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Tempo d’une musique, BPM et MPM

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Il y a des questions qui reviennent souvent dans la bouche des danseurs qui souhaitent se constituer une discothèque ou une CDthèque personnelle pour danser. L’une d’entre elles est : comment calcule-t-on la vitesse (autrement dit le tempo) d’un morceau de musique ? J’espère vous donner ci-après tous les outils pour parvenir à classer vos titres musicaux selon leur tempo.

Tout d’abord, il faut déterminer le style de musique auquel on a affaire. En effet, on ne compte pas une valse comme on compte un rock ou un cha-cha. Je passe sur cette étape car, ici, je me concentre sur la vitesse du morceau. À l’oreille, le fait de reconnaître s’il s’agit d’un morceau rapide, médium ou lent est assez aisé et cela fait partie des éléments à prendre en compte avant d’entrer dans le détail. Ensuite, il faut déterminer le nombre de battements par minute (ou BPM) du morceau.

Le nombre de battements par minute peut être déterminé de différentes manières, dont une automatique et une manuelle. Comprendre comment il est possible à un programme de trouver automatiquement la vitesse d’un titre permet de le faire aussi manuellement. Prenons un morceau de dance music (c’est plus facile à voir sur ce style de musique très binaire) et jetons un oeil à se représentation sous la forme d’ondes. Un logiciel gratuit comme Audacity permet de le faire. Chargeons-y, par exemple, « Celebration » de Madonna et regardons le début de la chanson. On remarque que, clairement, des pics parsèment d’une manière régulière la représentation graphique. Chacun de ces pics correspond à un battement de grosse caisse électronique dans l’introduction du morceau. J’ai superposé ci-dessous les comptes des phrases musicales à la forme d’onde (comptes pairs en rouge).

Battements par minute BPM

Donc ici, pour obtenir la valeur du tempo du morceau en BPM, il suffit de compter ces pics réguliers sur une durée d’une minute. Un comptage manuel nous donne ici une valeur de 126 pics sur une minute de musique soit donc 126 BPM. Certains logiciels sont capables de détecter automatiquement ces pics. Un logiciel comme BPM Detector de PistonSoft permet de réaliser cette tâche. Dans notre exemple, il a trouvé un tempo de 126,08 BPM. Disons que nous sommes dans le cas le plus simple d’une chanson où le rythme est très marqué et régulier car on entend « poum », « poum », « poum », poum », etc. au niveau des percussions.

À présent, voyons un cas pratique plus adapté à la danse en couple. Nous allons prendre l’exemple de « See You Later Alligator » de Bill Haley. Il s’agit d’un rock. Par conséquent, il y a une alternance entre les temps forts et les temps faibles. La grosse caisse marque les temps impairs (« poum ») alors que la caisse claire (« tchick ») marque les temps pairs. Nous avons donc une succession de « poum », « tchick », « poum », « tchick », etc. Prenons un extrait de ce morceau et, comme précédemment, identifions les temps de manière visuelle.

Battements par minute BPM

On, le voit, les battements sont déjà moins marqués que dans le cas du titre de Madonna précédemment utilisé en exemple. Si l’on veut trouver le nombre de battements par minute, il faut non seulement compter les « poum », mais aussi les « tchick ». Le comptage manuel nous donne 160 BPM. Sur un morceau de rock, le comptage automatique par logiciel peut ne pas fonctionner correctement. Par chance, ici, le logiciel nous donne une valeur de 160,47 BPM. Lorsque le comptage automatique ne fonctionne pas (c’est généralement le cas sur du swing), certains logiciels servent d’assistant de comptage. Le principe est alors de taper le rythme au clavier (barre d’espace) ou à la souris (clic) au fil de l’écoute du morceau. Le logiciel s’occupe de fare une moyenne sur l’ensemble des clics et on peut obtenir assez rapidement une valeur fiable sans avoir a attendre une minute de comptage. Par exemple, le petit logiciel gratuit BPM Counter 2004 proposé dans la section logiciels d’UltraDanse.com permet de faire cela sur PC.

Les DJ ont l’habitude de parler du tempo musical en BPM car c’est un référentiel qui les intéresse afin de caler le rythme d’un morceau sur celui d’un autre lors du mixage (transition de l’un vers l’autre). Une console DJ a la possibilité de réduire ou accélérer la vitesse d’un titre (« pitch ») pour le faire correspondre à celle d’un autre. De leur côté, les danseurs sont moins portés sur la précision de la valeur du tempo, en revanche, ils sont plus connectés à la manière dont la musique est écrite. Ils utilisent donc de préférence l’unité de la mesure par minute (ou MPM).

La mesure dont on parle est celle qui est écrite sur la partition que les musiciens lisent lorsqu’ils exécutent un morceau. Cette notion est fortement liée au type de musique. Un rock est écrit en 4/4, soit quatre temps par mesure. On obtient donc le nombre de MPM d’un rock en divisant le nombre de BPM par 4. Une valse est écrite en 3/4, soit trois temps par mesure. On obtient donc le nombre de MPM d’une valse en divisant le nombre de BPM par 3. Et ainsi de suite selon la structure musicale de base de chaque type de musique.

Résumé de la méthode pour obtenir les MPM :

  1. Définir le type de musique (rock, swing, valse, etc.)
  2. Évaluer à l’oreille l’ordre de grandeur (lent, médium, rapide)
  3. Compter les battements automatiquement par un logiciel
  4. Si le logiciel ne donne pas un résultat de l’ordre de grandeur souhaité :
    • soit corriger en multipliant par deux (en général cela fonctionne si le logiciel a systématiquement manqué le temps fort ou le temps faible)
    • soit effectuer un comptage manuel « à l’oreille ».
  5. Diviser le nombre de BPM selon le type de musique déterminé au début de la méthode.

Il est évident que le comptage manuel est la manière la plus fiable, mais elle est aussi la plus longue.

Un raccourci dans le cas du rock est de ne compter que les temps forts sur 30 secondes et multiplier par 4. On perd légèrement en précision (on est à 1 MPM près), mais on gagne en temps quand on doit compter tout une collection de morceaux de musique pour danser… À noter que le logiciel BPM counter 2004 que nous avons précédemment cité permet de passer facilement des BPM aux MPM. Ci-contre, la fenêtre de BPM Counter 2004 après 18 secondes de clics sur le morceau de Bill Haley pris en exemple plus haut. On voit bien que la valeur de 160 BPM a déjà été trouvée et que la correspondance en MPM est de 40.

Voilà, j’espère avoir été suffisamment précis sur ce sujet pour que chacun soit en mesure de gérer sa collection de CD pour danser…

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Sur le 1 ou sur le 2 ?

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Il y a peu de temps, j’assistais au spectacle de Marc Barbiéri (Show Dance, que je conseille particulièrement aux amateurs de danses latines sportives), quand m’est revenue une constatation sur une particularité du public français. En effet, les danseurs se déchaînaient sur le célèbre titre « Sing, sing, sing » (il dansaient sur une base de jive et de mouvements divers en solo que les puristes chez les danseurs de swing n’auraient pas forcément reconnus) et entraînaient le public avec eux. Ce dernier, n’y pouvant plus, s’est mis à taper des mains en rythme. En rythme, oui, mais pas à l’unisson !

Il y avait toute une partie du public qui battait des mains sur le temps « 1 » de la musique et une autre qui le faisait sur le temps « 2 ». Chaque camp pouvait se demander qui avait raison et qui avait tort. Le première partie entendait particulièrement la grosse caisse tout comme on l’entendrait dans une marche militaire. Ils entendaient donc le temps « 1 » de la musique. Or, la musique en question est loin d’être une marche. Même si les percussions sont bien marquées, il s’agit d’un swing. Et qui dit swing, dit temps « 2 » (c’est aussi le cas du rock). C’est en effet sur ce temps que se trouve l’accent de la musique. C’est donc la seconde partie du public qui était dans le vrai et cela était confirmé par le fait que les danseurs battaient aussi des mains sur le temps « 2 ».

Dans le même contexte de spectacle, lorsque Marc Barbiéri et sa partenaire Agnès Morin ont dansé leur chorégraphie à succès sur Le Connemara de Michel Sardou, il y avait une section marche où le public battait naturellement des mains à l’unisson sur le temps « 1 » et il en faisait de même sur la section valse. En fait, sur la valse, le public tape des mains sur le « 1 » et sur le « 4 ». Cela montre bien la prédisposition des français à bien entendre les musiques dites « européennes » : valse, marche, paso, etc.

D’une manière générale, les personnes sensibles au jazz battent correctement la mesure. C’est d’ailleurs amusant, quand on assiste à un concert de swing, car il est facile de distinguer les aficionados de jazz (qui battent sur le « 2 ») des autres (qui battent souvent sur le « 1 »), moins habitués à ce genre de musique. Si l’on s’en tient strictement à la danse, entendre correctement la musique permet de mieux faire corps avec elle. En réalité, cela est nécessaire pour bien danser tout simplement. On rencontre souvent le même thème en salsa où l’on peut danser sur le « 1 » (break on 1) ou sur le « 2 » (break on 2), voire même sur le « 3 » ou le « 4 », disent certains enseignants. L’essentiel, en salsa, est que les partenaires se mettent d’accord une fois pour toutes dès le début de la danse. Pour le reste, c’est une affaire de ressenti musical. Certains sont plus à l’aise (avec leur style de danse) sur le « 1 », d’autres sur le « 2 ». Si l’on a le choix en salsa (car c’est une musique bâtie sur la clave qui n’induit pas une simple binarité), il n’en est pas de même dans le cas des autres danses où le « 1 » du pas de base doit correspondre à un temps impair de la musique et ou le « 2 » doit correspondre à un temps pair.

Ouh là là ! Je sens que les neurones chauffent avec tous ces chiffres. J’arrête donc là… pour cette fois !

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