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Carolyn Carlson

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L’article d’aujourd’hui sera consacré à une danseuse et chorégraphe que les adeptes de la danse contemporaine connaissent bien : Carolyn Carlson. J’en profiterai pour vous présenter le dernier livre que j’ai édité, puisque ce dernier porte sur cette même danseuse.

Il est vrai que je ne suis pas spécialiste de la danse contemporaine mais, comme vous le savez, je m’intéresse à toutes les formes de danse. Et c’est par le biais d’un projet de livre que l’on m’a proposé que je me suis intéressé à cette danseuse et chorégraphe qu’est Carolyn Carlson. Mais commençons par le début : Carolyn Carlson est née en 1943 à Oakland, en Californie, de parents d’origine finlandaise. Elle apprend la danse classique sur la Côte Ouest des États-Unis et passe sept années à l’Alwin Nikolais Dance Theatre à New York (1965-1971) d’où elle tirera une grande partie de sa vision de la danse. Elle arrive en France en 1971 où elle est danseuse étoile-chorégraphe au Ballet de l’Opéra de Paris, invitée par Rolf Liebermann. Son parcours professionnel la conduit ensuite en Italie où elle prend durant 4 ans la direction artistique du théâtre de La Fenice de Venise, puis de nouveau à Paris, au théâtre de la Ville. Ensuite, elle passe quelques années en Finlande et en Suède avant de revenir à Venise. Enfin, elle revient en France en 1999. D’abord à Paris où elle crée sa propre structure, y invitant régulièrement des artistes renommés comme Trisha Brown ou Lloyd Newson, puis parallèlement à Roubaix comme directrice artistique du Centre chorégraphique national.

La conception de la danse de Carolyn Carlson intègre à la fois une dimension philosophique et une dimension spirituelle. D’ailleurs, elle parle elle-même de « poésie virtuelle ». La poésie est en effet un exercice qu’elle pratique aussi en dehors de la danse puisqu’elle est l’auteur de plusieurs livres de poèmes et calligraphies. Son approche de la danse contemporaine privilégie l’improvisation et les solos dans un univers souvent très dépouillé et minimaliste. On y retrouve un peu l’esprit de la calligraphie asiatique où tout s’exprime en quelques coups de pinceau et un peu d’encre de Chine. Depuis 40 ans, Carolyn Carlson a influencé de manière importante la danse contemporaine en Europe et ses créations font le tour du monde. Sa première pièce, « Density 21.5 », est montée en Avignon en 1972. Depuis, elle a créé plus de 100 pièces, dont certaines comme « Blue Lady » (1983), « Signes » (1997, et qui a remporté une victoire de la musique en 1998) ou encore « Mundus Imaginalis » (2010) ont marqué les esprits. Entre autres distinctions, elle a été décorée des insignes de chevalier de la légion d’honneur en 2000, puis de celles de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres le 20 mars 2013. Elle a également été la première chorégraphe à recevoir le lion d’or à la Biennale de Venise en 2006 À l’âge de 70 ans, Carolyn Carlson est actuellement à la tête du Centre chorégraphique national (CCN) de Roubaix et du Nord-Pas-de-Calais et sera remplacée par Olivier Dubois le 1er janvier 2014. Par ailleurs, elle dirige l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson une structure internationale créée en 1999 dans les locaux de la Cartoucherie de Paris.

J’intègre ci-dessous la vidéo d’un passage de « Blue Lady », filmée au Bataclan, où Carolyn Carlson danse lors d’un concert de René Aubry (le compositeur de la musique) en mars 2004.

Carolyn Carlson est le sujet d’un tout nouveau livre de photographies, « Carolyn Carlson – Regards, gestes et costumes », écrit et photographié par Raphaël-Didier de l’Hommel. Ce livre tout en couleurs a deux particularités, outre ses photographies exclusives et uniques : la première est de présenter 7 calligraphies réalisées par Carolyn Carlson elle-même (dont une inédite), la seconde est d’être en édition bilingue français-anglais. J’ai moi-même beaucoup travaillé sur ce livre avec l’auteur afin d’aboutir à un livre d’un format pratique (contrairement à d’autres livres déjà édités précédemment ailleurs) et visuellement agréable à parcourir. L’auteur, quant à lui, est un admirateur du travail de Carolyn Carlson de longue date, puisque les photos qu’il présente ont été prises entre 1980 et 2010. Il a été le témoin de séances d’improvisation exceptionnelles dans divers pays d’Europe, qu’il a pu photographier de manière privilégiée. J’avoue que c’était pour moi un travail important puisqu’il s’agit du premier livre en couleur que j’édite. L’erreur n’était pas permise, mais je sais de source sûre (et directe…) que Carolyn Carlson a beaucoup apprécié le travail réalisé sur ce livre et je ne doute pas qu’il plaira également à tous ceux qui aiment cette danseuse/chorégraphe ainsi que son travail. Pour en savoir davantage, vous pouvez visiter le site de l’éditeur.

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Martha Graham

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Ceux qui ont effectué des recherches sur Google le mercredi 11 mai 2011 dernier ont sûrement remarqué que le logo Google (aussi appelé « Doodle ») avait changé. C’est ainsi depuis plusieurs mois où le moteur de recherche met à l’honneur un thème relatif à tel ou tel jour de l’année. On aurait pu voir un logo évoquant divers événements comme la bataille de Fontenoy en 1945, le lancement du paquebot France en 1960, l’anniversaire de la mort de Bob Marley, l’anniversaire de la naissance de Salvador Dali en 1904 ou encore celui de la naissance du vulcanologue Haroun Tazieff en 1914. Vous pensez bien que si j’en parle ici, c’est que cela a un rapport avec la danse : il s’agit de l’anniversaire de la naissance de Martha Graham en 1894. Voici quelques éléments à propos de cette danseuse et chorégraphe décédée il y a tout juste 20 ans et qui a marqué la danse moderne.

Comme je viens de l’indiquer, Martha Graham est née le 11 mai 1894 à Pittsburgh aux USA. Son père était médecin spécialisé dans les problèmes nerveux. Partant du fait que le corps exprime les maux de l’âme de manière physique, il utilisait l’apparence physique du mouvement comme élément de diagnostic. « La mouvement ne ment pas », disait-il. C’est ce point de vue qui a, plus tard, partiellement inspiré sa fille Martha dans sa manière d’appréhender la danse. La passion pour la danse de celle-ci ne vint qu’en 1911, après avoir vu une représentation du danseur de ballet Ruth Saint-Denis à la Mason Opera House de Los Angeles. La prestation lui plut à tel point qu’elle s’inscrivit quelque temps plus tard à l’école que ce dernier venait de créer avec Ted Shawn, l’école Denishawn. Elle y passa une dizaine d’années, en tant qu’élève au départ, puis en tant qu’enseignante. Elle a toujours considéré que la nouvelle forme de danse qu’elle avait créée était due à ses professeurs Saint-Denis et Shawn.

Plus tard, elle fait ses débuts de danseuse indépendante à New York en 1926, encouragé par le musicien Louis Horst, en se produisant seule sur scène avec sa propre approche de la danse. Celle-ci était basée sur la respiration et l’alternance entre la contraction et le relâchement. On a parfois comparé l’impact de Martha Graham sur la danse à celui de Picasso sur la peinture et sa contribution à l’évolution de la danse moderne est incontestée. Dans sa recherche d’expression personnelle, elle a privilégié la liberté et l’honnêteté, selon ses mots. Elle a créé la Martha Graham Dance Company à New York, l’une des plus anciennes troupes de danse aux États-Unis qui correspond aussi à une école de danse (qui a fêté ses 80 ans cette année). Ses capacités d’enseigner la danse lui ont permis de former et inspirer des générations de danseurs et chorégraphes. La compagnie de Martha Graham commence uniquement avec des femmes. Ce n’est qu’en 1938 qu’un homme viendra les rejoindre (celui-ci, Eric Hawkins, devint d’ailleurs le mari de Martha Graham…). La liste de ses élèves comporte de grands noms comme Merce Cunningham, Alvin Ailey, Twyla Tharp ou Paul Taylor et elle a collaboré avec certains parmi les plus grands artistes de son époque comme le compositeur Aaron Copland et le sculpteur Isamu Noguchi. Même Bette Davis, Gregory Peck, Eli Wallach, Woody Allen ou Madonna suivirent son cours « Movements for Actors ».

Pour la plupart de ses créations chorégraphiques, Martha Graham créait d’abord la danse avant d’y adjoindre un support musical. Dans de nombreux cas, elle s’occupait aussi elle-même des costumes. Elle a imaginé et chorégraphié plus d’une centaine de ballets dont « Primitive Mysteries » (1931), « Dark Meadow » (1946), « Acrobats of God » (1960), « Lucifer » (1975) pour Noureev et « The Rite of Spring » (1984). On le devine dans ces titres, les chorégraphies de Martha Graham traitent de tous les thèmes humains, de la naissance à la mort en n’évitant pas les thèmes les plus graves. En 1981, sa carrière est couronnée par le premier prix du « American Dance Festival Award » et elle a reçu la « National Medal of Arts » en 1985. Jusque très tard, Martha Graham a accompagné ses danseurs en tournée dans le monde entier, partageant ainsi les ovations du public.

Après sa mort (survenue en 1991), elle est désignée comme la « danseuse du siècle » par Time Magazine (édition du 8 juin 1998) pour l’ensemble de son oeuvre et en particulier sa recherche dans le domaine de l’expression corporelle dans les mouvements et la mise en valeur des angularités du corps. Dans le numéro en question, Time Magazine classe aussi la parmi les 100 personnalités les plus influentes du XXème siècle. Je conclurai cet article par une citation de l’artiste elle-même: « Je voulais commencer non par des personnages ou des idées mais par des mouvements […] Je voulais du mouvement avec du sens. Je ne voulais pas qu’il soit beau ou fluide. Je voulais qu’ils soit lourd de sens intérieur, avec de l’émotion et de brusques montées d’intensité. « . Martha Graham estimait qu’il fallait au moins 10 ans pour devenir une danseuse accomplie.

Je vous propose un exemple de la danse de Martha Graham. Il s’agit de « Lamentation », une célèbre chorégraphie en solo créée en 1930 et dont le costume était représenté tout à fait à droite du Doodle de Google dont je parlais en début d’article. Ce film (ici colorisé) a été tourné par le sculpteur Simon Moselsio en 1943. On y voit Martha Graham s’étirer et tendre son costume tubulaire élastique de couleur prune, un peu comme s’il formait une seconde peau. Elle disait : « J’ai vécu toute ma vie avec la danse. Être danseuse, c’est accepter d’être l’instrument de la vie. C’est parfois déplaisant, mais c’est inévitable« . Bref, on n’aime ou on n’aime pas, mais on n’y reste pas insensible.

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