Il y a quelques jours, j’ai vu un film de 1937, « Un carnet de bal », réalisé par Julien Duvivier avec, entre autres, Marie Bell, Fernandel, Raimu et Louis Jouvet. Il raconte l’histoire d’une veuve qui, à la mort de son mari, décide de retrouver tous les jeunes hommes listés dans son carnet de bal ayant servi à ses 16 ans, lors de son premier bal. En dehors de cela et d’une petite scène dudit bal, pas plus de rapport avec la danse dans ce film. Cela dit, il pose le problème philosophique du « que serais-je devenu si j’avais fait un autre choix ? » et des conséquences de nos décisions sur la vie des autres. Question que l’on se pose sûrement lorsqu’on vient de s’étaler par terre après s’être emmêlé les pinceaux sur la piste de danse en entraînant avec soi son (ou sa) partenaire…
Mais revenons à ce fameux carnet de bal qui donne son titre au film (et dont je vous présente une image ci-dessus). Le carnet de bal commence sa carrière au début du XIXe siècle en tant qu’un discret éventail de minces feuilles d’ivoire où les jeunes filles écrivaient le nom des hommes (jeunes ou non) à qui elles accordaient une danse. Il s’agissait donc d’un aide-mémoire afin de ne pas froisser untel ou untel en oubliant pour quelle danse celui-ci devait être son cavalier. À cet éventail se trouvait généralement relié, par une cordelette, un porte-mine permettant d’ajouter de nouveaux noms. Comme ce support était réutilisable, les noms étaient ainsi effacés au lendemain du bal afin que l’objet puisse de nouveau être prêt à l’emploi pour l’événement suivant. Dans certains cas, le carnet pouvait être associé à un autre accessoire de bal comme un petit flacon à sels (au cas où sa propriétaire se sente défaillir…).


Ainsi, la danseuse danse-t-elle en permanence avec son carnet de bal sur elle. Certains modèles comportaient une chaînette munie d’un anneau que les dames passaient au doigt afin de ne pas perdre leur précieux aide-mémoire. Il existait aussi des carnets de bal à usage unique sous la forme d’une ou deux feuille(s) de carton gaufré où était inscrite à l’avance la liste des danses composant le programme de la soirée. En face de chaque danse, se trouvait réservé l’espace nécessaire pour inscrire le nom des cavaliers ayant réservé telle ou telle danse (valse, polka, galop, etc.). Vous pouvez en avoir un aperçu ci-dessus avec le porte-mine associé.
En évoluant, le carnet de bal s’adapte à divers usages et se perfectionne. De la simple feuille, on passe au petit carnet (le fameux « carnet de bal ») ayant donné son nom au film de Duvivier que j’ai mentionné au début de ce billet. Le programme n’est pas forcément imprimé sur les pages, mais on y trouve un ensemble de lignes précédées soit d’un numéro correspondant au numéro d’ordre de la danse dans le programme de la soirée, soit de la mention « 1re danse », « 2e danse », etc. Ainsi, le carnet de bal pouvait-il s’appliquer à n’importe quel programme de danses puisque rien n’était imposé en la matière. Ces carnets étaient protégés par une couverture cartonnée qui comportait en option un anneau permettant de recevoir un crayon à papier.
Voici qui vous donne un tour d’horizon de ce qu’était ce carnet de bal qu’on ne voit plus de nos jours dans les soirées dansantes. Pourtant, un tel accessoire pourrait se révéler bien utile, mais pas tout à fait comme on l’entendait au début du XXe siècle. En effet, de nos jours, il pourrait être utilisé par les hommes à la place des femmes. Je m’explique. Les hommes étant souvent moins représentés en soirée dansante par rapport aux femmes, les rôles sont de plus en plus souvent inversés. Ce sont les danseuses qui sollicitent les danseurs afin d’obtenir une danse (parfois deux si elles ont de la chance). Ainsi, si les hommes participant à une soirée disposaient d’un petit carnet de bal pour être sûrs d’accorder des danses aux plus de danseuses possible, cela simplifierait leur tâche. J’avoue avoir parfois promis une danse à une personne en début de soirée et ne pas avoir l’occasion de danser avec elle avant la fin. Lorsque nous nous croisions, soit je dansais déjà avec quelqu’un, soit elle se faisait inviter par un autre, soit c’était à la sortie de la salle et il me fallait alors faire la promesse d’une danse lors de la soirée suivante. Avec un petit carnet de bal, cette personne nous aurions convenu dès le début à quel moment de la soirée nous aurions pu nous retrouver pour la danse promise ! Certaines pratiques dites désuètes pourraient donc se révéler bien pratiques de nos jours…
En regardant quelques extraits de la vidéothèque consacrée à la danse que j’ai constituée année après année, l’idée m’est venue de vous parler un peu des positions de mains. Peut-être certains d’entre vous utilisent toujours la même position de mains avec votre partenaire pour toutes les danses. D’autres choisissent les positions selon la danse, ce qui se comprend dans la mesure où les techniques varient d’une danse à l’autre. Aujourd’hui, je vais vous parler de la main gauche du danseur quand il est en position fermée (rapprochée) avec sa danseuse. C’est cette position que je vous représente ci-contre avec deux des personnages que j’utilise pour montrer les figures dans mes livres techniques. La constitution de la position classique consiste pour le danseur à faire comme s’il tenait un gobelet dans sa main gauche puis à proposer l’espace ainsi constitué entre son pouce et la pointe de son index à sa partenaire. Cette dernière place sa main droite en crochet à l’endroit proposé, le pouce séparé des autres doigts de sa main par le pouce du danseur. Une fois le contact pris, les partenaires raffermissent la position de mains ainsi faite.


De plus en plus nombreux sont ceux qui, impressionnés par l’image de danseurs expérimentés, désirent eux aussi s’essayer à la danse en couple. La question qui se pose alors systématiquement est : « Par où commencer ? ». En effet, les danses sont très variées, elles ont chacune leur histoire et leur style et ne correspondent pas toujours à la personnalité de chacun. Par ailleurs, afin d’obtenir un bon résultat, le parcours peut être parsemé d’embûches qu’il est parfois souhaitable d’éviter. Nous allons essayer ici d’apporter des éléments de réponses tout à fait subjectifs sur ce sujet afin d’aider un tant soit peu à une entrée heureuse dans le petit monde de la danse en couple.
Ça y est, vous vous êtes finalement décidé(e) à prendre des cours de danse. Lassé(e) de rester assis(e) pendant que les autres s’amusent et désirant élargir le champ de vos connaissances, vous vous êtes convaincu(e) que c’est une bonne solution pour changer vos habitudes. Vous n’avez pas tort ! Il est vraisemblable que, ne pratiquant pas, vous n’y connaissiez pas grand chose en dehors des habituels clichés sur la danse en couple (papi et mamie vont en guinguette en l’occurrence voire même le slow langoureux des fins de soirées en boîte…) ou les mises en scène spectaculaires de Danse avec les stars. La première chose à faire, si possible, est de se renseigner auprès des gens qui s’y connaissent. Si vous avez des parents ou amis qui prennent ou ont pris des cours, demandez leur de vous parler de leur expérience. Chaque ville ou région a son microcosme de danseurs à l’intérieur duquel on trouve de tout, le pire comme le meilleur. C’est également le cas des lieux où l’on peut apprendre. Il y a de bons endroits et de moins bons. Certains sont plutôt adaptés à la compétition ou au spectacle, d’autres à la danse de loisir.
Vous apprendrez la danse de loisir dans la plupart des associations dispensant des cours de danse en couple dans des salles municipales. En école de danse privée, vous pourrez apprendre soit la danse de compétition, soit la danse de loisir, soit les deux. Chaque école ou association a une réputation parmi les danseurs, sondez vos connaissances pour connaître les endroits où les cours sont de bonne qualité et où l’ambiance est sympathique. Essayez de trouver l’avis de danseurs expérimentés qui vont régulièrement danser dans des soirées de la région. Notez que les cours dans une école coûtent bien souvent davantage (jusqu’au double) par rapport à une association, mais le niveau d’exigence, les frais de structure et les moyens mis à votre disposition ne sont pas les mêmes non plus. Certaines associations savent cependant se doter d’excellentes conditions. En début de saison (septembre), utilisez les journées « portes ouvertes » ou le « cours d’essai gratuit » proposé pour vous faire une idée. Mais l’idéal est plutôt d’avoir l’occasion de regarder le déroulement d’un cours à la fin de l’année précédente ou d’assister au spectacle de fin d’année sur scène (gala). Vous y verrez le résultat d’une année de cours ainsi que l’ambiance réelle entre les participants et l’enseignant. Rappelez-vous qu’un excellent danseur n’est pas forcément un excellent enseignant mais que pour faire un bon enseignant, il faut au moins savoir danser correctement avec un bon niveau.
Une fois que vous avez une idée précise de ce que vous désirez danser, vous pouvez vous orienter vers un style particulier. Beaucoup de gens s’orientent en premier vers le rock. Contrairement aux idées reçues, on ne le danse pas que sur des tubes des années 50-60. De nombreuses musiques récentes se dansent en rock (Dany Brillant, Céline Dion, Shania Twain, etc. ont des titres intéressants pour danser le rock dans leurs albums). En second, les danses latines attirent beaucoup également : salsa/mambo, cha-cha-cha et bachata en particulier. Pour les amateurs de musiques latinos, parmi ces danses les 2 premières sont très dynamiques comme le rock la dernière est plus tranquille. On retrouve dans les hits des années 90 à aujourd’hui bon nombre de titres dans ce style (Jenifer Lopez, Enrique Iglesias, Shakira, etc.). Puis on a aussi les futurs mariés qui voudront commencer par apprendre la valse (viennoise souvent) pour l’ouverture de leur bal de mariage. Quelques cours particuliers risquent d’être nécessaires s’il veulent danser sur une vraie viennoise à 60 mesures par minute. Les amateurs de musette choisiront le triplé gagnant valse musette-tango-paso. Ce sont des grands classiques des soirées de danses en couple et des mariages très ancrés dans notre culture française des bals musette.
Ensuite, on trouve d’autres danses latines (samba, rumba), les danses swing (lindy hop, balboa, west coast swing), les danses des Caraïbes (merengue, zouk, biguine), les danses rétro (java, boléro, etc.), des danses folkloriques (polka, valse mexicaine, etc.). Vous trouverez aussi des danses en ligne, qui se pratiquent en groupe, comme le madison, les danses country western, le disco, etc. Ces danses ne se pratiquent pas à deux, mais sont de bons moyens pour acquérir une aisance dans l’espace avant même de s’essayer en couple. Si vous avez votre propre équilibre et une bonne conscience de votre espace d’évolution ainsi que de votre psychomotricité, vous serez avantagé lorsque vous danserez en couple.
Quand vous aurez commencé à acquérir les bases de quelques danses, il faudra absolument vous entraîner un peu chez vous évidemment, mais aussi pratiquer en soirée dansante. La plupart des écoles et associations organisent des entraînements et/ou des soirées dansantes pour leurs élèves. C’est une bonne occasion de réellement mettre les cours en application dans un environnement connu. Mais plus vous trouverez d’occasions de sortir et de pratiquer, plus vous progresserez. Donc n’évitez pas les sorties entre collègues de cours ou entre copains vers des soirées dansantes organisées par d’autres organismes voire des sorties en discothèque passant les musiques adéquates.
Voilà qui devrait donner aux futurs danseurs en herbe des éléments pour les rassurer et permettre une rapide intégration dans l’univers de la danse en couple. Ensuite, chacun progresse à son rythme. Il ne faut absolument pas se décourager. L’apprentissage se fait par paliers et il est difficile de prévoir quand le prochain aura lieu. Une fois que l’on a commencé et qu’on est accroché par la danse en couple, il est difficile de s’en défaire. De nombreuses personnes continuent à danser ensuite durant toute leur vie tant le plaisir qu’ils en retirent est important. Aujourd’hui vous êtes débutant, mais d’ici quelques mois d’autres néophytes vous regarderont danser avec de grands yeux et, séduits par la votre manière de danser en couple, iront s’inscrire pour leur premier cours de danse.