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Petite histoire du cakewalk

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Les débuts du jazz ont été marqués par diverses influences entre les instruments de musique européens et les chants issus du continent africain. Il faut considérer que l’on trouve les origines du jazz dans la culture africaine des esclaves qui étaient « importés » par bateaux entiers sur le continent américain. On confiait aux esclaves noirs africains les tâches les plus difficiles et ces derniers se donnaient du courage en chantant des hymnes de leur patrie d’origine de l’autre côté de l’Océan Atlantique. De leur côté, leurs maîtres blancs avaient aussi des origines transocéaniques puisque leurs ancêtres provenaient pour la plupart de la vieille Europe. La culture des Blancs tournait donc autour de la musique classique et des rythmes des traditions européennes où l’on dansait volontiers la polka, la valse, la scottish, le quadrille ou encore le cotillon.

Les esclaves noirs sont petit à petit entrés dans les maisons des maîtres blancs puisqu’il fallait bien faire les diverses tâches ménagères comme le ménage, la cuisine, le service, etc. Ainsi les Afro-américains ont-ils pu regarder avec curiosité et amusement les loisirs de leurs patrons. En particulier, lorsqu’au son d’un piano, les jeunes gens dansaient à l’européenne, les serviteurs trouvaient cela bien curieux. Lorsque les maîtres avaient tourné le dos, certains des serviteurs se mettaient à les imiter pour s’amuser. Or, ils n’avaient pas cette culture européenne de leurs maîtres et faisaient des gestes peu élégants, sans compter qu’ils exagéraient souvent les mouvements pour faire éclater de rire leurs collègues.

Un jour, des maîtres surprirent leurs serviteurs en pleine séance d’une danse comique qui ressemblait un peu à leurs propres danses. Ils trouvèrent cela très amusant (ne saisissant probablement pas qu’ils étaient volontairement caricaturés) et ils demandèrent aux danseurs de recommencer. Ces derniers se firent prier pour retrouver le naturel qu’ils avaient lorsque les maîtres étaient absents. Afin de les motiver, on leur mit en avant le fait que s’ils se donnaient à fond dans la danse, on leur donnerait une part de gâteau. Ce type de gâteau étant réservé aux Blancs, les Noirs n’hésitèrent plus et firent cette danse à leur manière pour obtenir la récompense. Comme leur danse ressemblait plus à une marche stylisée qu’à une vraie danse, on appela cela le cakewalk ou, en français, la marche du gâteau. Voici l’un des rares films d’époque où l’on peut voir danser le cakewalk (ici d’une manière burlesque).

Le cakewalk est une danse qui se fait généralement sur du ragtime ou des morceaux de piano stride. Pour vous donner une idée, c’est un peu le genre de morceau de piano que l’on mettait pour sonoriser les films muets des débuts du cinéma. D’ailleurs à cette époque, le pianiste était dans la salle de cinéma et jouait l’accompagnement en direct tandis que le film défilait. Mais je digresse… Le cakewalk n’a pas (ou peu) été dansé par les Américains blancs et, au début du XXe siècle, il a initié les premières danses sur des musiques qui ont évolué pour donner le jazz. Dans les années 1920, alors que le lindy hop n’existait pas encore, des pas de cakewalk étaient insérés dans des danses comme le breakaway (comme sortie de piste de danse par exemple). Dans le court métrage « After Seben », on voit Shorty George (oui, oui, le Shorty George qui a inventé la figure jazz du même nom) qui sort de scène de cette manière (image arrêtée ci-contre). Le cakewalk fait donc partie des lointains ancêtres qui ont évolué ou influencé la danse des Afro-Américains pour donner le lindy hop que nous dansons encore aujourd’hui sur la musique swing. Mais de nos jours, il n’y a plus besoin de motiver les danseurs par une part de gâteau (en dehors de certains pique-assiettes spécialistes des soirées dansantes à buffet gratuit !) et les Noirs dansent aussi très bien avec les Blancs qui, à présent, essayent d’imiter leurs mouvements de danse avec plus ou moins de bonheur en lindy hop, salsa, ragga, danse africaine, etc. Ci-dessous un exemple qui ne me semble pas si mauvais que cela dans le domaine de la danse africaine.

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Le swing de la côte Ouest (West Coast Swing)

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Il est temps que je vous parle un peu du swing de la côte Ouest. Ce n’est pas un swing issu de Brest ou Bordeaux, mais c’est le west coast swing, venant des USA. On l’écrit aussi WCS ou WC swing (mais rien à voir avec le fait de danser au petit coin ). Décidément, mes derniers articles concernent beaucoup les danses swing, il va falloir que j’aborde d’autres thèmes pour satisfaire tous les goûts… Mais revenons au west coast swing. Comme son nom le suggère, il s’est développé sur la côte ouest des États-Unis dans les années 40 à partir du lindy hop (qui, lui, est parti de New York).

Pour tout vous dire, c’est moi qui ai écrit l’article présentant le west coast swing sur UltraDanse.com le 9 juin 2001. Cela fait donc plus de huit ans. J’avais pris mon premier cours de West coast swing l’année précédente et cette danse m’avait intrigué. J’y ai vu tout d’abord une danse en 6 temps très fluide et sexy. Sans doute parce qu’elle se danse de préférence sur de la musique lente et particulièrement du blues. Comme tous les stagiaires danseurs de rock présents, le plus perturbant a sans doute été le fait de devoir donner un guidage dès le compte « 1 » des différentes figures. Je me souviens avoir vu un pas de base stationnaire, puis le push break, puis le break Elvis ainsi que quelques autres figures. En 2000, les cours de WC swing étaient rares en France et ils le sont restés jusque ces, disons…, trois dernières années.

J’avoue avoir peu pratiqué mes figures de WC swing en tant que telles durant les années suivantes faute de partenaires sachant danser cette danse. En revanche, j’y avais vu des variations originales pour agrémenter mon rock. J’ai donc parsemé mes figures de rock de petites références au WC swing surtout sur les musiques les plus lentes comme le blues ou les musiques se dansant habituellement en rock aux tempos convenant à des débutants mais où les avancés sont susceptibles de s’ennuyer un peu. Un petit pas croisé par ici, un guidage anticipé sur le « 1 » par là et voilà !

À présent que le WC swing se développe en France, je suis naturellement le mouvement d’une manière plus affirmée. Dans le Sud-Ouest de la France, cela fait environ 2 ans que le west coast swing marche bien. En faisant une rapide comparaison par rapport à il y a 8 ans, je remarque que la musique a évolué. Bien sûr, les musiques que nous entendons à la radio ont aussi évolué et on ne peut pas en permanence danser sur les mêmes « vieux » disques. Le R’n’B (parfois à la sauce latino) a envahi les ondes ainsi que les soirées rock/swing/WC swing. Je reste toutefois circonspect quant à l’utilisation de n’importe quelle musique pour danser le WC swing. Le blues est parfait, le disco-funk n’est pas mal, le R’n’B pourquoi pas, mais pas tous les morceaux. Même si la base de la danse est en 6 temps comme le rock, il ne faut pas rester hermétique à une certaine sensibilité musicale. Une rythmique binaire marquée ne suffit pas pour danser le WC swing. Le week-end dernier, j’ai participé à une soirée dansante où quelques morceaux étaient clairement destinés aux danseurs de WCS. L’un de ces titres aurait clairement dû être dansé en rumba (on pouvait deviner la présence de la clave latino par intermittence), mais tout le monde dansait le WC swing. Peut-être n’y avait-il pas d’amateurs de rumba ? Dans doute ce facteur a-t-il pu jouer un rôle.

En dehors de toutes ces réflexions plutôt personnelles (mais je suis sûr qu’elles peuvent intéresser quelques-uns d’entre vous), mon idée était d’établir un petit constat personnel sur l’évolution du WC Swing en France. Pour vous donner, une idée plus visuelle de ce qu’est le west coast swing, voici une petite vidéo. Il s’agit de Benji Schwimmer (gagnant de la troisième saison de l’émission « So You Think You Can Dance ») et de sa cousine, Heidi Groskreutz (qui a aussi brillamment participé à l’émission) en 2005. Je vous rassure, on y voit très peu de pas de base comme c’est le cas dans de nombreuses démonstrations et spectacles. Rappelons-le, l’objectif est d’épater les spectateurs et de les divertir le mieux possible.

Ceux qui découvrent cette danse y trouveront peut-être quelque similitudes avec la salsa portoricaine (que je préfère aussi danser sur des tempos lents). Les deux danses partagent en effet la même conception de la ligne de danse. Ceux qui connaissent un peu le monde du WC swing et celui de la salsa portoricaine pourront d’ailleurs aussi faire un petit rapprochement entre deux enseignants : d’un côté John Lindo pour le west coast swing et de l’autre côté (Super) Mario Hazarika pour la salsa portoricaine (je vous ai fait un petit montage ci-dessous pour illustrer mon propos). Si vous cherchez un peu sur Internet, vous trouverez des vidéos de démonstrations où ces deux gabarits démontrent que lorsqu’on est baraqué, la danse peut très bien être spectaculaire et agréable à regarder.

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Qu’est-ce que le Suzie Q ?

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Aujourd’hui, j’ai eu envie de parler d’un pas de danse dont le nom comporte un nom propre : le Suzie Q (encore écrit Suzy Q et à prononcer « Souzi kiou »). Commençons par l’origine de ce nom. Qui pouvait bien être cette fameuse Suzie ? Il semblerait qu’il s’agissait de Suzie Quealy (son nom de jeune fille), une jeune fille (dans les années 30…) de San Francisco. En réalité, elle serait l’inspiratrice de la chanson « Doin’ the Suzie-Q » chantée par Lil Hardin Armstrong (la femme de Louis Armstrong jusqu’en 1938) datant de 1936 alors que le nom Suzie Q est associé à une petite danse à la mode (comme il y en avait beaucoup dans les années 30) qui existait déjà au préalable.

Voici, ci-après, les paroles de la chanson en question en anglais, avec leur traduction française (vite faite, j’espère que vous excuserez les approximations…) en face. On y trouve bien la confirmation du Suzie-Q en tant que danse aux côtés du truckin’ et du shim-sham.

Now, come gather 'round us, folks, Let us tell you 'bout this swing, Let us tell you 'bout the dance was invented just for you! Now, you swing over here, Now, you swing over there, For you swing on out and you do the Suzie-Q! Oh, you dance in! Yes, you're prancin'! When you hear the music play, that's your cue! Yes, you're truckin'! Doin' the shim-sham, Then you swing on out and you're doin' the Suzie-Q! Now, stop unless you do forget, You ain't seen nothin' yet, Until you see this dance that's new! Now, you truck over here, you swing over there, You tip just like you're walkin' on air, Then you're doin' the Suzie-Q! Now, hot step new that you will give 'em, Good old pep and low-down rhythm! Now, come and give yourself a treat, Watch these babies shake their feet, What they're doin'? They're doin' the Suzie-Q!
À présent, venez vous rassembler autour de nous, les gars, Laissez-nous vous parler de ce swing, Laissez-nous vous parler de cette danse qui fut inventée juste pour vous ! Maintenant, vous dansez le swing par ici, Maintenant, vous dansez le swing par là, Vous, continuez de vous balancer et faites le Suzie-Q ! Oh, vous entrez dans la danse ! Oui, vous vous donnez en spectacle ! Quand vous entendez la musique jouer, c'est votre réplique ! Oui, vous faites le trucking ! Vous faites le shim-sham, Puis vous continuez de vous balancer et faites le Suzie-Q ! À présent, n'arrêtez que si vous oubliez, Vous n'avez encore rien vu, Jusqu'à ce que vous ayez vu cette toute nouvelle danse ! À présent, vous faites le trucking par là, Vous vous penchez juste comme si vous marchiez sur de l'air, Puis vous faites le Suzie-Q ! À présent, le pas génial que vous allez leur faire, quelle bonne vielle dynamique et ce rythme qui a de la pêche ! Maintenant, venez et faites-vous plaisir, Regardez ces poupées gigoter leurs pieds, Que font-elles ? Elles font le Suzie-Q !

De cette danse, le Suzie-Q, n’est resté qu’un pas, le Suzie Q. Ce pas a été intégré dans leur manière de danser par les danseurs de lindy hop. Ainsi, lorsqu’en 1937 Whitey demanda à Frankie Manning de créer sa propre version du Big Apple, celui-ci y intégra un certain nombre de pas de danse jazz, dont le Suzie Q (source : « Frankie Manning, l’ambassaseur du lindy hop »Acheter sur Amazon en français). On peut le voir danser en cercle en 1939 dans le film « Keep Punchin’ » (image arrêtée ci-contre) par la troupe des Whitey’s Lindy Hoppers au sein d’un Big Apple.

Pour ce qui est de l’allure de cette figure, il s’agit d’un déplacement de côté (plus ou moins léger) où un pied passe devant l’autre, puis l’autre décroise en alternance comme si ceux-ci se trouvaient sur des rails parallèles. La danse jazz ayant fortement influencé les danses actuellement pratiquées, on retrouve le Suzie Q en danse à claquettes, en lindy hop, dans les enchaînements swing en groupe, en salsa (dans les shines) ainsi qu’en hip-hop et en ragga dancehall. À chaque style de danse correspond une manière de danser le Suzie Q. Ainsi, le Suzie Q de lindy hop n’est pas tout à fait le même qu’en salsa, ni qu’en ragga, autant au niveau de l’appui des pieds qu’au niveau de la rythmique, même si l’esprit du déplacement est le même.

Afin de mieux mettre en évidence les différences, je vous propose de détailler ci-dessous le Suzie Q sur quatre temps en lindy hop et en salsa. Ces schémas sont issus des livres suivants : « Le mambo et la salsa portoricaine »Acheter sur Amazon (paru en 2008) et « Le lindy hop et le balboaAcheter sur Amazon«  (paru mi-2010), tous les deux dans la collection « Passeport Danse » chez Ch. Rolland Éditions.

Suzie Q

Nous le voyons, ici, les positions du corps sont légèrement différentes, tout comme les appuis et les rythmiques. En salsa, on travaille sur la demi-pointe des pieds alors que le talon est aussi utilisé en danse swing/lindy hop. Ajoutons à cela, que la version « claquettes » du Suzie Q se rapproche très fortement de la version lindy hop, tandis que la version que l’on retrouve en ragga (à la mode en ce moment dans le domaine des styles de danse en solo) utilise plutôt les talons que le plat du pied qui est en avant. Encore une fois, voici un mouvement que l’on risque de pratiquer longtemps sur les pistes de danse puisqu’on le retrouve dans divers styles. C’est ce genre d’aspect qui me passionne dans la danse et les diverses influences des danses les unes envers les autres : là où l’on croit avoir inventé quelque chose d’original, on s’aperçoit que cette chose est déjà connue depuis des lustres.

Tiens, pour finir sur un clin d’oeil, une petite vidéo sur laquelle je suis tombé sur Youtube il y a peu, où l’on voit Louis Armstrong faire de la pub dans les années 50 pour la poupée « Suzy Cute » (sans commentaire…).

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Portrait swing du lion

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Cela faisait un certain temps que je n’avais pas présenté de morceau de musique dans ce blog. Il s’agit évidemment d’un titre sur lequel on danse. Et pour pouvoir vous raconter quelques anecdotes sur le sujet, j’ai choisi « Portrait of the Lion » de Duke Ellington. C’est un morceau swing (et non une chanson comme les précédents titres que j’ai abordés ici) sur lequel j’ai longtemps répété un enchaînement chorégraphique au sein d’une troupe professionnelle il y a quelques années et cela m’a fait tout drôle de le réécouter récemment.

Alors qu’est-ce donc que cette histoire de lion qu’on prend en photo ? En réalité, il n’y a ni animal à crinière, ni appareil photographique dans l’histoire. Lorsque Duke Ellington compose « Portrait of the Lion » en 1939, il pense en réalité à un de ses pianistes modèles : Willie Smith, surnommé « le Lion » pour rappeler sa bravoure durant la Première Guerre mondiale. Ce dernier est l’un des maîtres du piano stride (bien souvent identifiable par son inséparable chapeau melon et son inamovible cigare) dont Duke Ellington a beaucoup appris au point de lui dédier non pas un portrait musical, mais deux puisqu’il composa plus tard « Second Portrait of the Lion ». Le Lion lui rendit la politesse en 1957 en composant un « Portrait of the Duke ». Si vous vous rappelez bien, je vous avais déjà parlé de Wille « the Lion » Smith il y a quelques mois, dans ce blog, dans un article à propos d’une fameuse photo représentant quasiment tous les grands jazzmen. Willie Smith ressortait du lot… par son absence. C’est lui qui se reposait à côté du groupe alors qu’était prise la photo qui a ensuite été sélectionnée et publiée. La faute à pas de chance…

Le fait est qu’il était très fréquent que les musiciens de jazz se fassent mutuellement des hommages sous la forme de « portraits » musicaux. On vient de le voir entre Duke Ellington et Willie Smith, mais il en existe de nombreux autres comme « The Count » (portrait de Count Basie par Benny Goodman), « Portrait of Django » (portrait de Django Reinhardt par Lucky Thompson) voire même le comble de l’exercice dans « Portrait », le portrait de Charlie Mingus par lui-même… On a même des portraits musicaux de danseurs par des musiciens comme « Bojangles », le portrait de Bill « Bojangles » Robinson (fameux danseur à claquettes) par Duke Ellington ou encore « Taps Miller », le portrait de Marion Joseph « Taps » Miller (danseur à claquettes et trompettiste) par Count Basie.

Alors revenons un peu à notre « Portrait of the Lion » en tant que musique à danser. Il s’agit d’un morceau de swing traditionnellement joué à un tempo de 41 MPM (164 BPM) sur une durée de 2’31 (ce qui est assez court). C’est donc un lindy lent que l’on dansera généralement dessus car la section rythmique marque bien les bounces avec, malgré tout, une grande souplesse. On entend un contraste entre la pulsation régulière de la section rythmique et les irrégularités façon ragtime (qui rappellent le style fétiche de Willie Smith). Tiens, je vais me livrer ici à un petit exercice de « décorticage » de la structure rythmique du morceau. Cela pourra servir à une interprétation dansée la plus appropriée possible.

Je vais ici utiliser quelques termes techniques familiers aux musiciens de jazz (j’aurai peut-être l’occasion de faire un sujet dessus ultérieurement), néanmoins je remplace ensuite ces termes par des mots plus familiers aux danseurs sachant écouter la musique (et là, je passe sur le débat du manque d’écoute musicale dans les cours de danse en couple…). À la base, il faut savoir que la structure de base de ce morceau est de la forme ABAB sans pont. Chaque thème (ABAB) s’étend sur 16 mesures. Il y a une introduction ainsi que deux solos en dehors des parties assurées par l’orchestre tour entier. Voici la structure que l’on peut entendre (point de vue « musical ») :

  1. Introduction au piano (4 mesures)
  2. ABAB (thème) – orchestre (16 mesures)
  3. ABAB (chorus) – orchestre + piano (16 mesures)
  4. ABAB (chorus) – solo de cornet (16 mesures)
  5. ABAB (chorus) – orchestre (16 mesures)
  6. ABAB (chorus) – solo de saxophone alto (16 mesures)
  7. ABAB (thème) – orchestre (16 mesures)

Il peut être intéressant de calquer sur cette description une perception qui parle davantage aux danseurs. Voici ce que je vous propose (point de vue « danse ») :

  1. Introduction au piano (1 phrase = 2 x 8 temps)
  2. Thème 1 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
  3. Thème 2 – orchestre + piano (4 phrases = 8 x 8 temps)
  4. Thème 3 – cornet (4 phrases = 8 x 8 temps)
  5. Thème 4 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
  6. Thème 5 – saxophone alto (4 phrases = 8 x 8 temps)
  7. Thème 6 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)

Enfin, je vous mets en lumière quelques points qui peuvent permettre de danser des figures appropriées (à chacun de voir ensuite ce qu’il ressent).

  1. Introduction au piano
    Ici on ne danse pas, on attend la section rythmique de l’orchestre.
  2. Thème 1 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Mise en place de la danse, figures plutôt simples. Il y a des notes un peu plus longues à la fin de la seconde phrase. Il est souhaitable de les marquer par des mouvements comme les slides ou un petit ralenti.
  3. Thème 2 – orchestre + piano (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Le piano est mis en évidence ici et il est donc possible d’utiliser sa mélodie de temps en temps pour des rythmiques de jambes.
  4. Thème 3 – cornet (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Sur le solo de cornet, il serait dommage de manquer de caler une rythmique de pas sur la mélodie ainsi que des figures correspondantes.
  5. Thème 4 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Tout l’orchestre reprend et la section rythmique est bien audible, on peut donc reprendre des figures plus basiques et « calmer » le jeu.
  6. Thème 5 – saxophone alto (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Comme pour le solo de cornet, il est possible de suivre le rythme mélodique de saxo et danser quelques rythmiques ou figures spéciales.
  7. Thème 6 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
    On approche de la fin du morceau, on peut très bien de nouveau reprendre des choses simples pour finir la danse sur une impression sereine. Une petite figure finale comme un léger renversé sur les deux derniers temps pourrait être approprié.

Me voici donc à la fin de cet article mêlant diverses choses, entre culture générale swing et technique en rapport avec la danse. Avec ce petit exercice, j’ai essayé de vous montrer comment on part d’un morceau de musique pour arriver à une danse. Je ne vous ai pas donné d’enchaînement chorégraphique et j’aurais pu décortiquer encore plus, mais je voulais juste ouvrir quelques perspectives à ceux qui n’ont pas encore beaucoup mis en relation la musique et la danse. Ici, l’objectif est aussi de pouvoir improviser librement sur cette musique et, à chaque nouvelle écoute, de découvrir de nouvelles manières d’interpréter les subtilités des musiciens de swing en dansant à deux. J’espère, en tout cas, que cela vous aura donné l’envie d’aller plus loin dans l’écoute et la compréhension des musiques sur lesquelles vous dansez habituellement. Elles recèlent sûrement tout un tas de subtilités que vous ne soupçonniez peut-être pas. Et je ne parle pas que du swing, mais d’autres styles musicaux peuvent vous surprendre.

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Le moonwalk de Michael Jackson

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Les statistiques des moteurs de recherche sur Internet (Google, Yahoo, etc.) montrent que la personnalité la plus recherchée sur Internet en ce moment est Michael Jackson, décédé le 25 juin dernier. Son style de danse caractéristique et sa contribution à la danse sont reconnus à l’échelle mondiale, mais l’on retient surtout certains mouvements, dont le fameux moonwalk.

Dans ce mouvement du moonwalk de Michael Jackson, autrement appelé backslide (soit le « glissé arrière » en français), le danseur semble avancer alors qu’il recule en réalité. Tout est donc dans l’illusion tout comme le travail des mimes. Cela rappelle la « marche contre le vent » que le célèbre mime Marceau mettait en avant il y a quelques années, à la différence près que cet exercice classique du mime consiste à rester sur place en donnant l’illusion de lutter contre le vent pour avancer. En réalité, Michael Jackon, lui-même, a admis s’être inspiré de Marcel Marceau pour peaufiner son interprétation du moonwalk. En effet, ce mouvement existait en breakdance bien avant que Michael Jackson ne le popularise et ce dernier n’en est donc pas l’inventeur. En réalité, ce mouvement a même été réalisé bien avant la breakdance puisque sa première apparition filmée date de 1943 dans le film « Cabin In the Sky ». Il y est fait devant Ethel Waters par Bill Bailey qui le danse aussi en 1955 dans le film « Showtime at the Apollo » comme sortie de son numéro de claquettes.

D’autres artistes que Bill Bailey ont aussi réalisé le moonwalk alors que ce mouvement ne portait pas encore ce nom. Citons Cab Calloway (qui faisait plutôt une marche sur place ou un tortillement des jambes à la manière d’Earl « Snakehips » Tucker dès 1932 dans « The Big Broadcast ») ou encore les Nicholas Brothers.

Michael Jackson s’est inspiré de trois gamins-danseurs des rues au début des années 80 (d’après « Moonwalk » son autobiographie bien nommée) et des techniques de mime pour personnaliser son mouvement qu’on a pu découvrir à la télévision en 1983 alors qu’il chantait « Billie Jean » (le mouvement est fait sur le riff de guitare aux 4/5 de la chanson). Si le moonwalk est devenu par la suite une sorte de signature pour Michael Jackson, ce pas n’en a pas moins été repris par d’autres artistes comme James Brown ou encore Debbie Allen (dans l’un des épisodes de la série TV « Fame »). Flashdance a aussi une scène où l’on voit un danseur faire le moonwalk avec un parapluie juste après avoir mimé la marche contre le vent.

Tiens, détaillons un peu la technique de base de ce pas de danse spectaculaire mais pas si difficile que cela à reproduire… Nous allons découper cette figure en plusieurs étapes. Le départ se fait les pieds joints, dos à la direction dans laquelle on souhaite aller.

  1. Lever le pied droit, la pointe vers le sol.
  2. Poser fermement la demi-pointe du pied droit au sol (à peu près au niveau du milieu du pied gauche) et y placer le poids du corps. Conserver le genou droit plié.
  3. Faire glisser le pied gauche en arrière et à plat sur le sol (on prend appui sur le pied droit pour « pousser » de pied gauche en arrière).
  4. Lorsque le pied gauche a parcouru une trentaine de centimètres en arrière du pied droit, arrêter le mouvement et le plier comme si l’on venait d’en poser la demi-pointe sur le sol.
  5. Placer le poids du corps sur le pied gauche et plier le genou gauche tout en tendant la jambe droite.
  6. Faire glisser le pied droit en arrière et à plat sur le sol (on prend appui sur le pied gauche pour « pousser » de pied droit en arrière).
  7. Lorsque le pied droit a parcouru une trentaine de centimètres en arrière du pied gauche, arrêter le mouvement et le plier comme si l’on venait d’en poser la demi-pointe sur le sol.
  8. Placer le poids du corps sur le pied droit et plier le genou droit tout en tendant la jambe gauche.
  9. Reprendre à l’étape numéro 3.
pas du moonwalk

L’illusion est renforcée si ce mouvement se fait sans à-coup et si les deux pieds glissent au sol en alternance à la même vitesse. Des mouvements du haut du corps et des bras peuvent aussi renforcer cette illusion.

En plus du backslide, les danseurs de hip-hop font aussi une figure nommée le moonwalk, mais elle est réalisée d’une manière circulaire (d’où la référence à la lune : moon+walk=marche lunaire). Ce pas fait partie d’un ensemble de mouvements regroupés sous la dénomination glides ou floats avec le sidewalk ou le kangaroo walk (backwalk en courant). Dans les années 90, ces mouvements ont été intégrés dans le style de danse hip-hop appelé liquid pop où les danseurs miment le déplacement d’un fluide d’énergie dans le corps et ses effets.

On le voit, il y a bien des choses à dire sur un simple mouvement qui, s’il n’y avait pas eu Michael Jackson, n’aurait probablement pas eu autant d’adeptes. Depuis le décès de ce dernier, on ne compte plus le nombre de personnes qui ont décidé d’apprendre à faire le moonwalk à sa manière et cela en hommage à leur idole.

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Fred Astaire et ses partenaires

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Lorsqu’on parle de danse, on pense parfois aux films d’Hollywood en noir et blanc mettant en vedette Fred Astaire et Ginger Rogers. Comme j’adore cette époque et ce genre de films, je m’en suis d’ailleurs inspiré dans une nouvelle composant mon second recueil « Nouvelles histoires de danseurs »Acheter sur Amazon. On revoit Ginger et Fred, dansant à l’unisson au rythme des cliquetis de claquettes qu’ils produisent sur le sol en rythme avec la musique jazz de la bande-son. En réalité, même si c’est ce couple que l’histoire retient, Ginger Rogers n’a pas été l’unique partenaire de Fred Astaire et, par ailleurs, tout n’a pas toujours été si facile que cela pour ce génie de la danse. J’ai choisi aujourd’hui de vous brosser rapidement son histoire et ses partenariats féminins dans la danse tout au long de sa carrière.

Fred Astaire est né le 10 mai 1899 dans le Nebraska, aux États-Unis, sous un autre nom : Frederick Austerlitz dont le patronyme est hérité de son père autrichien. À l’occasion d’une perte d’emploi, ses parents ont déménagé à New York en imaginant l’impact positif que cela aurait sur la carrière de leurs enfants, Frederick et Adele. « Astaire » est le nom d’artiste que les jeunes gens prirent en 1905 alors qu’ils développaient un numéro commun de vaudeville. On dit qu’ils en eurent l’idée d’après l’un de leurs oncles qu’on appelait « l’astaire ». Ce numéro connut un bon succès initia une série de tournées dans le circuit Orpheum qui les mena à Broadway en 1917. Leurs prestations mêlaient déjà claquettes, valse et tango aux mouvements de danse plus classiques. Après s’être produits ensemble durant des années aux États-Unis et en Angleterre, Fred et Adele se séparent en 1932 lorsqu’Adele épouse Lord Charles Cavendish.

Fred poursuivit alors sa carrière en solo tout en se rapprochant d’une nouvelle partenaire, Claire Luce, puis plus tard de Dorothy Stone. 1933 est l’année où Fred Astaire passe, pour la RKO, une audition restée célébrée pour son compte-rendu succinct : « [Fred Astaire] ne sait pas jouer, légèrement dégarni, sait aussi danser. » Sans plus… et assez peu encourageant, mais il paraît que ses grandes oreilles et la ligne de son menton lui conféraient un charme au point qu’il fut finalement embauché. S’en suivit une série de tournages pour la MGM (« Dancing Lady »Acheter sur Amazon avec Joan Crawford et Clark Gable) et la RKO (« Flying Down to Rio »Acheter sur Amazon, traduit par « Carioca » lors de sa sortie en France, pour la première fois avec Ginger Rogers). Son duo avec Ginger Rogers fut plébiscité et il fut décidé de donner suite à leur collaboration artistique à l’écran bien que Fred y fut très réticent au départ en référence à sa séparation d’avec sa sœur. Le nouveau couple de danse tourna ensuite dix films ensemble entre 1934 et 1938. Le succès de ces derniers permit à Fred une totale autonomie dans sa manière innovante de présenter la danse dans ses tournages.

On crédite Fred Astaire de deux innovations majeures : en premier, le fait de tourner une scène de danse en une seule fois sans s’arrêter (comme dans un spectacle en direct) et avec une seule caméra filmant en légère contre-plongée ; en second, ses scènes de chant et danse faisaient partie intégrante de l’action du film qui progressait dans le même temps. Fred Astaire est considéré comme un artiste-danseur icône de l’âge d’or de la comédie musicale (de 1932 à 1957). Le style de l’exécution chorégraphique de Fred Astaire est reconnu pour son originalité, son élégance et sa précision. Il a composé son propre style à partir de diverses influences, dont les claquettes, le swing, la danse classique et le style de danse en couple introduit par Vernon et Irene Castle. Tout cela mélangé, c’est donc bien le style Fred Astaire. Il est à noter que, même si sa manière de danser sur de la musique swing diffère sensiblement du lindy hop et se rapproche plutôt du foxtrot, Fred était admiratif des danseurs de lindy et inversement. C’est tout du moins ce que Frankie Manning raconte dans son autobiographieAcheter sur Amazon.

Après ses films avec Ginger Rogers, Fred fut associé à d’autres danseuses de premier plan comme Eleanor Powell ou Rita Hayworth. Mais le succès ne fut pas au rendez-vous. L’échec de « Yolanda et le voleur »Acheter sur Amazon de Vincente en 1945, décourage tellement Fred Astaire qu’il songe à prendre sa retraite et se consacre aux courses et à son écurie. Mais voilà qu’un jour Gene Kelly, son éternel rival, se casse la cheville et qu’Arthur Freed appelle Fred Astaire pour le remplacer avec Judy Garland dans « Parade de Printemps »Acheter sur Amazon qui fut un succès au box-office. Et le voilà reparti pour une seconde carrière et un contrat de 10 ans avec la MGM. Puisque Judy Garland est dans un état de faiblesse important, Fred est de nouveau associé à Ginger Rogers dans « Entrons dans la danse »Acheter sur Amazon. Un peu plus tard, en 1950, il reçoit son premier Oscar pour « avoir élevé les standards de la comédie musicale ». La même année, il tourne « Un mariage royal »Acheter sur Amazon avec Jane Powell qui joue un rôle ressemblant étrangement à la vraie vie d’Adèle, la soeur de Fred, par certains aspects. Et voici « The Band Wagon » (« Tous en scène » en français)Acheter sur Amazon en 1953 où Fred partage la vedette avec Cyd Charisse. Nous avons tous en mémoire la fameuse scène très hot du Den Bones Café entre Fred en costume clair et Cyd dans une robe rouge vif. Le succès fut au rendez-vous. Par la suite, Fred Astaire tourna avec Leslie Caron dans « Daddy Long Legs »Acheter sur Amazon, « Papa longues jambes », (l’année où son épouse décède,d’où les yeux un peu bouffis de Fred dans certaines scènes), Audrey Hepburn dans « Funny Face », « Drôle de frimousse »,Acheter sur Amazon puis de nouveau avec Cyd Charisse dans « La belle de Moscou »Acheter sur Amazon en 1957. Ce film comporte la particularité d’avoir pour dernier morceau dansé un rock’n’roll (composé par Cole Porter) sur lequel Fred danse en chapeau claque et avec sa classe habituelle. Cela symbolise un peu la fin d’un genre et d’une époque.

Les autres apparitions filmées de Fred Astaires sont moins connues de nos jours. Il est en particulier fréquemment passé à la télévision à partir de 1954. On notera quand même des films comme « Mon séducteur de père en 1961 », « Baltimore Kid » (un western…) en 1970, « La tour infernale » en 1974. Fred Astaire a alors 74 ans et ne danse plus à l’écran. Il fera ses adieux définitifs au cinéma en 1981 et mourut le 12 juin 1987.

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L’origine swing du hip-hop

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Dans ce blog, je m’intéresse à toutes les formes de danses au-delà des danses de couple qui ont tout de même ma préférence. Je considère en effet que, lorsqu’on pratique une discipline, il est essentiel d’élargir son horizon aux disciplines voisines afin de mieux se situer. C’est un peu ce que font les scientifiques astronomes et astrophysiciens qui s’intéressent aux confins de l’univers alors qu’ils ne peuvent toucher du doigt que notre bonne vieille planète Terre. Comprendre l’univers permet de mieux comprendre notre planète. Dans cette logique, s’intéresser aux autres formes de danse permet de mieux comprendre la danse que l’on pratique.

Lorsque j’ai découvert de lindy hop il y a maintenant une quinzaine d’années, les personnes à qui j’en parlais disaient : « Quoi, le lindy pop ? » ou encore « Tu fais du hip-hop ? ». C’est dire si le renouveau de la danse swing avait encore du chemin à parcourir. Depuis, il l’a parcouru et continue encore. Mais le rapprochement que faisaient les personnes en question entre le lindy hop et le hip-hop n’était peut-être pas si dénué de sens que cela.

L’histoire commune du hip-hop nous dit que cette culture (qui inclut la danse du même nom) est née dans les années 1970 dans le Bronx au sein de la population afro-américaine qui organisait fréquemment des fêtes d’immeubles (les « block parties »). Plusieurs courants de musique et de danse s’y sont mêlés et l’on a ainsi vu se développer la breakdance (aussi appelé le break) qui a atteint la France dans les années 80. (Vous vous souvenez peut-être du « H.I.P. H.O.P. » télévisé de Sidney en 1984 ?) Mais le break n’est pas le seul style présent dans la danse hip-hop, on y trouve aussi le pop, le lock, le boogaloo, la danse au sol, etc. De nos jours, le hip-hop (new style) se laisse influencer, entre autres danses, par la salsa dans certains jeux de jambes eux-mêmes issus des la danse swing en solo (comme le Suzie-Q pratiqué sur les talons en hip-hop new style).

Voilà de manière succinte pour le contexte historique global. On y voit déjà quelques points communs entre le lindy hop et le hip-hop : origine afro-américaine à New York, multitude d’influences, jeux de jambes en commun, etc. Pour ce qui est du travail au sol, le lindy n’en comporte que très peu. Là où en en rencontre correspond aux figures acrobatiques ou encore aux danses dites excentriques (des spécialités exclusives de certains danseurs de l’époque). Je vous propose de regarder ce clip de 1940 où les Mills Brothers chantent le titre « Caravan » (un titre jazz bien connu) a capella. Des danseurs se succèdent et si vous regardez bien aux alentours d’une minute 50 du clip, le danseur effectue une figure au sol très fréquente chez les danseurs de hip-hop.

Voilà qui nous fait remonter quelques origines du hip-hop dans les années 40, non ? Ainsi, là où l’on croit sans cesse inventer, la réalité est qu’il se peut fortement que l’invention en question ait déjà été faite des années auparavant.

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Une musette qui swingue

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Cette fois, je vais vous parler d’un musicien qui me permet de faire la transition entre le thème swing du dernier livre que j’ai édité et le thème du projet sur lequel je travaille actuellement : la technique de la valse (aussi bien celle de la valse viennoise que celle de la valse musette). Si le mot « musette » est automatiquement associé aux guinguettes (dont je vous parlerai dans un autre article) et à l’accordéon, ceux qui ont parcouru l’article consacré à l’accordéon et la musette sur ce site auront sûrement appris les origines de ce mot. Je n’y reviendrai donc pas. Cependant, la musette (l’accordéon) a été utilisée pour jouer d’autres styles de musique que la valse ou la java. Le musicien Gus Viseur en fut le plus parfait artisan.

Gustave « Gus » Viseur est né en mai 1915 à Lessines, en Belgique. Son père, Adolphe, jouait de l’accordéon en amateur (il était mouleur de pierre de profession) et cela a sûrement incité le jeune Gustave (surnommé aussi « Tatave ») à apprendre à jouer de cet instrument. Après avoir pris des cours (en particulier à Suresnes), il joue dans le petit orchestre familial, le Jojo Jazz. Il passe ses premières années de musicien à parcourir la région parisienne qui fourmille de bals musette, de dancings, de foires, etc.. Il lui arrive d’accompagner des chanteurs et chanteuses (dont Édith Piaf en 1940) et de jouer du bandonéon dans des orchestres de tango argentin. Bref, Gus Viseur s’intéresse à tout et fait son expérience.

À l’âge de 18 ans, il découvre le jazz et l’improvisation. Il va alors se laisser séduire par cette manière de faire de la musique. Il délaisse petit à petit le style musette au profit du jazz et devient l’un des pionniers de l’accordéon-swing. Il connaîtra les grands noms du jazz manouche comme Django Reinhardt, les frères Ferret ou Gus Deloof. Il fera un long séjour sur le continent américain avant de revenir à Paris. Décédé en août 1974, il reste probablement le premier accordéoniste à avoir été accueilli sans réserve dans le milieu des musiciens de jazz. Par la suite, d’autres seront séduits par ce style, parmi lesquels on trouve Jo Privat ou Tony Murena.

Il y a un disque regroupant quelques enregistrements de Gus Viseur dans le domaine du jazz musette que je peux vous conseiller : « Gus Viseur à Bruxelles ». Je vous laisse découvrir d’autres de ses enregistrements disponibles, sachant que l’on peut trouver certains titres indépendamment dans des compilations de musette. Pour revenir, à ce que j’écrivais au début de cet article, je vous conseille d’écouter attentivement le titre « Swing valse » joué par Gus Viseur (le son du lien YouTube ci-dessous n’est pas très bon, achetez plutôt le CD…). Peut-être parviendrez-vous à comprendre ce que c’est qu’une valse qui swingue (un concept dont il est l’inventeur).

Les amateurs de jazz et d’accordéon ne sont généralement pas les mêmes. Il est vrai qu’il y a peu de big bands dans les guinguettes. D’ailleurs, ne trouvait-on pas des panneaux indiquant « Interdiction de danser le swing » à l’entrée de certains établissements ? Il est vrai qu’un lindy hop ou un be-bop prend plus de place qu’une petite danse collée serrée. Cependant, la musique de Gus Viseur réconcilie deux mondes qui ne pensent pas pouvoir cohabiter. Le secret réside en réalité dans son instrument, modifié afin de rendre mieux les sonorités du jazz. En effet, Gus Viseur jouait « sur une lame », cela signifie qu’il avait limé une lame de son accordéon afin d’utiliser deux fois le la à 440 Hz là où les musiciens de musette l’utilisent trois fois à 436, 440 et 443 Hz. La sonorité de son instrument devenait donc compatible avec des mélodies swing. Mais cela n’aurait probablement pas suffi sans son excellent sens de l’improvisation, nécessaire à tout jazzman.

Je souhaite un bon été à tous ceux qui vont fréquenter les pistes de danse et les festivals, peu importe le style de danse pratiqué : swing, musette… ou les deux !

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Les Apaches sont là !

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Ne vous fiez pas au titre de cet article : je ne vais pas vous parler ici des danses traditionnelles des Apaches, l’une des tribus dont on parle dans les films de cow-boys et d’Indiens. Le mot est le même mais le sujet est tout autre.

Du point de vue de la danse, on parle d’apache de nos jours lorsqu’on danse le lindy hop. Il s’agit d’un style de figure dans lequel certains classent le Texas Tommy (appelé aussi arm breaker) ainsi que d’autres mouvements où la danseuse semble réellement malmenée par son partenaire. Cette dernière effectue ainsi des mouvements un peu désarticulés comme si elle était une poupée de chiffon dans les bras d’un danseur un peu violent. Mais je vous rassure : cela n’est que du style et de la comédie. En réalité, tout est étudié et la danseuse joue un rôle dans cela. Un exemple de position caractéristique de ce type de figure a fait la couverture du magazine Life le 23 août 1943. On le voit, la danseuse est dans une position inconfortable, complètement avachie sur son danseur (qui à ce moment-là effectue un pas nommé fish tail en reculant).

À l’origine, les Apaches étaient les membres d’un gang parisien à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Si leur nom vient effectivement des Indiens « Apaches », c’est que leur comportement violent a été comparé à la supposée sauvagerie des Indiens. Ces gangsters étaient donc connus pour leurs méfaits associés à un certain type de pistolet (le révolver Apache), leur coup de poing américain, leur couteau de poche rétractable ainsi que leur technique de combat.

La violence des membres de ce gang a également inspiré un certain type de danse également nommée apache qui a elle-même inspiré les mouvements repris dans le lindy hop. La danse apache simule une scène de dispute entre un maquereau et l’une de ses prostituées. L’homme fait ainsi semblant de brutaliser la femme, de la frapper, de la jeter au sol, etc. Il est à noter que la femme peut à l’occasion se rebeller dans ce petit jeu. On trouve des scènes de danse apache dans le dessin animé Popeye (entre sa petite amie Olive et son ennemi Bluto) ou encore dans la scène du Tango de Roxane du film Moulin Rouge de Baz Luhrmann en 2001. Voici, ci-après, un exemple de vidéo de danse apache (dans le style parisien que l’on nomme aussi la valse chaloupée) en 1935.

Cette danse est méconnue du grand public, pourtant une vedette comme Rudolph Valentino a pratiqué la danse apache avant d’aller aux États-Unis danser le tango dans les clubs de New York. Il est ainsi possible que ce style de danse ait influencé le tango à un moment dans le 20e siècle tout comme il a influencé le lindy hop.

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Frankie Manning en Français

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Je fais une petite pause dans les articles généraux sur le monde de la danse pour (re)parler un peu de l’autobiographie de Frankie Manning (écrite en collaboration avec Cynthia Millman) en français qui n’a jamais été aussi proche de sa sortie (en fin de mois). Comme cet article va être long, je vais le diviser en deux parties que je mets en ligne au fil de l’écriture.

Genèse
Voici un peu plus de 8 mois, je signai le contrat d’acquisition des droits de traduction et d’édition du livre « Frankie Manning: Ambassador of Lindy Hop » avec Temple University Press, l’éditeur original aux États-Unis. Je ne m’imaginais alors pas l’ampleur de la tâche qui m’attendait. Au début, je me suis uniquement focalisé sur le texte. Comme la plupart des Francophones, j’avais lu (ou plutôt survolé) le texte en américain et en avais saisi le sens global sans particulièrement m’arrêter sur chaque mot ou chaque expression que j’avais du mal à comprendre. J’avais ainsi saisi la mine d’informations sur la danse et la musique swing ainsi que la culture afro-américaine et particulièrement celle des années 1920 à 1950. Ensuite, j’ai décidé qu’il fallait faire partager tout cela aux personnes qui ne parlaient pas l’anglais. D’où mes diverses démarches (ayant duré plusieurs mois) pour quasiment harceler les détenteurs des droits pour qu’ils me les vendent. L’affaire étant lancée, j’ai donc porté successivement diverses casquettes que je vous détaille ci-après.

Traducteur
La lecture du livre original m’avait laissé apparaître que j’étais capable de me lancer dans cette tâche. En effet, mon niveau d’anglais (que je qualifie de correct mais que mes interlocuteurs étrangers disent bon), ma connaissance du monde de la danse (et de la danse swing en particulier) à un bon niveau et de celui de la musique (dont le jazz) ainsi que mon aisance dans la pratique de la langue française sont des outils qui m’ont été indispensables à ce travail. J’y ajoute, bien sûr, de multiples dictionnaires, livres, sites Internet encyclopédiques, forums de traducteurs et autres amis ayant vécu à New York et parlant l’anglais depuis leur naissance qui m’ont été extrêmement utiles. Dans ce travail, j’ai essayé de rendre le mieux possible le style de Frankie et de faire une traduction la plus neutre possible vis-à-vis du large public visé. En particulier, certains termes et anglicismes trop spécifiques au milieu du swing français n’ont pas été repris tels quels (« routine » ou « danser en social » par exemple). Ainsi, que l’on soit danseur de lindy hop ou danseur de danses de salon, que l’on soit amateur de jazz ou néophyte complet ou que l’on soit simplement intéressé par l’histoire afro-américaine ou par l’histoire édifiante d’une vie, ce texte devrait être abordable part tous.

Correcteur
Une fois le texte traduit, il faut s’assurer de la cohérence de l’ensemble en français ainsi que de la bonne application des règles élémentaires d’orthographe et de grammaire. Cette phase requiert de multiples revues de texte, corrections, reformulations, etc. sans pour autant trahir le texte d’origine. Plusieurs bonnes volontés sont été mises à contribution dans cette relecture (et je les en remercie) en plus de logiciels automatiques. Mais je dois dire que jusque dans les dernières minutes, des coquilles étaient encore trouvées. J’ai corrigé dans ma traduction des erreurs qui restaient dans l’édition en anglais, mais il y a des chances que, malgré toute l’énergie qui y a été consacrée, des fautes de frappe subsistent. En tout cas, le maximum a été fait dans le temps imparti pour produire le résultat le meilleur possible.

J’ajoute ci-dessous un lien vers un petit clip qui a servi à faire la promotion de livre lors de sa sortie aux États-Unis en 2007 et en anglais. Cela vous donnera quelques informations en plus avant d’aller plus loin dans les explications.

Je continue cet article en détaillant les différentes casquettes que j’ai dû porter pour aboutir au livre que vous allez bientôt pouvoir acheter.

Éditeur
Une fois le contrat de cession des droits pour l’Europe négocié et signé et le texte étant fait, si l’on regarde le livre d’origine, il manque encore les photos. Certaines d’entre elles proviennent directement de Frankie et Cynthia, un contrat additionnel a donc encore été réalisé. Pour d’autres photos, ce fut plus compliqué. Par exemple, l’acquisition des droits de la photo de couverture fut une véritable chasse au trésor afin de trouver qui pouvait bien donner cette licence pour l’Europe (avec le fichier image, bien entendu). Au bout du compte, cette tâche de recherche d’autorisations de reproduction aura pris énormément de temps par rapport à ce que j’avais prévu. Et encore, je ne parle pas des coûts importants que je n’avais pas anticipés pour certaines photos (dont les images rares issues de la Warner et de la RKO). Heureusement que toutes les photos n’ont pas été acquises auprès de professionnels et que j’ai ainsi pu éviter des dépenses supplémentaires qui auraient encore alourdi le prix de vente du livre.

Graphiste et informaticien
Voilà, nous avons le texte, nous avons les photos. Il nous faut à présent les assembler dans un ensemble agréable. J’ai choisi de m’inspirer du design de l’édition américaine qui me semble à la fois moderne et sympathique. J’ai donc fait un compromis entre celui-ci et la charte graphique que je suis généralement pour tous les livres que j’édite (polices de caractères définies, emplacement de certaines informations dans le livre, logo, etc.). Le résultat est plutôt probant, mais il a demandé des heures de travail pour réaliser une maquette automatiquement appliquée d’une manière homogène à tout le livre. Je précise qu’un tel résultat n’aurait pas été atteint si j’avais utilisé un simple outil de bureautique comme Word (beurk !) : comme pour tous mes ouvrages, c’est le logiciel LaTeX qui a été mis à contribution avec grand succès. Ensuite, l’intégration des photos a demandé un travail de restauration pour certaines. En effet, Frankie Manning disposait de très vieilles photos plusieurs fois pliées et ayant donc de gros défauts. Là aussi, quelques heures de travail ont permis d’atteindre un résultat correct (dans l’édition originale, les photos n’avaient pas été restaurées). Enfin, une fois cela réalisé, on s’imagine que tout est fini, mais ce n’est pas le cas. Il reste encore un gros travail pour créer un index réellement utilisable, les tables des matières, les légendes en fonction des divers crédits et copyrights, etc. D’ailleurs, l’index a demandé le développement d’un petit programme maison pour automatiser quelques derniers ajustements. Ainsi, même si au dernier moment l’emplacement d’un mot changeait, l’index était toujours recréé en conséquence avec les bons numéros de page.

Encore éditeur
Eh oui. C’est la casquette d’éditeur qui revient à cette étape. Il faut à présent traiter avec l’imprimeur pour la fabrication du livre. Contrairement à mon habitude, j’ai souhaité avoir un objet plus robuste au niveau de la reliure (mais cela a un coût et implique des contraintes techniques…). Ensuite, il faut voir comment faire entrer cela dans le budget prévisionnel. Je vous passe quelques détails, mais le résultat est la réception de plusieurs palettes de cartons contenant des centaines d’exemplaires d’un même livre. Il ne reste plus qu’à le vendre pour au moins récupérer les milliers d’euros d’investissement (déjà dépensés avant même d’avoir vendu un livre).

Petit bilan…
Jusqu’au dernier jour (et la dernière minute !), j’ai échangé des coups de téléphone et des e-mails avec les États-Unis, en particulier avec Cynthia Millman à qui j’ai fait valider tous les changements que je souhaitais apporter par rapport à l’édition d’origine. Ce travail, malgré sa complexité (décalage horaire, distance, culture et langue, recherches à distance dans des archives, investissement personnel et temps passé pour aboutir au résultat, etc.), a été pour moi très enrichissant. J’ai la satisfaction d’être le seul (en plus des auteurs) à être entré dans le texte dans ses moindres détails et à en connaître les subtilités. Un simple lecteur ne peut pas le faire, même en lisant le livre plusieurs fois. Comme le dit gentiment Cynthia dans son introduction spécialement écrite pour l’édition française, ce travail m’a passionné et je suis heureux d’en être venu à bout. À présent, je souhaite que ce livre résultant du travail de Frankie, Cynthia et moi-même puisse contribuer à faire connaître le lindy hop et ses origines à tous les francophones. Je pourrai écrire encore des pages sur ce travail intensif sur neuf mois (c’est un peu comme mon dernier né…), mais peut-être aurai-je l’occasion de le faire de vive voix si un jour je suis invité à le faire près de chez vous ?

Pour finir, j’ajoute que je prépare un petit montage vidéo promotionnel d’une trentaine de minutes que je pourrai présenter dans diverses écoles, soirées, stages sur demande afin de donner un avant-goût du livre. Je ne vendrai ni ne diffuserai ce montage vidéo pour la simple raison que je n’ai pas acquis les droits de vente DVD de ce qui s’y trouvera. Je pourrai ainsi parler du travail autour de cette édition française, montrer des photos rares (dont certaines que je n’ai pas mises dans le livre !), des extraits de films anciens que Frankie mentionne dans son récit, ainsi que quelques anecdotes non racontées dans le livre et que je tiens directement des auteurs. Bien sûr, le livre pourra être disponible à la vente à l’issue de cet exposé si les organisateurs le souhaitent.

Ah, encore un mot… La disponibilité de cette édition en français est prévue le 27 avril 2009 au prix de 35 euros (je sais ce n’est pas donné, mais je ne suis pas une major de l’édition qui tire à des centaines de milliers d’exemplaires, le tirage est donc limité et le prix de vente en tient compte). N’hésitez pas à me contacter via mon site http://www.rolland-editions.fr (page « contact ») pour plus d’informations.

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Le swing : une danse de dégénérés

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La danse en couple a eu beaucoup de mal avec la bienséance par le passé. Particulièrement au sein des hautes autorités religieuses. Je vous propose de parcourir aujourd’hui un article issu du New York Times du 26 octobre 1938, page 20 (article présenté ci-contre en Anglais). Comme vous le savez à présent, la traduction de textes en Anglais est un exercice que je pratique beaucoup dans le moment, je vous en livre ci-dessous une version française (assez rapidement faite je l’avoue, j’espère que vous pardonnerez les quelques imprécisions).

AVERTISSEMENT SUR LES EFFETS
DU « SWING » SUR LA JEUNESSE
L’archevêque Beckman attaque
les « orgies de jitterbug »
devant la Catholic Women’s Session.
POUR UN PROJET DE L’ÉGLISE CONCERNANT L’ART


Les jam sessions et les « orgies » nerveuses de musique « swing » courtisent les jeunes gens « tout au long de la voie de la facilité qui conduit à l’enfer », a déclaré ce soir le révérend Francis J.L. Beckman, archevêque de Dubuque, au National Council of Catholic Women. L’archevêque Beckman, parlant de « l’art pour la jeunesse et l’Église », a déclaré que « les forces du mal » favorisaient un type d’art « incarnant une propagande maléfique et malveillante » et que l’Église doit agir contre celui-ci. « Aujourd’hui, a-t-il dit, alors que l’Église poursuit avec plus d’ardeur qu’elle l’a jamais fait dans le passé sa politique de motivation, conservation et d’attraction vers elle du meilleur de l’art moderne, les forces du mal travaillent beaucoup à ébranler son statut chrétien, à débaucher ses hauts objectifs et à l’exploiter pour servir des fins personnelles et diaboliques. » « Nous laissons, si nous n’avalisons pas largement par notre indifférence criminelle, les « jam session », les « jitter-bugs » ainsi que les orgies rythmiques de cannibales occuper une place dans notre manière de concevoir les choses en société, faisant suivre à notre jeunesse le chemin de la facilité qui mène à l’enfer ! » « Dans cette position, on a dépouillé l’art, tout comme l’homme de Jéricho, de sa belle essence et de sa belle signification et on l’a laissé pour mort sur le bord de l’autoroute des perspectives communautaires. » L’archevêque Beckman a recommandé que l’Église accorde tout d’abord à la jeunesse « tous les avantages de poursuivre leurs aptitudes culturelles en établissant un nouveau et vigoureux programme d’éducation conçu pour reconstruire et de définir la conception chrétienne de l’art. Deuxièmement, a-t-il dit, les autorités cléricales et laïques devraient s’éveiller à « l’extrême danger de la situation de l’art comme il existe aujourd’hui » et un programme devrait être suivi portant sur « des projets artistiques louables et ayant de la valeur s’étendant dans tous les domaines des efforts artistiques et regroupant les jeunesses diverses du pays. » Mrs. Alfred S. Lucas de Mobile en Alabama, a déclaré aux délégués « notre jeunesse est l’espoir de la nation » et a exhorté à une action catholique par le biais d’un travail d’éducateur et de guide. Une messe pour la jeunesse fut célébrée dans la Church of the Nativity par le révérend Dr. Thomas K. Gorman, évêque de Reno. L’archevêque Joseph Francis Rummel de la Nouvelle-Orléans a déclaré au conseil national que la « philosophie diabolique du contrôle des naissances et du suicide pour la nation. » Il avertir ses ouailles de « regarder les nouvelles tactiques des contrôleurs des naissances, particulièrement les corporations de la maternité. » Miss Margaret Lynch, assistante au secrétariat du bureau, dit que les États-Unis devraient regarder vers les zones fermières pour garder la population. Les zones rurales, par l’intermédiaire de leur isolation et dans certains cas à travers des principes religieux, a-t-elle déclaré, ont été préservées de la « soi-disant civilisation » des villes.

Le swing, une « orgie rythmique de cannibales »… C’est cela oui… Parfois l’être humain me fait peur. Si l’on regarde dans le passé, ce mode de pensée contre les courants nouveaux n’est pas exceptionnel. Imaginez qu’à une certaine époque l’Église avait classé les danses en trois catégories : les danses honnêtes, les danses franchement mauvaises (par leur indécence et leur obscénité) et les danses douteuses et dangereuses. Et il est amusant de constater que la valse était classée dans la seconde catégorie… Rappelez-vous aussi comment la musique rock a été accueillie dans les années 1950. On parlait alors de musique de délinquants et les déhanchements suggestifs des rock stars comme Elvis Presley dérangeaient à tel point que ce dernier était cadré au-dessus de la taille lorsqu’il était filmé au début de sa carrière… Heureusement, les choses et les mentalités évoluent, sinon nous ne pourrions pas nous détendre dans une soirée dansante de nos jours.

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La danse excentrique

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Dansant sur le titre swing « Dinah », voici une femme apparemment vêtue d’une manière commune qui danse sur le pont d’un navire de croisière sous le regard des passagers médusés. Qu’a donc de particulier cette danse ? La réponse se fait vite voir : Melissa Mason (c’est le nom de cette danseuse) fait faire des moulinets à 360 degrés à ses jambes tendues. À certains moments, la position dépasse même le grand écart ! Mélangeant des pas plus classiques de claquettes à ses prouesses physiques, elle semble avoir des jambes littéralement faites de caoutchouc. La scène se déroule dans le film « The Yacht Party » en 1932, un court-métrage de la Warner dont la musique est jouée par Roger Wolfe Kahn and His Orchestra. Pour la petite anecdote, si l’on fait bien attention on peut voir le célèbre Artie Shaw jouer de la clarinette bien qu’il ne soit pas cité dans le générique. Voici, ci-dessous, la vidéo de la scène que je décris.

Melissa Mason pratique la danse excentrique ou, pour être plus exact, un type de danse excentrique. Il paraît qu’elle pouvait se brosser les cheveux avec un pied et se balancer entre deux troncs d’arbres, un pied sur chacun. À l’époque, on la surnommait Toe-zan (jeu de mots sur Tarzan mais avec le mot « Toe », orteil à la place du « Tar ») de la Jungle.

La danse excentrique correspond à une certaine manière de se mouvoir. Bien souvent, un style de danse excentrique correspond à des capacités physiques spécifiques. Parmi ces styles, on trouve le snake hips (les hanches de serpent), le shimmy, la legomania (ou le rubberlegging, les jambes en caoutchouc), le kazatchok, des numéros d’acrobaties, etc. Le talent de Melissa Mason correspond donc à la catégorie « legomania » où les artistes mettent en valeur leurs jambes dans des numéros fascinants. Tout cela se rapproche bien du contorsionniste de nos jours (où les aspects relatifs à la danse ne sont plus réellement présents). En fait, dans les années 30, les journaux qualifiaient de danse excentrique tous les styles de danse nouveaux ou inconnus du grand public.

À notre époque, certains adeptes de hip-hop croient avoir inventé un style particulier, mais savent-ils que le passé regorge d’artistes faisant de la danse excentrique qui ont déjà inventé beaucoup de choses ? Cela va du fait de tourner sur la tête ou sur le dos, jusqu’à certains déhanchés et des effets visuels saisissants. Cependant, certains de nos danseurs de hip-hop contemporains adeptes des locks et des pops savent mettre en valeur leur talent. Prenez par exemple, Robert Muraine, l’un des candidats de la saison 4 de So You think You Can Dance. Quand vous le voyez bouger, c’est un mélange d’étonnement, de curiosité et d’émerveillement qui se fait à vous. Je dirais même que ça en est parfois effrayant. Mais, dans les années 30, on aurait bel et bien appelé cela de la danse excentrique ! Voyez donc ci-dessous.

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