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Le ballet de danse classique

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Dans ce blog, je parle beaucoup des danses en couple ; c’est en effet la catégorie de danse que je connais le mieux. Mais j’aime bien de temps en temps déroger à la règle au profit des autres formes afin de vous les faire découvrir à l’occasion. Bien souvent, lorsqu’on parle de danse, on imagine les ballerines, danseuses étoiles, avec leur tutu, qui font des entrechats et des pointes. La danse classique est une discipline qui fait rêver toutes les petites filles et j’ai choisi de vous en parler ci-dessous.

La manière de danser à l’origine de la danse classique est née à l’époque de la Renaissance (en particulier au XVe siècle) à la cour d’Italie. À cette époque, il était obligatoire qu’un noble sache se mouvoir avec élégance et sache donc danser. Plus tard en France, à la cour de Catherine de Medicis (Italienne par son père ayant épousé Henri II, devenu roi de France en 1547), tout le monde était amené à danser, même le roi, car la reine était une grande amatrice des arts dans leur ensemble et avait vécu son enfance en Italie. Néanmoins, la danse était pratiquée par une majorité d’hommes et les costumes nous paraissent lourds en comparaison de ce qui se fait de nos jours.

À son ouverture en 1661 par Louis XIV, l’Académie Royale de Danse (dont l’évolution donna l’Opéra National de Paris) fait partie des premières écoles de danse créées en France. C’est à cette époque (fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle) que le ballet devient une discipline essentiellement professionnelle avec la formation de danseurs professionnels. Les femmes ont alors acquis un statut dominant dans la pratique de la danse par rapport aux hommes alors que la danse se dissocie du chant et de la déclamation.

Le mot ballet prend son origine dans le mot italien « ballo », qui signifie « danser », du fait de ses origines profondes italiennes. Cependant, les mots de la technique de danse classique sont en français partout dans le monde, car celle-ci a été mise au point par les Français à commencer par Beauchamp, premier maître de ballet du roi, au XVIIe siècle. On parle dès lors de glissade, entrechat, grand jeté, pas de bourrée, etc. L’une des caractéristiques de base de cette forme de danse est l’en dehors qui consiste à avoir la jambe tournée vers l’extérieur de manière que le public en voit la face interne. Les danseurs se tiennent très droits et divers sauts composent les mouvements de base. Les danseuses et danseurs apprennent les positions de base définies par Beauchamp en plus des mouvements codifiés composant la danse.

Au XIXe siècle, les danseuses montent sur pointes et l’on voit naître les plus grands ballets classiques dans le monde entier. Citons pour mémoire, La Sylphide, Giselle, Coppelia en France, Le lac des cygnes, Casse noisette en Russie, etc. Le ballet romantique apparaît à cette époque et les chorégraphes s’inspirent de romans pour composer leurs ballets où les danseuses ont des costumes de gitanes ou portent un long tutu pour jouer le rôle de fées. La compagnie des Ballets Russes marqua particulièrement le XXe siècle avec des danseurs aux noms connus comme Nijinski, Pavlova, Balanchine, Lifar, etc.

La danse classique continue d’être largement pratiquée durant tout le XXe siècle jusqu’à nos jours, malgré l’émergence progressive de nouvelles formes d’expression comme la danse moderne, la danse contemporaine, le modern’jazz, etc. qui cohabitent sur les scènes de spectacle. La technique de ces nouvelles formes autorise la jambe en dedans ainsi que divers déhanchements.

Un ballet de danse classique en tant que spectacle (aussi appelé opéra-ballet) est composé à la fois de danse et d’expression via le mime. L’un des précurseurs aux premiers ballets fut dansé en 1489 à Tortona, en Italie, mais on considère que le premier ballet en tant que tel a été dansé en 1581 au Louvre à l’occasion d’un mariage de proches du roi Henri III sous le nom du « Ballet comique de la reine Louise ». Ce ballet dura 5 heures. Il est à noter que « La Fille Mal Gardée », créé en 1789, est le plus ancien ballet de danse classique encore dansé de nos jours, même si c’est sous une forme remaniée.

Encore un mot sur ce qui pourrait s’appeler danser en couple en danse classique. Jusqu’au XIXe siècle, la danse était composée des mêmes pas pour le danseur et la danseuse. À partir de cette période, la différence se marque entre la fragile danseuse sur ses pointes et le solide danseur. L’homme devient alors partenaire en servant d’appui à la danseuse afin d’effectuer des équilibres et des portés. Les pas du danseur (l’adage et la coda) encadrent les pas de la danseuse et lui permettent de sortir d’un simple rôle de faire-valoir. C’est ce que l’on appelle le pas de deux puisque la chorégraphie est exécutée à deux. De nos jours, il existe aussi des pas de deux non mixtes et l’on parle plutôt de duos. Je vous propose ci-dessous le pas de deux extrait du ballet Don Quichotte (l’un de mes préféres), dansé par Paloma Herrera et Angel Corella en 1999.

On oppose souvent les danseurs de spectacle (comme le ballet qui peut ne pas être que classique) aux danseurs de danse « participative » (où tout le monde danse). Les premiers ont besoin d’une discipline particulière qui leur permet de développer des qualités permettant d’assurer un spectacle digne de ce nom. Les seconds doivent développer d’autres qualités (guidage, partage de l’espace, improvisation) qui sont certes parfois moins physiques, mais tout aussi importantes vis-à-vis de leur forme de danse. Mon avis est que les différentes formes de danse ont à apprendre les unes des autres. Je suis parfois désolé de voir un couple de danseurs de ballet (classique ou non) qui danse en spectacle sans qu’aucun message ne passe manifestement dans une connexion entre les partenaires. La danseuse fait sa partie, le danseur la sienne et, à la limite, ils pourraient très bien danser sans la présence de l’autre (en dehors des portés évidemment…). Ce n’est pas le cas pour les danseurs de danse de société en couple et sur ce point ils ont l’avantage. À l’opposé, si les danseurs de danse en couple pouvaient se tenir un peu plus droits et tourner d’une manière plus stable avec une bonne technique commune aux danseurs de ballet, ils gagneraient en esthétique et en aisance dans leur pratique de la danse. Chacun son domaine de prédilection, mais tout cela me semble complémentaire malgré tout !

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Échappés In The Streets

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Echappés In The StreetsSi vous cherchez un beau livre sur le thème de la danse à (vous) offrir, voici une bonne idée : Échappés In The Streets. Bon, d’accord, c’est un peu de l’autopromotion, car s’il a été écrit par Valérie Fourrier, il n’en demeure pas moins que j’en ai assuré la mise en page et le travail d’édition. Ce livre préfacé par Patrick Dupond fera la joie des amateurs de ballet, comme celle des amateurs de belles photos agrémentées d’un texte riche et inspirant. Voici le texte de la quatrième de couverture qui parle de lui-même :

Né de l’idée de célébrer les vingt ans du City Ballet de la ville de San Diego aux États-Unis et de la rencontre de l’initiatrice du projet avec une photographe de talent, cet ouvrage nous transporte non seulement dans les coulisses de cette compagnie de danse, mais aussi dans les rues et quartiers de sa ville de résidence. Évoquant les origines et des scènes de vie du City Ballet, les plus grands ballets classiques et contemporains de son répertoire sont décrits et mis en scène dans ces pages par l’auteur qui nous dévoile des anecdotes touchantes, parfois même amusantes. Faisant la part belle aux photographies d’Ursula Bensimon, « Échappés In The Streets » constitue, pour les néophytes, une découverte de ce monde onirique et, pour les initiés, un dépaysement assuré. La majorité des images est issue de séances spécifiques qui font renaître les ballets Carmen, Roméo et Juliette, le Lac des cygnes ou encore Casse-noisette dans des décors grandeur nature comme le musée de l’espace, le zoo de San Diego, la plage, les carrefours de la ville, le tarmac de l’aéroport, les quartiers industriels, etc. Comme son titre le suggère, « Échappés In The Streets » est, sous la forme d’un livre bilingue français/anglais, une invitation à suivre les danseuses et danseurs du City Ballet de San Diego dans les rues d’une ville magnifique qui sait à coup sûr séduire ses visiteurs.

Vous pouvez acheter ce livre dans votre librairie préférée ou directement chez l’éditeur en cliquant ici.

Auteurs : Valérie FOURRIER & Ursula BENSIMON
Éditeur : Christian ROLLAND Éditions, France
ISBN : 979-10-94832-00-4
Prix public 29 €
Format : 200 x 230 mm

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Les sourieurs de l’opéra

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Désirant développer l’édition de livres pour les danseurs et par les danseurs, j’ai créé ma maison d’édition en 2006. Cela a débuté par mon livre « Le rock’n’roll : technique de danse et pratique », résultat de plusieurs années de travail et de formalisation des bases de cette danse largement pratiquée en France. Depuis ces débuts où, d’étape en étape, j’ai développé divers ouvrages liés à la danse, je n’avais pas encore édité d’auteur français. Je suis passé de l’étape de l’auto-édition à l’étape de l’édition en français de livres américains. L’autobiographie de Frankie Manning a été le premier projet et il fait encore référence aujourd’hui par rapport à l’édition d’origine. Une nouvelle étape se concrétise en mars avec la sortie du premier livre original écrit par une Française et édité aux éditions Rolland, la maison d’édition que j’ai créée.

Ce livre a pour titre « Les Sourieurs de l’Opéra ». Lorsque son auteur, Aurore Rivals, m’a proposé son manuscrit il y a plusieurs mois, je me suis dit qu’il y avait dans ce texte une originalité de ton mêlée à une action qui se déroule dans le monde du ballet classique. Après la lecture de ce texte initial, j’ai donc décidé d’accepter ce projet, ainsi que le travail d’accompagnement que tout éditeur se doit de faire pour mener un auteur à « accoucher » de son texte sous une forme commercialisable. Le rôle d’un éditeur digne de ce nom (aussi spécialisé soit-il dans un domaine, comme moi dans la danse) est d’être présent aux côtés de son auteur et de le complémenter dans un échange de points de vue constructif basé sur le texte d’origine et les contraintes d’une publication au grand public. Il est rare qu’un auteur sorte d’une traite un texte parfait (et encore… peut-on considérer qu’un texte est un jour parfait ?), à moins d’en être à plus de vingt ouvrages publiés et mûrement revus en étroite collaboration avec un correcteur. L’expérience fait qu’un auteur s’améliore au fil de ses ouvrages. Bref, nous avons travaillé de concert sur ce texte qui a été repris plusieurs fois afin d’aboutir au livre qui va sortir mi-mars 2012.

Je vous livre ici le texte de la quatrième de couverture de ce livre d’Aurore Rivals.
Le sourire est leur métier, la danse est leur passion : Nils, Chrissy et Cillian sont les danseurs étoiles de l’Opéra. Nils se prend pour la réincarnation de Maximilien Robespierre et mène sa révolution très personnelle aussi bien à l’Opéra que dans sa vie intime. Eddy, le maître de ballet, homme sombre et solitaire, porte sur le monde un regard d’une extrême lucidité. Il sait déjouer les comédies humaines, celle des autres comme la sienne, mais son esprit trop clairvoyant finira par avoir raison de lui. Ce roman nous fait découvrir des éclats de vie de ces personnages qui, à leur manière, font leur révolution dans l’univers de l’Opéra et du ballet classique. Les interprètes du Lac des Cygnes vont ainsi peu à peu dévoiler le côté blanc et le côté noir de leur existence.

Et voici un court extrait pour vous en donner une idée. (p. 19)
– Alors, princesse, on est prête ?
Chrissy est en train d’écraser le bout de ses pointes dans le bac à colophane d’un air absent. Elle aime se perdre dans ce geste quotidien qui l’apaise, qui lui permet de faire abstraction de toutes les angoisses avec lesquelles elle a rendez-vous, sans faute, la veille du spectacle. La chevauchée des mauvaises pensées, elle apprend à vivre avec, elle ne cherche pas à les fuir, mais ne les laisse pas non plus la posséder. Tout à l’heure, il ne faudra pas faillir, il ne faudra pas leur laisser l’opportunité de faire la comparaison et de penser à une autre danseuse ; enfin, il faudra faire en sorte que Chrissy en blanche Odette et en noire Odile, ce soit une évidence. Chrissy enfile ses chaussons comme une jeune justicière enfile ses gants de cuir. Ce soir, elle part au combat. Nils se poste devant elle, lui tend impérieusement un frêle coquelicot qu’il a pris le temps de choisir et de cueillir exprès pour elle.
– Tiens, c’est pour donner des couleurs à ta petite loge… parce qu’elle est un peu tristounette. Tu devrais la décorer.
Nils accompagne ses paroles d’un geste vague et désigne les murs de la loge entièrement nus. Seule une petite photographie en noir et blanc est collée en haut à droite du grand miroir central. C’est la mère de Chrissy, celle qu’elle se plaît à appeler la « Mère Courage », celle qui se débat avec l’existence, avec son propre âge, avec la vieillesse de ses parents et avec les angoisses de sa fille. Combien de fois a-t-elle caressé ses cheveux d’or alors que le petit corps de Chrissy se crispait en de terribles convulsions à presque chaque veille de spectacle ?

Les Sourieurs, ce sont ces danseurs que nous voyons sur scène, au sourire permanent, qui semblent danser avec élégance mais sans effort des pièces imposant la difficile discipline du ballet classique comme « Le Lac des Cygnes ». Ils passent une bonne partie de leur temps à l’Opéra, mais ils ont aussi leur vie en dehors de la scène. Certains comme Nils ont même une conception très personnelle de la vie. Mais que savons-nous de ces artistes, au fond ? Que peut-il bien se passer dans leur vie en dehors des deux heures que dure le spectacle que nous regardons, médusés sur notre siège ? « Les Sourieurs de l’Opéra » nous parle de certains de ces personnages qui, finalement, sont comme nous : ils mangent, ils dorment, ils ont des sentiments, des joies, des peines. Aurore Rivals, musicienne de formation, tire en partie son inspiration du fait d’avoir côtoyé des danseuses et des danseurs durant des années entières. Elle les a observés, elle les dépeint avec un regard facétieux qui, parfois, nous fait sourire et, d’autres fois, nous émeut. Le ton qu’elle emploie est loin du babillage mielleux pour petites filles que l’on lit habituellement autour des ballerines et des ballets classiques. C’est un ton et une histoire modernes, réalistes, avec des personnages attachants. J’espère que vous aurez envie de découvrir ce livre de 144 pages à prix abordable (aux alentours de 12 euros) et de le faire découvrir autour de vous. D’ailleurs, vous pouvez retrouver la page Facebook du livre « Les Sourieurs de l’Opéra » ici, ainsi que la page Facebook des éditions Rolland ici. Enfin, sachez que tant que le livre n’est pas sorti en librairie, il vous est possible de le précommander à tarif préférentiel en utilisant le formulaire présenté ici, sur la page de description du livre du site Rolland éditions.

Le choix d’accepter ou refuser un livre est difficile. J’ai beau animer une maison d’édition dédiée à la danse, aux danseuses et aux danseurs (et par extension à la musique), je ne peux pas pour autant accepter tous les projets de livre qui me sont proposés. D’abord pour des raisons de capacité de production (rien à voir avec les grosses maisons d’édition qui tirent à 100 000 exemplaires et qui font des bénéfices conséquents), ensuite pour des raisons financières puisque, comme je me trouve dans une « niche », il y a assez peu de ventes et donc peu de revenus à investir dans de nouveaux projets qu’il me faut donc choisir avec justesse. J’édite actuellement environ 2 ouvrages par an. Difficile de faire davantage, malgré les encouragements et les sollicitations de toutes parts de sortir des livres de technique de niveau intermédiaire ou avancé… Ainsi plus les livres que j’édite auront du succès, plus je serai en mesure d’éditer de nouveaux projets à destination des amateurs de danse. N’hésitez pas à faire connaître ces livres autour de vous, sans les moyens des gros éditeurs pour faire de la publicité, seul le bouche à oreille peut faire connaître les livres que j’édite !

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Les chaussons rouges

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Le 9 novembre dernier vient de ressortir le film « Les Chaussons rouges » en DVD et Blu-Ray (et en haute définition sur ce dernier média). Ayant eu la possibilité de visionner ce film dans son édition « Blu-ray collector » (merci à Carlotta Films, l’éditeur de ce film en France), j’ai souhaité partager mes impressions avec vous. Ce film est un monument dans le monde des films dont l’action porte sur la danse (et particulièrement le ballet classique) et ceux qui aiment voir traiter ce sujet sur leur écran (en spectacle ou fiction) auront sûrement plaisir à se le procurer… ou se le faire offrir pour Noël.

« Les Chaussons rouges » est un film de Michael Powell, réalisé en 1948 (mais sorti en France en juin 1949), scénarisé par Emeric Pressburger et tout en couleur. Il est interprété, entre autres, par Moira Shearer, Marius Goring et Anton Walbrook pour les principaux rôles. L’histoire est inspirée du conte d’Andersen « Les chausson rouges » (ou « Les souliers rouges » selon les traductions), écrit en 1845. La particularité est que ce film met aussi en scène le conte dont il est lui-même inspiré sous la forme d’un ballet classique. Ce conte relate l’histoire d’une jeune fille nommée Karen à qui l’on offrit une paire de chaussures rouges. Le premier pas de danse qu’elle fit ainsi chaussée suit suivi d’un second, puis un troisième et elle ne put plus empêcher ses jambes de danser. Il lui fut impossible d’enlever les chaussures de ses pieds qui continuèrent de danser de plus belle durant des jours. Je ne vous cache pas que l’histoire ne finit pas très bien…

L’histoire du film commence comme suit. Après avoir attiré l’attention du producteur Boris Lermontov, Vicky Page est engagée dans la troupe de celui-ci. Parallèlement, Julian Craster, un jeune compositeur est, lui aussi, engagé. Lermontov licencie sa danseuse principale et convoque Vicky pour lui annoncer que c’est elle qui tiendra le premier rôle dans son prochain ballet « Les Chaussons rouges », dont la musique sera composée par Julian. Les répétitions sont dures et l’interaction entre le musicien et la danseuse implique un certain nombre de tensions qui se transformeront en attirance. Le ballet des « Chaussons rouges » fait un tabac à Monte-Carlo (lorsqu’on visionne le film en version originale, on entend d’ailleurs de nombreuses phrases en français) et ce la donne le coup d’envoi à la carrière de Vicky qui enchaîne dès lors les ballets au sein de la compagnie Lermontov. Malgré tout, lors d’une fête, Lermontov découvre l’histoire d’amour qui se déroule entre son compositeur et sa première danseuse. Il ne le supporte pas et impose cruellement à Vicky de choisir entre l’amour et sa carrière de danseuse. Ici, nous en sommes déjà à la moitié du film et j’en ai peut-être trop dévoilé à ceux qui souhaitent découvrir l’histoire… J’arrête donc là.

Je vois trois grandes parties dans ce film qui dure quand même 2h15. Il y a tout d’abord la première heure où l’on voit tout ce qui mène à la préparation du ballet « Les Chaussons rouges » de la compagnie Lermontov. C’est l’ascension. Il y a ensuite un gros quart d’heure où l’on voit le ballet en question, et donc le conte d’Andersen adapté à la scène de jolie manière avec des effets spéciaux (révolutionnaires à l’époque et réalisés sans ordinateur !) et une approche de type comédie musicale hollywoodienne, ce qui donne un ballet cinématographique avec quelques scènes surréalistes et oniriques. Enfin, il y a la troisième partie où l’on voit en quelque sorte la descente aux enfers avec la conclusion.

Si, par rapport aux films que l’on fait de nos jours, l’action est plutôt lente (si l’on n’aime ni le cinéma, ni la danse, on peut même se dire qu’il n’y a pas beaucoup d’action), on ne peut que saluer la place importante accordée aux chorégraphies aériennes de Robert Helpmann durant tout le film et spécialement pendant les 17 minutes du milieu qui, à elles seules ont nécessité six semaines de tournage pour les 53 danseurs. Il faut aussi ajouter que ce sont de vraies danseuses et de vrais danseurs qui sont filmés (y compris l’actrice principale) et qu’il n’y a pas d’artifice pour masquer un manque éventuel de technique (contrairement à « Black Swan »). Il faut parier que les scènes de danse ont dû nécessiter plusieurs prises avant d’obtenir la version finale, mais le spectacle est agréable et la technique cinématographique met en valeur les danseurs dont on saisit bien l’univers. À l’époque du tournage, le film a suscité de vives discussions parmi les puristes du ballet. La discussion tournait autour du fait que le film montrait une danse dopée aux effets spéciaux qui ne pouvait pas être retrouvée sur une scène en direct lors d’un spectacle.

Pour ce qui concerne l’édition DVD et Blu-ray qui vient de sortir, il y a plusieurs compléments intéressants en plus du film. Il y a en particulier, la description par Martin Scorcese de la numérisation du film en HD et de la manière dont on a pu réparer les attaques du temps sur les bobines en couleur, au point d’atteindre une qualité parfois supérieure à l’original. Il y a aussi des reportages sur le tournage du film avec des témoins de l’époque, une interview de la veuve de M. Powell et un reportage sur les coulisses des ballets du film avec Nicolas Le Riche (danseur étoile à l’Opéra national de Paris) et de Mathias Auclair (conservateur en chef à la Bibliothèque-musée de l’Opéra).

Si vous n’avez pas encore le DVD ou le Blu-ray, je vous propose la bande-annonce en VO sous-titrée. Cela vous donnera une petite idée. Vous noterez que la qualité d’image de cette bande-annonce issue de YouTube ne reflète en rien la qualité d’image du DVD et encore moins celle du Blu-ray où les couleurs sont flamboyantes. Je pense, d’ailleurs, que cette bande-annonce est une version non restaurée en HD si j’en crois le léger voile qui couvre les images.

Je n’ai certes pas d’actions dans ce film, mais je ne pouvais pas manquer de présenter ce film précurseur qui a inspiré des nombreux réalisateurs (Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Brian De Palma) ainsi que de nombreux autres travaux, dont le récent film « Black Swan », dont j’ai déjà fait la critique dans ce blog il y a quelques semaines (je vous avais d’ailleurs conseillé « Les Chaussons rouges » à cette occasion). J’ai personnellement apprécié ce film dont je conseille le visionnage en version originale sous-titrée et en HD évidemment afin de pouvoir profiter de tous les détails dont regorgent les scènes de ce film.

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Le Lac des cygnes

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S’il est un ballet qui est universellement connu, c’est bien « Le lac des Cygnes » (ou « Swan Lake » en anglais). Tout le monde en a entendu certains passages musicaux, ne serait-ce que dans des spots publicitaires, et tout le monde a en tête l’image du pas de quatre des « petits cygnes » exécuté par quatre danseuses en tutu blanc se tenant les mains. Pour les amateurs de ballet et pour ceux qui ne connaissent pas le spectacle, voici un petit dossier om figures évidemment des informations sur le film « Black Swan » dont le DVD vient de sortir dans le commerce.

« Le Lac des cygnes » est un ballet basé sur une musique de Piotr Tchaïkovski qui a été créé pour la première fois le 4 mars 1877 au Théâtre Impérial Bolchoï de Moscou. On en doit le livret (c’est là où l’intrigue/l’histoire est décrite, on appelle aussi cela l’argument) à Vladimir Begichev et Vassili Geltzer qui ont travaillé à partir de contes et légendes. L’ensemble se déroulait à l’origine sur 4 actes, mais des adaptations en 3 actes existent aussi. Le succès de ce ballet ne viendra que lorsque Marius Petita le reprend en 1895. Rudolf Noureev, quant à lui, en réalise une nouvelle version en 1984 pour l’Opéra de Paris, où l’histoire prend un tournant un peu plus psychologique.

L’histoire du Lac des cygnes est assez simple. Je vous la résume. Le premier acte débute par la fête d’anniversaire du prince Siegfried. Au cours du bal, sa mère lui apprend qu’il devra choisir une épouse et lui offre une arbalète qu’il va emmener à la chasse avec lui. Acte deux : la partie de chasse entraîne Siegfried près d’un lac où il s’apprête à tirer sur des cygnes. Soudain, l’un des cygnes blancs se transforme en jeune fille, Odette, qui explique qu’un sorcier lui a jeté un sort de telle manière qu’elle se retrouve transformée en cygne durant la journée. Seul le serment d’amour que lui porterait un homme pourra la sauver, elle et ses amies. Le prince tombe amoureux. C’est là où se fait le célèbre pas de quatre. Acte trois. Lors d’une fête au château, on présente Siegfried à des princesses pour le marier. Arrive Odile (copie maléfique d’Odette et fille du sorcier) que le prince prend pour sa bien aimée et avec qui ce dernier va danser (scène où l’on voit les 32 fouettés du cygne noir). Les efforts d’Odette pour attirer son attention n’y feront rien. Dernier acte. Le cygne blanc est en plein désespoir. Le prince réapparaît et lui réaffirme son amour, pensant s’adresser à la même personne qu’au bal. Faisant suite au mauvais sort, le tumulte des flots emporte Siegfried tandis que la jeune fille-cygne meurt de chagrin. Il est à noter qu’il existe aussi une fin alternative et heureuse…

Voici la scène du pas de quatre issu du Lac des cygnes, interprété à l’Opéra de Paris.

Le Lac des cygnes a été mis à l’honneur il y a quelques mois (début février 2011) dans le film « Black Swan » (« Le cygne noir ») de Darren Aronofsky. L’héroïne de l’action est Natalie Portman et l’on y retrouve aussi Vincent Cassel dans le rôle d’un directeur artistique assez spécial. Cédant à une nonchalance estivale, je reprends ici le synopsis du magazine « Première » : Nina est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Sa vie, comme celle de toutes ses consoeurs, est entièrement vouée à la danse. Lorsque Thomas Leroy, le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth McIntyre pour son nouveau spectacle, « Le Lac des cygnes », son choix s’oriente vers Nina. Mais une nouvelle arrivante, Lily, l’impressionne également beaucoup. « Le Lac des cygnes » exige une danseuse capable de jouer le Cygne blanc dans toute son innocence et sa grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina est parfaite pour danser le Cygne blanc, Lily pour le Cygne noir. Alors que la rivalité de Nina et Lily se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Mais s’y abandonner pourrait bien la détruire… Le film a été présenté en ouverture de la compétition dans le cadre de la 67ème Mostra de Venise. Et j’ajoute que ce film a été plusieurs fois nominé aux Oscars. Le DVD de « Black Swan » est sorti cet été et je vous conseille même l’édition combo DVD+Blu-Ray qui a l’avantage, pour à peine plus cher, de contenir les deux supports.

Afin de vous donner un aperçu, voici la bande annonce du film.

J’ai trouvé de film intéressant dans la mesure où une danseuse matérialise le centre de l’intrigue. Natalie Portman est excellente et elle a dû travailler durant un an pour préparer les scènes de danse. Cependant, lorsqu’on la voit danser, on ne voit généralement que le haut de son corps, avec quelques faiblesses dans les postures que les néophytes ne remarqueront certainement pas. On imagine bien qu’on de devient pas danseuse étoile en une année et que la doublure (en réalité 2 doublures) a été nécessaire pour les plans larges. Cela dit, à mon avis, « Black Swan » est davantage un drame psychologique qu’un film de danse. La danse ne sert que d’environnement au déroulement du film. C’est le thème de l’opposition côté pur/côté sombre, blanc/noir, bien/mal qui prime dans les 110 minutes de ce film. Le personnage de Nina dégringole petit à petit de la lumière vers les ténèbres et la folie alors qu’elle s’approche de la perfection dans son rôle à deux faces Cygne blanc + Cygne noir dans « Le Lac des cygnes ». En revanche, le parti pris très « sexuel » du réalisateur est parfois dérangeant et on se demande en quoi cet aspect particulier dénote de la noirceur de l’âme du personnage. Bref, la fin du film est sujette à interprétation et cela n’a rien à voir avec de la danse… Si vous voulez un film qui porte réellement sur le ballet, je vous conseille plutôt « Les chaussons rouges » ou encore « Company ». La question soulevée qui, elle, a à voir avec de la danse concerne la manière d’approcher l’interprétation d’un rôle dans un ballet par une danseuse ou un danseur. Pour faire simple, « peut-on toucher à la perfection dans le fait de danser un personnage de ballet sans être atteint par ce rôle au plus profond de son être ? » Je relève d’ailleurs que la relation entre l’état d’esprit du danseur ou de la danseuse et l’émotion qu’il/elle fait passer au public est un thème également abordé dans le manga « Subaru, danse vers les étoiles » dont j’ai parlé dans ce blog il y a quelques jours (et on y parle aussi du Lac des cygnes dans les premiers tomes de la série). Pour conclure, je me permets d’annoncer que le Lac des cygnes est aussi présent dans un roman que je vais éditer en 2012 : « Les Sourieurs de l’Opéra », écrit par Aurore Rivals. Je vous en dirai davantage lorsque la sortie du livre sera imminente.

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Danse et manga : Subaru

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Pour démarrer l’été, je vous propose de découvrir de quoi vous détendre sur les plages avec un peu de lecture. Comme je voulais un peu avancer dans la lecture de ce que je vous présente ci-après avant d’en parler, la sortie de cet article a pris un peu de retard… Si je vous dis « Subaru », beaucoup vont bien sûr me répondre « voiture de sport ». Mais ce n’est pas ce dont je veux vous parler aujourd’hui (ceci n’est pas un blog sur les sports mécaniques…). « Subaru », c’est le nom d’une série de mangas dessinés et écrits par Masahito Soda. Le titre complet est « Subaru, danse vers les étoiles » et la série est composée de 11 épisodes dont le premier est sorti en France en 2006 aux éditions Delcourt. C’est le seul manga consacré à la danse que je connaisse et il méritait donc bien un article complet dans le blog UltraDanse.com !

La base de l’histoire est la suivante. Subaru est une petite fille japonaise (et, comme souvent dans les mangas, elle n’a pas le type japonais) mais, contrairement aux autres enfants de son âge, elle prend rarement le temps de jouer. À la fin de ses cours, elle se rend à l’hôpital où elle retrouve son frère, atteint d’une tumeur au cerveau et dont l’état empire petit à petit. Chaque jour, la petite Subaru danse pour redonner le sourire à son frère, mais la danse va rapidement prendre une importance primordiale dans la vie de la petite fille, surtout après le décès de celui-ci. Cette danse va lui permettre d’extérioriser tout son mal-être. Au fil des différents tomes du manga, on retrouve une Subaru qui grandit. Devenue adolescente, elle ne jure plus que par la danse et espère un jour devenir professionnelle. Mais la route est encore longue…

Les 11 volumes de la série s’enchaînent dans une histoire continue (il vaut donc mieux lire tout cela dans l’ordre). D’ailleurs, les chapitres sont numérotés en continu sur l’ensemble de la série : on commence au chapitre 1 au début du tome 1 et on finit au chapitre 123 à la fin du tome 11. La danse dont on parle dans ce manga tourne à la base autour de la danse classique, mais Subaru se met aussi très bien au hip-hop et à la danse contemporaine (tome 3). Bien entendu, comme tout manga qui se respecte, la lecture s’effectue à l’envers d’un livre traditionnel Européen : on commence à la « dernière page » et on va vers la « première ». Lorsqu’on n’est pas habitué, c’est tout d’abord déstabilisant, car on a tendance à reprendre une lecture de gauche à droite, mais on s’y fait finalement très bien. Par ailleurs, les dessins sont en noir et blanc et réalisés d’un trait très noir, ce qui confère au manga une ambiance bien particulière et assez « sérieuse ».

Lorsqu’on regarde ce qui existe dans le domaine de la BD sur le thème de la danse, on a assez peu de choix. J’ai d’ailleurs écrit un article sur le sujet ici il y a quelques mois. On a en particulier, « Studio Danse », une BD humoristique, « Danse! », l’adaptation de la série de livres du même nom, « Danseuse » qui n’a pour l’instant qu’un seul tome. Toutes ces bandes dessinées s’adressent à un public très large allant des enfants aux jeunes étudiant(e)s en passant par les adolescents. Dans le cas de « Subaru », je dirais qu’il faut avoir déjà une certaine maturité pour le lire et que son public commence à l’adolescence. En effet, les sujets qui y sont traités sont parfois difficiles (la mort, les rivalités, l’abandon de sa famille, l’influence que l’on a sur les autres, etc.) et cela change décidément des petites histoires légères des BD citées plus haut et des mièvreries sucrées qui sont souvent écrites pour les préadolescentes aimant la danse classique.

Je dois avouer que l’ambiance créée par l’auteur Masahito Soda est efficace. Autant dans ses dessins que dans son texte. On est petit à petit captivé par l’histoire de cette jeune fille qui ne cesse de progresser en tant que danseuse malgré toutes les épreuves de la vie (et de la scène) qu’elle doit surmonter. On retrouve bien l’esprit manga des dessins animés qui passent à la télévision où les pensées intérieures des personnages sont abondamment exprimées en s’intercalant dans des scènes d’action. La pensée récurrente des personnages regardant Subaru danser est « Mais comment a-t-elle fait pour progresser si vite ? ». A certains moments, comme dans le tome 2, j’ai même eu l’impression de lire un livre traitant d’arts martiaux, car Subaru doit trouver un moyen (que je ne vous dévoilerai pas…) pour prendre conscience des autres danseuses du ballet autour d’elle. L’auteur de ce manga dessine avec réalisme les scènes de danse. Il me semble parfaitement au courant des différents éléments de la danse et est certainement un passionné de danse qui retranscrit certains détails avec précision tant au niveau du trait de ses dessins qu’au niveau de l’état d’esprit général. Ainsi, le lecteur assiste réellement à des scènes de danse très vivantes.

Il peut aussi être intéressant de savoir que cette série de mangas a été adaptée au cinéma dans un film nommé « Dance, Subaru ! » en 2009, réalisé par Chi-Ngai Lee et produit par William Kong (celui qui est derrière « Tigre et Dragon » ou encore « Le secret des poignards volants », deux films à l’univers graphique très réussi et que j’ai personnellement bien aimés) avec, dans le rôle principal, la (vraie) danseuse Meisa Kuroki. Cette adaptation, sortie au Japon, s’éloigne un peu des 11 volumes du manga, mais le thème général de l’histoire est le même. Les scènes de danse sont bonnes, mais il me semble qu’elles sont moins efficaces que celles décrites dans les livres. Le DVD existe (vo, sous-titres en anglais), mais il n’est pas vendu en France. Toutefois, pour vous mettre l’eau à la bouche, voici la bande-annonce de ce film, issue de Youtube. Les sous-titres vous aideront probablement à saisir de quoi il s’agit.

Si vous voulez acquérir l’intégralité des 11 volumes de « Subaru, danse vers les étoiles », il se peut que vous ne puissiez pas le faire chez un seul et unique vendeur. Personnellement, j’ai dû jongler entre divers vendeurs en ligne (et même eBay pour l’un des tomes) afin d’obtenir toute la série rapidement. Néanmoins, je ne regrette pas mon achat (chaque livre coûte environ 7,50 euros) et, si vous êtes amateur/trice de mangas et passionné(e) de danse de surcroît, je vous recommande cette série de « Subaru, danse vers les étoiles ». Enfin, si vous n’en avez pas eu assez, vous pourrez aussi vous mettre en quête de la suite : « Subaru 2 : Moon ». Une nouvelle série de mangas par le même auteur encore en cours (8 tomes parus au Japon, dont le dernier sort aujourd’hui) et qui n’a pas encore été traduite en français à ma connaissance.

Comme tous les ans, je ralentis le rythme du blog durant l’été (du reste, j’avais déjà un peu commencé en juin…) et je vous donne donc rendez-vous à la rentrée de septembre. Passez un bon été où il se peut que j’écrive néanmoins quelques lignes dans ce blog !

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Les positions des pieds du ballet classique

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Ayant déjà eu l’occasion de vous présenter un rapide historique de la danse classique, je reprends un peu le thème de la danse classique pour parler un peu technique. En danse classique, les positions des pieds sont particulièrement importantes à connaître, tout autant que celles du haut du corps. Cette fois-ci je m’attache uniquement aux pieds, dont voici un petit mémo…

Comme je l’ai dit dans un autre article, la danse classique (ou ballet) a été développée par Beauchamp au XVIe siècle après avoir pris naissance en Italie. Beauchamp (1631-1705) est donc un maître de danse français qui prend la suite de Vertpré auprès de Louis XIV. On dit d’ailleurs que le surnom de « Roi Soleil » a été attribué à Louis XIV après qu’il a incarné le soleil levant dans le Ballet de la nuit en 1653, à l’âge de quinze ans. Autre détail, c’est en 1661 que Louis XIV fonda l’Académie royale de la danse. Beauchamp sera nommé surintendant des ballets du roi en 1671 après ses années passées comme maître à danser du Roi. En 1713, l’Ecole de danse de l’Académie est créée, qui deviendra l’école de danse de l’Opéra national de Paris, la plus ancienne institution de ce type.

Beauchamp mit au point un système d’écriture de la danse ainsi que la codification des positions des pieds. Depuis cette époque, les positions de pieds standards de la danse classique n’ont pas bougé et c’est pour cela que de nombreux mouvements techniques sont nommés en français dans le monde entier. Ces positions sont décrites en se basant sur le talon. Ceci autorise une ouverture des pieds variable (ouverture moindre lorsqu’on débute et grande ouverture lorsqu’on est expérimenté). Dans les illustrations ci-après, je présente les ouvertures à leur maximum, marquant au mieux l’en-dehors caractéristique de la danse classique. J’ai représenté une danseuse en demi-pointes (chaussons portés par les débutantes), mais les danseuses plus aguerries portent des pointes afin de pouvoir monter sur l’extrémité de leurs pieds.

Première position : les pieds sont sur la même ligne, les talons sont joints, les pointes écartées autant que possible, les plantes de pied sont plaquées au sol.Seconde position : les pieds sont sur la même ligne, les talons sont écartés de la longueur d’un pied à un pied et demi.
Troisième position : un pied est devant l’autre, le talon d’un pied arrive au milieu (appelé coup de pied) de l’autre pied.Quatrième position : un pied est devant l’autre, le talon de devant est dans la ligne du talon de l’arrière. On peut distinguer la quatrième ouverte (talons sur la même ligne) de la quatrième fermée (talon d’un pied en face de la pointe de l’autre pied).
Cinquième position : un pied est devant l’autre, le talon de devant est contre la pointe du pied de l’arrière.

À ces cinq positions fondamentales classiques, il est possible d’ajouter deux positions néo-classiques également utilisées en danse moderne.

Sixième position : c’est une variante de la première position, les pieds sont parallèles et sur la même ligne, les talons sont assemblés. Septième position : c’est variante de la quatrième position, les pieds sont parallèles, mais chacun est sur une ligne différente (l’un est en-avant et l’autre en arrière). Cette position se fait souvent sur les pointes.

Ces deux positions ont été identifiées et standardisées par Serge Lifar (2 avril 1905-1986) dans son « Traité de danse académique », imprimé pour la première fois en 1947. Serge Lifar est passé par les Ballets russes où il débuta en 1923 et l’Opéra de Paris où il passa de nombreuses années. Il fut directeur du Ballet de l’Opéra de Paris de 1930 à 1958. Durant toute sa carrière, il aura créé plus de 200 ballets. En plus d’ajouter deux positions aux cinq de Beauchamp, il ajouta aussi deux arabesques aux quatre déjà existantes. Bien entendu, ces « inventions » ne sont pas faites par hasard. Par exemple, les deux nouvelles positions de pieds permettent à la danseuse de plier les genoux sans les ouvrir alors qu’elle se tient sur les pointes et d’ainsi prolonger le mouvement en déplaçant l’axe vertical du corps.

Lorsqu’on débute la danse classique (ou lorsqu’on pratique d’autres styles comme la danse moderne), les professeurs font référence à ces positions de pieds dans leurs cours (« Commencez en sixième position ! », « Terminez votre rotation en quatrième ! » ). Il est vrai qu’on peut facilement mélanger tous ces numéros de positions ; ce petit aide-mémoire sera donc utile à certain(e)s, j’en suis sûr…

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