Archives de catégorie : Humeur / humour

Articles sur un thème d’actualité, opinion de l’auteur, humour

Appelez la police !

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Sortons un peu du domaine strict de la danse (mais pas tout à fait…) à l’occasion de cet article. Je vais vous parler un peu de typographie. Pour simplifier, la typographie est l’art de mettre des caractères ensemble pour former des mots. C’est ce qu’ont fait pendant longtemps les imprimeurs avec leurs caractères en plomb (à l’envers) qu’ils assemblaient en lignes en vue de l’encrage qui amène à l’impression sur papier. Ça, c’est ce que faisait Gutenberg, l’inventeur de la discipline au XIXe siècle. De nos jours, les imprimeurs travaillent de plus en plus grâce aux technologies numériques et l’encrage du papier est piloté par des ordinateurs. Or, il y a des ordinateurs dans la plupart de nos maisons et chacun peut devenir lui-même son propre imprimeur pour des petits besoins.

Je ne vais pas détailler ici une par une les règles de typographie, mais je souhaite mettre en évidence la partie un peu plus « créative » de la typographie. Elle se situe non seulement au niveau de la disposition des caractères sur une page, mais aussi dans le choix des polices de caractères. Lorsqu’une personne débute dans la réalisation d’un document sur ordinateur, elle tombe assez facilement dans des pièges qui aboutissent à un document (affiche, formulaire, etc.) réellement moche. Eh oui, un logiciel comme MS Word donne accès à tellement de possibilités en quelques clics de souris qu’on a vite fait d’en abuser. Regardez donc le petit exemple ci-contre.

On voit que l’auteur de cette affiche a cédé à toutes les tentations : polices de caractères trop nombreuses, effets visuels à gogo, mise en page contre-productive, couleurs mal utilisées, petits smileys inutiles, etc. Peut-être vous donnerai-je ultérieurement les règles et bonnes pratiques pour concevoir une affiche qui soit lisible et qui fasse passer le bon message. Ce qui suit est déjà un premier pas… Je voudrais en effet vous faire remarquer les caractères utilisés pour écrire les mots « valse », « rock » et « tango » qui sont tout à fait inadaptés.

Lorsqu’on écrit un titre ou quelques éléments de texte pour une affiche, on essaye de faire passer un message. Ce message est inclus dans le fond du texte, mais aussi dans la forme de celui-ci. Le choix d’une police de caractères est important pour cela. Regardez donc les mots suivants.

La police de caractères utilisée pour chaque mot correspond bien à l’ambiance qu’ils décrivent respectivement. Le mot « douceur » est composé de caractères aux lignes arrondies et on imagine qu’ils peuvent contenir de l’air. Le mot « cirque » est composé des habituels ornements d’un cirque dans la mémoire collective et l’on associe facilement cela aux animaux dressés et la pointe interne aux lettres fait penser à un chapiteau. Enfin, le mot « karaté » fait penser au Japon grâce à sa référence à la typographie asiatique à l’encre de Chine. Lorsqu’on réalise un dépliant, une affiche ou tout autre document où se trouve du texte à « impact », il faut donc réfléchir à la police de caractères à utiliser pour un meilleur message.

Regardez l’exemple ci-dessous avec les mots « salsa », « valse » et « rock’n’roll » « charleston » écrits de différentes manières. Si l’on souhaite que l’ambiance de la danse transparaisse dans l’écriture de son nom, le choix est vite fait.

Alors, quelle ligne choisiriez-vous ? On pourrait dire que c’est très subjectif, et c’est en partie vrai. Cela dit écrire « salsa » avec des caractères symbolisant de la neige (ligne 3) symbolise mal la chaleur de la danse. De même, la valse (ligne 1) ne semble pas faire partie des disciplines habituelles du cirque et le charleston n’est pas synonyme de technologie et d’affichage LCD (ligne 3) et pas plus de culture hip-hop et de tags (ligne 2)… Il nous reste donc la ligne 4 où l’on voit la classe de la valse viennoise, l’aspect rebelle du rock, la créativité de la salsa et l’ambiance Cotton Club du charleston. C’est, je l’avoue, un ressenti personnel et d’autres polices de caractères auraient pu convenir. Mais j’espère que vous aurez compris l’idée générale présidant à la suggestion d’une ambiance rien qu’en écrivant un mot.

Pour finir, il est clair qu’il ne faut pas abuser de ce type de procédé. L’exemple de l’affichette « moche » présentée plus haut en est l’illustration. Même si les mots étaient écrits dans une police correspondant à l’ambiance associée à leur signification, si l’on change de police à chaque mot, il n’y a plus rien qui passe dans ce fouillis de caractères… C’est comme en danse : il est dangereux de trop mélanger des styles différents dans une même danse, car il en résulte que l’on ne sait plus ce que l’on danse. En revanche, il faut qu’il y ait un minimum de style et de technique pour donner corps à une danse et engager la communication entre les partenaires entre eux ou entre les danseurs et le public.

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Une question de niveau(x)

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Lorsqu’on débute la danse, on ne se pose jamais la question du niveau dans lequel on doit s’inscrire. On s’inscrit au niveau « débutant » voire « initiation » et c’est tout. C’est un peu plus tard que les interrogations ou différences de points de vue apparaissent. Prenons le cas de cours réguliers à l’année. Dans le cas idéal où tous les élèves progressent d’une manière uniforme et passent au niveau supérieur d’année en année, tout est simple. Or, par définition, un idéal n’est jamais atteint. Il arrive forcément un moment où il y a au moins un élève ou un couple qui reste à la traîne. Le dilemme est alors posé : soit ils montent de niveau avec les autres et puis tant pis s’ils restent en arrière, soit ils « redoublent » et il faut leur accord pour que cela leur soit réellement bénéfique. En effet, comme à l’école, le fait de suivre deux années de suite un même niveau peut être mal perçu. Pourtant, c’est plutôt un avantage qu’un inconvénient.

Il est évident que chaque individu apprend et progresse à un rythme qui lui est propre. Dans un contexte de danse, untel peut avoir des facilités à se repérer dans l’espace et ne pas parvenir à guider en même temps qu’il écoute la musique alors qu’une autre personne aura des problèmes pour mémoriser certains déplacements tout en ayant une excellente oreille musicale. Par rapport à une progression moyenne de groupe, il faut donc travailler et travailler encore les points faibles ; mais comme tout le monde n’a pas les mêmes défauts, certains auront toujours des problèmes en fin d’année. C’est là où le fait de refaire un même niveau de cours collectif est utile. Et pourquoi ne pas travailler double en suivant le niveau supérieur tout en participant une seconde fois aux cours du niveau suivi lors de la saison précédente ? Personnellement, j’ai suivi durant plusieurs années les cours débutants en parallèle de ma progression « normale ». L’avantage est que l’on gagne en maturité sur les bases et, puisque l’on danse avec des vrais débutants, on voit réellement où ils ont des problèmes : cela oblige à porter son attention sur des détails que l’on n’était pas en mesure de saisir la première fois où tel ou tel cours a été suivi. Bref, reprendre les bases en permanence est nécessaire pour bien danser, mais il faut garder assez d’humilité pour admettre que l’on apprend tous les jours, même les choses les plus simples en apparence.

J’étais récemment en tant qu’élève (il faut bien continuer de se former car on ne peut pas tout connaître…) dans un grand stage parisien en week-end où plusieurs niveaux étaient proposés en parallèle. Ayant fait le déplacement depuis Toulouse, j’ai choisi de charger l’emploi du temps au maximum et de prendre deux disciplines. En temps normal, j’aurais pu suivre les niveaux les plus élevés proposés, mais afin de me ménager je me suis inscrit dans les avant-derniers niveaux. Cela m’a valu quelques questions de la part de certains. Il y avait tout d’abord les partenaires qui, de temps en temps, me félicitaient pour mon guidage par rapport à d’autres du même cours (ça fait toujours plaisir…). Il y avait ensuite des connaissances qui s’étaient inscrites dans les niveaux supérieurs et qui se demandaient pourquoi je n’y étais pas aussi. Plutôt que d’avoir du mal à mémoriser à la fin d’un stage intensif à son niveau « normal » (essentiellement du fait de la fatigue), il vaut mieux assurer au niveau juste au-dessous et profiter au maximum des enseignements.

Dans le genre de stage que je viens de citer plus haut, on rencontre aussi dans les cours des stagiaires qui font partie de troupes de danse. Les membres de ces troupes (amateurs en général) se produisent en démonstration dans des soirées dansantes sous la houlette de leur enseignant-chorégraphe. Je remarque cependant que certains d’entre eux se croient réellement au-dessus des autres élèves et se permettent de faire des remarques (pas forcément judicieuses ni constructives) aux uns ou aux autres. En réalité, ils ne se remettent pas en question et pensent que c’est forcément l’autre qui est la cause de la mauvaise exécution d’une figure. C’est déjà le début d’une dérive vers le syndrome de la grosse tête. Ce n’est pas parce qu’on a la possibilité de se produire en spectacle qu’on est meilleur que les autres. Quand je regarde les vidéos des prestations de mes débuts professionnels, je vois bien que cela était loin d’être parfait. Néanmoins, le public semblait apprécier. Heureusement, je ne crois pas avoir jamais prétendu danser mieux que tout le monde. Je voulais seulement divertir le public et lui donner envie de danser.

Vous le voyez, le message que je souhaite faire passer dans cet article est que la notion de niveau est très variable et qu’un élève suivant un cours au niveau 5 n’est pas forcément meilleur qu’un autre suivant des cours au niveau 3. Rappelons-nous que, dans une soirée dansante, tout le monde danse avec tout le monde sans distinction de niveau. Je voudrais aussi dire ici, qu’en faisant mécaniquement des figures complexes en permanence, on ne s’amuse pas forcément davantage qu’en dansant simplement avec des figures de bases, auxquelles on ajoute des petits pas et jeux de jambes en relation avec la musique. J’aime bien la simplicité car on peut s’amuser avec tout le monde, du débutant à l’avancé. Si l’on admet qu’on en apprend tous les jours (même un avancé peut apprendre d’un débutant) et que l’on reste humble devant la variété des techniques, danses, musiques et interprétations possibles, on comprend qu’il n’est pas assez de toute une vie pour tout maîtriser.

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Expérimentation de musiques en soirée

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Lors d’une discussion récente avec le participant à une soirée dansante, le sujet de l’expérimentation de titres récemment acquis est sorti sur le tapis. Je m’explique un peu là-dessus car cela peut vous paraître un peu abscons et je le comprends. Je vous resitue donc le contexte du thème de cet article.

Dans les soirées dansantes actuelles, mettons les soirées rock, il est courant d’entendre toujours les mêmes morceaux. On peut se demander si ce n’est pas dû au fait que les DJ utilisent toujours les mêmes disques. Même si cela est parfois le cas, un DJ digne de ce nom est en recherche permanente de nouveautés à proposer aux danseurs. Mais pourquoi alors sont-ce souvent les mêmes morceaux que l’on entend ? La réponse est simple et en deux volets. Tout d’abord, il y a le fait que certains titres sont incontournables et font la joie des danseurs à chaque fois qu’ils passent dans une soirée. D’ailleurs, certains tubes sont nécessaires à toute bonne soirée. Si l’on reprend le contexte d’une soirée rock, on peut citer en exemple « Rock Around the Clock » de Bill Haley, le « Mambo Number 5 » de Lou Bega ou encore certains titres de Dany Brillant. Bien sûr, cela dépend des DJ, du type de soirée et même de la ville où l’on se trouve comme nous allons le voir plus loin.

Le second volet concerne l’éducation. Lors de notre cursus d’apprentissage de la danse, nous avons tous été habitués à entendre et danser sur certains titres. Naturellement, cela a fait office d’éducation musicale et l’écoute de ces morceaux déclenche chez nous des réflexes. Un peu comme le chien de Pavlov, nous nous habituons donc à danser telle ou telle danse sur tel ou tel morceau. Encore mieux, si nous avons eu du plaisir par le passé à danser sur un morceau, nous allons avoir envie de danser de nouveau sur ce titre afin de retrouver cette sensation de plaisir.

Cette phase d’apprentissage peut s’apparenter à du conditionnement et donc expliquer le fait que certains titres soient plébiscités dans les soirées dansantes. Mais ce serait peut-être simplifier un peu trop car certains d’entre eux dégagent une énergie telle qu’elle donne tout simplement envie de danser (même si l’on ne sait pas). Quoi qu’il en soit, cette éducation musicale est nécessaire dans le cadre de l’apprentissage des danses de couple. Cela s’explique par le fait qu’un débutant ne sait pas toujours quelle danse il doit pratiquer sur telle ou telle musique. Autant sur « Rock around the clock » est-il évident que c’est le rock qui est le plus approprié, autant peut-on se poser la question sur « Mambo number 5 » où le mambo peut être dansé aussi bien que le rock. On trouve donc, selon les villes, des danseurs qui, pour avoir fréquenté les mêmes cours et les mêmes soirées, réagissent similairement à certains morceaux de musique. Dans le même temps, il faut avouer que des gens confondent parfois tango et paso doble tout comme d’autres auront du mal à entendre la rythmique du cha-cha-cha ou à réagir à un break musical. Sans un minimum de sensibilisation lors de cours de danse à la relation entre la musique et la danse, seuls les réflexes acquis après avoir dansé telle danse sur tel morceau peuvent permettre aux danseurs de ne pas se poser la question : « Et là-dessus, on danse quoi ? »

Alors, je reviens à mon idée de départ : l’expérimentation. Là où un DJ est sûr de ne pas se tromper en passant les tubes pour les danseurs en soirée, il peut néanmoins expérimenter un nouveau morceau de temps en temps pour voir s’il remporte l’approbation des participants à la soirée. Si le succès n’est pas là, il a le choix soit d’abandonner le morceau (qui ne correspond pas aux goûts et à l’éducation des danseurs présents), soit de retenter l’expérience en espérant que l’oreille des danseurs se fera (sous réserve que le morceau soit effectivement propice à la danse…). Le risque pris est celui de faire retomber l’ambiance de la soirée par un morceau qui n’est pas approprié. C’est un peu ce type de choix qui peut différencier un bon DJ d’un DJ médiocre. Néanmoins, le meilleur endroit pour essayer un nouveau titre me semble être lors d’un cours de danse en petit comité où l’on peut même, en plus de la constatation des réactions des élèves, glaner quelques avis sur le sujet.

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Livres sur la danse interactifs ?

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Me voici donc de retour pour l’alimentation hebdomadaire de ce blog sur lequel j’ai beaucoup de retours positifs. Merci à tous ! La rentrée est là et bon nombre d’entre nous reçoivent aussi bien dans leur boîte aux lettres papier que dans leur boîte à e-mails les prospectus annonçant le redémarrage de la saison de danse dans les écoles et les associations. D’ailleurs, la plupart du temps, on reçoit les deux : une e-mail en plus d’un courrier papier. Parfois même, on lit dans l’e-mail : « surveillez votre boîte aux lettre car un courrier postal arrive !  » alors qu’on peut lire dans ledit courrier sur papier : « pour plus d’informations consultez notre site Internet ! » Si avec cela l’information n’est pas passée, c’est qu’il manque des lunettes à certains. Ainsi la complémentarité (ou parfois la redondance) entre les médias classiques et les nouvelles technologies est-elle entrée dans notre quotidien.

Comme vous le savez à présent, j’ai créé une maison d’éditions spécialement dédiée aux livres sur la danse, Ch. Rolland Editions, dont le catalogue s’étoffe d’année en année. D’ailleurs, si vous ou une de vos connaissances a un projet d’écriture de livre (technique ou non) sur le sujet, n’hésitez pas à prendre contact avec moi (page contact du site de la maison d’éditions) car je suis en permanence à la recherche de nouveaux projets de qualité. Mais revenons au sujet de cet article. Les livres que j’édite font peu référence au média qu’est Internet (hormis à quelques adresses de sites web à l’occasion). Un autre éditeur (de grande taille), lui, a décidé d’expérimenter un nouveau système en annoncant « Le sens des choses » de J. Attali comme le premier « hyperlivre » qui intègre un nouveau système de référence vers du contenu multimédia accessible en ligne.

Le principe est que le lecteur trouve des petits carrés en bas de certaines pages. Ces carrés correspondent à un code-barre en 2D et représentent une adresse où le contenu multimédia complémentaire peut être trouvé. Soit on tape la référence sur le site Internet dédié au livre, soit on utilise une application spécifique qui permet à un téléphone mobile de lire ce code (via son appareil photo intégré) et de charger automatiquement le contenu multimédia dans le téléphone. Bref, cela semble pratique. Imaginez que j’utilise ce système dans mes livres… On peut imaginer qu’une figure décrite dans le livre soit associée au code-barre menant vers une vidéo où l’on voit cette figure réalisée en vrai. On peut aussi imaginer qu’une morceau de musique cité puisse mener via le code-barre à un extrait sur Internet ou à un site de vente en ligne.

Je vois tout de même quelques inconvénients à ce système en dehors du prix de la mise en oeuvre qui ne le rend accessible pour l’instant qu’aux très gros éditeurs faisant beaucoup de bénéfices… Tout d’abord, le système expérimenté dans le livre d’Attali cité-ci dessus n’est gratuit que pendant 6 mois : au bout de ce délai, il faudra que les propriétaires du livre payent pour accéder à ce qui me semble leur être dû… Je l’ai dit, cela coûte de l’argent d’éditer un livre et l’ajout de contenu multimédia alourdit encore la facture. Deuxième argument : que se passera-t-il si l’éditeur fait faillite, décide d’arrêter d’entretenir la plateforme multimédia ou se fait racheter par un autre éditeur qui n’a pas la même vision des choses ? On peut imaginer que le site Internet associé au livre disparaisse à jamais avec son contenu complémentaire dans le pire des cas. Dans le meilleur des cas, le site perdurera mais le format des vidéos ne suivra pas les avancées technologiques (saura-t-on encore lire des K7 vidéo VHS dans 50 ans ?). En revanche, le livre restera tant que les mites ne l’auront pas mangé… J’ai dans ma bibliothèque plusieurs livres (sur la danse en couple évidemment) qui datent du début des années 1900. Je peux vous dire que leur contenu est encore bien lisible et compréhensible un siècle plus tard.

On le voit, les technologies et les modes de vie ne cessent d’évoluer. Je reste cependant encore attaché au support papier. Rien de tel que de tenir un livre dans les mains et de le feuilleter pour en extraire de nouvelles connaissances ou se divertir. Même avec l’arrivée de nouveaux concepts comme ces codes-barre 2D ou les e-books (livres électroniques ressemblant à des tablettes portables), le livre sur papier a encore de belles années devant lui. Je ne dis pas que je ne ferai pas de vidéos un jour (toutefois d’autres le font déjà très bien), mais la réalisation d’un livre, tâche longue et complexe, est vraiment quelque chose que je maîtrise et l’aboutissement de ce travail par un objet conséquent que l’on peut tenir entre ses mains est plutôt gratifiant.

Que conclure de tout cela ? Il est vrai que je n’ai pas beaucoup parlé de danse dans cet article plutôt informatif et technologique… Mais la danse n’est pas loin. J’ai déjà un certain nombre de projets en tête pour satisfaire le manque réel de livres et supports sur papier à destination des danseuses et danseurs, mais je suis ouvert à toute proposition de projet. Si vous avez des idées n’hésitez pas à m’en faire part et je verrai ce que je peux faire. J’espère que les éditions Ch. Rolland pourront également aider les enseignants en danse à fournir à leurs élèves des supports écrits de qualité. En ce début de saison, je suis content de voir que mon travail a plu non seulement à la communauté des danseurs (enseignants réputés et élèves ont salué le travail réalisé), mais aussi à la communauté des professionnels du livre (mon édition du livre de Frankie Manning en français a été sélectionnée ce mois-ci par le site lechoixdeslibraires.com) auprès des plus grands. Bref, merci à tous ces gens pour leur support et rendez-vous sur le site Internet de Ch. Rolland Editions pour le catalogue complet ou pour me contacter. [Je sais, ça fait un peu publicité, mais la semaine prochaine je reprends les articles directement centrés sur la danse, promis.]

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De l’influence des danses

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Les lecteurs réguliers de ce blog commencent à le savoir, il y a de plus en plus de vidéos sur Internet portant sur la danse. Des sites comme YouTube ou DailyMotion s’en sont même fait une spécialité. En parcourant ces sites un peu au hasard, je suis tombé sur la vidéo qui servira à étayer l’article d’aujourd’hui. La voici.

Cette vidéo m’a tout d’abord surpris car elle est annoncée comme présentant du lindy hop et elle commence par ce qui s’apparente visuellement plus à du rock acrobatique. En suite, j’ai été de nouveau surpris car les transitions entre les acrobaties se font effectivement en lindy hop. Nous voici donc avec une démonstration de lindy acrobatique où les acrobaties ne sont plus les acrobaties des années 30 ou 40, mais où la technique est celle du rock acro des années 80 et suivantes. Nous voyons ici l’une des caractéristiques de l’évolution des danses et de l’influence qu’elles ont les unes sur les autres.

Dans les années 1920, il y avait le breakaway, le collegiate et le charleston qui, en cohabitant sur les pistes de danse, se sont mutuellement influencés pour donner naissance au lindy hop. Le lindy a ensuite été à son tour influencé par d’autres danses comme la danse apache (voir un article précédent de ce blog), les spectacles de vaudeville, etc. Dans les années d’après-guerre, le lindy passe l’atlantique sous la forme du be-bop qui ensuite évolue vers le rock. Mais de nos jours, le rock cohabite à son tour avec d’autres danses comme la salsa (et le lindy qui a fait son come-back dans les années 80) et le style de la danse s’en voit influencé. On voit ainsi apparaître des figures typiquement salsa dans le rock avec des mouvements de bras évolués ainsi que l’utilisation des techniques correspondantes. En parallèle, le lindy hop se laisse actuellement influencer à la fois par le rock et le west-coast swing et vice-versa. Qui peut dire à quoi ressemblera notre manière de danser dans 20 ans ?

S’il est clair que les danses évoluent en permanence et s’influencent mutuellement, il est certain qu’il n’est pas simple de prendre suffisamment de recul pour analyser cela. Cependant, sur une certaine durée, l’oeil exercé repère cette évolution contre laquelle on ne peut rien faire (même s’il y a parfois des courants qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus). L’essentiel est malgré tout de maîtriser les bases originelles de chaque danse afin de mieux les mélanger sur la piste de danse d’une manière harmonieuse et techniquement correcte. Tout ceci est finalement toute l’histoire de la naissance des styles de danse et a fortiori des nouvelles manières de danser.

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Sur le 1 ou sur le 2 ?

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Il y a peu de temps, j’assistais au spectacle de Marc Barbiéri (Show Dance, que je conseille particulièrement aux amateurs de danses latines sportives), quand m’est revenue une constatation sur une particularité du public français. En effet, les danseurs se déchaînaient sur le célèbre titre « Sing, sing, sing » (il dansaient sur une base de jive et de mouvements divers en solo que les puristes chez les danseurs de swing n’auraient pas forcément reconnus) et entraînaient le public avec eux. Ce dernier, n’y pouvant plus, s’est mis à taper des mains en rythme. En rythme, oui, mais pas à l’unisson !

Il y avait toute une partie du public qui battait des mains sur le temps « 1 » de la musique et une autre qui le faisait sur le temps « 2 ». Chaque camp pouvait se demander qui avait raison et qui avait tort. Le première partie entendait particulièrement la grosse caisse tout comme on l’entendrait dans une marche militaire. Ils entendaient donc le temps « 1 » de la musique. Or, la musique en question est loin d’être une marche. Même si les percussions sont bien marquées, il s’agit d’un swing. Et qui dit swing, dit temps « 2 » (c’est aussi le cas du rock). C’est en effet sur ce temps que se trouve l’accent de la musique. C’est donc la seconde partie du public qui était dans le vrai et cela était confirmé par le fait que les danseurs battaient aussi des mains sur le temps « 2 ».

Dans le même contexte de spectacle, lorsque Marc Barbiéri et sa partenaire Agnès Morin ont dansé leur chorégraphie à succès sur Le Connemara de Michel Sardou, il y avait une section marche où le public battait naturellement des mains à l’unisson sur le temps « 1 » et il en faisait de même sur la section valse. En fait, sur la valse, le public tape des mains sur le « 1 » et sur le « 4 ». Cela montre bien la prédisposition des français à bien entendre les musiques dites « européennes » : valse, marche, paso, etc.

D’une manière générale, les personnes sensibles au jazz battent correctement la mesure. C’est d’ailleurs amusant, quand on assiste à un concert de swing, car il est facile de distinguer les aficionados de jazz (qui battent sur le « 2 ») des autres (qui battent souvent sur le « 1 »), moins habitués à ce genre de musique. Si l’on s’en tient strictement à la danse, entendre correctement la musique permet de mieux faire corps avec elle. En réalité, cela est nécessaire pour bien danser tout simplement. On rencontre souvent le même thème en salsa où l’on peut danser sur le « 1 » (break on 1) ou sur le « 2 » (break on 2), voire même sur le « 3 » ou le « 4 », disent certains enseignants. L’essentiel, en salsa, est que les partenaires se mettent d’accord une fois pour toutes dès le début de la danse. Pour le reste, c’est une affaire de ressenti musical. Certains sont plus à l’aise (avec leur style de danse) sur le « 1 », d’autres sur le « 2 ». Si l’on a le choix en salsa (car c’est une musique bâtie sur la clave qui n’induit pas une simple binarité), il n’en est pas de même dans le cas des autres danses où le « 1 » du pas de base doit correspondre à un temps impair de la musique et ou le « 2 » doit correspondre à un temps pair.

Ouh là là ! Je sens que les neurones chauffent avec tous ces chiffres. J’arrête donc là… pour cette fois !

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Et la politesse ?

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Il y a quelques jours, j’assistais aux finales d’une compétition de danse sportive et le moment de la pause arriva. Les organisateurs avaient prévu un entracte où le public pouvait danser librement sur le parquet où évoluaient les compétiteurs quelques minutes plus tôt. Les belles robes scintillantes et les chaussures aux semelles en cuir retourné cèdent la place à une foule plus sobre d’amateurs de danse. La musique donnait déjà depuis quelques minutes et les couples s’amusaient en effectuant quelques pas de valse quand je remarquai deux couples qui ne semblaient pas dans la même dynamique. En regardant de plus près, je m’aperçus que ces couples dansaient des figures de paso doble. Étaient-ils sourds pour ne pas reconnaître une valse ? Pas du tout ! C’étaient des compétiteurs qui répétaient leur enchaînement, ayant revêtu un kimono noir pour rester discrets. Or, ils n’étaient pas discrets puisque gêner les autres danseurs qui circulaient autour de la piste et remonter la ligne de danse ne les dérangeait apparemment pas. D’où quelques collisions avec les autres qui ne s’attendaient pas à voir un obstacle apparaître devant eux. Il se peut que l’on puisse leur accorder l’excuse de leur jeune âge (ils étaient dans la catégorie « youth » : de 14 à 18 ans), mais je crois que leur enseignant ne leur a probablement pas appris la politesse et le respect des autres. Peut-être aussi se croyaient-ils supérieurs aux autres danseurs qui ne participaient pas à la compétition, mais qui avaient bel et bien payé leur billet d’entrée et donc participé au fait que la compétition puisse être financée.

Le savoir-vivre sur une piste de danse est essentiel à la bonne entente entre les danseurs (et danseuses évidemment) tous niveaux confondus. Sur la piste de danse, un compétiteur n’a pas plus de valeur qu’un débutant. L’intérêt d’une piste de danse partagée par plusieurs couples réside dans le fait que tout le monde écoute la même musique et que, pour autant, chacun danse différemment. Lorsqu’un morceau de swing passe dans les haut-parleurs, il n’est pas impossible de voir ici un couple qui danse le quickstep, là un couple qui danse le rock et là un autre couple qui danse le lindy hop ou le balboa. Tout le monde se partage la piste en bonne entente : les danses progressives à l’extérieur et suivent la ligne de danse qui fait le tour, les danses stationnaires au centre. Une soirée dansante est un hymne à la différence et à la tolérance. Mais de là jusqu’à tolérer qu’on ne respecte ni un minimum de règles de savoir-vivre et de respect, ni le style de musique que l’on entend, il y a un grand écart qu’il ne faut pas faire. Dans ce cadre respectueux, chacun peut, par sa danse, interpréter la musique comme il l’entend. Chaque danseur est différent. D’ailleurs, dans un couple de danse, avez-vous remarqué que les deux partenaires sont même de sexes différents ?

Pour terminer sur ces considérations autour de la politesse, du savoir-vivre entre danseurs partageant un même espace et du respect des autres, je laisse à votre appréciation la scène vidéo ci-dessous. Il va sans dire que ce comportement est inacceptable (même entre mari et femme…), mais je voudrais aussi rappeler à tout le monde que la danse est avant tout un plaisir. Si elle est un plaisir pour vous, elle doit aussi être un plaisir pour votre partenaire et pour les autres danseurs qui vous entourent (dans la vidéo les voisins de la scène semblent très embarrassés).

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La danse à deux à l’école

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Cette semaine de nombreux établissements scolaires se sont retrouvés dépourvus d’enseignants du fait d’une grève nationale interprofessionnelle. La loi impose un service minimum assuré par les municipalités afin de permettre l’accueil des enfants (ou adolescents) malgré l’absence de leurs professeurs. On le sait cela ne s’est pas fait sans heurts et certains élèves ont du rester chez eux quand cela était possible. Les autres se sont éventuellement retrouvés dans leur établissement scolaire (école, collège ou lycée) à s’occuper car pas possible d’assurer des cours normaux dans ces conditions. Certains ont fait du dessin, d’autres des activités sportives, d’autres ont pu prendre de l’avance dans leurs devoirs de maison, etc. Il fallait bien les occuper ces pauvres chérubins. Et si c’était l’occasion de les initier à la danse à deux ?

Contrairement à ce qui se passe dans certains pays (dont l’Italie ou certains états des USA), en France, les activités scolaires ne prévoient pas d’une manière standard l’apprentissage de la danse en couple. En maternelle ou en primaire, il y a des dispositions pour des activités corporelles où l’on peut inclure la danse en solo (beaucoup d’entre nous se souviennent avoir un jour fait une chorégraphie collective pour la kermesse de fin d’année de l’école…). Cela développe les capacités psychomotrices des enfants. C’est très bien, mais la danse en couple apporte aussi un aspect relationnel intéressant pour leur développement. Cet aspect se situe au niveau des enfants entre eux (rapports garçon-fille et éventuellement entre plusieurs classes), mais aussi au niveau des relations entre les élèves et les adultes.

Je me souviens qu’à une époque j’enseignais le rock dans le contexte d’un collège. Ce n’est pas l’établissement qui m’avait engagé (la danse en couple n’était évidemment pas au programme…), mais c’était le foyer qui avait fait appel à mes services. Le cours se déroulait dans la salle polyvalente du collège et c’est là que se regroupaient les élèves de 4e ou 3e volontaires à l’heure de midi. Quelques profs s’étaient aussi joints à nous. La manière d’enseigner à des ados de cet âge est différente par rapport aux adultes ou aux enfants. Tous d’abord, les relations entre les garçons et les filles se rapprochent de celles des adultes, mais pas tout à fait (ils ont encore du mal à gérer leurs émotions) et en plus ils sont tellement pleins d’énergie et rodés à la mémorisation qu’ils apprennent très vite. Il faut donc s’assurer que les élèves comprennent bien que ce n’est que de la danse et qu’ils peuvent se toucher sans rougir, qu’ils ne s’ennuient pas durant le cours, qu’ils soient bien encadrés dans leur progression (peu d’improvisation pour eux pour démarrer) et qu’ils aient un objectif en vue (un petit spectacle ou une fête par exemple). Je me rappelle que le premier cours a été l’occasion d’une certaine gêne de la part des élèves quand arrivait leur tour de danser avec l’un de leur professeur. En effet, la situation était inhabituelle car faire ami ami avec un enseignant n’est pas forcément courant. Surtout quand il vient de lui mettre un 3/20 en mathématiques… Cela dit, au bout de quelques semaines, en arrivant pour donner le cours, je voyais avec plaisir certains qui répétaient leur enchaînement chorégraphique dans la cour et de grandes discussions se lancer entre les élèves et leurs professeurs sur la technique de danse et les profs n’avaient pas toujours raison cette fois. Devant la danse, tout le monde était sur le même pied (si je puis dire…). Ce cours de danse n’était pas resté dans une bulle hors du temps et de l’espace, il débordait vers le reste du collège.

Le récit de cette expérience aura, je l’espère, donné des idées à certains responsables d’établissement. Ce n’est pas une solution aux jours de grève (car il faut quand même quelqu’un pour montrer les pas de la danse) mais c’est une bonne idée à étudier. Je ne peux m’empêcher de penser que si j’avais commencé la danse en couple à l’école j’aurais eu moins de travail et de peine pour atteindre mon niveau actuel. Et je sais ne pas être le seul dans ce cas.

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De l’évolution des danses

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Il y a quelques années, je faisais alors des démonstrations lors de soirées dansantes, j’avais eu l’idée de regrouper les danses du début du XXe siècle avec celles de la fin. Ainsi, ma partenaire de l’époque dansait en solo le charleston, le tango, la valse, etc., et j’arrivais en alternance pour danser le disco, les mouvements déstructurés des années 80, la macarena, etc. Il y avait là de quoi étonner les spectateurs. À la fin de notre passage, nous dansions en couple un rock sur une version swing de Y.M.C.A… L’idée était de suggérer aux gens que toutes les danses se rencontrent dans un dancing et que, de ce fait, les danses s’influencent les unes les autres.

L’évolution des danses est particulièrement complexe quand on s’y intéresse de près. Par exemple, le rock’n’roll n’est pas né subitement de rien du tout, pour aboutir au rock, il a fallu passer par le lindy hop qui lui-même vient en partie du charleston. Puis il y a eu aussi l’appropriation par les blancs de cette danse développée par les noirs américains et encore l’influence des chanteurs vedette et leurs mouvements (comme Elvis Presley). Et enfin, de nos jours, on voit bien que la cohabitation avec la salsa influence et amène les nouvelles figures du rock avec ses mouvements de bras un peu compliqués. D’un autre côté, si l’on regarde les danses en solo que l’on voit de nos jours, il y a aussi des influences. On retrouve ainsi, les origines de la tektonik (ou danse electro) dans le hip-hop d’un côté, mais on y trouve quelques petits pas qui sont aussi pratiqués dans les danses en ligne depuis des années. Et je ne parle pas du ragga qui est aussi influencé par la salsa ou des disciplines du fitness comme le step ou l’aérobic où l’on retrouve des « pas de mambo » ou des « cha-cha-cha ».

Ce qui est amusant dans tout cela, c’est qu’à n’importe quelle époque, on essaye de reproduire ce qui a été fait dans les époques précédentes. Aujourd’hui, on danse encore le charleston des années 20, le madison des années 60 et même le disco des années 70-80. Tant mieux, car cela permet de pérenniser ces trouvailles représentatives d’une certaine époque. L’essentiel est de bien avoir conscience que toutes ces danses ont été créées pour s’amuser et se divertir dans une bonne ambiance. Bref, gardez l’esprit ouvert : ce qui est aujourd’hui démodé peut revenir à la mode sous une autre forme dans quelques années. Autant s’y intéresser dès maintenant !

Pour finir la thématique de ce billet, je vous propose de découvrir une petite vidéo qui circule sur Internet. Il s’agit du comique américain Judson Laipply qui retranscrit dans son sketch quelques courants de la danse en solo dans la seconde moitié du XXe siècle. Il a été plusieurs fois imité, mais jamais égalé.

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