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Jackie Chan le danseur : danse et arts martiaux

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Qui ne connait pas Jackie Chan, célèbre acteur associé aux arts martiaux, cascadeur et réalisateur de films d’action à succès ? Mais saviez-vous que la danse émaille sa vie et sa carrière tout entière ?
J’ai aujourd’hui décidé de vous parler de cet acteur iconique et de sa capacité  à danser mais aussi de la relation entre les arts martiaux et la danse.

Arts martiaux
Arts martiaux

La danse et les arts martiaux partent d’un grand point commun : la maîtrise du mouvement corporel. Que l’on exerce ces disciplines en solo ou avec un(e) partenaire (ou plutôt un(e) adversaire dans le cas des arts martiaux), il est nécessaire d’utiliser des techniques bien précises pour aboutir au bon résultat. En danse, on doit maîtriser l’équilibre, le rythme, l’énergie, les forces appliquées à un(e) partenaire dans le cadre d’une interaction (guidage en danse à deux, pas de deux, portés, etc.), le placement des éléments du corps pour réaliser les mouvements correspondant au style recherché, l’anticipation pour une chorégraphie fluide, sans oublier la mémoire des enchaînements lorsqu’on danse hors improvisation.  Dans le domaine des arts martiaux, je pourrais faire une phrase très semblable puisque les mêmes qualités sont requises pour une bonne pratique dans le cadre d’un combat ou celui d’une exhibition.On peut aussi ajouter dans la liste des points communs la discipline, la concentration, le contrôle de soi, l’expression artistique à travers les mouvements du corps. Dans le cas de démonstrations, on peut aussi citer l’importance du rythme, de la synchronisation entre les participants ainsi que la fluidité des enchaînements.

Si l’on poursuit le parallèle entre la danse à deux et un combat d’arts martiaux, la différence essentielle en dehors de la présence ou l’absence de musique sera le fait que dans le premier cas le danseur veut faire ressentir à sa danseuse le mouvement qu’il voudrait lui faire faire et que dans le second cas les adversaires essaient de masquer leurs intentions à l’autre pour pouvoir se surprendre mutuellement.

Le cas de Jackie Chan et d’autres stars des films d’arts martiaux mérite d’être étudié de plus près… De ses débuts à l’Opéra de Pékin à ses apparitions dans des films à succès, Jackie Chan a en particulier parcouru un chemin unique dans le monde de la danse.

Seven Little Fortunes
Seven Little Fortunes avec Jackie Chan

Jackie Chan est né le 7 avril 1954 à Hong Kong. Il a commencé sa formation en arts martiaux dès son plus jeune âge à partir de 1961 à l’Opéra de Pékin, également connue sous le nom de « China Drama Academy », où il a aussi étudié la danse traditionnelle chinoise et l’acrobatie. Cette formation précoce a influencé son style de combat unique qui intègre des éléments de danse et d’acrobatie, jetant ainsi les bases de ses talents multiples qui allaient le propulser vers la gloire cinématographique. Il a fait partie des meilleurs de sa promotion et sélectionné pour faire partie des « Seven Little Fortunes » qui se produisaient au Lai Yuen Amusement Park de Kowloon. La formation à l’Opéra de Pékin a également exposé Jackie Chan à une variété d’autres disciplines artistiques, notamment l’acrobatie et les arts martiaux, qui allaient devenir des éléments clés de son style cinématographique unique plus tard dans sa carrière. Cette formation polyvalente a contribué à forger sa passion pour les arts de la scène et à jeter les bases de sa future carrière dans l’industrie du divertissement.

Les premiers pas de Jackie Chan dans l’industrie cinématographique  dans les années 1960 et 1970 ont été marqués par des rôles dans des films où il a eu l’occasion de mettre en valeur ses compétences en danse et en arts martiaux. Son rôle dans le film en noir et blanc « Big and Little Wong Tin Bar » en 1962 lui a offert sa première expérience d’arts martiaux chorégraphiés sur grand écran en tant qu’enfant, posant ainsi les fondations de sa future carrière. Dans les années 1970 et 1980, Jackie Chan est devenu une figure majeure du cinéma d’action hongkongais, notamment grâce à sa collaboration avec le réalisateur Lo Wei et sa participation à la série de films « Drunken Master » et « Police Story ».

Drunken Master
Drunken Master

Son style de combat unique, qui intègre des éléments de comédie et de chorégraphie complexe, a attiré l’attention du public international et lui a valu le surnom de « Maître des arts martiaux comiques ».

Dans ses films d’action qui incorporent des séquences de combat chorégraphiées avec une précision remarquable, les mouvements de Jackie Chan sont souvent fluides et gracieux, rappelant ceux d’un danseur, ce qui ajoute une dimension artistique à ses scènes d’action. Ses cascades vont même souvent au-delà des simples combats. Il intègre fréquemment des éléments de danse dans ses scènes de combat et d’action, ce qui rend ses performances à la fois spectaculaires et esthétiques. Au fil de sa carrière, Jackie Chan a travaillé avec plusieurs chorégraphes de renom pour créer des scènes de combat et des séquences de danse dans ses films. Ces collaborations ont contribué à enrichir son répertoire de mouvements et à élever le niveau de l’action dans ses films.

Au fil des années 1980 et 1990, Jackie Chan a incorporé des éléments de danse dans ses films d’action de manière de plus en plus prononcée. Des séquences de combat chorégraphiées avec grâce et précision ont ajouté une dimension artistique à ses performances, distinguant ainsi ses films des autres productions d’action. Citons par exemple « City Hunter » (1993) mêlant chorégraphie et comédie.
Dans ce film, Jackie Chan offre au public une séquence de combat chorégraphié mémorable et hilarante. Déguisé en Sailor Moon, il entraîne les spectateurs dans une performance énergique sur le thème de « Street Fighter II », illustrant ainsi sa capacité à combiner danse, humour et action dans une seule séquence.

Dans la même période, on note des apparitions à la télévision où Jackie Chan danse. Par exemple, l’émission « Dance With Me » en 1982 où on le voit commencer par un saut acrobatique façon arts martiaux comme dans ses films, puis il continue en dansant en solo ou avec des danseuses comme le montre la vidéo ci-après.

Autre exemple, avec de la danse à part entière cette fois, dans le film Kung Fu Yoga réalisé par Stanley Tong et sorti en 2017, Jackie Chan joue le rôle de Jack, professeur d’archéologie chinois, qui fait équipe avec Ashmita, professeure de danse indienne, et son assistante Kyra pour retrouver le trésor perdu de Magadha. On y voit une scène de danse festive de style Bollywood où Jackie Chan démontre avec brio ses qualités de danseur. On retrouve la danse Bollywood principalement dans les films indiens (Bollywood est la contraction de Bombay et Hollywood) où l’industrie du cinéma regorge de scènes de danse de ce type. Pour faire la promotion de ce film, on a pu voir notre amateur d’arts martiaux exécuter des extraits de cette scène en direct sur plusieurs plateaux de télévision. D’ailleurs, ce style de mouvements rappelle une petite scène où Jackie Chan effectue une petite danse avec les mains dans « Drunken Master ».

Au-delà des mouvements de danse en solo mis en scène dans quelques films tels qu’évoqué précédemment, Jackie Chan a eu plusieurs fois l’occasion de danser en couple sur le grand et le petit écran. On peut citer, par exemple,des films comme « Shanghai Knights » (dans ce film de 2003, il reprend son rôle de Chon Wang aux côtés d’Owen Wilson. Bien que ce ne soit pas un film centré spécifiquement sur la danse, il y a des scènes où Jackie Chan danse en couple, notamment lors de certaines séquences comiques et de divertissement) ou encore

The Tuxedo, danse en couple
The Tuxedo, danse en couple

« The Tuxedo » (dans ce film d’action comique de 2002, Jackie Chan joue le rôle de Jimmy Tong, un chauffeur de limousine qui se retrouve impliqué dans une intrigue impliquant un smoking spécial doté de capacités surhumaines. Il y a plusieurs scènes où Jackie Chan danse en couple avec Jennifer Love Hewitt, qui joue le rôle de Del Blaine, un agent secret).

En fait, ce qui m’a donné l’idée de cet article est un extrait d’émission
de la télévision chinoise en ce début de 2024 où l’on voit Jackie Chan
faire quelques pas de danse improvisés. Ce n’est pas la première fois que Jackie Chan danse comme cela à la télévision, comme je vous l’ai précisé plus haut, mais l’occasion était trop belle pour ne pas aller dans le détail et vous montrer cela. Voici la vidéo :

 

On le voit bien, au fil des ans, Jackie Chan a étendu ses talents au-delà du cinéma pour inclure la réalisation, la production, le doublage vocal, la musique et même la philanthropie. Sa capacité de à fusionner habilement les arts martiaux, l’acrobatie et la danse a contribué à faire de lui une icône du cinéma d’action internationale.
Il a reçu de nombreux prix et distinctions tout au long de sa carrière, y compris un Oscar d’honneur en 2016 pour sa contribution exceptionnelle au cinéma. Comme quoi les qualités de danseurs peuvent mener très loin !

Je ne saurais être complet sur le sujet en citant quelques autres acteurs connus pour les arts martiaux qui mêlent danse et combat comme Bruce Lee,  Jet Li, Sammo Hung, Jean-Claude Van Damme  ou encore Tony Jaa qui a reçu une formation en danse thaïlandaise par exemple.  À l’inverse, plusieurs artistes connus pour la danse et/ou le chant maîtrisent les arts martiaux, parmi lesquels on peut citer Michael Flatley, Kamel Ouali, Madonna et même Elvis Presley (et son fameux déhanché peut-être en rapport avec sa ceinture noire de karaté ?).

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La danse indienne et Bollywood

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Aujourd’hui, je vous propose de continuer notre découverte du vaste monde de la danse. Depuis plusieurs années, un style de danse venu d’Inde attire de plus en plus nos contemporains, il s’agit de la danse Bollywood. D’apparence dynamique, joyeuse et souvent mettant en scène des personnages typiques, cette danse se situe au confluent de diverses cultures. Cet article tente de vous faire découvrir cet univers bien particulier, un peu mystérieux et pourtant très apprécié dans le monde entier.

Avant d’aborder la danse Bollywood, jetons un oeil à la danse indienne dans son ensemble. La pluralité culturelle de l’Inde n’est plus à démontrer et cela est autant dû à l’étendue du pays qu’à son histoire. La danse classique indienne impose au danseur une forte expression émotionnelle, une dextérité importante ainsi qu’un maniement du rythme très précis. Trois formes de danse classique indienne sont les plus connues : le Bharata Natyam (originaire sur Sud-Est de l’Inde), le Kathak (originaire sur Nord) et le Kathakali (Sud-Ouest de l’Inde), une forme de danse théâtrale où la symbolique des positions de mains est prédominante. Le Bharata Natyam, pratiqué au départ exclusivement dans les temples religieux par les femmes (les devadasi), est composé de plusieurs éléments dont le maître de danse qui fait aussi office de chef d’orchestre, des rythmiques effectuées par les pieds, des gestuelles de mains (mudras) inspirées de l’iconographie de la religion hindoue, des postures de corps (karanas), etc. Il est à noter que le dieu des arts de la scène hindou est Brahmâ et que le dieu de la danse est Shiva. La danse cosmique de ce dernier exprime le cycle de la destruction et de la création de l’univers. Comme le Bharata Natyam, le Kathak est une danse généralement effectuée en solo. Il a commencé par être associé à une certaine sensualité (ce qui lui a donné mauvaise réputation jusqu’au 19e siècle). Le Kathak raconte une histoire via le mime et des rythmiques de pied complexes. Enfin, le Kathakali, originaire de la région de Kerala, une importante zone de commerce avec l’étranger où le multiculturalisme est de mise. Les danseurs ont le visage fortement peint, une bande de papier faisant office de barbe, un énorme couvre-chef et une tunique imposante, faisant ainsi référence aux divinités, démons et humains de l’ancien temps. La danse se fait pieds nus et comporte des passages où l’on prend appui sur l’extérieur du pied. Dans un programme complet de danse indienne, les trois formes peuvent se succéder au gré des musiques employées. Pour vous donner une idée de ce que j’ai décrit dans ce paragraphe, voici un exemple de Bharata Natyam : un extrait de « Pushpanjali », dansé par Savitha Sastry.

Mais venons-en au Bollywood. Le cinéma indien s’est développé depuis le début du 20e siècle un peu de la même manière que le cinéma américain. Des premiers films silencieux en noir et blanc, on est passé progressivement aux films de comédie musicale dans les années 1930 et 1940. C’est le caractère imaginaire et enluminé des films musicaux de cette époque qui a probablement aidé les populations indiennes à surmonter des périodes difficiles de l’histoire comme la Seconde Guerre mondiale et la partition des Indes en 1947. Cet âge d’or du cinéma indien dura jusque dans les années 1960 et vit naître la plupart des grands classiques. La croissance de l’aspect commercial de ces films à succès continua jusque dans les années 1970 où le terme « Bollywood » est pour la première fois utilisé. Ce néologisme est la concaténation du « B » de Bombay (ville la plus peuplée de l’Inde et de nos jours connue sous le nom de Mumbai) et de l’essentiel du mot « Hollywood », capitale du cinéma américain. Ainsi, le terme « Bollywood » se rapporte-t-il uniquement aux films créés à Bombay (et il y en a beaucoup ; ils ont souvent en Hindi, très populaires, et comportent des scènes chantées et dansées). Chaque autre région de l’Inde (et même au-delà) produisant des films est dotée d’un surnom composé selon les mêmes règles : Kollywood pour les films du quartier de Kodambakkam à Chennai (anciennement Madras, et sont en Tamil avec beaucoup d’action et de cascades), Lollywood pour les films du Pakistan tournés à Lahore, etc. Ainsi, les films Bollywood sont construits à grand renfort de costumes brillants, d’éclairages évolués, d’accessoires divers pour appuyer les chorégraphies chantées un peu comme les musicals hollywoodiens. Depuis le début des années 2000, Bollywood a été le producteur du plus grand nombre de films grand public par an (soit environ 1000 films chaque année), dépassant largement ce qui se fait aux USA.

Dans les premiers films de Bollywood, les chorégraphies étaient basées sur la danse indienne traditionnelle ou classique, dont le Bharata Natyam et le Kathak. Petit à petit, l’influence américaine s’est fait ressentir dans ces danses. En particulier, des éléments des chorégraphies venues de Broadway et des clips passant sur les chaînes de télévision émises dans le monde entier (comme MTV, chaîne musicale « pour les jeunes ») ont peu à peu été intégrés pour ajouter de l’originalité et du spectaculaire dans les productions indiennes. Ces éléments sont donc principalement issus du jazz et du hip-hop. Chaque film raconte une histoire et les chorégraphies dansées sont là pour marquer une étape de l’histoire en question, il y a donc une mise en scène particulière dans chaque chorégraphie où l’histoire intervient. Par exemple, cela peut être une scène romantique entre une femme et un homme qui se rencontrent ou encore une dispute entre deux soeurs dans un décor un peu irréel. À titre d’exemple, j’inclus ci-dessous un exemple de danse Bollywood avec le titre « Bole Chudiyaan Bole Kangana » issu du film Kabhi Khushi Kabhie Gham, tourné en 2001.

En plus des films Bollywood que l’on peut acheter sur DVD un peu partout dans le monde, il est possible de voir des chorégraphies de ce type, par exemple, dans l’émission américaine « So You Think You Can Dance » (d’ailleurs, il y en avait une dans l’émission de la saison 10 américaine diffusée la semaine dernière ; petite copie d’écran maison ci-contre…), mais aussi dans plusieurs spectacles montés par des troupes dans divers pays, dont la France. Ces spectacles à caractère « exotique » pour nous combinent des éléments favorisant l’évasion du quotidien (vêtements d’Inde, bijoux, danseuses aux cheveux longs et bruns, chants dans une autre langue, mouvements différents, etc.), constituant ainsi un certain stéréotype apprécié de nos jours. Cela explique donc l’engouement actuel pour la danse indienne moderne, et en particulier Bollywood, qui permet la création de cours dédiés dans les écoles de danse.

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