Parlons un peu musique aujourd’hui… Vous connaissiez l’électro-acoustique, l’électro-aimant, l’électroencéphalogramme, l’électroménager et aujourd’hui je vous présente… l’electro-swing ! C’est un courant musical issu de la rencontre de la technologie moderne des DJ et des vieux vinyles des années 20, 30 et 40 où sont enregistrés des titres américains de charleston, de jazz et de swing.
On trouve les premières tentatives de ce genre « remix moderne de swing » en 1994 (« Lucas With The Lid Off », mêlant swing, boîte à rythmes et rap) et en 1995 (« Doop » par Doop, très charleston, plus connu que le titre cité précédemment et dont je vous propose une vidéo d’illustration ci-dessous). Même si au fil des titres les styles diffèrent, le principe de base reste le même : sampler (cela veut dire numériser et isoler des sections) un morceau de swing, le faire passer plus ou moins régulièrement en boucle et y ajouter/superposer des sons modernes (batterie, basse, voix, etc.). Dans cet exercice, il faut avouer que les Français sont plutôt bien placés à l’échelle mondiale. On retrouve régulièrement plusieurs groupes français dans les meilleures ventes du style, comme G-Swing, Caravane Palace ou Le Club des Belugas.
Pour mémoire, je rappelle qu’à l’origine la musique swing était une musique créée uniquement pour danser. Les big bands des années 1930 et 1940 s’en donnaient à cœur joie devant des salles de danse remplies de danseurs. Les samplers de l’electro-swing se sont aussi intéressés aux morceaux de charleston des années 20. J’ai l’impression que l’aspect sautillant du charleston est mieux conservé dans les morceaux d’electro-swing que l’aspect « swing » des swings des big bands.
Tout cela est une affaire de ressenti et c’est ce même ressenti qui va faire que l’on va avoir envie de danser telle ou telle danse sur un morceau d’electro-swing. Jusqu’ici, j’ai assez peu entendu de titres qui avaient conservé les « bounces » du swing qui permet de danser le lindy hop des années 30. Cela dit, certains parmi lesquels le collectif de DJ G-Swing, essayent de conserver l’aspect dansant de la musique qu’ils ont samplée. Leur album « Swing for modern clubbing » est particulièrement parlant dans ce domaine. En cherchant sur YouTube, vous trouverez plusieurs extraits de leur album.
Le terme de « electro-swing » ayant été inventé par des anglophones explique la raison de l’extension des musiques samplées au-delà du swing des années 1930. On trouve de nos jours dans la catégorie des titres electro-swing des titres qui sont inspirés de la famille swing qui contient aussi bien du blues, que du rock ou encore du rhythm’n’blues. Ceci explique aussi pourquoi il est possible de danser du charleston (souvent), du rock, du West-Coast swing et parfois même du mambo sur certains titres d’electro-swing. Je l’avoue, bien que souvent issue de morceaux de swing faits pour danser, la musique electro-swing ne se danse pas toujours. C’est par ailleurs, une très bonne musique de type « lounge » ou « easy listening », c’est-à-dire agréable à l’oreille en fond sonore. Cela dit, voici quelques titres connus ou sur lesquels on peut danser (les danses que j’indique pour chaque titre ne sont que des suggestions).
– Jolie coquine, Caravan Palace : charleston
– Cement Mixer, G-Swing : lindy hop
– It Don’t Mean a Thing, Club des Belugas : lindy, mambo, rock
– Get a Move On, Mr. Scruff : West coast swing (pub France Télécom en 1999)
– Rum and Coca cola, Tim Tim : samba, mambo, rock
– Dibidy Bop, Club des Belugas : hip-hop
– Puttin’ on the Ritz, Fred Astaire (Club des Belugas) : lindy hop, foxtrot, charleston
– Sweet Sugar Swing – Lyre Le Temps : West coast swing, hip-hop
– Prosschai – Artie Shaw (Minimatic Remix) : charleston, hip-hop
Je vous propose une petite vidéo qui m’a bien plu et dont l’action se déroule au son d’une musique que l’on pourrait rapprocher de l’electro-swing. La musique en question est « We No Speak Americano » du duo Yolanda Be Cool qui remixe un titre plus ancien « Tu vuo fa l’americano », créé à l’origine par l’Italien Renato Carosone en 1956 (avec mandoline et ocarina, s’il vous plaît…). Cette chanson aux accents de swing a rencontré un grand succès à sa sortie et a été reprise plusieurs fois depuis par divers artistes. Parmi ceux-ci, on trouve The Brian Setzer Orchestra, Marty and His Rockin’ Comets, The Good Fellas, Lou Bega, Akhenaton et plus récemment Dany Brillant et The Puppini Sisters. Cette chanson a même été la bande-son d’une publicité pour les jean’s Lewis dans les années 1990. Dans la vidéo que je vous propose, le duo irlandais Up & Over (Suzanne Cleary et Peter Harding) fait des claquettes (style irlandais) avec les mains. La rythmique est convaincante, on aurait très bien pu l’imaginer faite avec les pieds. De plus, la mise en scène du couple est amusante (et l’homme ne cligne qu’une seule fois des yeux à partir du moment ou on passe en plan rapproché — vous l’avez repérée ? –… je ne sais pas comment il fait). Je crois qu’on peut parler ici de danse des bras et des mains et non seulement de « finger tutting » (terme faisant référence à une danse faite uniquement avec les doigts).
Pour les amateurs et les curieux, vous trouverez facilement des compilations d’electro-swing en CD ou coffrets ainsi que sur les sites de streaming musical ou des playlists sur YouTube tout simplement.
La danse, par définition, est synonyme de mouvement. Et rien de plus difficile à retranscrire dans un dessin qu’un mouvement. On peut commencer par une position caractéristique, mais cela donne juste une idée et cela limite la démonstration à un instant t. Chaque détail peut être important pour donner tout son caractère au mouvement et suggérer plus qu’une simple position : inclinaison de la tête, position des mains, orientation du corps pour indiquer quelque chose de crédible. L’étape suivante dans la recherche de la fidélité est de se rapprocher de la technique du dessin animé : on dessine chaque position clé permettant de reconstituer les différentes étapes du mouvement. Il est clair que cela ne représente pas la même quantité de travail. Dans le cadre de mon travail passé sur la description de la technique de certaines danses sous la forme de livres (et par extension pour la version du site UltraDanse.com auquel succède le présent blog), je m’étais attelé à ce genre de travail en utilisant un logiciel de synthèse d’images basé sur la 3D (comme pour la plupart des dessins animés de nos jours et une partie des effets spéciaux du cinéma). Je peux confirmer que chaque image demande un temps non négligeable comme dans l’exemple ci-dessous que j’ai réalisé autour des positions clés de la chorégraphie de la Macarena (ici c’est un cas facile puisqu’il n’y a qu’une seule personne dont on ne fait bouger que les bras, mais les positions d’un couple en train de danser est une toute autre paire de manches, je vous assure !).
C’est amusant, car je m’étais déjà abonné à la page Facebook correspondante il y a quelques mois et je l’avais oublié ! Je remets donc cette trouvaille au goût du jour… Et, pour ne pas réinventer la roue, je commance la traduction (faite maison) du texte de présentation du concept proposé sur le site en anglais :
Le projet DrawMeASong a remporté le prix Deutsche Bank Creative Award en 2011 ainsi qu’un PACEIM grant and mentorship en 2014.
La base de la musique cubaine est la clave (prononcer « klavé »). C’est un motif rythmique joué par deux petits bâtons de bois que l’on frappe l’un contre l’autre. Le motif rythmique de la clave comporte deux parties. L’une contient trois sons, et l’autre deux. La clave est ainsi qualifiée de 3-2 ou 2-3 selon que les 3 sons arrivent en premier ou en second. Pour une clave 3-2, on entend donc trois sons sur le 1-2-3-(4) de la musique et deux sons sur le 5-6-7-(8). Pour résumer, le mot « clave » désigne à la fois l’instrument de percussion en bois et le rythme sur 8 temps (2 mesures) comprenant 5 sons. Dans les orchestres modernes, les bâtons de bois sont remplacés par un bloc de plastique utilisé parmi les autres percussions.
La clave permet donc de danser sur le 1 de la musique, salsa « on 1 », (on y fait le premier pas d’un pas de mambo) ou sur le 2, salsa « on 2 » (c’est donc sur le 2 que se fait le 1er pas). Sur une clave 3-2, les danseurs de « on 1 » suivent les temps 1, 6 et 7 alors que les danseurs de « on 2 » suivent les temps 4, 6 et 7. L’un des impacts de clave tombant entre le temps 2 et le temps 3, il est aussi possible de l’utiliser pour donner des accélérations ou des ralentissements dans la danse, d’où une richesse certaine et, peut-être, une difficulté pour les débutants. Trouver le 1 est donc plus « naturel » sur une clave 3-2 que trouver le 2 sur une clave 2-3 lorsque l’on compte la musique (lorsqu’on en arrive à ressentir la « respiration » de la clave sans compter, tout va mieux).
La clave n’est pas le seul repère que l’on peut suivre pour danser la salsa. Il y a d’autres percussions qui aident à repérer certains temps musicaux, en voici une liste rapide.
À ces percussions, il est possible d’ajouter d’autres repères plus harmoniques. Il y a par exemple la basse (contrebasse ou guitare), le piano, les cuivres et, bien sûr, la voix des choeurs ou du soliste. Dans les cas simples, suivre ce qui ressemble à un début de couplet ou de refrain (même si la structure d’un morceau de salsa ne suit pas cette logique) peut permettre de savoir quand poser le premier pas tout en restant en musique.
C’est aujourd’hui la fête de la musique en France et dans 110 pays dans le monde entier. À cette occasion, je vous fais part de quelques réflexions du moment sur la relation entre la danse et la musique (ou inversement). En effet, en danse libre en couple, le principe communément appliqué lors des soirées dansantes est que l’orchestre ou le DJ propose les morceaux de musique sur lesquels la danseurs improvisent leur danse. Cela n’est cependant pas le cas dans toutes les situations.
Je considère que la musique et la danse sont indissociables. Si l’on a une belle musique associée à une belle danse, c’est déjà bien. Mais si, en plus, les deux concordent parfaitement, c’est l’idéal. Certains enseignants en danse qui auront préparé des chorégraphies pour finir la saison par un gala se seront probablement posé la question de cette concordance. D’autres non, et c’est dommage. Je crois qu’au minimum la danse doit pouvoir s’adapter à une musique donnée. C’est comme cela que sont créées les chorégraphies : le chorégraphe écoute la musique et exprime ce qu’il ressent dans sa création chorégraphique. Cela semble évident en danse classique par exemple. Rappelons aussi qu’un morceau de musique est bien souvent enregistré ou mis en partition et qu’il est donc difficile aux musiciens de la modifier et de s’adapter à la danse sans en changer la nature.
D’un autre côté, il y a un genre musical que j’apprécie tout particulièrement et qui fait exception : le swing. Comme toute forme de jazz, le swing est basé sur l’improvisation. À l’époque des big bands dans les années 1930 et 1940, les morceaux de swing étaient composés pour faire danser les foules et, lors de leur interprétation en public, il arrivait fréquemment que les musiciens réagissent à la manière de danser du public et modifient ainsi leur improvisation. Ce jeu entre les danseurs et les musiciens (qui n’hésitaient pas à se faire mutuellement des blagues et clins d’oeil) est très bien décrit par Frankie Manning dans son autobiographie. Comme je l’ai laissé entendre plus haut, de nos jours, la technologie numérique permet de constituer un morceau à partir samples et de bruits ou de restructurer un morceau de manière qu’il colle à un enchaînement chorégraphique donné. C’est donc la musique qui s’adapte à la danse. L’idéal est, bien évidemment, quand la musique va vers la danse et vice-versa. Les deux genres se complètent et se rencontrent au juste milieu pour le meilleur effet général possible. L’impression que cela doit donner est que la musique est faite pour la danse et que la chorégraphie dansée est faite pour la musique jouée. Pour y parvenir, les qualités de danseur ne suffisent pas, il faut aussi des qualités dans le domaine de la musique. Tout se passe très bien quand le danseur est musicien et quand le musicien est danseur, mais ce n’est pas toujours le cas.
J’ai eu un peu de mal à trouver un titre parlant pour cet article. En fait, je vais essayer de parcourir rapidement les divers moyens utilisés en un siècle pour diffuser de la musique lors de soirées dansantes ou de cours de danse. En effet, tous les adolescents d’aujourd’hui n’ont jamais rien connu avant le CD audio et les enfants encore plus jeunes auront tous toujours connu la musique au format numérique. Petit retour en arrière…
Le développement du marché du disque se fait à partir de 1902 (le cylindre est peu à peu abandonné) et la durée d’un disque est portée de 2 à 4 minutes en 1908, mais ce n’est qu’en 1926 que cette durée est couplée avec le procédé de gravure électrique qui apportait un gain substantiel en qualité. Je passe ici sur les divers progrès autour de ce support comme le microsillon dans les années 50.
Ce matériel (aussi appelé pick-up) était entièrement contenu dans une petite valise dont le couvercle logeait les haut-parleurs. Le matériel fixe a par la suite été appelé « platine » avec l’apparition des chaînes hi-fi et n’intégrait plus les éléments d’amplification et les haut-parleurs. Dans les lieux publics, les années 30 voient apparaître les juke-box, armoires intégrant un système de choix de disques à la demande, mais ce sont les modèles bariolés des années 50 qui restent dans les mémoires. Servant aussi à diffuser de la musique, mais intégrant aussi un système diffusant des clips, on passe des Panoram des années 40 (avec des petits films en noir et blanc appelés soundies) aux scopitones (terme désignant aussi les clips qui y étaient proposés) dans les années 60. Voilà donc en quelques lignes ce qui permettait aux gens de diffuser de la musique pour danser en privé ou en public. Dans les années 30 et 40, on connaît l’âge d’or des big bands (pour qui la musique swing est reine) composés de nombreux musiciens alors que dans les années 50 et 60, les orchestres sont de taille modeste et le rock’n’roll est à son apogée. C’est la fameuse époque des yéyés.
Continuons donc notre parcours chronologique avec le passage de l’analogique au numérique. Je n’oublie évidemment pas l’étape de l’apparition du premier magnétophone à cassettes en 1963 qui révolutionne le domaine en terme de portabilité. L’avantage de ce système à bande magnétique est qu’il est réenregistrable et compact. Cela conduit naturellement à l’invention du baladeur (sous le nom walkman) par Sony en 1979, donnant une certaine liberté aux amateurs de musique et de danse. On peut alors danser le disco ou faire du roller sur ses morceaux préférés. Sur une cassette, on stocke alors de 60 à 180 minutes de musique alors que sur les disques à 33 tours on en trouvait que de 40 à 60 minutes. C’est toujours Sony, associé à Philips, qui en 1983 signe le passage au son enregistré numériquement en créant le disque compact (CD). Ici, on ne stocke que 74 minutes de musique (650 Mo), mais le support est réputé inusable (surtout vis-à-vis de la K7 audio qui est sensible aux ondes magnétiques). La platine CD est aussi déclinée en version baladeur, cela va de soi. Le système du CD audio est encore énormément utilisé de nos jours. Beaucoup d’enseignants et DJ utilisent ce support dans des platines spéciales où l’on peut faire varier la vitesse de la musique (comme la ralentir pour travailler une chorégraphie sur le bon morceau, mais sans trop stresser… ou encore passer d’un titre à un autre tout en douceur au niveau du tempo).
Par rapport au format numérique du CD audio (PCM/WAV/CDA), le format MP3 est compressé. Autrement dit, le son est traité de manière à prendre moins de place une fois stocké. Il faut donc obligatoirement le décompresser via des calculs complexes avant de pouvoir l’écouter. Dans un fichier MP3, le son peut être plus ou moins compressé, mais le gain de place se fait au détriment de la qualité audio.
Voici donc que le son est dématérialisé et extrêmement portable. D’ailleurs, il ne reste pas dans les ordinateurs et les premiers lecteurs MP3 portables ont tôt fait d’apparaître en 1999. Des fabricants comme Saehan, Rio et Creative démarquent alors par leurs produits. Comme les mémoires de type flash (mémoire qui ne s’efface pas lorsqu’on éteint l’appareil) n’atteignaient pas encore les capacités que nous connaissons aujourd’hui, ces baladeurs contenaient un disque dur où l’on enregistrait les fichiers audio en MP3. J’ai moi-même acheté l’un de ces appareils en 2000 sous la forme du Creative Nomad DAP Jukebox avec un disque dur de 6 Go. À l’époque, c’était l’appareil rêvé pour gérer la musique pour mes cours de danse et les fonctions EAX me permettaient même de réduire la vitesse d’un morceau sans faire varier la hauteur du son.
De nos jours, on a des appareils qui tiennent au creux de la main pour faire la même chose et une mémoire micro-HD de 8Go est plus petite qu’un ongle… Les enseignants utilisent ces appareils (beaucoup ont des iPods ou des appareils similaires) pour se déplacer avec leur CDthèque sur eux alors que d’autres préfèrent encore le grand écran d’un ordinateur portable associé à son disque dur (éventuellement externe) plein de MP3 comme c’est souvent le cas pour les DJ. On a même des platines DJ virtuelles connectables en USB à un ordinateur qui permet de retrouver le toucher des platines CD sans avoir à manipuler des dizaines de disques en une seule soirée.
Voilà en une page plus de 100 ans d’évolution des habitudes d’écoute musicale pour danser au son de ses musiques favorites. À chacun sa préférence. Je connais des personnes qui préfèrent le contact du boîtier du CD et lire les titres sur le livret associé afin de se laisser porter par l’inspiration. J’en connais d’autres qui préfèrent le choix technique des morceaux triés par thème, par tempo ou par titre et manipuler leur ordinateur avec dextérité. Je connais même au moins un enseignant qui anime toujours ses cours et soirées avec ses cassettes audio qu’il connaît par coeur, quitte à passer son temps à changer la K7, rembobiner, activer l’auto-reverse, etc. Cela me donne l’occasion de dire que, pour un enseignant comme pour un DJ, rassembler et trier sa collection de morceaux de musique est une tâche capitale.
Cela représente des heures et des heures d’écoute, de recherche et de classement afin de trouver les titres de qualité pour danser. Parfois, cela a nécessité des jours, des efforts importants et de l’argent pour acquérir un seul disque ou un CD donné. Ainsi lorsque vous demandez à un professionnel s’il peut vous donner une copie d’un disque ou un CD qu’il a utilisé en soirée ou en cours, vous comprendrez aisément qu’il puisse vous dire non. La première raison de ce refus est, je viens de le dire, que c’est un investissement pour lui. La seconde raison est légale, évidemment. Il vaut mieux que vous achetiez vous-même votre musique. En tout état de cause, un enseignant ou un DJ vous donnera probablement volontiers le nom et l’artiste d’un titre ou d’un album pour que vous puissiez vous le procurer en toute légalité. Sinon, si vous aimez danser sur bon son, vous pouvez aussi guetter les soirées avec orchestre ou les concerts où il y a de la place pour danser. Quel bonheur lorsqu’une soirée est organisée au son d’un véritable orchestre en direct live ! Pour ma part, je préfère largement cela à une soirée aux morceaux certes de styles très variés, mais à base de MP3 d’une qualité sonore se rapprochant des cynlindres des années 20… Et là, j’exagère à peine, car j’ai parfois l’impression de ce retour en arrière à cause de DJ qui utilisent mal la technologie ou qui ont négligé d’acheter légalement leur musique…
Cela faisait un certain temps que je n’avais pas présenté de morceau de musique dans ce blog. Il s’agit évidemment d’un titre sur lequel on danse. Et pour pouvoir vous raconter quelques anecdotes sur le sujet, j’ai choisi « Portrait of the Lion » de Duke Ellington. C’est un morceau swing (et non une chanson comme les précédents titres que j’ai abordés ici) sur lequel j’ai longtemps répété un enchaînement chorégraphique au sein d’une troupe professionnelle il y a quelques années et cela m’a fait tout drôle de le réécouter récemment.
Alors qu’est-ce donc que cette histoire de lion qu’on prend en photo ? En réalité, il n’y a ni animal à crinière, ni appareil photographique dans l’histoire. Lorsque Duke Ellington compose « Portrait of the Lion » en 1939, il pense en réalité à un de ses pianistes modèles : Willie Smith, surnommé « le Lion » pour rappeler sa bravoure durant la Première Guerre mondiale. Ce dernier est l’un des maîtres du piano stride (bien souvent identifiable par son inséparable chapeau melon et son inamovible cigare) dont Duke Ellington a beaucoup appris au point de lui dédier non pas un portrait musical, mais deux puisqu’il composa plus tard « Second Portrait of the Lion ». Le Lion lui rendit la politesse en 1957 en composant un « Portrait of the Duke ». Si vous vous rappelez bien, je vous avais déjà parlé de Wille « the Lion » Smith il y a quelques mois, dans ce blog, dans un article à propos d’une fameuse photo représentant quasiment tous les grands jazzmen. Willie Smith ressortait du lot… par son absence. C’est lui qui se reposait à côté du groupe alors qu’était prise la photo qui a ensuite été sélectionnée et publiée. La faute à pas de chance…
Le fait est qu’il était très fréquent que les musiciens de jazz se fassent mutuellement des hommages sous la forme de « portraits » musicaux. On vient de le voir entre Duke Ellington et Willie Smith, mais il en existe de nombreux autres comme « The Count » (portrait de Count Basie par Benny Goodman), « Portrait of Django » (portrait de Django Reinhardt par Lucky Thompson) voire même le comble de l’exercice dans « Portrait », le portrait de Charlie Mingus par lui-même… On a même des portraits musicaux de danseurs par des musiciens comme « Bojangles », le portrait de Bill « Bojangles » Robinson (fameux danseur à claquettes) par Duke Ellington ou encore « Taps Miller », le portrait de Marion Joseph « Taps » Miller (danseur à claquettes et trompettiste) par Count Basie.
Enfin, je vous mets en lumière quelques points qui peuvent permettre de danser des figures appropriées (à chacun de voir ensuite ce qu’il ressent).
Me voici donc à la fin de cet article mêlant diverses choses, entre culture générale swing et technique en rapport avec la danse. Avec ce petit exercice, j’ai essayé de vous montrer comment on part d’un morceau de musique pour arriver à une danse. Je ne vous ai pas donné d’enchaînement chorégraphique et j’aurais pu décortiquer encore plus, mais je voulais juste ouvrir quelques perspectives à ceux qui n’ont pas encore beaucoup mis en relation la musique et la danse. Ici, l’objectif est aussi de pouvoir improviser librement sur cette musique et, à chaque nouvelle écoute, de découvrir de nouvelles manières d’interpréter les subtilités des musiciens de swing en dansant à deux. J’espère, en tout cas, que cela vous aura donné l’envie d’aller plus loin dans l’écoute et la compréhension des musiques sur lesquelles vous dansez habituellement. Elles recèlent sûrement tout un tas de subtilités que vous ne soupçonniez peut-être pas. Et je ne parle pas que du swing, mais d’autres styles musicaux peuvent vous surprendre.
Il y a des questions qui reviennent souvent dans la bouche des danseurs qui souhaitent se constituer une discothèque ou une CDthèque personnelle pour danser. L’une d’entre elles est : comment calcule-t-on la vitesse (autrement dit le tempo) d’un morceau de musique ? J’espère vous donner ci-après tous les outils pour parvenir à classer vos titres musicaux selon leur tempo.
Tout d’abord, il faut déterminer le style de musique auquel on a affaire. En effet, on ne compte pas une valse comme on compte un rock ou un cha-cha. Je passe sur cette étape car, ici, je me concentre sur la vitesse du morceau. À l’oreille, le fait de reconnaître s’il s’agit d’un morceau rapide, médium ou lent est assez aisé et cela fait partie des éléments à prendre en compte avant d’entrer dans le détail. Ensuite, il faut déterminer le nombre de battements par minute (ou BPM) du morceau.

Les DJ ont l’habitude de parler du tempo musical en BPM car c’est un référentiel qui les intéresse afin de caler le rythme d’un morceau sur celui d’un autre lors du mixage (transition de l’un vers l’autre). Une console DJ a la possibilité de réduire ou accélérer la vitesse d’un titre (« pitch ») pour le faire correspondre à celle d’un autre. De leur côté, les danseurs sont moins portés sur la précision de la valeur du tempo, en revanche, ils sont plus connectés à la manière dont la musique est écrite. Ils utilisent donc de préférence l’unité de la mesure par minute (ou MPM).
La mesure dont on parle est celle qui est écrite sur la partition que les musiciens lisent lorsqu’ils exécutent un morceau. Cette notion est fortement liée au type de musique. Un rock est écrit en 4/4, soit quatre temps par mesure. On obtient donc le nombre de MPM d’un rock en divisant le nombre de BPM par 4. Une valse est écrite en 3/4, soit trois temps par mesure. On obtient donc le nombre de MPM d’une valse en divisant le nombre de BPM par 3. Et ainsi de suite selon la structure musicale de base de chaque type de musique.
Il est évident que le comptage manuel est la manière la plus fiable, mais elle est aussi la plus longue.
Dans les soirées dansantes actuelles, mettons les soirées rock, il est courant d’entendre toujours les mêmes morceaux. On peut se demander si ce n’est pas dû au fait que les DJ utilisent toujours les mêmes disques. Même si cela est parfois le cas, un DJ digne de ce nom est en recherche permanente de nouveautés à proposer aux danseurs. Mais pourquoi alors sont-ce souvent les mêmes morceaux que l’on entend ? La réponse est simple et en deux volets. Tout d’abord, il y a le fait que certains titres sont incontournables et font la joie des danseurs à chaque fois qu’ils passent dans une soirée. D’ailleurs, certains tubes sont nécessaires à toute bonne soirée. Si l’on reprend le contexte d’une soirée rock, on peut citer en exemple « Rock Around the Clock » de Bill Haley, le « Mambo Number 5 » de Lou Bega ou encore certains titres de Dany Brillant. Bien sûr, cela dépend des DJ, du type de soirée et même de la ville où l’on se trouve comme nous allons le voir plus loin.
Le second volet concerne l’éducation. Lors de notre cursus d’apprentissage de la danse, nous avons tous été habitués à entendre et danser sur certains titres. Naturellement, cela a fait office d’éducation musicale et l’écoute de ces morceaux déclenche chez nous des réflexes. Un peu comme le chien de Pavlov, nous nous habituons donc à danser telle ou telle danse sur tel ou tel morceau. Encore mieux, si nous avons eu du plaisir par le passé à danser sur un morceau, nous allons avoir envie de danser de nouveau sur ce titre afin de retrouver cette sensation de plaisir.
Cette phase d’apprentissage peut s’apparenter à du conditionnement et donc expliquer le fait que certains titres soient plébiscités dans les soirées dansantes. Mais ce serait peut-être simplifier un peu trop car certains d’entre eux dégagent une énergie telle qu’elle donne tout simplement envie de danser (même si l’on ne sait pas). Quoi qu’il en soit, cette éducation musicale est nécessaire dans le cadre de l’apprentissage des danses de couple. Cela s’explique par le fait qu’un débutant ne sait pas toujours quelle danse il doit pratiquer sur telle ou telle musique. Autant sur « Rock around the clock » est-il évident que c’est le rock qui est le plus approprié, autant peut-on se poser la question sur « Mambo number 5 » où le mambo peut être dansé aussi bien que le rock. On trouve donc, selon les villes, des danseurs qui, pour avoir fréquenté les mêmes cours et les mêmes soirées, réagissent similairement à certains morceaux de musique. Dans le même temps, il faut avouer que des gens confondent parfois tango et paso doble tout comme d’autres auront du mal à entendre la rythmique du cha-cha-cha ou à réagir à un break musical. Sans un minimum de sensibilisation lors de cours de danse à la relation entre la musique et la danse, seuls les réflexes acquis après avoir dansé telle danse sur tel morceau peuvent permettre aux danseurs de ne pas se poser la question : « Et là-dessus, on danse quoi ? »
Alors, je reviens à mon idée de départ : l’expérimentation. Là où un DJ est sûr de ne pas se tromper en passant les tubes pour les danseurs en soirée, il peut néanmoins expérimenter un nouveau morceau de temps en temps pour voir s’il remporte l’approbation des participants à la soirée. Si le succès n’est pas là, il a le choix soit d’abandonner le morceau (qui ne correspond pas aux goûts et à l’éducation des danseurs présents), soit de retenter l’expérience en espérant que l’oreille des danseurs se fera (sous réserve que le morceau soit effectivement propice à la danse…). Le risque pris est celui de faire retomber l’ambiance de la soirée par un morceau qui n’est pas approprié. C’est un peu ce type de choix qui peut différencier un bon DJ d’un DJ médiocre. Néanmoins, le meilleur endroit pour essayer un nouveau titre me semble être lors d’un cours de danse en petit comité où l’on peut même, en plus de la constatation des réactions des élèves, glaner quelques avis sur le sujet.