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Le ballet de danse classique

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Dans ce blog, je parle beaucoup des danses en couple ; c’est en effet la catégorie de danse que je connais le mieux. Mais j’aime bien de temps en temps déroger à la règle au profit des autres formes afin de vous les faire découvrir à l’occasion. Bien souvent, lorsqu’on parle de danse, on imagine les ballerines, danseuses étoiles, avec leur tutu, qui font des entrechats et des pointes. La danse classique est une discipline qui fait rêver toutes les petites filles et j’ai choisi de vous en parler ci-dessous.

La manière de danser à l’origine de la danse classique est née à l’époque de la Renaissance (en particulier au XVe siècle) à la cour d’Italie. À cette époque, il était obligatoire qu’un noble sache se mouvoir avec élégance et sache donc danser. Plus tard en France, à la cour de Catherine de Medicis (Italienne par son père ayant épousé Henri II, devenu roi de France en 1547), tout le monde était amené à danser, même le roi, car la reine était une grande amatrice des arts dans leur ensemble et avait vécu son enfance en Italie. Néanmoins, la danse était pratiquée par une majorité d’hommes et les costumes nous paraissent lourds en comparaison de ce qui se fait de nos jours.

À son ouverture en 1661 par Louis XIV, l’Académie Royale de Danse (dont l’évolution donna l’Opéra National de Paris) fait partie des premières écoles de danse créées en France. C’est à cette époque (fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle) que le ballet devient une discipline essentiellement professionnelle avec la formation de danseurs professionnels. Les femmes ont alors acquis un statut dominant dans la pratique de la danse par rapport aux hommes alors que la danse se dissocie du chant et de la déclamation.

Le mot ballet prend son origine dans le mot italien « ballo », qui signifie « danser », du fait de ses origines profondes italiennes. Cependant, les mots de la technique de danse classique sont en français partout dans le monde, car celle-ci a été mise au point par les Français à commencer par Beauchamp, premier maître de ballet du roi, au XVIIe siècle. On parle dès lors de glissade, entrechat, grand jeté, pas de bourrée, etc. L’une des caractéristiques de base de cette forme de danse est l’en dehors qui consiste à avoir la jambe tournée vers l’extérieur de manière que le public en voit la face interne. Les danseurs se tiennent très droits et divers sauts composent les mouvements de base. Les danseuses et danseurs apprennent les positions de base définies par Beauchamp en plus des mouvements codifiés composant la danse.

Au XIXe siècle, les danseuses montent sur pointes et l’on voit naître les plus grands ballets classiques dans le monde entier. Citons pour mémoire, La Sylphide, Giselle, Coppelia en France, Le lac des cygnes, Casse noisette en Russie, etc. Le ballet romantique apparaît à cette époque et les chorégraphes s’inspirent de romans pour composer leurs ballets où les danseuses ont des costumes de gitanes ou portent un long tutu pour jouer le rôle de fées. La compagnie des Ballets Russes marqua particulièrement le XXe siècle avec des danseurs aux noms connus comme Nijinski, Pavlova, Balanchine, Lifar, etc.

La danse classique continue d’être largement pratiquée durant tout le XXe siècle jusqu’à nos jours, malgré l’émergence progressive de nouvelles formes d’expression comme la danse moderne, la danse contemporaine, le modern’jazz, etc. qui cohabitent sur les scènes de spectacle. La technique de ces nouvelles formes autorise la jambe en dedans ainsi que divers déhanchements.

Un ballet de danse classique en tant que spectacle (aussi appelé opéra-ballet) est composé à la fois de danse et d’expression via le mime. L’un des précurseurs aux premiers ballets fut dansé en 1489 à Tortona, en Italie, mais on considère que le premier ballet en tant que tel a été dansé en 1581 au Louvre à l’occasion d’un mariage de proches du roi Henri III sous le nom du « Ballet comique de la reine Louise ». Ce ballet dura 5 heures. Il est à noter que « La Fille Mal Gardée », créé en 1789, est le plus ancien ballet de danse classique encore dansé de nos jours, même si c’est sous une forme remaniée.

Encore un mot sur ce qui pourrait s’appeler danser en couple en danse classique. Jusqu’au XIXe siècle, la danse était composée des mêmes pas pour le danseur et la danseuse. À partir de cette période, la différence se marque entre la fragile danseuse sur ses pointes et le solide danseur. L’homme devient alors partenaire en servant d’appui à la danseuse afin d’effectuer des équilibres et des portés. Les pas du danseur (l’adage et la coda) encadrent les pas de la danseuse et lui permettent de sortir d’un simple rôle de faire-valoir. C’est ce que l’on appelle le pas de deux puisque la chorégraphie est exécutée à deux. De nos jours, il existe aussi des pas de deux non mixtes et l’on parle plutôt de duos. Je vous propose ci-dessous le pas de deux extrait du ballet Don Quichotte (l’un de mes préféres), dansé par Paloma Herrera et Angel Corella en 1999.

On oppose souvent les danseurs de spectacle (comme le ballet qui peut ne pas être que classique) aux danseurs de danse « participative » (où tout le monde danse). Les premiers ont besoin d’une discipline particulière qui leur permet de développer des qualités permettant d’assurer un spectacle digne de ce nom. Les seconds doivent développer d’autres qualités (guidage, partage de l’espace, improvisation) qui sont certes parfois moins physiques, mais tout aussi importantes vis-à-vis de leur forme de danse. Mon avis est que les différentes formes de danse ont à apprendre les unes des autres. Je suis parfois désolé de voir un couple de danseurs de ballet (classique ou non) qui danse en spectacle sans qu’aucun message ne passe manifestement dans une connexion entre les partenaires. La danseuse fait sa partie, le danseur la sienne et, à la limite, ils pourraient très bien danser sans la présence de l’autre (en dehors des portés évidemment…). Ce n’est pas le cas pour les danseurs de danse de société en couple et sur ce point ils ont l’avantage. À l’opposé, si les danseurs de danse en couple pouvaient se tenir un peu plus droits et tourner d’une manière plus stable avec une bonne technique commune aux danseurs de ballet, ils gagneraient en esthétique et en aisance dans leur pratique de la danse. Chacun son domaine de prédilection, mais tout cela me semble complémentaire malgré tout !

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Les positions des pieds du ballet classique

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Ayant déjà eu l’occasion de vous présenter un rapide historique de la danse classique, je reprends un peu le thème de la danse classique pour parler un peu technique. En danse classique, les positions des pieds sont particulièrement importantes à connaître, tout autant que celles du haut du corps. Cette fois-ci je m’attache uniquement aux pieds, dont voici un petit mémo…

Comme je l’ai dit dans un autre article, la danse classique (ou ballet) a été développée par Beauchamp au XVIe siècle après avoir pris naissance en Italie. Beauchamp (1631-1705) est donc un maître de danse français qui prend la suite de Vertpré auprès de Louis XIV. On dit d’ailleurs que le surnom de « Roi Soleil » a été attribué à Louis XIV après qu’il a incarné le soleil levant dans le Ballet de la nuit en 1653, à l’âge de quinze ans. Autre détail, c’est en 1661 que Louis XIV fonda l’Académie royale de la danse. Beauchamp sera nommé surintendant des ballets du roi en 1671 après ses années passées comme maître à danser du Roi. En 1713, l’Ecole de danse de l’Académie est créée, qui deviendra l’école de danse de l’Opéra national de Paris, la plus ancienne institution de ce type.

Beauchamp mit au point un système d’écriture de la danse ainsi que la codification des positions des pieds. Depuis cette époque, les positions de pieds standards de la danse classique n’ont pas bougé et c’est pour cela que de nombreux mouvements techniques sont nommés en français dans le monde entier. Ces positions sont décrites en se basant sur le talon. Ceci autorise une ouverture des pieds variable (ouverture moindre lorsqu’on débute et grande ouverture lorsqu’on est expérimenté). Dans les illustrations ci-après, je présente les ouvertures à leur maximum, marquant au mieux l’en-dehors caractéristique de la danse classique. J’ai représenté une danseuse en demi-pointes (chaussons portés par les débutantes), mais les danseuses plus aguerries portent des pointes afin de pouvoir monter sur l’extrémité de leurs pieds.

Première position : les pieds sont sur la même ligne, les talons sont joints, les pointes écartées autant que possible, les plantes de pied sont plaquées au sol.Seconde position : les pieds sont sur la même ligne, les talons sont écartés de la longueur d’un pied à un pied et demi.
Troisième position : un pied est devant l’autre, le talon d’un pied arrive au milieu (appelé coup de pied) de l’autre pied.Quatrième position : un pied est devant l’autre, le talon de devant est dans la ligne du talon de l’arrière. On peut distinguer la quatrième ouverte (talons sur la même ligne) de la quatrième fermée (talon d’un pied en face de la pointe de l’autre pied).
Cinquième position : un pied est devant l’autre, le talon de devant est contre la pointe du pied de l’arrière.

À ces cinq positions fondamentales classiques, il est possible d’ajouter deux positions néo-classiques également utilisées en danse moderne.

Sixième position : c’est une variante de la première position, les pieds sont parallèles et sur la même ligne, les talons sont assemblés. Septième position : c’est variante de la quatrième position, les pieds sont parallèles, mais chacun est sur une ligne différente (l’un est en-avant et l’autre en arrière). Cette position se fait souvent sur les pointes.

Ces deux positions ont été identifiées et standardisées par Serge Lifar (2 avril 1905-1986) dans son « Traité de danse académique », imprimé pour la première fois en 1947. Serge Lifar est passé par les Ballets russes où il débuta en 1923 et l’Opéra de Paris où il passa de nombreuses années. Il fut directeur du Ballet de l’Opéra de Paris de 1930 à 1958. Durant toute sa carrière, il aura créé plus de 200 ballets. En plus d’ajouter deux positions aux cinq de Beauchamp, il ajouta aussi deux arabesques aux quatre déjà existantes. Bien entendu, ces « inventions » ne sont pas faites par hasard. Par exemple, les deux nouvelles positions de pieds permettent à la danseuse de plier les genoux sans les ouvrir alors qu’elle se tient sur les pointes et d’ainsi prolonger le mouvement en déplaçant l’axe vertical du corps.

Lorsqu’on débute la danse classique (ou lorsqu’on pratique d’autres styles comme la danse moderne), les professeurs font référence à ces positions de pieds dans leurs cours (« Commencez en sixième position ! », « Terminez votre rotation en quatrième ! » ). Il est vrai qu’on peut facilement mélanger tous ces numéros de positions ; ce petit aide-mémoire sera donc utile à certain(e)s, j’en suis sûr…

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