Archives de catégorie : Insolite

Article sur un thème insolite, différent du commun

Attirance par la danse

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J’étais parti pour écrire un texte sur un sujet totalement différent de ce qui va suivre, mais au dernier moment je suis tombé sur un article intéressant, et en relation avec la danse, qui vient de paraître sur le site scientifique américain Science 2.0. Je me suis alors dit qu’il était intéressant de vous en faire part. Si, messieurs, vous vous demandiez quels mouvements faire en boîte pour faire craquer ces dames, la réponse est peut-être ci-dessous…

L’article en question relate l’expérience d’une équipe anglaise de chercheurs en psychologie, dirigée par le docteur Neave de l’université de Northumbria dans le nord de l’Angleterre, qui a travaillé sur l’influence sur les femmes de la manière de danser des hommes en termes d’attirance. Pour cela, cette équipe a utilisé les techniques de capture de mouvement en 3D (« motion capture ») — utilisées fréquemment pour faire certains dessins animés récents, ainsi que dans les jeux vidéo — pour appliquer à un mannequin virtuel les mouvements de vrais êtres humains. Ce principe a l’avantage de ne jamais dévoiler les caractéristiques physiques des danseurs et donc de ne pas influencer les participantes à l’expérience. Pour y parvenir, on barde les hommes de marqueurs réfléchissants dont l’ordinateur va suivre les mouvements afin des les reporter sur les points clés d’un mannequin virtuel. C’est donc ce mannequin virtuel en mouvement qui est montré aux femmes et non les vrais danseurs. Ainsi, seule la manière de bouger compte. Dix-neuf hommes de 18 à 35 ans ont été filmés alors qu’ils dansaient sur un rythme basique pendant 30 secondes et leurs mouvements ont été présentés à 38 femmes qui devaient leur donner une note de 1 à 7. Voilà pour les conditions de l’expérience.

L’équipe du docteur Neave déclare avoir ainsi identifié des différences biomécaniques potentielles entre un « bon » danseur et un « mauvais » danseur. Un homme perçu comme un bon danseur serait synonyme, dans l’esprit des femmes, de bonne santé, de bonnes qualités reproductives. Il semble qu’on bon danseur est identifiable parce qu’il bouge le cou, le buste, l’épaule gauche, le poignet gauche et le genou droit sous différents axes et à des vitesses différentes, alors que le mauvais danseur ne ferait que des hochements de tête et se limiterait à des mouvements simples et rigides. Bien sûr, ces résultats ne reflètent que les mouvements des 19 cobayes : il y a fort à parier qu’un plus large éventail de mouvements aurait été identifié pour un échantillon plus grand. Ces résultats ont déjà l’avantage de donner un aperçu.

Pour commencer, voici la vidéo montrant huit des mouvements associés aux mauvais danseurs. (c) Université de Northumbria.

Ensuite, voici (ci-dessous) la vidéo montrant huit des mouvements associés aux bons danseurs. (c) Université de Northumbria.

J’en conviens, même les mouvements des « bons » danseurs de l’expérience ne sont pas terribles. On imagine alors le pouvoir d’attraction de ceux qui savent réellement danser… C’est un peu une lapalissade : on imagine bien que la danse de John Travolta dans « La fièvre du samedi soir » est plus attractive que celle de Mister Bean dans la série du même nom… De mon point de vue, cette expérience ne peut que justifier davantage le fait qu’il faille un tant soit peu apprendre à danser, peu importe le style. Cela apporte à un homme (ou une femme, car cette expérience aurait sûrement pu être réalisée dans l’autre sens) un minimum d’aisance pour bouger de manière plus originale que les « mauvais » danseurs de l’expérience et ainsi sortir du lot. Enfin, si vous ne recherchez pas particulièrement à séduire les filles parce que vous avez déjà une chérie à la maison, pensez à elle et à la manière dont vous pouvez, par la danse, entretenir la flamme dans ses yeux. Dans tous les cas, une danse en couple est sûrement le meilleur moyen d’attirer l’attention du sexe opposé. Si vous voulez lire l’article original, c’est ici.

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J’ai la tête qui tourne quand je danse la valse !

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Beaucoup de personnes qui commencent l’apprentissage de la valse (viennoise ou musette, peu importe) font face au problème de la tête qui tourne après deux tours du couple à un rythme soutenu. Je me propose donc de vous parler de ces rotations qui parsèment la danse et qui sont omniprésentes dans les figures de patinage artistique que l’on voit aux Jeux olympiques d’hiver en ce moment.

Lorsqu’on tourne sur soi-même, les yeux doivent en permanence se réadapter et faire la mise au point sur ce qu’ils ont en face d’eux. Le cerveau n’arrivant plus à se fier aux informations transmises par les yeux, il essaye de se baser sur celles provenant de notre oreille interne qui contrôle l’équilibre. Or, comme on est en permanence en mouvement, là non plus point de salut et on a cette sensation de vertige. Ce phénomène de la tête qui tourne, est appelé « vertige positionnel paroxystique bénin » par les médecins et est en réalité une sensation de déplacement erronée des objets par rapport à soi.

La solution à ce problème physiologique peut être de deux ordres. Premièrement, il faut savoir que l’entraînement améliore beaucoup les choses. Plus on tourne, plus on en acquiert l’habitude et notre cerveau s’adapte de plus en plus. Cela explique pourquoi les valseurs de longue date n’ont plus ce problème de la tête qui tourne même sur une valse musette à 70 MPM. Ainsi, les débutants doivent-il tourner et tourner encore afin de gagner en aisance. Mais ce n’est pas tout. Deuxièmement, il est possible de faire tourner la tête d’une certaine manière afin de donner aux yeux le temps de faire la mise au point et d’envoyer une information fiable au cerveau. Je vais détailler cette méthode ci-après. Enfin, je pourrais citer une autre méthode : fermer les yeux. Mais cela n’aide pas beaucoup pour danser en soirée…

La fameuse méthode pour tourner sans avoir le vertige est bien connue des danseuses de classique ou de modern jazz. Elle consiste à fixer un point devant soi (1) le plus longtemps possible. Ainsi, la tête reste fixe (2) alors que le corps commence à tourner. Lorsqu’il n’est plus possible à la tête de rester dans cette position, cette dernière effectue très rapidement quasiment un tour complet (3) afin de fixer de nouveau le point de référence. À ce moment, la tête est en avance par rapport au corps qui continue de tourner à vitesse constante et la rejoint dans la position finale (4). Ceci permet au cerveau de recevoir les bonnes informations et en plus c’est joli à regarder. Le schémas correspondants pour mieux fixer ce que je raconte sont juste ci-dessus.

Et rien ne vaut un bon exemple en vidéo avec cette compilation de fouettés réalisés sur scène par la danseuse de ballet Natalia Osipova entre 2005 et 2012. On voit bien dès le premier extrait le mouvement rapide de la tête qui diffère du mouvement continu du reste du corps entre chaque fouetté.

On se souvient d’ailleurs très bien de la scène des fouettés dans le film « Black Swan »Acheter sur Amazon où le point de vue subjectif montre parfaitement ce mécanisme.

Du côté des danses à deux et dans notre cas de la valse en particulier, c’est généralement le danseur qui se plie à cet exercice. Pour ce qui est de la danseuse de valse, dans les bras de son danseur, il lui est possible de simplement fixer un point situé sur l’épaule de son partenaire. Dans ce cas, elle n’aura pas le tournis, mais elle manquera probablement tout un tas de choses intéressantes qui se déroulent dans la salle de danse… Afin de ménager sa danseuse moins expérimentée, le danseur expérimenté prendra soin d’alterner les tours à gauche et les tours à droite afin que cette dernière n’ait pas le vertige. Un dernier truc : si, malgré tous ces conseils, vous avec encore la tête qui tourne après une série de tours à droite, il vous suffit de tourner rapidement sur vous-même dans le sens inverse afin de faire disparaître cette sensation illico presto !

Je profite de l’occasion du thème de cet article pour vous proposer une petite expérience… Ci-contre, vous voyez une danseuse qui tourne sur elle-même. Elle semble flotter dans l’espace et on ne voit que son ombre en 2D. Il va sans dire qu’elle n’applique pas l’astuce dont j’ai parlé plus haut, mais cela n’a rien à voir avec ce qui va suivre. La question est : dans quel sens la voyez-vous tourner ? Certains la voient tourner à droite, d’autres la voient tourner à gauche. Ce type d’illusion d’optique est toujours amusant, car il est censé dévoiler comment notre cerveau travaille.

Dans cette animation, la danseuse ne tourne pas plus particulièrement dans un sens que dans l’autre. Comme c’est une image en 2D, c’est notre cerveau qui recompose le mouvement en 3D. Certains disent que ceux qui voient la danseuse tourner à droite ont une prédominance de l’hémisphère droit (intuitif, aléatoire, irrationnel, synthétique, subjectif, s’intéresse à la totalité) alors que ceux qui la voient tourner à gauche ont une prédominance de l’hémisphère gauche (logique, séquentiel, rationnel, analytique, objectif, s’intéresse aux détails, siège su langage). En tout cas, cette illusion est issue d’une expérience de l’université de Yale lors de recherches sur l’épilepsie et dont les conclusions sont tout de même contestées dans le milieu scientifique. En regardant un peu autour de l’image, puis en ramenant votre regard sur celle-ci, il se peut que vous obligiez votre cerveau à reconstruire sa perception du mouvement. Et il se peut que la danseuse vous semble tourner dans le sens opposé. Personnellement, j’arrive à lui faire changer de sens comme je veux.

Pour vous amuser encore plus avec cette illusion d’optique, voici une vidéo dont l’auteur a marqué les contrastes par des lignes blanches afin que le cerveau identifie à coup sûr le sens de la rotation. On voit donc, sur l’image de droite, la danseuse qui tourne à droite et, sur l’image de gauche, la danseuse qui tourne à gauche. Si vous continuez de regarder cette animation (relancez la vidéo si nécessaire) en plissant les yeux, cela enlève un certain niveau de détail à ce que vous regardez et vous vous apercevrez probablement que les danseuses tournent à présent toutes les deux dans le même sens… Il vous sera alors impossible de les faire tourner séparément dans un sens différent.

Voilà, voilà… Si après tous ces essais de contrôle de votre perception du mouvement, vous avez la tête qui vous tourne, c’est peut être normal. Reposez-vous ou faites quelques pas de danse pour que ça aille mieux !

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Le pas magique universel

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Il arrive souvent qu’une personne souhaitant apprendre à danser se présente dans une école de danse pour des cours particuliers et découvre que l’apprentissage doit être plus long qu’elle ne l’avait envisagé. Évidemment, tout le monde aimerait savoir danser en un clin d’oeil et sans effort. Malheureusement, cela n’est pas possible. Pourtant, il y a des gens qui prétendent qu’on peut tout danser en ne maîtrisant qu’un seul ensemble de pas. Je suis tombé, il y a quelques mois, dans une librairie (je ne me suis pas fait mal , je vous rassure ), sur un livre qui le prétendait en tout cas. Je n’ai plus exactement le titre en tête, mais il me semble que cela ressemblait à « Manuel de l’homme parfait ». Peu importe. En tout cas, ce livre regroupait tout un tas d’astuces et de raccourcis (ouvrir une bouteille de champagne, défaire un soutien-gorge avec une seule main, réussir la manoeuvre de Heimlich, etc.) pour permettre à monsieur Tout-le-Monde de devenir cet homme parfait qui fait tomber les femmes (décidément, tout le monde tombe aujourd’hui… ). Comme la Saint-Valentin vient de passer, je vais vous donner le secret pour ce qui concerne la danse en couple. Ca pourra servir à certains d’entre vous l’année prochaine !

Ce fameux livre décrivait un pas soi-disant universel à la rythmique comme suit : « lent, vent, vite, vite », puis on recommence. Cela m’a fortement rappelé le « Magic Step » (traduction française : le pas magique) d’Arthur Murray. Et je crois que l’auteur du livre y a trouvé son inspiration. Pour mémoire, Arthur Murray (ci-contre avec son épouse) est un célèbre professeur de danse né en 1895 et décédé en 1991. Il a particulièrement été connu par ses cours de danse télévisés et les écoles de danse sous licence disséminées dans tous les États-Unis. Pour la petite histoire, Jane, la fille d’Arthur Murray a épousé le docteur Heimlich qui a donné son nom à la fameuse manoeuvre que l’on enseigne en stages de premiers secours. Il y a tellement à dire sur ce monsieur que je lui consacrerai un article entier ultérieurement.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre fameux « Magic Step », le pas magique. En plus de l’enseigner, Arthur Murray en parle dans son livre « How to become a good dancer » (« Comment devenir un bon danseur »), écrit en 1938 et réédité jusqu’en 1959 (c’est tout du moins l’édition dont je dispose). Il situe ce pas dans le contexte du foxtrot, mais certains d’entre vous auront malgré tout reconnu une rythmique familière à d’autres danses.

Voici comment le présente Arthur Murray (je vous le traduis en français).

Après trente années d’expérience, j’en suis arrivé à une découverte qui a changé notre système d’enseignement du foxtrot dans son ensemble. J’ai trouvé qu’un seul pas facile était la base de 75 pour cent de tous les pas populaires du foxtrot. Une fois qu’une personne maîtrise le rythme de cet unique pas, ce dernier peut être utilisé de 27 différentes façons. Je l’ai donc appelé le Magic Step, le pas magique — ceci parce que son rythme fonctionne comme par magie !

Avant que je ne découvre le rythme du pas magique, toutes les variations du foxtrot devaient être apprises séparément. Toutes les combinaisons avaient des comptes différents qu’un élève devait mémoriser.

Mais à présent, avec le pas magique, on apprend uniquement un motif rythmique de deux comptes « lents » et de deux comptes « vite », ce qui devient très rapidement quasiment automatique. La musique semble vous guider sans que vous ayez à penser « Que dois-je faire ensuite ? ».

Le motif du pas magique en lui-même peut être fait en avant ou en arrière et, comme c’est un précieux raccourci vers le fait de bien danser le foxtrot, je vous conseille de passer un bon moment à l’apprendre et à le pratiquer. Le pas magique à lui seul peut mettre le pied à l’étrier à un débutant de bonne manière et l’amener à une danse de qualité.  

Le schéma de base de déplacement du danseur est représenté dans la figure ci-dessus : en avant, en avant, de côté, assemblé. Il suffit de danser ce pas le long de la ligne de danse et l’on obtient un foxtrot « à la Murray ». Ensuite, il n’y a plus qu’à transformer ce pas pour changer les directions, tourner, etc. À partir de là, Arthur Murray ajoute le « Senior Walk » pour tourner d’un quart de tour à droite, puis un quart de tour à gauche et l’on obtient quasiment le pas de base pratiqué aujourd’hui en quickstep (en forme de « W »). Dans la progression, on trouve aussi le « Junior Walk » (en déboîté), le « Conversation Step » (position promenade) et il introduit même un « Magic Right Turn », le tour à droite magique… En tout cas, si vous voulez en savoir plus, ne cherchez pas ce livre dans le commerce : il n’existe plus depuis longtemps.

Comme je l’ai laissé entendre, on retrouve la rythmique de ce pas (mais avec une autre technique de pas) dans d’autres danses comme le tango, le pas marché du rock ou le collegiate shag, sans compter les variantes du foxtrot. Certains s’en servent aussi pour danser le slow (mais en réalité cela s’apparente plutôt au slow fox). Dès qu’une musique (en 4/4 ou 2/4) n’est pas trop rapide, le « lent, lent, vite, vite » peut être utilisé (ou peut-être « lent, vite, vite, lent » résonne-t-il mieux à vos oreilles ?). Il est sûr que certains messieurs ne s’en sont pas privés pour séduire lors de soirées ou repas dansants au son d’un grand orchestre de jazz. Classe et décontraction. Bien entendu, ce « Magic Step » ne fonctionne pas dans le cadre de danses à 3 temps ou des danses stationnaires. On peut donc dire que le pas universel n’existe pas et qu’il faut malgré tout travailler beaucoup différentes techniques pour devenir le danseur parfait !

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Appelez la police !

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Sortons un peu du domaine strict de la danse (mais pas tout à fait…) à l’occasion de cet article. Je vais vous parler un peu de typographie. Pour simplifier, la typographie est l’art de mettre des caractères ensemble pour former des mots. C’est ce qu’ont fait pendant longtemps les imprimeurs avec leurs caractères en plomb (à l’envers) qu’ils assemblaient en lignes en vue de l’encrage qui amène à l’impression sur papier. Ça, c’est ce que faisait Gutenberg, l’inventeur de la discipline au XIXe siècle. De nos jours, les imprimeurs travaillent de plus en plus grâce aux technologies numériques et l’encrage du papier est piloté par des ordinateurs. Or, il y a des ordinateurs dans la plupart de nos maisons et chacun peut devenir lui-même son propre imprimeur pour des petits besoins.

Je ne vais pas détailler ici une par une les règles de typographie, mais je souhaite mettre en évidence la partie un peu plus « créative » de la typographie. Elle se situe non seulement au niveau de la disposition des caractères sur une page, mais aussi dans le choix des polices de caractères. Lorsqu’une personne débute dans la réalisation d’un document sur ordinateur, elle tombe assez facilement dans des pièges qui aboutissent à un document (affiche, formulaire, etc.) réellement moche. Eh oui, un logiciel comme MS Word donne accès à tellement de possibilités en quelques clics de souris qu’on a vite fait d’en abuser. Regardez donc le petit exemple ci-contre.

On voit que l’auteur de cette affiche a cédé à toutes les tentations : polices de caractères trop nombreuses, effets visuels à gogo, mise en page contre-productive, couleurs mal utilisées, petits smileys inutiles, etc. Peut-être vous donnerai-je ultérieurement les règles et bonnes pratiques pour concevoir une affiche qui soit lisible et qui fasse passer le bon message. Ce qui suit est déjà un premier pas… Je voudrais en effet vous faire remarquer les caractères utilisés pour écrire les mots « valse », « rock » et « tango » qui sont tout à fait inadaptés.

Lorsqu’on écrit un titre ou quelques éléments de texte pour une affiche, on essaye de faire passer un message. Ce message est inclus dans le fond du texte, mais aussi dans la forme de celui-ci. Le choix d’une police de caractères est important pour cela. Regardez donc les mots suivants.

La police de caractères utilisée pour chaque mot correspond bien à l’ambiance qu’ils décrivent respectivement. Le mot « douceur » est composé de caractères aux lignes arrondies et on imagine qu’ils peuvent contenir de l’air. Le mot « cirque » est composé des habituels ornements d’un cirque dans la mémoire collective et l’on associe facilement cela aux animaux dressés et la pointe interne aux lettres fait penser à un chapiteau. Enfin, le mot « karaté » fait penser au Japon grâce à sa référence à la typographie asiatique à l’encre de Chine. Lorsqu’on réalise un dépliant, une affiche ou tout autre document où se trouve du texte à « impact », il faut donc réfléchir à la police de caractères à utiliser pour un meilleur message.

Regardez l’exemple ci-dessous avec les mots « salsa », « valse » et « rock’n’roll » « charleston » écrits de différentes manières. Si l’on souhaite que l’ambiance de la danse transparaisse dans l’écriture de son nom, le choix est vite fait.

Alors, quelle ligne choisiriez-vous ? On pourrait dire que c’est très subjectif, et c’est en partie vrai. Cela dit écrire « salsa » avec des caractères symbolisant de la neige (ligne 3) symbolise mal la chaleur de la danse. De même, la valse (ligne 1) ne semble pas faire partie des disciplines habituelles du cirque et le charleston n’est pas synonyme de technologie et d’affichage LCD (ligne 3) et pas plus de culture hip-hop et de tags (ligne 2)… Il nous reste donc la ligne 4 où l’on voit la classe de la valse viennoise, l’aspect rebelle du rock, la créativité de la salsa et l’ambiance Cotton Club du charleston. C’est, je l’avoue, un ressenti personnel et d’autres polices de caractères auraient pu convenir. Mais j’espère que vous aurez compris l’idée générale présidant à la suggestion d’une ambiance rien qu’en écrivant un mot.

Pour finir, il est clair qu’il ne faut pas abuser de ce type de procédé. L’exemple de l’affichette « moche » présentée plus haut en est l’illustration. Même si les mots étaient écrits dans une police correspondant à l’ambiance associée à leur signification, si l’on change de police à chaque mot, il n’y a plus rien qui passe dans ce fouillis de caractères… C’est comme en danse : il est dangereux de trop mélanger des styles différents dans une même danse, car il en résulte que l’on ne sait plus ce que l’on danse. En revanche, il faut qu’il y ait un minimum de style et de technique pour donner corps à une danse et engager la communication entre les partenaires entre eux ou entre les danseurs et le public.

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L’origine swing du hip-hop

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Dans ce blog, je m’intéresse à toutes les formes de danses au-delà des danses de couple qui ont tout de même ma préférence. Je considère en effet que, lorsqu’on pratique une discipline, il est essentiel d’élargir son horizon aux disciplines voisines afin de mieux se situer. C’est un peu ce que font les scientifiques astronomes et astrophysiciens qui s’intéressent aux confins de l’univers alors qu’ils ne peuvent toucher du doigt que notre bonne vieille planète Terre. Comprendre l’univers permet de mieux comprendre notre planète. Dans cette logique, s’intéresser aux autres formes de danse permet de mieux comprendre la danse que l’on pratique.

Lorsque j’ai découvert de lindy hop il y a maintenant une quinzaine d’années, les personnes à qui j’en parlais disaient : « Quoi, le lindy pop ? » ou encore « Tu fais du hip-hop ? ». C’est dire si le renouveau de la danse swing avait encore du chemin à parcourir. Depuis, il l’a parcouru et continue encore. Mais le rapprochement que faisaient les personnes en question entre le lindy hop et le hip-hop n’était peut-être pas si dénué de sens que cela.

L’histoire commune du hip-hop nous dit que cette culture (qui inclut la danse du même nom) est née dans les années 1970 dans le Bronx au sein de la population afro-américaine qui organisait fréquemment des fêtes d’immeubles (les « block parties »). Plusieurs courants de musique et de danse s’y sont mêlés et l’on a ainsi vu se développer la breakdance (aussi appelé le break) qui a atteint la France dans les années 80. (Vous vous souvenez peut-être du « H.I.P. H.O.P. » télévisé de Sidney en 1984 ?) Mais le break n’est pas le seul style présent dans la danse hip-hop, on y trouve aussi le pop, le lock, le boogaloo, la danse au sol, etc. De nos jours, le hip-hop (new style) se laisse influencer, entre autres danses, par la salsa dans certains jeux de jambes eux-mêmes issus des la danse swing en solo (comme le Suzie-Q pratiqué sur les talons en hip-hop new style).

Voilà de manière succinte pour le contexte historique global. On y voit déjà quelques points communs entre le lindy hop et le hip-hop : origine afro-américaine à New York, multitude d’influences, jeux de jambes en commun, etc. Pour ce qui est du travail au sol, le lindy n’en comporte que très peu. Là où en en rencontre correspond aux figures acrobatiques ou encore aux danses dites excentriques (des spécialités exclusives de certains danseurs de l’époque). Je vous propose de regarder ce clip de 1940 où les Mills Brothers chantent le titre « Caravan » (un titre jazz bien connu) a capella. Des danseurs se succèdent et si vous regardez bien aux alentours d’une minute 50 du clip, le danseur effectue une figure au sol très fréquente chez les danseurs de hip-hop.

Voilà qui nous fait remonter quelques origines du hip-hop dans les années 40, non ? Ainsi, là où l’on croit sans cesse inventer, la réalité est qu’il se peut fortement que l’invention en question ait déjà été faite des années auparavant.

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Livres sur la danse interactifs ?

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Me voici donc de retour pour l’alimentation hebdomadaire de ce blog sur lequel j’ai beaucoup de retours positifs. Merci à tous ! La rentrée est là et bon nombre d’entre nous reçoivent aussi bien dans leur boîte aux lettres papier que dans leur boîte à e-mails les prospectus annonçant le redémarrage de la saison de danse dans les écoles et les associations. D’ailleurs, la plupart du temps, on reçoit les deux : une e-mail en plus d’un courrier papier. Parfois même, on lit dans l’e-mail : « surveillez votre boîte aux lettre car un courrier postal arrive !  » alors qu’on peut lire dans ledit courrier sur papier : « pour plus d’informations consultez notre site Internet ! » Si avec cela l’information n’est pas passée, c’est qu’il manque des lunettes à certains. Ainsi la complémentarité (ou parfois la redondance) entre les médias classiques et les nouvelles technologies est-elle entrée dans notre quotidien.

Comme vous le savez à présent, j’ai créé une maison d’éditions spécialement dédiée aux livres sur la danse, Ch. Rolland Editions, dont le catalogue s’étoffe d’année en année. D’ailleurs, si vous ou une de vos connaissances a un projet d’écriture de livre (technique ou non) sur le sujet, n’hésitez pas à prendre contact avec moi (page contact du site de la maison d’éditions) car je suis en permanence à la recherche de nouveaux projets de qualité. Mais revenons au sujet de cet article. Les livres que j’édite font peu référence au média qu’est Internet (hormis à quelques adresses de sites web à l’occasion). Un autre éditeur (de grande taille), lui, a décidé d’expérimenter un nouveau système en annoncant « Le sens des choses » de J. Attali comme le premier « hyperlivre » qui intègre un nouveau système de référence vers du contenu multimédia accessible en ligne.

Le principe est que le lecteur trouve des petits carrés en bas de certaines pages. Ces carrés correspondent à un code-barre en 2D et représentent une adresse où le contenu multimédia complémentaire peut être trouvé. Soit on tape la référence sur le site Internet dédié au livre, soit on utilise une application spécifique qui permet à un téléphone mobile de lire ce code (via son appareil photo intégré) et de charger automatiquement le contenu multimédia dans le téléphone. Bref, cela semble pratique. Imaginez que j’utilise ce système dans mes livres… On peut imaginer qu’une figure décrite dans le livre soit associée au code-barre menant vers une vidéo où l’on voit cette figure réalisée en vrai. On peut aussi imaginer qu’une morceau de musique cité puisse mener via le code-barre à un extrait sur Internet ou à un site de vente en ligne.

Je vois tout de même quelques inconvénients à ce système en dehors du prix de la mise en oeuvre qui ne le rend accessible pour l’instant qu’aux très gros éditeurs faisant beaucoup de bénéfices… Tout d’abord, le système expérimenté dans le livre d’Attali cité-ci dessus n’est gratuit que pendant 6 mois : au bout de ce délai, il faudra que les propriétaires du livre payent pour accéder à ce qui me semble leur être dû… Je l’ai dit, cela coûte de l’argent d’éditer un livre et l’ajout de contenu multimédia alourdit encore la facture. Deuxième argument : que se passera-t-il si l’éditeur fait faillite, décide d’arrêter d’entretenir la plateforme multimédia ou se fait racheter par un autre éditeur qui n’a pas la même vision des choses ? On peut imaginer que le site Internet associé au livre disparaisse à jamais avec son contenu complémentaire dans le pire des cas. Dans le meilleur des cas, le site perdurera mais le format des vidéos ne suivra pas les avancées technologiques (saura-t-on encore lire des K7 vidéo VHS dans 50 ans ?). En revanche, le livre restera tant que les mites ne l’auront pas mangé… J’ai dans ma bibliothèque plusieurs livres (sur la danse en couple évidemment) qui datent du début des années 1900. Je peux vous dire que leur contenu est encore bien lisible et compréhensible un siècle plus tard.

On le voit, les technologies et les modes de vie ne cessent d’évoluer. Je reste cependant encore attaché au support papier. Rien de tel que de tenir un livre dans les mains et de le feuilleter pour en extraire de nouvelles connaissances ou se divertir. Même avec l’arrivée de nouveaux concepts comme ces codes-barre 2D ou les e-books (livres électroniques ressemblant à des tablettes portables), le livre sur papier a encore de belles années devant lui. Je ne dis pas que je ne ferai pas de vidéos un jour (toutefois d’autres le font déjà très bien), mais la réalisation d’un livre, tâche longue et complexe, est vraiment quelque chose que je maîtrise et l’aboutissement de ce travail par un objet conséquent que l’on peut tenir entre ses mains est plutôt gratifiant.

Que conclure de tout cela ? Il est vrai que je n’ai pas beaucoup parlé de danse dans cet article plutôt informatif et technologique… Mais la danse n’est pas loin. J’ai déjà un certain nombre de projets en tête pour satisfaire le manque réel de livres et supports sur papier à destination des danseuses et danseurs, mais je suis ouvert à toute proposition de projet. Si vous avez des idées n’hésitez pas à m’en faire part et je verrai ce que je peux faire. J’espère que les éditions Ch. Rolland pourront également aider les enseignants en danse à fournir à leurs élèves des supports écrits de qualité. En ce début de saison, je suis content de voir que mon travail a plu non seulement à la communauté des danseurs (enseignants réputés et élèves ont salué le travail réalisé), mais aussi à la communauté des professionnels du livre (mon édition du livre de Frankie Manning en français a été sélectionnée ce mois-ci par le site lechoixdeslibraires.com) auprès des plus grands. Bref, merci à tous ces gens pour leur support et rendez-vous sur le site Internet de Ch. Rolland Editions pour le catalogue complet ou pour me contacter. [Je sais, ça fait un peu publicité, mais la semaine prochaine je reprends les articles directement centrés sur la danse, promis.]

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La danse des canards

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Je profite de cette période estivale pour aborder des sujets plus légers que dans le reste de l’année. Cette fois-ci, je vais vous présenter l’anecdotique (mais néanmoins populaire) danse des canards. Tout le monde connaît la danse des canards dans sa version de 1981 où la chanson de J.J. Lionel a déferlé sur la France. Ce disque est issu de la volonté du producteur belge Marcel De Keukeleire de lancer cette chanson en français et la danse qui va avec à destination des enfants, mais aussi de la famille au sens large. Aujourd’hui tout le monde sait (parfois malgré soi) danser la danse des canards sur les paroles très simples de : « C’est la danse des canards, qui en sortant de la mare se secouent le bas des reins et font coin-coin« .

Pour mémoire, voici la chorégraphie (que l’on trouvait aussi à l’époque sur la pochette du disque de J.J. Lionel). L’enchaînement est prévu pour être réalisé à deux personnes, mais on peut le danser seul ou en groupe (généralement en cercle).
1 – Commencer debout, face à face, les mains ouvertes en forme de bec à hauteur de la poitrine. Fermer et ouvrir 4 fois : « C’est la danse des canards« .
2 – Poser les mains sur les hanches puis agiter les coudes 4 fois d’avant en arrière pour imiter des battements d’ailes : « qui en sortant de la mare« .
3 – Plier les genoux, descendre le popotin en se trémoussant, puis se redresser pour le mouvement suivant : « se secouent le bas des reins« .
4 – Frapper dans les mains en criant 4 fois « COIN, COIN, COIN, COIN » : « et font coin-coin« .
5 – Sur le refrain, les danseurs, bras dessus-dessous tournent vers la droite, changent de bras pour tourner vers la gauche : « Tournez, c’est la fête, bras dessus-dessous, etc.« .

Au-delà de l’aventure franco-française de cette chanson et de la danse associée, je voulais vous en faire découvrir les vraies origines que peu de gens connaissent. Le morceau original ayant donné naissance à la danse des canards a été composé à la fin des années 50 ou les années 60 par Werner Thomas, un accordéoniste suisse. Il l’appelait alors « Ententanz » (la danse des oiseaux) et on l’a souvent prise pour une polka, ce qu’elle n’est vraisemblablement pas. Nous ne sommes pas encore au stade des poulets, bien que le compositeur travaillait à cette époque comme musicien dans un restaurant. Un jour, un producteur belge, Louis van Rijmenant, entendit le morceau et essaya de sortir le disque en 1970, mais sans succès. Quelques années plus tard, le morceau intéressa d’autres producteurs et le titre fut introduit en 1981, aux USA, en Angleterre et en France entre autres. C’est ainsi que la danse des canards est devenue internationale. Elle porte différents noms selon la langue concernée : « Ententanz » (danse des canards) en allemand, « Chicken dance » (danse des poulets) en anglais, « il ballo del qua qua » (la danse des coin-coin) en italien, « El baile de los pajaritos » (la danse des oiseaux) en espagnol. De nos jours, cette danse est incontournable dans les mariages et, à l’étranger, dans les Oktoberfests (fêtes de la bière).

Un dernier mot pour l’anecdote : le même Jean-Jacques Lionel dont je parlais au début de cet article a bien essayé de lancer la « danse des petits chats » en 1982, mais cela n’a pas fonctionné et les canards sont bien restés au top des préférences des Français. Comme quoi on ne fait pas un succès comme on veut. D’autres se mettront plus tard à ce concept des hits d’été avec une danse nouvelle avec la Macarena, etc.). Je vous en reparlerai sûrement.

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Le swing : une danse de dégénérés

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La danse en couple a eu beaucoup de mal avec la bienséance par le passé. Particulièrement au sein des hautes autorités religieuses. Je vous propose de parcourir aujourd’hui un article issu du New York Times du 26 octobre 1938, page 20 (article présenté ci-contre en Anglais). Comme vous le savez à présent, la traduction de textes en Anglais est un exercice que je pratique beaucoup dans le moment, je vous en livre ci-dessous une version française (assez rapidement faite je l’avoue, j’espère que vous pardonnerez les quelques imprécisions).

AVERTISSEMENT SUR LES EFFETS
DU « SWING » SUR LA JEUNESSE
L’archevêque Beckman attaque
les « orgies de jitterbug »
devant la Catholic Women’s Session.
POUR UN PROJET DE L’ÉGLISE CONCERNANT L’ART


Les jam sessions et les « orgies » nerveuses de musique « swing » courtisent les jeunes gens « tout au long de la voie de la facilité qui conduit à l’enfer », a déclaré ce soir le révérend Francis J.L. Beckman, archevêque de Dubuque, au National Council of Catholic Women. L’archevêque Beckman, parlant de « l’art pour la jeunesse et l’Église », a déclaré que « les forces du mal » favorisaient un type d’art « incarnant une propagande maléfique et malveillante » et que l’Église doit agir contre celui-ci. « Aujourd’hui, a-t-il dit, alors que l’Église poursuit avec plus d’ardeur qu’elle l’a jamais fait dans le passé sa politique de motivation, conservation et d’attraction vers elle du meilleur de l’art moderne, les forces du mal travaillent beaucoup à ébranler son statut chrétien, à débaucher ses hauts objectifs et à l’exploiter pour servir des fins personnelles et diaboliques. » « Nous laissons, si nous n’avalisons pas largement par notre indifférence criminelle, les « jam session », les « jitter-bugs » ainsi que les orgies rythmiques de cannibales occuper une place dans notre manière de concevoir les choses en société, faisant suivre à notre jeunesse le chemin de la facilité qui mène à l’enfer ! » « Dans cette position, on a dépouillé l’art, tout comme l’homme de Jéricho, de sa belle essence et de sa belle signification et on l’a laissé pour mort sur le bord de l’autoroute des perspectives communautaires. » L’archevêque Beckman a recommandé que l’Église accorde tout d’abord à la jeunesse « tous les avantages de poursuivre leurs aptitudes culturelles en établissant un nouveau et vigoureux programme d’éducation conçu pour reconstruire et de définir la conception chrétienne de l’art. Deuxièmement, a-t-il dit, les autorités cléricales et laïques devraient s’éveiller à « l’extrême danger de la situation de l’art comme il existe aujourd’hui » et un programme devrait être suivi portant sur « des projets artistiques louables et ayant de la valeur s’étendant dans tous les domaines des efforts artistiques et regroupant les jeunesses diverses du pays. » Mrs. Alfred S. Lucas de Mobile en Alabama, a déclaré aux délégués « notre jeunesse est l’espoir de la nation » et a exhorté à une action catholique par le biais d’un travail d’éducateur et de guide. Une messe pour la jeunesse fut célébrée dans la Church of the Nativity par le révérend Dr. Thomas K. Gorman, évêque de Reno. L’archevêque Joseph Francis Rummel de la Nouvelle-Orléans a déclaré au conseil national que la « philosophie diabolique du contrôle des naissances et du suicide pour la nation. » Il avertir ses ouailles de « regarder les nouvelles tactiques des contrôleurs des naissances, particulièrement les corporations de la maternité. » Miss Margaret Lynch, assistante au secrétariat du bureau, dit que les États-Unis devraient regarder vers les zones fermières pour garder la population. Les zones rurales, par l’intermédiaire de leur isolation et dans certains cas à travers des principes religieux, a-t-elle déclaré, ont été préservées de la « soi-disant civilisation » des villes.

Le swing, une « orgie rythmique de cannibales »… C’est cela oui… Parfois l’être humain me fait peur. Si l’on regarde dans le passé, ce mode de pensée contre les courants nouveaux n’est pas exceptionnel. Imaginez qu’à une certaine époque l’Église avait classé les danses en trois catégories : les danses honnêtes, les danses franchement mauvaises (par leur indécence et leur obscénité) et les danses douteuses et dangereuses. Et il est amusant de constater que la valse était classée dans la seconde catégorie… Rappelez-vous aussi comment la musique rock a été accueillie dans les années 1950. On parlait alors de musique de délinquants et les déhanchements suggestifs des rock stars comme Elvis Presley dérangeaient à tel point que ce dernier était cadré au-dessus de la taille lorsqu’il était filmé au début de sa carrière… Heureusement, les choses et les mentalités évoluent, sinon nous ne pourrions pas nous détendre dans une soirée dansante de nos jours.

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La danse excentrique

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Dansant sur le titre swing « Dinah », voici une femme apparemment vêtue d’une manière commune qui danse sur le pont d’un navire de croisière sous le regard des passagers médusés. Qu’a donc de particulier cette danse ? La réponse se fait vite voir : Melissa Mason (c’est le nom de cette danseuse) fait faire des moulinets à 360 degrés à ses jambes tendues. À certains moments, la position dépasse même le grand écart ! Mélangeant des pas plus classiques de claquettes à ses prouesses physiques, elle semble avoir des jambes littéralement faites de caoutchouc. La scène se déroule dans le film « The Yacht Party » en 1932, un court-métrage de la Warner dont la musique est jouée par Roger Wolfe Kahn and His Orchestra. Pour la petite anecdote, si l’on fait bien attention on peut voir le célèbre Artie Shaw jouer de la clarinette bien qu’il ne soit pas cité dans le générique. Voici, ci-dessous, la vidéo de la scène que je décris.

Melissa Mason pratique la danse excentrique ou, pour être plus exact, un type de danse excentrique. Il paraît qu’elle pouvait se brosser les cheveux avec un pied et se balancer entre deux troncs d’arbres, un pied sur chacun. À l’époque, on la surnommait Toe-zan (jeu de mots sur Tarzan mais avec le mot « Toe », orteil à la place du « Tar ») de la Jungle.

La danse excentrique correspond à une certaine manière de se mouvoir. Bien souvent, un style de danse excentrique correspond à des capacités physiques spécifiques. Parmi ces styles, on trouve le snake hips (les hanches de serpent), le shimmy, la legomania (ou le rubberlegging, les jambes en caoutchouc), le kazatchok, des numéros d’acrobaties, etc. Le talent de Melissa Mason correspond donc à la catégorie « legomania » où les artistes mettent en valeur leurs jambes dans des numéros fascinants. Tout cela se rapproche bien du contorsionniste de nos jours (où les aspects relatifs à la danse ne sont plus réellement présents). En fait, dans les années 30, les journaux qualifiaient de danse excentrique tous les styles de danse nouveaux ou inconnus du grand public.

À notre époque, certains adeptes de hip-hop croient avoir inventé un style particulier, mais savent-ils que le passé regorge d’artistes faisant de la danse excentrique qui ont déjà inventé beaucoup de choses ? Cela va du fait de tourner sur la tête ou sur le dos, jusqu’à certains déhanchés et des effets visuels saisissants. Cependant, certains de nos danseurs de hip-hop contemporains adeptes des locks et des pops savent mettre en valeur leur talent. Prenez par exemple, Robert Muraine, l’un des candidats de la saison 4 de So You think You Can Dance. Quand vous le voyez bouger, c’est un mélange d’étonnement, de curiosité et d’émerveillement qui se fait à vous. Je dirais même que ça en est parfois effrayant. Mais, dans les années 30, on aurait bel et bien appelé cela de la danse excentrique ! Voyez donc ci-dessous.

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Le jumpstyle

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Il est vrai que j’essaye de concentrer les articles de ce blog vers les danses en couple ou des thèmes qui en sont très proches. Mais j’aime bien aussi m’intéresser à ce qui se passe ailleurs. J’ai déjà eu l’occasion de citer la tektonik (ou electro-dance), une danse phénomène apprécié chez les ados depuis quelques mois, mais dont on ne sait pas si la mode durera encore longtemps. En réalité, on n’en entend déjà plus beaucoup parler dans les médias… Cette fois, je vais juste vous dire deux mots d’un autre phénomène (un peu) dans le même genre : le jump style. Pour tous les parents qui voient leurs ados sauter sur place en permanence ou les jeunes amateurs de danse en couple qui ont du mal à comprendre ce que font leurs amis du même âge, lisez donc ce qui suit…

Là où la tektonik/electro-dance comporte essentiellement des mouvements de bras et de rares jeux de jambes, le jump style est tout à l’opposé : on n’y bouge que les pieds. Cette mode a commencé de se diffuser un peu comme la tektonik, via des vidéos Internet. Un jumper (ce serait un certain Patrick Jumpen…) s’est filmé devant son garage à bondir dans tous les sens (le gars de la tektonik s’était filmé dans son garage…) et la vidéo a été vue et les mouvements copiés. On constate que la musique utilisée est plus « dure », plus « techno » que celle de la tektonik (plus « dance music »). On pratique beaucoup le jump style dans le Nord de la France (et de l’Europe) dans des boîtes de nuit sur une techno qui pilonne : chaque temps est bien marqué par des basses énergiques (et on n’entend presque que cela à mon goût). Les soirées jump peuvent rassembler jusqu’à 25000 personnes qui sautent comme des kangourous à qui mieux mieux. D’ailleurs, le nom vient de l’anglais « jump » (sauter) et « style » (euh… style !). Je mets ci-dessous une vidéo issue de Youtube où l’on voit le (fameux ?) Patrick Jumpen danser sur une musique qui n’est encore pas trop violente par rapport à ce qu’on entend dans certaines raves (où l’on danse aussi le jump style).

Comme la musique, l’allure de la danse est moins bon enfant que la tektonik. L’idée est de sauter en rythme sur les basses. Mais la difficulté arrive quand le danseur commence à tourner sur lui-même. Il faut de l’endurance : après quelques minutes le danseur est déjà bien essoufflé… On y fait des kicks sur place et on y retrouve parfois quelques similitudes avec les claquettes (quelques « figures » en portent le nom). Quand les amateurs de jump style se mettent à danser sur un même enchaînement sur une même rangée, cela fait un peu penser aux claquettes irlandaises. À part ces petits aspects un peu techniques, on danse toujours en solo…

Malheureusement, le jump style est aussi pratiqué par des groupes de jeunes extrémistes, attirés par un aspect défouloir violent. Cela ne signifie pas que tous les danseurs de jump style aient cette manière de voir les choses, mais il faut quand même le savoir. Ceux qui ont vu les saisons passées de l’émission So You Think You Can Dance ont pu voir un hurluberlu cagoulé se présenter aux castings initiaux et danser le jump style : il a été rapidement recalé… Pour conclure, je dirais juste que, personnellement, je trouve que les qualités esthétiques cette danse qui fait un peu penser au pogo des punks (mais sans la bousculade) ne se voient que lorsque c’est bien fait (comme pour la tektonik). En tout état de cause, je ne suis pas sûr de tous ces danseurs (principalement des garçons) soient de jolis jumpers (je vous laisse méditer là-dessus en regardant l’image ci-contre).

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Flashmob : tout le monde danse !

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Imaginez que vous vous soyez trouvé le 15 janvier 2009 à 11 heures du matin à attendre votre train dans la gare de Liverpool Street à Londres. Tout à coup, après une annonce tout à fait banale, voici qu’une musique entraînante sort des haut-parleurs de la gare. À côté de vous, deux personnes se mettent à danser à droite, puis trois à gauche, puis cinq derrière vous, puis… presque toute la gare se met à faire les mêmes mouvements de danse ! Hip-hop, twist, jerk, valse, tout y passe ! Vous n’en croyez pas vos yeux. La musique s’arrête et toute la foule des danseurs se disperse. Une hallucination créée par votre passion de la danse ? Non, pas du tout, cela s’est bel et bien passé. Regardez donc ce que cela donne…

Vous l’avez deviné aux dernières secondes, cette vidéo est un spot pour l’opérateur de téléphonie T-Mobile. Mais il n’en est pas moins vrai que les usagers de la gare qui n’étaient pas dans le coup ont été bien surpris puisque le tournage a réellement été fait dans la gare en question en matinée. Pour la petite histoire, ce spot a nécessité 8 mois de travail et l’implication de 350 danseurs. Les danseurs (les 350 et, on le voit, les quelques amateurs qui s’y sont joints tant bien que mal) ont ainsi dansé en pleine gare pendant plus de deux minutes, face à des vrais voyageurs à la fois surpris et enchantés. Des caméras cachées dans la gare filmaient les réactions des usagers. Cette pub vient s’inscrire dans la nouvelle campagne « Life’s for sharing » (la vie est faite pour partager) de T-Mobile. Elle a été diffusée pour la première fois lors du Celebrity Big Brother sur Channel 4 le samedi soir suivant, moins de 48 heures après le tournage.

Personnellement, j’adorerais qu’un événement dansé dans ce genre arrive en vrai et pas que pour les besoins d’une publicité. De nos jours, on appelle cela un « happening » (terme à l’origine utilisé seulement par des artistes pour prendre une photo unique par exemple). Des organisations comme Improv’ Everywhere s’en sont fait une spécialité. Ils organisent des happenings un peu dans le même genre (ils doivent être la source de l’idée de la pub de T-Mobile) comme des immobilisations collectives (plus faciles à faire) ou le fait que tout le monde ouvre son parapluie simultanément. Certaines organisations regroupent leurs participants par des SMS (on appelle cela des « Flash Mobs »). Admettez que si des événements de danse collective similaires arrivaient un peu partout de temps en temps, la danse illuminerait sûrement les jours de tout un tas de personnes qui n’en voient jamais.

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Fats Waller et Honeysuckle Rose

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Lorsqu’on danse librement en soirée, il s’établit un contact naturel entre les danseurs et la musique qui passe dans les haut-parleurs. Pour le danseur (et la danseuse évidemment), tout est bon pour trouver l’inspiration à l’improvisation de ses mouvements. Dans ce qu’il entend, il peut s’inspirer d’un instrument, d’un rythme ou d’une parole. Pour bien danser en soirée, on doit être en communion avec son environnement. C’est pour cela qu’une certaine sensibilité se développe par rapport aux mélodies ou aux paroles des chansons qu’on entend. Comme dans le moment je suis dans un état d’esprit très swing (je vous en ai parlé il y a peu de temps), je vais vous parler d’une certaine chanson, sur laquelle on peut danser préférablement le lindy hop, le shag ou le balboa, ainsi de ce qui l’entoure.

Cette chanson se nomme « Honeysuckle Rose ». Elle a été composée en 1929 par Thomas « Fats » Waller avec des paroles d’Andy Razaf. Elle a été reprise par pas moins d’une soixantaine de chanteurs et orchestres parmi les plus célèbres, dont Louis Armstrong, Count Basie, Nat King Cole, Ella Fitzgerald, Glenn Miller, Djamgo Reinhardt ou Dinah Washington. Je vous propose d’en écouter la version originale, chantée en personne par Fats Waller, le roi du piano stride.

Au-delà du plaisir d’écouter Fats Waller la chanter, essayons-donc de comprendre ce qu’il raconte. Je vous transcris les paroles ci-dessous et je vous mets ma traduction en face de chaque ligne.

Honeysuckle Rose Every honey bee fills with jealousy When they see you out with me I don’t blame them Goodness knows Honeysuckle rose When you’re passin’ by, Flowers droop and sigh I know the reason why You’re much sweeter Goodness knows Honeysuckle rose Well, don’t buy sugar You just have to touch my cup You’re my sugar And it’s oh so sweet When you stir it up When I’m takin’ sips From your tasty lips Seems the honey fairly drips You’re confection Goodness knows Honeysuckle rose Well, don’t buy sugar You just have to touch my cup You’re my sugar And it’s oh so sweet When you stir it up When I’m takin’ sips From your tasty lips Seems the honey fairly drips You’re confection Goodness knows Honeysuckle roseFleur de chèvrefeuille Chaque abeille se gonfle de jalousie Quand elle te voit sortir avec moi Je ne les blâme pas Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Quand tu passes, Les fleurs s’abaissent et soupirent Je connais la raison pour laquelle Tu es beaucoup plus sucrée Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Eh bien, n’achète pas de sucre Il te suffit de toucher ma tasse Tu es mon sucre Et c’est oh si suave Quand tu l’attises Quand je bois à petites gorgées À tes lèvres délicieuses C’est comme si le miel perlait bien Tu es une friandise Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Eh bien, n’achète pas de sucre Il te suffit de toucher ma tasse Tu es mon sucre Et c’est oh si suave Quand tu l’attises Quand je bois à petites gorgées À tes lèvres délicieuses C’est comme si le miel perlait bien Tu es une friandise Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille

Je l’admets, une traduction unique comme celle que je vous ai faite rend difficilement le sens du texte… d’autant plus qu’il y a beaucoup de sous-entendus basés sur des jeux de mots. Si, effectivement, le sens premier fait référence à un jeune homme qui flatte une demoiselle (c’est elle la fleur de chèvrefeuille) et qu’il lui dit qu’elle n’a qu’à lui demander (« touche ma tasse [de sucre] ») pour avoir tout ce qu’elle souhaite dans la vie, il y a beaucoup de sous-entendus. Des allusions osées sont manifestement faites dans cette chanson… La « tasse » du garçon peut être autre chose, le miel qui coule peut aussi prêter à interprétation. Et encore, je vous passe les subtilités de vocabulaire utilisées dans cette chanson. D’ailleurs, si vous en avez l’occasion, je vous conseille de chercher les multiples significations des mots utilisés dans un dictionnaire Anglais-Français. De plus, si vous recherchez « honeysuckle », vous trouverez que ce mot est une altération de honisouke, du viel Anglais hunisuce (qui a donné honey, « miel ») et sucan (qui a donné to suck, « sucer »). Là aussi, la traduction française « chèvrefeuille » ne rend pas toute la subtilité du double sens…

Cette chanson fait partie des nombreuses oeuvres de swing dans lesquelles les jazzmen ont clairement introduit des allusions sexuelles entre les lignes… Ils n’étaient pas forcément obsédés, mais ils avaient sûrement un esprit facécieux. Regardez donc dans la vidéo de Fats Waller présenté plus haut ses petites mimiques lorsqu’il dit : « You just have to touch my cup » et vous en aurez la confirmation. D’ailleurs, le mot « jazz » ne vient-il pas étymologiquement du mot jass qui faisait référence à la fois l’acte sexuel et à l’énergie que l’on donne dans l’exécution d’une action (la musique en l’occurrence) ?

Pour en revenir à la danse (c’est quand même le point de départ…), le danseur peut interpréter les paroles de la chanson dans sa danse tout comme Fats Waller les interprète par des mimiques amusantes devant la chaste jeune fille qui l’écoute. Je ne dis pas qu’il faut danser explicite, comme dans la chanson, tout doit être dans la retenue et en tout bien tout honneur : des petits regards, de rapprochements de partenaires au bon moment de la chanson, etc. Bref, mon message du jour est : « Écoutez les paroles des chansons sur lesquelles vous dansez, vous pourrez ainsi trouver encore plus de manières de vous exprimer en dansant et de vous amuser avec votre partenaire. »

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