’Association internationale pour la défense du point-virgule. On voit aussi au fil des pages l’apparition des parenthèses ainsi que des guillemets. Chaque signe a une signification : la séparation de deux idées, une petite pause dans le discours pour reprendre sa respiration ou alors une pause plus longue, etc. Et de se demander quel signe nouveau il faudrait inventer pour marquer la respiration de la mer avec ses vagues immenses et ses creux effrayants.

Bon, il est vrai qu’on ne parle pas trop de danse ici, si ce n’est de la danse des mots qui se disposent sur la page pour former une histoire. Mais la danse n’est-elle pas aussi une histoire de rythme ? Chaque danse est faite pour une musique (et rarement l’inverse) et impose donc aux danseurs de se conformer à un rythme donné qui donne tout son caractère la danse en question. p. 90. « Chaque livre a aussi son rythme, sa manière de respirer, lente ou rapide, saccadée, syncopée ou régulière… […] Il y a des livres à deux temps, d’autres à trois ou quatre temps… Il y a des livres-valse, des livres-tango… »

De même, Érik Orsenna suggère que les apparences sont trompeuses. Parfois, ce sont les personnes qu’on s’attendrait le moins à voir danser qui étonnent par leur enthousiasme et leur motivation. J’en connais des gens comme cela dans certains cours de danse en couple : toujours présents, très motivés et qui, du fait de leur ténacité, sont finalement considérés comme de très bons partenaires par les personnes qui dansent avec eux en soirées. « — […] la ponctuation donne du rythme. Prouvons-le.
C’est ainsi que l’idée vint à remorqueur :
— On en a marre de toujours raconter ! Et si on dansait ?
Personne n’aurait imaginé qu’une telle suggestion puisse venir de ce mot-là qui évoque la force, la puissance, mais non la grâce, la légèreté de la danse. »

Il est temps de conclure sur ce livre. Ceux qui achèteront le livre uniquement pour son titre seront déçus. Mais si vous aimez les histoires simples à lire et qui font un peu réfléchir, ce livre vous plaira. Il y a de jolies idées comme celle de remplacer la ponctuation par les soupirs, demi-soupirs, pauses, etc. de la notation de la musique sur les partitions. J’aurais personnellement aimé que l’auteur aille un peu plus loin dans son idée en introduisant le point d’exclamation, le point d’interrogation voire même le point exclarogatif ou le point d’ironie sur lesquels il y aurait assurément une jolie histoire à raconter.

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