Si l’on est amateur de danse à claquettes, on reconnaît aisément les claquettes irlandaises (Lord of the Dance, par exemple) et les claquettes américaines qui sont particulièrement identifiables. Les claquettes évoluent et l’on y incorpore aujourd’hui des mouvements et techniques issus d’autres disciplines comme le hip-hop ou les percussions corporelles (body drumming). Mais il existe encore de nos jours une autre manière de faire des claquettes qui existe depuis des lustres et qu’on appelle le clogging. Découvrons donc cela ensemble…
La définition du nom anglais « clog » fait référence à une un poids attaché à la jambe d’un animal pour freiner ses mouvements. Une autre définition fait référence à une chaussure lourde à semelle de bois assimilable à un sabot. Cela revient plus ou moins à la première définition, car il est sûr que des sabots ne permettent pas particulièrement de remporter le 100 mètres haies… Ajoutons que l’une des définitions du verbe « to clog » est le fait de danser le clogging (ou le clog, diront certains). À première vue, le clogging serait donc une manière de danser avec des sabots aux pieds. Mais ne nous arrêtons pas là : on ne porte plus beaucoup de sabots de nos jours.
Le clogging est une forme de danse folklorique américaine originaire de la région des montagnes Appalaches (nord-est des USA) et que l’on appelle aussi « hillbilly tapdancing » ou « flatfooting ». Ces dénominations alternatives donnent bien le ton puisque qu’on y devine une notion « campagnarde » pour la première et l’image de « taper du pied à plat » pour l’autre. En réalité, le clogging des Appalaches est issu d’un mélange de danses apportées par les premiers colons et fut très populaire sur le sol américain dès le 18e siècle. Les Irlandais et les Écossais ont apporté la gigue, les Anglais on apporté leurs jeux de pieds, etc. On dit même que la démarche lourde de certaines danses indiennes avec leurs tambours aurait inspiré le clogging. Dans sa région d’origine, les pas de clogging peuvent varier d’une vallée à l’autre et les danseurs de clogging sont fiers de leurs « spécialités régionales ». Cela dit c’est la standardisation qui a fait que le clogging a pu se propager plus facilement et attirer de nouveaux adeptes au-delà des Appalaches.
Les cloggers portent des vêtements s’approchant plutôt des vêtements portés par les danseurs de square dance, autrement dit une allure plutôt Western (jeans et chemises à carreaux). Côté chaussures, les cloggers portent des chaussures à semelle dure équipées de « steel taps » (de fers) spécifiquement lestées. À la différence des claquettes habituelles, les fers sont composés de deux plaques de métal qui s’entrechoquent à chaque pas et chaque impact avec le sol. Autant dire que ça fait du bruit et que l’image des sabots dont je parlais en début d’article n’est pas loin. Pour un clogger, autrement dit un danseur de clogging, l’essentiel n’est pas de porter des vêtements sophistiqués, ni de faire des pas compliqués. Il faut juste garder le rythme !
Les groupes de cloggers dansent habituellement en ligne, un héritage des danses irlandaises combiné au fait que le clogging s’est initialement développé en tant que danse en solo. On peut différencier essentiellement deux styles de clogging. Il y a tout d’abord le style dit « precision » où des musiques du hit-parade ou traditionnelles servent de base à des enchaînements de pas connus et tout le monde fait la même chose en même temps. Il y a aussi le style dit « freestyle » où tout est improvisé et qui est donc généralement dansé en solo. C’est le premier style qui se prête évidemment le mieux aux démonstrations. D’ailleurs, le clogging a été présenté en démonstration lors des JO d’Atlanta en 1996.
Le motif de base du clogging est le basic clog, que l’on peut décrire comme un « shuffle, step, ball change » dans le language des claquettes. Les cloggers ne le décrivent pas comme cela : par exemple, le shuffle porte le doux nom de « double toe step » (que l’on peut traduire par « double avec la pointe du pied »). Par ailleurs, le « ball » correspond souvent à une bascule du poids du corps vers l’arrière (comme le temps 1 du pas de base du rock à 6 temps).
De nos jours, on danse le clogging sur à peu près tous les styles musicaux, mais les musiques du top 40 country américain sont souvent utilisées pour créer des enchaînements chorégraphiques. C’est à la base d’enchaînements chorégraphiques que se font les compétitions de clogging qui existent depuis plusieurs années aux USA mettant en vedette de style dit « precision ». Lorsqu’on regarde ces compétitions, on distingue différentes tendances qui vont du folklorique (avec les costumes de style cowboy), au hip-hop (où l’on retrouve des mouvements de bras issus du hip-hop) en passant par le style gymnique (où l’on retrouve des mouvements de bras à la manière du rock sauté). Pour illustrer mon propos, je vous propose une vidéo où les Southern Belles Clogging se produisent en compétition en 2007.
Je n’ai pas connaissance d’une quelconque pratique du clogging en France où les claquettes américaines et irlandaises sont bien développées. J’ai découvert cette manière de danser dans l’émission américaine « So You Think You Can Dance » que j’ai déjà plusieurs fois évoquée ici. En tout état de cause, comme les claquettes que nous pratiquons de nos jours prennent partiellement leurs origines dans le clogging américain, il me semble intéressant de connaître quelques éléments sur cette discipline. S’il y a d’autres disciplines que vous aimeriez découvrir dans ce blog, glissez-moi donc un petit mot et je programmerai un article sur le sujet (non sans m’être sérieusement documenté sur le sujet au préalable comme d’habitude !).