S’il y a une routine swing (aussi appelée enchaînement de jazz roots ou authentic jazz) que tout danseur de swing doit connaître, c’est bien le shim sham, où plutôt le « Shim Sham Shimmy » qui est son nom complet d’origine. C’est un enchaînement amusant et qui s’apprend assez vite que l’on retrouve traditionnellement dans nos soirées swing contemporaines, particulièrement lorsqu’il y a un orchestre en direct.
Le shim sham shimmy est à l’origine un enchaînement de danse à claquettes. Leonard Reed et Willie Bryant sont souvent crédités de la création de cet enchaînement, évolution d’un autre enchaînement appelé « Goofus ». J’aimerais partager avec vous ce qu’écrit Constance Vallis Hill, dans son très complet livre « Tap Dancing America » à ce propos (je vous le traduis, car le livre est en anglais).
Sur le titre « Turkey in the Straw », l’enchaînement sur la durée d’un thème était dansé sur 32 mesures. […] Reed se souvient que les chorus girls aimaient tant « Goofus » qu’elles y ajoutèrent leur propre touche féminine sur le pas de sortie par un shimmy. Quand Reed et Bryant parvinrent à New York en 1931 pour se produire au Lafayette Theatre de Harlem, ils découvrirent que la danse avait déjà pris et qu’elle constituait un enchaînement de prédilection dans un club nommé le Shim Sham. En ce lieu, il était régulièrement dansé par une troupe de filles sous le nouveau nom de shim sham shimmy. […] Depuis cette époque, littéralement des centaines de personnes, ne connaissant pas les origines de la danse parmi les chorus girls, créèrent leurs propres versions du shim sham. Dansé durant tout le XXe siècle au point fort des spectacles, le shim sham est considéré comme l’hymne national de la danse à claquettes. 
Par la suite, le shim sham s’étendit au monde de la danse swing et fut dansé dans les soirées dansantes à la fois par les danseurs à claquettes et par les danseurs de swing (et en particulier de lindy hop). Comme le lindy hop s’endormit durant les années rock et disco, le shim sham survécut aussi en sommeil dans le milieu des claquettes.
Voici ce que dit Frankie Manning (dans son autobiographie, « Frankie Manning, l’ambassadeur du lindy hop« ) sur le renouveau du shim sham dans les années 80.
[Le shim sham] est constitué de quatre pas de base : le shim sham, les pushes avec un crossover, tacky Annie et les half breaks. […]
Au fil des années, j’ai enseigné dans de nombreux stages de la NYSDS et j’ai assez tôt introduit le shim sham lors de leurs soirées. Quelques-uns d’entre nous, comme Norma, Buster, Betty Brisbane (une ancienne girl) et moi, commencèrent à le faire et les gens commencèrent à le connaître avant que j’enseigne le moindre shim sham en stage. Je créai une version spéciale du shim sham pour les danseurs de swing avec des freezes au lieu des breaks dans le second thème et un troisième thème de boogies et Shorty George. D’une certaine manière, nous en vînmes à le faire chaque semaine (ce que nous ne faisions pas au Savoy), toujours au début du troisième set. Au fur et à mesure, j’ajoutai de nouvelles caractéristiques comme le fait de partir en swing out après le troisième thème, avec du slow motion, des freezes et des itches. Le shim sham a vraiment pris et il est à présent dansé dans les soirées du monde entier.
Le shim sham peut être dansé sur diverses musiques swing, mais il est d’usage de le faire sur « T’Ain’t What You Do » (la version de l’orchestre de Billy May ou celle de l’orchestre de Jimmy Lunceford sont souvent préférées) car ce titre contient les breaks adéquats. On peut aussi utiliser le « Shim Sham Song » du Bill Elliot Swing Orchestra (album « Swingin’ the Century », « Tuxedo Junction » d’Erskine Hawkins ou « Stompin’ at the Savoy » de l’orchestre de George Gee (avec les annonces faites par Frankie Manning en personne).
Le shim sham est aujourd’hui traditionnellement dansé à la fin d’une soirée swing. Les danseurs se mettent face à l’orchestre pour faire ce shim sham en guise de remerciement pour la musique sur laquelle ils ont dansé toute la soirée. Cela n’empêche pas que cet enchaînement puisse être dansé n’importe quand dans la soirée. Bien des danseurs de swing ont acquis le réflexe de danser un shim sham dès qu’il entendent les premières notes de « T’Ain’t What You Do ».
Pour finir cet article, voici la chorégraphie du shim sham la plus dansée, celle de Frankie Manning. Chaque ligne numérotée se danse sur 8 temps. Pour savoir ce que signifient les noms indiqués, je vous conseille soit de prendre des cours, soit de consulter mon livre « Le lindy hop et le balboa » qui comporte tous les détails pas à pas.
Partie 1 -------- 1 Stomp off pied droit (départ sur le 8) 2 Stomp off pied gauche 3 Stomp off pied droit 4 Break 5 Push et crossover à droite 6 Push et crossover à gauche 7 Push et crossover à droite 8 Crossover à gauche, puis à droite 9 Tacky Annie 10 Tacky Annie 11 Tacky Annie 12 Break 13 Half break 14 Break 15 Half break 16 Break Partie 2 (avec les freezes) --------------------------- 17 Stomp off pied droit 18 Stomp off pied gauche 19 Stomp off pied droit 20 Freeze (avancer le pied droit sur le 8) 21 Push et crossover à droite (poids du corps sur pied gauche...) 22 Push et crossover à gauche (...avant de démarrer le 1er push) 23 Push et crossover à droite 24 Crossover à gauche, puis à droite 25 Tacky Annie 26 Tacky Annie 27 Tacky Annie 28 Freeze (avancer le pied droit sur le 8) 29 Half break 30 Freeze (avancer le pied droit sur le 8) 31 Half break 32 Freeze (avancer le pied droit sur le 8) Partie 3 (les boogies) ---------------------- 33 Boogie back 34 Boogie forward 35 Boogie back 36 Boogie forward 37 Boogie back 38 Shorty George 39 Boogie back 40 Shorty George Partie 4 (improvisation) ------------------------ 41 Lindy hop en couple (avec le ou la partenaire le ou la plus proche...)
La vidéo qui me permet de conclure ici montre Frankie Manning en personne qui, en 2003 et à l’âge de 89 ans, conduisait un shim sham dans le Kansas, aux USA. Frankie Manning est décédé à l’âge de presque 95 ans et nous lègue sa passionnante autobiographie dont j’ai eu le plaisir d’assurer la traduction en français et l’édition française (voir plus haut). N’hésitez pas à l’acheter, ça vaut la peine de se cultiver directement auprès de personnes qui ont vécu la naissance du lindy hop au son des big bands autour des années 30.
C’est en regardant la télévision que j’ai eu l’idée de m’interroger sur ce qui pouvait rapprocher la danse et la cuisine, deux domaines a priori complètement étrangers. En ce moment, plusieurs émissions mettent la danse à l’honneur (et tant mieux !) dans une grille des programmes où, toutes chaînes confondues, les émissions de cuisine fleurissent sans arrêt (Master Chef/TF1, Un dîner presque parfait/M6, L’amour au menu/Direct8, etc.). J’ai vu quelques similitudes entre certaines de ces émissions et non seulement les émissions récurrentes de danse (Danse avec les stars/TF1, La meilleure danse/W9, Dance Street/France ô), mais aussi avec une certaine vision de la danse dans son ensemble. D’ailleurs, ne parle-t-on pas aussi bien de l’art de la danse que de l’art culinaire ?
Ce qui a déclenché ma réflexion est la composition du jury des émissions de type « casting ». Dans les émissions de cuisine, ce sont principalement des hommes qui jugent les candidats. Figurez-vous que dans les émissions de danse c’est aussi le cas. Pourtant, dans les deux domaines, la grande majorité des pratiquantes sont des femmes. En effet, ce sont bien les femmes qui font
— encore de nos jours — des petits plats à toute la famille dans la plupart des foyers français et, d’un autre côté, ce sont bien les petites filles qu’on envoie apprendre la danse en tutu dès le plus jeune âge, de même que ce sont les femmes qui fréquentent majoritairement les cours de danse et les soirées dansantes. Je dirais qu’à l’inverse, les amateurs de rugby sont majoritairement des hommes, et cela ne surprendra personne (même s’il y a aussi des amatrices, évidemment).
Bon, alors qu’est-ce qui fait que les jurys des émissions de danse ou de cuisine soient composés d’au moins 2/3 d’hommes contre 1/3 de femmes ? Pour la cuisine, il semble que les femmes conservent une activité orientée autour du quotidien et du fait de nourrir une famille, alors que certains hommes aient poussé plus loin l’aspect technique de la cuisine ainsi que la prise de risque pour se diriger vers un côté plus événementiel. On ne mange pas dans le restaurant d’un grand chef tous les jours (en tout cas pas le Français moyen). Je ne vais pas m’étendre davantage là-dessus, car ce n’est pas mon domaine de compétence.
Pour ce qui est de la danse, même les hommes ne sont d’un premier abord pas autant attirés que les femmes, une fois qu’ils y ont mis l’orteil, ils y mettent le pied, puis y sautent à pieds joints. La raison de ce revirement ? En dehors de l’aspect artistique commun entre les hommes et les femmes, il y a aussi un intérêt pour la technique. Cet intérêt s’amplifie chez les hommes au fur et à mesure qu’ils progressent. Je passe sous silence ici le plaisir qui peut être ressenti par un garçon d’évoluer au sein d’un groupe essentiellement féminin. Dans le cas de la danse en couple, j’ajoute que l’effort d’investissement nécessaire pour un danseur débutant est plus important que pour une danseuse. Ainsi, une fois cette difficile étape passée qui consiste à apprendre à la fois la technique des pas, les figues, le guidage et peut-être même des enchaînements, le danseur commence à éprouver le plaisir de danser et de s’exprimer sur la musique. Car c’est lui qui improvise l’enchaînement des figures que le couple danse lors des soirées dansantes.
L’aspect technique revient ensuite, car le danseur aperçoit d’étape en étape qu’il lui est possible d’améliorer sa danse en apprenant de nouvelles techniques qui lui amènent de nouvelles figures. Voilà de quoi étonner sa danseuse et, ça, le danseur aime bien. À l’inverse, la danseuse ne recherche pas forcément ce côté performance en dehors des compétitions. Elle veut simplement se divertir en dansant, un peu comme la mère de famille veut simplement « faire à manger ». Cela pourrait bien expliquer, au moins en partie, pourquoi on voit davantage d’hommes dans les jurys des émissions. Je suis persuadé qu’on pourrait écrire un livre entier ou une thèse de sociologie sur le sujet.
En restant un peu dans le sujet, j’ai aussi l’impression que concocter une chorégraphie de danse est très semblable à la réalisation d’une recette de cuisine. On a un thème (la musique), des ingrédients (les pas de base), des techniques (les figures). Prenons l’exemple d’un quatre-quarts. En gros, c’est 1/4 d’oeufs, 1/4 de beurre, 1/4 de sucre, 1/4 de farine (plus 1 ou deux trucs en plus). Tous les quatre-quarts sont faits à partir de cette base et un enchaînement bien précis d’actions (séparer les jaunes des blancs, etc.).
À partir de cette recette, il est possible de faire des variantes : quatre-quarts aux pommes, quatre-quarts à la confiture, etc. Pour qu’un enchaînement de rock à plat puisse être reconnu comme un rock à plat, il faut que les danseurs effectuent les pas de base (1, 2, 3 et 4, 5 et 6) et des figures basées sur ce pas de base. Ce sont nos ingrédients et les proportions qui vont avec. La technique de guidage et le style feront le reste. Mais on peut très bien imaginer agrémenter notre enchaînement de petits jeux de jambes ou d’acrobaties. Cette chorégraphie sera toujours un rock, mais les ingrédients supplémentaires lui auront donné son caractère spécifique. Là, il faut trouver la limite entre une danse et une autre. Si je mets essentiellement des acrobaties dans mon enchaînement et que j’utilise un pas de rock sauté durant toute la danse, j’aurais fait un rock acrobatique et non un rock à plat. Ce n’est plus la même danse. C’est comme si, dans ma recette de quatre-quarts, je mets davantage de sucre et de farine, je ne fais plus un quatre-quarts : ce sera un autre gâteau. C’est ainsi que différents chorégraphes, en utilisant, la même musique, les mêmes danseurs et la même technique de danse de base inventeront chacun une chorégraphie complètement différente de l’autre. Ensuite, au public de dire s’il aime ou pas, car tous les goûts sont dans la nature. À chaque chorégraphe son public. Tout l’art reste malgré tout de faire un gâteau qui soit mangeable…
La rueda de casino (aussi connue sous son diminutif de « rueda ») est une manière de danser la salsa cubaine (aussi appelée « casino ») en groupe et en cercle dont la popularité va de pair avec la pratique de la salsa cubaine. Pour ce qui est de la salsa en tant que telle, il y a déjà une fiche sur Ultradanse.com. Il ne reste plus qu’à détailler ce qui se cache sous le terme de « rueda de casino » ci-après. Si vous voulez en savoir davantage du côté de la technique, je vous invite à consulter mon prochain livre (oui, je sais ça fait des mois que j’en parle, mais c’est pour bientôt : fin novembre !) qui détaille les bases de la salsa cubaine, la rueda de casino et le merengue.
En particulier, le Casino Deportivo semble avoir donné son nom de « casino » à cette danse que l’on pratiquait dans les casinos et que l’on connaît aujourd’hui beaucoup sous le nom de salsa cubaine (ou parfois salsa de casino). Les jeunes danseurs de La Havane se réunissaient et certains, juste pour s’amuser, eurent l’idée de changer de partenaire sans s’arrêter de danser. Ce petit jeu improvisé connut un succès tel parmi les autres danseurs que ce petit jeu se transforma en une danse de groupe ludique où l’on changeait de partenaire de temps en temps. Cela commença à deux couples (côte à côte), puis trois (en triangle) , puis quatre (en carré), etc., et on en vint pour des raisons pratiques à disposer les couples sur un cercle. Comme tout cela se déroulait dans les murs d’un casino, on pensa naturellement à la roulette (la « rueda » pour nommer le cercle formé par les danseurs). La danse de l’époque empruntait un peu partout : cha-cha cubain, rumba cubaine, danzon, mambo, son et même rock’n’roll dont la déferlante mondiale avait également touché Cuba (mais cela n’a pas perduré longtemps après la révolution cubaine de 1959). Afin que tout un groupe puisse danser simultanément la même chose, il fallait un meneur (le « cantor », aussi appelé « annonceur ») qui annonçait les mouvements (les « pasitos ») auxquels on avait donné des noms de code, selon l’inspiration du moment de leur création, pour pouvoir s’y retrouver. La rueda de casino était née.
Partie d’un ou deux établissements de La Havane, la rueda de casino se propagea par la suite dans d’autres lieux à l’origine à l’accès réservé, mais qui ouvrirent plus largement leurs portes au public dans les années 60. La révolution cubaine changea beaucoup de choses dans le quotidien des habitants de l’île et cette redistribution de l’accès aux établissements de loisirs en fait partie puisque de nombreux clubs furent nationalisés. Ainsi, les groupes d’aficionados de la rueda se déplaçaient-ils de salle en salle à la recherche des meilleurs orchestres. Le point culminant de la popularité de la rueda se situe au milieu des années 60. À l’époque, il y a même eu des émissions de télévision cubaine consacrées à la rueda qui devient une composante des grands événements et de la vie quotidienne des Cubains.
La popularité de la rueda décline à la fin des années 60 avec la disparition de certains lieux de loisirs. Comme partout dans le monde, les danses individuelles prennent le pas sur les danses en couples ainsi que les danses de groupe. De plus, des rythmes nouveaux arrivent aussi à Cuba, détournant ainsi la jeunesse des goûts de leurs parents. Malgré tout, la rueda, ensommeillée, survit dans des petits groupes et dans les fêtes traditionnelles de famille. Le renouveau de la salsa au niveau international ravive en même temps la rueda dans les années 2000 où musiciens (jouant de la musique « timba » aussi appelée « salsa cubaine » par abus de langage) et danseurs (dansant la salsa) se retrouvent pour le plaisir de tous. À la demande du public étranger, des stages de salsa sont organisés à Cuba et génèrent des revenus non négligeables aux Cubains, heureux de partager leur culture avec les « touristes de la danse ».
Je ne pouvais achever cet article sans aborder les ruedas géantes qui ont été faites dans le monde. Certaines ont été classées au Guinness Book des records. Le premier record date de 2007 en Colombie avec 540 danseurs (soit 270 couples) qui dansaient sous la pluie (on ne peut pas choisir facilement la météo quand on organise un tel événement…). Les Italiens ont dès l’année suivante battu ce record et ils conservent la première marche du podium depuis. Le dernier record que je connaisse date de juillet 2010 et est aussi italien avec plus de 700 participants à Milan. Pour vous donner une idée de ce que cela donne, voici le film du record de 2007 à Santiago de Cali.
En dehors du fait que tous les danseurs doivent connaître les mêmes figures associées aux mêmes noms, la grande difficulté des ruedas géantes est la diffusion du son sur un grand espace. Il faut non seulement que la musique soit entendue simultanément par tous les danseurs (nécessité de synchroniser les pas), mais il faut aussi que l’annonceur (le cantor) soit entendu par tous immédiatement. C’est donc des techniques de sonorisation dignes des méga-concerts de musique dans les stades qu’il faut mettre en place pour parvenir à établir de tels records dans de bonnes conditions. Une sorte de flash mob très organisé, quoi…
« La meilleure danse » ou « comment comparer l’incomparable », c’est un peu ce qui m’est venu à l’esprit en découvrant la nouvelle émission de danse de W9 il y a trois semaines. Réflexion un peu négative malgré le fait qu’une émission de danse de plus à la télévision française, c’est plutôt bien pour nous, passionnés de cette discipline artistique et de loisir. Encore faudrait-il que les producteurs trouvent ou adaptent une idée qui tienne la route. Après mon article donnant mon avis sur « Danse avec les stars » il y a quelques mois, je vous livre mes pensées sur cette nouvelle émission après ses trois premiers épisodes.
« Qui fera la meilleure danse » est diffusée sur la chaîne W9 le mardi soir en prime time depuis quelques semaines. Le principe est celui du télé-crochet : des candidats passent devant un jury et se font éliminer de semaine en semaine. Le jury est composé de trois spécialistes de la danse : Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile à l’Opéra de Paris, Franco Dragone, un directeur artistique et metteur en scène et Redha, un chorégraphe qui a travaillé entre autres avec Patrick Dupont et la troupe de la comédie musicale Roméo et Juliette. Le vainqueur remportera la somme de 30 000 euros et intégrera la troupe d’un spectacle mis en scène par Franco Dragone. Au départ, il y avait plus de 3000 candidatures et la sélection initiale n’en a retenu que 32 pour passer dans l’émission. La présentation est assurée par Stéphane Rotenberg. Jusque-là, c’est assez classique, sauf si l’on ajoute que les candidats se présentent en solo ou en groupe/troupe. Ici, ça commence à ressembler à une sorte d’Incroyable Talent dédié à la danse (un peu à la manière de « Gotta Dance » à l’étranger). Voici la bande-annonce de l’émission :
Le reste du concept est un peu étrange puisque la sélection prend la forme d’une série de duels. Les candidats ont la possibilité de choisir celui/ceux contre qui ils vont se présenter en duel devant le jury. L’un des deux sera automatiquement éliminé, mais il y a une possibilité de repêchage à la fin de l’émission parmi ceux qui ont perdu les duels. Il n’y a donc pas de réel classement des candidats et des prestations et dans un duel il y a forcément un gagnant et un perdant. Inévitablement, le gagnant est parfois le moins pire des deux, à défaut de qualité… L’avantage de cette formule, c’est qu’on voit un spectacle varié aussi bien en terme de style, que de sensibilité artistique. Mais le gros reproche que je fais à cette formule, c’est qu’un duel peut très bien opposer une danseuse de ballet classique à un couple de rock acrobatique. Comment comparer ces deux choses qui n’ont rien à voir ?
Chaque danseur danse selon son propre langage. Les danseurs de ballet classique ont une certaine technique, une certaine esthétique et une certaine vision de la danse. Cela forme non seulement leur langage de danse, mais aussi leur culture personnelle dans ce domaine. Ainsi, un danseur de rock acrobatique pense-t-il performance, rythme et acrobatie, alors que la danseuse de ballet pense esthétique, interprétation et technique (pour faire court, évidemment). Ils dansent tous les deux, mais leur danse n’a rien à voir. C’est un peut comme si l’on compare le miaulement d’un chat avec le piaillement d’un oiseau. Chacun s’exprime, mais c’est différent. Peut-on dire entre un « miaou » et un « cui-cui » lequel est le plus « beau » ? Une autre image : peut-on dire qu’un poème en français de Baudelaire est meilleur qu’un poème en anglais d’Edgar Allan Poe ou qu’un poème en japonais de Yosa Buson ? Les langues sont différentes, les cultures sont différentes, les sonorités et les caractères d’écriture sont différents. À la limite, peut-on comparer les idées… Mais le reste ?
Encore plus loin : comment dire si l’un est meilleur que l’autre, alors même que l’on ne maîtrise qu’une de ces langues ? Là se trouve aussi l’épineux problème du jury qui est compétent, chaque membre étant dans un univers culturel de la danse qui lui est propre. En l’occurrence, il me semble qu’aucun d’eux ne puisse juger réellement une danse en couple telle qu’un rock ou un boogie sur un critère autre qu’esthétique. Je prends l’exemple de la prestation de Yann-Alrick et Flore (boogie/lindy) durant la seconde émission. On a pu entendre l’un des membres du jury dire à propos du boogie : « c’est nouveau ». C’est en effet nouveau pour lui, qui n’en avait peut-être jamais vu, mais cette danse n’est pas nouvelle. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut relativiser trois choses sur cette émission : 1) le fait que le duel ne permet pas forcément de finir la sélection avec les meilleurs au classement général puisque les duels ne sont pas faits entre les éliminés, 2) le fait qu’on compare des choux et des carottes (ce sont des légumes, certes, mais pas réellement comparables), et 3) le fait que le jury n’est représentatif que d’une partie de la diversité des danseurs et des styles de danse existant.
Sinon, que dire de cette « meilleure danse » du point de vue télévisuel et spectacle. Tout d’abord, c’est de la danse. Donc, un bon point. Ensuite, les candidats sélectionnés sont d’un bon niveau d’une manière générale. Donc, un second bon point. Je trouve intéressant de mêler les divers courants de danse et de s’ouvrir l’esprit par cette occasion à d’autres manières d’aborder la danse (faisons abstraction de cette notion de pseudo-compétition).
Comme l’objectif de cette émission — ne l’oublions pas — est de faire un casting en vue d’une figuration dans un spectacle, on comprend aussi que le jury fera son choix en conséquence. Par conséquent, une troupe aux talents variés aura probablement plus de chances qu’une danseuse seule un peu originale. Il y a aussi une question de personnalité. Par exemple, dans l’épisode 1, Stéphane (qui est allé au repêchage) me fait penser à Blake de la saison 1 de « So You Think You Can Dance » (mon émission de référence). Il a un ego très important, mais une technique très bonne. L’arrogance du Français a d’ailleurs été « saluée » par Rédha et il n’a pas été repêché. En tout cas, la rébellion du candidat par rapport au jury fait parler d’elle et cela fait du spectacle et de l’audience. J’ai aussi remarqué dans l’épisode 1 que Maé (7 fois championne du monde de danse) est éliminée alors que le groupe des filles burlesques (à la Pussycat Dolls) est repêché alors que ces dernières n’ont pas réellement un niveau technique suffisant. Là, clairement, c’est aussi le spectacle (et sa « bankabilité » pour faire un néologisme à la mode) qui prend le dessus à mon avis. Je m’interroge aussi sur les dessous des éliminatoires faits par la production (il n’est dit nulle part que les trois membres du jury ont fait passer les présélections aux 3000 candidats). Là aussi, peut-être des choix orientés « production » et « audimat » ont-ils été faits.
À l’heure actuelle, je ne sais pas si les duels vont se poursuivre tels quels jusqu’à la fin. Est-ce que le jury continuera de décider ou est-ce que W9 cédera au revenu substantiel formé par des votes des téléspectateurs par SMS ou ligne surtaxée ? Malgré les défauts, ce serait dommage de manquer l’une des émissions consacrées à la danse à la télévision française. Lorsque j’ai entendu parler du projet de W9, je me suis dit « Tiens, peut-être enfin l’émission que j’attends ? ». En fait, non. Le « So You Think You Can Dance » à la française n’est pas encore né et je n’ai pas encore vu de concept d’émission de danse qui rassemble autant les amateurs de toutes les danses, des ballets aux danses en couple sportives. Cela n’empêchera pas que je continuerai de suivre les prochains épisodes de « La meilleure danse » sur W9.
C’est en regardant le planning de la salle de gym que je fréquente que m’est venue l’idée de cet article. À côté des habituelles séances de « FAC » (Fessier-Abdos-Cuisses), « Stretch » (pour s’étirer) ou encore « Body Sculpt » (renforcement musculaire), il y a des séances plus « cardio ». Les cours proposés ne sont pas réellement faits pour apprendre une discipline à pratiquer de manière autonome comme on le ferait dans un cours de danse classique ou en couple. Ici l’objectif est bien de se dépenser en bougeant sur de la musique bien rythmée.
Il y a quelques années, on parlait d’aérobic (ou de gym tonique, ça ne rappelle pas à certains le nom d’une émission, ça ?), une discipline développée au début des années 70 et inventée par un médecin américain. De nos jours, on parle de fitness (qui englobe l’aérobic) et l’on voit apparaître un accessoire marquant : le step, une petite sur laquelle on grimpe, que l’on contourne, etc. Depuis les années 70, le principe de l’aérobic (qu’il soit en low-impact/LIA, high-impact/HIA ou les deux/High-Low) n’a pas changé : on se renforce doucement les muscles et on travaille ses capacités cardio-vasculaires en faisant des mouvements rythmiques au sol. C’est comme de la danse, mais c’est plus facile, plus doux et la musique a un rythme binaire généralement bien marqué (musique de style « dance/electro » de boîte de nuit).
Les mouvements sont teintés de mouvements de modern jazz et, en plus des mouvements de marche et sauts basiques, on trouve donc des éléments caractéristiques comme le pas de bourrée, les déboulés, etc. En une heure d’aérobic, on brûle environ 500 Kcalories. Pour vous donner un point de comparaison, une heure de course à pied correspond à 700 à 1000 Kcalories (selon le terrain et votre vitesse), une heure d’aquagym correspond à 400 Kcalories et une heure de vélo correspond à 400 à 600 Kcalories.
La Zumba est un type de séance d’exercice de type aérobic qui a été conçu dans les années 90 par le Colombien Alberto « Beto » Perez, professeur de fitness et chorégraphe pour le compte d’artistes (dont Shakira). Sa spécialité est de faire ses cours d’aérobic sur de la musique latino (salsa, merengue, cumbia, reggaeton, samba, cha-cha, etc.) et d’y intégrer des mouvements issus des danses associées à ces musiques. Ainsi, peut-on y trouver les pas de base de ces différentes danses et quelques déplacements caractéristiques, enchaînés les uns aux autres. Le jour où Alberto Perez décida de capitaliser sur son idée et de former d’autres enseignants sous licence, il appela cela « Zumba » et en déposa le nom. Les chorégraphies de Zumba suivent un schéma d’entraînement par intervalles : rythmes lents, rapides, en résistance, etc. L’objectif est, comme pour l’aérobic classique, de faire fonctionner ses muscles et son coeur en s’amusant. Ainsi, tous les bienfaits attribués à un cours de Zumba (coordination, meilleur équilibre, renforcement des abdos, des mollets, etc., travail cardio-vasculaire, etc.) sont aussi présents dans un cours d’aérobic plus classique. Par ailleurs, il est tout à fait possible de faire un cours d’aérobic sur de la musique latino, avec des mouvements de danse latine sans pour autant appeler cela Zumba (et payer les droits associés à l’utilisation de cette marque déposée). Ainsi, vous pourrez trouver des cours de Zumba en différents endroits sans que ce nom apparaisse (vous verrez peut-être une autre appellation du genre « LIA Latino » ou encore « World Dance »).
Cette année, vous entendrez peut-être parler d’autres séances d’entraînement cardio-vasculaire inspiré par la danse. Il y a, par exemple, la Latinva. L’Équatorien Johnny Latin a repris l’idée générale de la Zumba pour ce type de cours. Il y a donc un mélange de musique latino et de pas des différentes danses associées. Simplement, les chorégraphies sont différentes et le nom aussi… Vous entendrez aussi peut-être parler de la Batuka, créée par l’Espagnole Jéssica Expósito. Initialement conçues pour l’émission de télé-réalité « Operación Triunfo ». La musique est de style latino et espagnol, mais aux mouvements des danses correspondantes sont ajoutés des mouvements issus des arts martiaux comme la capoeira ou le kung-fu ou de gymnastique douce (tai-chi-chuan). Cette discipline (et ses variantes) est très populaire en Espagne, son pays d’origine.
À côté de cela, il y a aussi l’aérobic jazz qui intègre des pas de modern jazz. Enfin — et peut-être cela en étonnera-t-il plus d’un ? — il y a eu aussi l’aérobic country. Les musiques country sont remixées à grand renfort de « poum, poum » des batteries électroniques et les chorégraphies ressemblent à la danse en ligne country au point où il est parfois difficile de faire la différence entre les deux. Dans son livre « La danse country & western » (que j’ai eu le plaisir de traduire et d’éditer), R. Giordano cite le magazine « American Fitness » dans ce qui suit.
Une nouvelle saison commence pour les activités de loisir, les compétitions de danse, les soirées dansantes, etc. Et il était aussi temps pour UltraDanse.com de faire sa rentrée. Ceux qui prenaient déjà des cours de danse avant l’été savent peut-être déjà ce qu’ils vont faire en cette rentrée. À moins qu’une envie de changement de style de danse ne se profile à l’horizon ? En tout cas, pour les débutants, il n’est pas évident de s’y retrouver parmi tous les cours disponibles… Je liste ci-dessous différents styles de danses avec quelques indications qui pourraient aider à faire un choix. Tout cela n’est pas exhaustif, mais c’est une bonne base à mon avis.
La danse classique
Le modern jazz
Le hip-hop
Les danses de bal/standard
Les danses latines
Le swing et le lindy hop
Les claquettes
S’il est un ballet qui est universellement connu, c’est bien « Le lac des Cygnes » (ou « Swan Lake » en anglais). Tout le monde en a entendu certains passages musicaux, ne serait-ce que dans des spots publicitaires, et tout le monde a en tête l’image du pas de quatre des « petits cygnes » exécuté par quatre danseuses en tutu blanc se tenant les mains. Pour les amateurs de ballet et pour ceux qui ne connaissent pas le spectacle, voici un petit dossier om figures évidemment des informations sur le film « Black Swan » dont le DVD vient de sortir dans le commerce.
« Le Lac des cygnes » est un ballet basé sur une musique de Piotr Tchaïkovski qui a été créé pour la première fois le 4 mars 1877 au Théâtre Impérial Bolchoï de Moscou. On en doit le livret (c’est là où l’intrigue/l’histoire est décrite, on appelle aussi cela l’argument) à Vladimir Begichev et Vassili Geltzer qui ont travaillé à partir de contes et légendes. L’ensemble se déroulait à l’origine sur 4 actes, mais des adaptations en 3 actes existent aussi. Le succès de ce ballet ne viendra que lorsque Marius Petita le reprend en 1895. Rudolf Noureev, quant à lui, en réalise une nouvelle version en 1984 pour l’Opéra de Paris, où l’histoire prend un tournant un peu plus psychologique.
L’histoire du Lac des cygnes est assez simple. Je vous la résume. Le premier acte débute par la fête d’anniversaire du prince Siegfried. Au cours du bal, sa mère lui apprend qu’il devra choisir une épouse et lui offre une arbalète qu’il va emmener à la chasse avec lui. Acte deux : la partie de chasse entraîne Siegfried près d’un lac où il s’apprête à tirer sur des cygnes. Soudain, l’un des cygnes blancs se transforme en jeune fille, Odette, qui explique qu’un sorcier lui a jeté un sort de telle manière qu’elle se retrouve transformée en cygne durant la journée. Seul le serment d’amour que lui porterait un homme pourra la sauver, elle et ses amies. Le prince tombe amoureux. C’est là où se fait le célèbre pas de quatre. Acte trois.
Lors d’une fête au château, on présente Siegfried à des princesses pour le marier. Arrive Odile (copie maléfique d’Odette et fille du sorcier) que le prince prend pour sa bien aimée et avec qui ce dernier va danser (scène où l’on voit les 32 fouettés du cygne noir). Les efforts d’Odette pour attirer son attention n’y feront rien. Dernier acte. Le cygne blanc est en plein désespoir. Le prince réapparaît et lui réaffirme son amour, pensant s’adresser à la même personne qu’au bal. Faisant suite au mauvais sort, le tumulte des flots emporte Siegfried tandis que la jeune fille-cygne meurt de chagrin. Il est à noter qu’il existe aussi une fin alternative et heureuse…
Le Lac des cygnes a été mis à l’honneur il y a quelques mois (début février 2011) dans le film « Black Swan » (« Le cygne noir ») de Darren Aronofsky. L’héroïne de l’action est Natalie Portman et l’on y retrouve aussi Vincent Cassel dans le rôle d’un directeur artistique assez spécial. Cédant à une nonchalance estivale, je reprends ici le synopsis du magazine « Première » : Nina est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Sa vie, comme celle de toutes ses consoeurs, est entièrement vouée à la danse. Lorsque Thomas Leroy, le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth McIntyre pour son nouveau spectacle, « Le Lac des cygnes », son choix s’oriente vers Nina.
Mais une nouvelle arrivante, Lily, l’impressionne également beaucoup. « Le Lac des cygnes » exige une danseuse capable de jouer le Cygne blanc dans toute son innocence et sa grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina est parfaite pour danser le Cygne blanc, Lily pour le Cygne noir. Alors que la rivalité de Nina et Lily se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Mais s’y abandonner pourrait bien la détruire… Le film a été présenté en ouverture de la compétition dans le cadre de la 67ème Mostra de Venise. Et j’ajoute que ce film a été plusieurs fois nominé aux Oscars. Le DVD de « Black Swan » est sorti cet été et je vous conseille même l’édition combo DVD+Blu-Ray qui a l’avantage, pour à peine plus cher, de contenir les deux supports.
J’ai trouvé de film intéressant dans la mesure où une danseuse matérialise le centre de l’intrigue. Natalie Portman est excellente et elle a dû travailler durant un an pour préparer les scènes de danse. Cependant, lorsqu’on la voit danser, on ne voit généralement que le haut de son corps, avec quelques faiblesses dans les postures que les néophytes ne remarqueront certainement pas. On imagine bien qu’on de devient pas danseuse étoile en une année et que la doublure (en réalité 2 doublures) a été nécessaire pour les plans larges. Cela dit, à mon avis, « Black Swan » est davantage un drame psychologique qu’un film de danse. La danse ne sert que d’environnement au déroulement du film. C’est le thème de l’opposition côté pur/côté sombre, blanc/noir, bien/mal qui prime dans les 110 minutes de ce film.
Le personnage de Nina dégringole petit à petit de la lumière vers les ténèbres et la folie alors qu’elle s’approche de la perfection dans son rôle à deux faces Cygne blanc + Cygne noir dans « Le Lac des cygnes ». En revanche, le parti pris très « sexuel » du réalisateur est parfois dérangeant et on se demande en quoi cet aspect particulier dénote de la noirceur de l’âme du personnage. Bref, la fin du film est sujette à interprétation et cela n’a rien à voir avec de la danse… Si vous voulez un film qui porte réellement sur le ballet, je vous conseille plutôt « Les chaussons rouges » ou encore « Company ». La question soulevée qui, elle, a à voir avec de la danse concerne la manière d’approcher l’interprétation d’un rôle dans un ballet par une danseuse ou un danseur. Pour faire simple, « peut-on toucher à la perfection dans le fait de danser un personnage de ballet sans être atteint par ce rôle au plus profond de son être ? » Je relève d’ailleurs que la relation entre l’état d’esprit du danseur ou de la danseuse et l’émotion qu’il/elle fait passer au public est un thème également abordé dans le manga « Subaru, danse vers les étoiles » dont j’ai parlé dans ce blog il y a quelques jours (et on y parle aussi du Lac des cygnes dans les premiers tomes de la série). Pour conclure, je me permets d’annoncer que le Lac des cygnes est aussi présent dans un roman que je vais éditer en 2012 : « Les Sourieurs de l’Opéra », écrit par Aurore Rivals. Je vous en dirai davantage lorsque la sortie du livre sera imminente.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas parlé de livres dans ce blog et certains d’entre vous se demandaient sûrement ce que je préparais durant tout ce temps. Voici la réponse : mon travail récent s’est porté sur la danse country & western. Partant de la constatation qu’il n’existait pas de livre en français consacré à la danse country & western (incluant la danse en ligne), je me suis mis en quête de quoi créer le livre en question. Je vous donne quelques détails dans la suite et je vous donne aussi quelques informations sur un autre livre sur le même thème et qui (hasard du calendrier !) sort au même moment… Cela donne par conséquent un article plutôt long, mais qui devrait intéresser les amateurs de line dance et de danse country & western.
Partant du principe que les amateurs de danses country aimeraient sûrement savoir d’où proviennent non seulement les danses qu’ils pratiquent, mais aussi les musiques qui les accompagnent, j’ai choisi de traduire en français le livre de Ralph G. Giordano « Country & Western Dance » initialement édité aux USA aux éditions Greenwood. C’est un livre récent (2010) de bonne qualité et qui a demandé plusieurs années de travail à son auteur américain. Cela fait donc plusieurs mois que je travaille à la mise à disposition de ce texte aux amateurs francophones de country. Le résultat de ces mois de travail est à présent disponible (dès à présent auprès de moi et le mois prochain en librairie) et s’appelle évidemment « La danse country & western« . Comme à mon habitude, j’ai essayé de faire en sorte que l’édition française soit au moins aussi bonne sinon meilleure que l’édition d’origine : il y a donc des notes du traducteur pour éclairer certains détails culturels, davantage de photographies (j’ai acheté les droits pour de nouvelles photos et celles qui sont présentées sont mieux mises en valeur), l’index a été entièrement refait tout comme la gestion des références bibliographiques et, enfin, un avant-propos écrit par l’auteur spécialement pour le public français a été ajouté. Bref, il ne s’agit pas que d’une traduction, mais d’une édition augmentée réalisée avec une méthode de travail similaire à celle utilisée pour l’autobiographie de Frankie Manning.
Pour faire court, ce livre tout en français :
En effet, le livre de R. Giordano porte le regard d’un Américain sur la musique et la danse country & western en Amérique (là d’où tout est parti…) alors que le livre d’A. Guegan porte le regard d’une Française sur la danse country & western dans son évolution jusqu’en France de nos jours.
). Je vais donc plutôt m’attacher à vous donner quelques thèmes traités dans la partie du livre consacrée à la country en France, qui est particulièrement inédite. Ainsi vous pourrez vous informer sur les premiers grands événements de musique country en France dans les années 1980, les premières associations de danse country (en et particulier de square dance) en région parisienne, les débuts de la line dance en Alsace vers 1990, le rôle joué par le regretté Robert Wanstreet et du Billy Bob’s dans la diffusion de la danse country en France, les festivals comme celui de Mirande, les structures et fédérations, les compétitions, etc. Je vous laisse le soin de découvrir vous-mêmes les autres thèmes.
Je ne sais pas si je le fais suffisamment apparaître dans cet article, mais les angles d’attaque pris par les deux livres sont complètement différents et l’un comme l’autre fournissent des informations qui leur sont propres. Par exemple, j’ai aimé le livre de R. Giordano car il parle beaucoup des médias (télévision, cinéma, radio, etc.) dans la diffusion de la country aux USA. C’est un aspect qui ne ressort pas beaucoup du livre d’A. Guegan. À l’inverse, le livre d’A. Guegan parle davantage des origines européennes des danses country, alors que celui de R. Giordano n’en parle qu’une fois les danses Européennes arrivées sur le sol américain. Bref, deux points de vue particulièrement intéressants pris ensemble. Pour conclure et étayer l’idée que ces livres sont tous les deux indispensables et complémentaires, je précise que les éditions Rolland et Saint-Léger ont décidé de ne pas se faire concurrence et d’annoncer mutuellement le livre édité par l’autre à la fin de chacun d’eux. Pour être plus clair, « L’esprit des danses country et western » informe de l’existence de « La danse country & western » dans ses dernières pages et inversement. C’est ce que j’appellerai un bel esprit d’intelligence à l’avantage de tous et particulièrement des amateurs de danse country qui apprécieront sûrement. Et je ne dis pas cela uniquement parce que je suis impliqué dans cette initiative dont je suis plutôt satisfait… Car la danse est un loisir qui peut se passer de rivalités énergivores et inutiles entre ses acteurs. Conclusion : achetez les deux livres pour avoir une vision complète sur les danses country & western et vous ne le regretterez pas !
Mais ce n’est pas ce dont je veux vous parler aujourd’hui (ceci n’est pas un blog sur les sports mécaniques…). « Subaru », c’est le nom d’une série de mangas dessinés et écrits par Masahito Soda. Le titre complet est « Subaru, danse vers les étoiles » et la série est composée de 11 épisodes dont le premier est sorti en France en 2006 aux éditions Delcourt. C’est le seul manga consacré à la danse que je connaisse et il méritait donc bien un article complet dans le blog UltraDanse.com !










Les 11 volumes de la série s’enchaînent dans une histoire continue (il vaut donc mieux lire tout cela dans l’ordre). D’ailleurs, les chapitres sont numérotés en continu sur l’ensemble de la série : on commence au chapitre 1 au début du tome 1 et on finit au chapitre 123 à la fin du tome 11. La danse dont on parle dans ce manga tourne à la base autour de la danse classique, mais Subaru se met aussi très bien au hip-hop et à la danse contemporaine (tome 3). Bien entendu, comme tout manga qui se respecte, la lecture s’effectue à l’envers d’un livre traditionnel Européen : on commence à la « dernière page » et on va vers la « première ». Lorsqu’on n’est pas habitué, c’est tout d’abord déstabilisant, car on a tendance à reprendre une lecture de gauche à droite, mais on s’y fait finalement très bien. Par ailleurs, les dessins sont en noir et blanc et réalisés d’un trait très noir, ce qui confère au manga une ambiance bien particulière et assez « sérieuse ».
Je dois avouer que l’ambiance créée par l’auteur Masahito Soda est efficace. Autant dans ses dessins que dans son texte. On est petit à petit captivé par l’histoire de cette jeune fille qui ne cesse de progresser en tant que danseuse malgré toutes les épreuves de la vie (et de la scène) qu’elle doit surmonter. On retrouve bien l’esprit manga des dessins animés qui passent à la télévision où les pensées intérieures des personnages sont abondamment exprimées en s’intercalant dans des scènes d’action. La pensée récurrente des personnages regardant Subaru danser est « Mais comment a-t-elle fait pour progresser si vite ? ». A certains moments, comme dans le tome 2, j’ai même eu l’impression de lire un livre traitant d’arts martiaux, car Subaru doit trouver un moyen (que je ne vous dévoilerai pas…) pour prendre conscience des autres danseuses du ballet autour d’elle. L’auteur de ce manga dessine avec réalisme les scènes de danse. Il me semble parfaitement au courant des différents éléments de la danse et est certainement un passionné de danse qui retranscrit certains détails avec précision tant au niveau du trait de ses dessins qu’au niveau de l’état d’esprit général. Ainsi, le lecteur assiste réellement à des scènes de danse très vivantes.
Il peut aussi être intéressant de savoir que cette série de mangas a été adaptée au cinéma dans un film nommé « Dance, Subaru ! » en 2009, réalisé par Chi-Ngai Lee et produit par William Kong (celui qui est derrière « Tigre et Dragon » ou encore « Le secret des poignards volants », deux films à l’univers graphique très réussi et que j’ai personnellement bien aimés) avec, dans le rôle principal, la (vraie) danseuse Meisa Kuroki. Cette adaptation, sortie au Japon, s’éloigne un peu des 11 volumes du manga, mais le thème général de l’histoire est le même. Les scènes de danse sont bonnes, mais il me semble qu’elles sont moins efficaces que celles décrites dans les livres. Le DVD existe (vo, sous-titres en anglais), mais il n’est pas vendu en France. Toutefois, pour vous mettre l’eau à la bouche, voici la bande-annonce de ce film, issue de Youtube. Les sous-titres vous aideront probablement à saisir de quoi il s’agit.
Si vous voulez acquérir l’intégralité des 11 volumes de « Subaru, danse vers les étoiles », il se peut que vous ne puissiez pas le faire chez un seul et unique vendeur. Personnellement, j’ai dû jongler entre divers vendeurs en ligne (et même eBay pour l’un des tomes) afin d’obtenir toute la série rapidement. Néanmoins, je ne regrette pas mon achat (chaque livre coûte environ 7,50 euros) et, si vous êtes amateur/trice de mangas et passionné(e) de danse de surcroît, je vous recommande cette série de « Subaru, danse vers les étoiles ». Enfin, si vous n’en avez pas eu assez, vous pourrez aussi vous mettre en quête de la suite : « Subaru 2 : Moon ». Une nouvelle série de mangas par le même auteur encore en cours (8 tomes parus au Japon, dont le dernier sort aujourd’hui) et qui n’a pas encore été traduite en français à ma connaissance.
Il y a un certain nombre de modes d’expression que l’on n’imagine pas toujours associer au monde de la danse. Certaines disciplines s’apparentent en effet aussi bien au monde du sport qu’à celui de la danse. L’exemple le plus évident est le patinage artistique (dont je parlerai un jour ici), mais il y a aussi la gymnastique rythmique (GR, anciennement appelée GRS). Ce sont des « disciplines sportives à composante artistique ». Personnellement, je trouve que le rock acrobatique pourrait aussi figurer dans cette catégorie. Dans cet article, je vais vous présenter un domaine auquel que, malgré son nom, l’on n’envisage pas souvent comme une danse: la pole dance.
La particularité de la pole dance, c’est qu’elle nécessite un accessoire essentiel : une barre verticale (« pole » signifie « mât » en anglais). C’est essentiellement accrochée à cette barre de 45 ou 50 mm de diamètre que la danseuse de pole dance évolue en tenue plus ou moins légère. Cette barre a été héritée du temps (dans les années 1920) ou les danseuses en question étaient itinérantes et dansaient sous des tentes (comme au sein des cirques) dont elles réutilisaient les mâts. A l’époque, ces danseuses étaient qualifiées d’exotiques ou d’excentriques (discipline où l’on mettait un peu toutes les formes de danse inclassables ailleurs). Il est vrai que la pole dance est souvent associée au strip-tease, sans doute parce qu’on la rencontre depuis longtemps dans les lieux où les spectacles de strip-tease ou de lapdance ou encore de go-go danseuses sont présentés. Historiquement, la barre verticale a été utilisée comme accessoire secondaire par les jeunes filles qui se dénudaient dans les clubs spécialisés. Peu à peu, certaines d’entre-elles (et d’autres) ont travaillé la technique et élevé la pole dance au rang d’une discipline artistique et sportive où la barre est essentielle et où il ne reste du strip-tease qu’un aspect sexy dans les mouvements et une tenue assez légère. En effet, même si les danseuses restent habillées, leurs vêtements doivent laisser apparaître une bonne surface de peau, car c’est le contact entre la barre et la peau qui contribue au fait que la danseuse tienne en l’air. Dans la plupart des cas, un shorty et un top à manches courtes ou une brassière composent la garde-robe minimale. Dans le même ordre d’idée, il n’est pas question de s’enduire de crème hydratante ou d’huile sur avant de danser : la peau ne doit pas glisser, au contraire, elle doit adhérer à la barre (ce qui conduit parfois à des échauffements de peau douloureux lorsqu’on débute…).
N’oublions pas que la pole dance est désormais une vraie discipline sportive qui est associée à une technique précise. Il ne suffit pas de se déhancher autour d’une barre verticale pour faire de la pole dance. Tout le monde ne peut pas parvenir à tenir en drapeau sur une barre en métal sans un certain entraînement, ni un minimum de connaissances techniques. Inspirée des pompiers qui glissent le long de leur mât pour rejoindre leur véhicule rouge alors que la sirène d’alerte retentir, l’une des figures de base de la famille des « spins » (on tourne autour de la barre, utilisant ainsi la force centrifuge) s’appelle le « Fireman basic ». Elle consiste à s’élancer en tournant autour de la barre avec une main en haut de celle-ci, puis de rassembler les jambes croisées autour de la barre en continuant de tourner. Le mouvement se termine lorsque les pieds touchent le sol et la danseuse se relève calmement en dépliant les jambes avant de redresser son buste. Tout cela se fait sans à-coup de manière sensuelle, comme la plupart des mouvements de pole dance. Dans le même esprit, il y a aussi la « chaise » où la danseuse tourne autour de la barre, les deux jambes du même côté de la barre, fléchies à 90 degrés, comme si elle était assise sur l’une de ces « chaises volantes » que l’on trouve dans les fêtes foraines. Bon nombre de figures de pole dance nécessitent de monter sur la partie supérieure de la barre afin de s’y accrocher et d’effectuer des mouvements ou des positions. C’est, par exemple, le cas de la « planche » où la danseuse tient en position perpendiculaire à la barre, en position quasiment allongée. Dans d’autres figures, comme le « V », la danseuse se tient la tête en bas et les pieds en l’air. Ce type d’inversion est de plus en plus utilisé au fil de l’apprentissage de la pole dance.
On devine aisément que ce type de figure est assez physique (la danse est mêlée à l’acrobatie) et il est évident que la phase d’échauffement préalable et celle d’étirement après une séance sont importantes afin d’éviter les accidents.
La pole dance développe la musculature (abdos, bras, épaules, cuisses et fessiers en particulier : il suffit de regarder d’un peu plus près les photos agrémentant cet article), la souplesse ce qui en fait un sport complet. Mais l’expression corporelle au sein des mouvements y ajoute un aspect artistique qui se développe également. Bien sûr, si l’on a toutes ces qualités dès le départ, l’apprentissage n’en sera que facilité. Néanmoins, avec la pratique et les progrès, toutes ces qualités se développent chez les pratiquantes qui gagnent généralement ainsi en confiance en soi et en aisance. Certaines disent qu’en « faisant de la pole dance, elles se sentent plus femme. » Vous avez sûrement remarqué que je ne parle que de danseuses ? Et les danseurs ? Il en existe, mais peu (certains d’entre eux se produisent en spectacle dans des cabarets ou des cirques et leurs prestations n’ont pas le même style que celles des femmes). Il est vrai que les danseuses de pole dance qui pratiquent en amateur soit désirent accéder à des compétitions de haut niveau, soit souhaitent simplement se défouler en apprenant un mode d’expression qui pourrait un jour séduire leur homme. Je terminerai par citer une autre forme d’utilisation des barres verticales par les Chinois (les mâts chinois circassiens) essentiellement sur scène et par les Indiens (dont le sport autour d’un mât en bois s’appelle le « mallakhamb »). Dans ce contexte, il n’est question que de performance, de spectacle, d’acrobatie et de gymnastique et on ne parle plus de séduction, ni de danse du reste.

Comme je viens de l’indiquer, Martha Graham est née le 11 mai 1894 à Pittsburgh aux USA. Son père était médecin spécialisé dans les problèmes nerveux. Partant du fait que le corps exprime les maux de l’âme de manière physique, il utilisait l’apparence physique du mouvement comme élément de diagnostic. « La mouvement ne ment pas », disait-il. C’est ce point de vue qui a, plus tard, partiellement inspiré sa fille Martha dans sa manière d’appréhender la danse. La passion pour la danse de celle-ci ne vint qu’en 1911, après avoir vu une représentation du danseur de ballet Ruth Saint-Denis à la Mason Opera House de Los Angeles. La prestation lui plut à tel point qu’elle s’inscrivit quelque temps plus tard à l’école que ce dernier venait de créer avec Ted Shawn, l’école Denishawn. Elle y passa une dizaine d’années, en tant qu’élève au départ, puis en tant qu’enseignante. Elle a toujours considéré que la nouvelle forme de danse qu’elle avait créée était due à ses professeurs Saint-Denis et Shawn.
Plus tard, elle fait ses débuts de danseuse indépendante à New York en 1926, encouragé par le musicien Louis Horst, en se produisant seule sur scène avec sa propre approche de la danse. Celle-ci était basée sur la respiration et l’alternance entre la contraction et le relâchement. On a parfois comparé l’impact de Martha Graham sur la danse à celui de Picasso sur la peinture et sa contribution à l’évolution de la danse moderne est incontestée. Dans sa recherche d’expression personnelle, elle a privilégié la liberté et l’honnêteté, selon ses mots. Elle a créé la Martha Graham Dance Company à New York, l’une des plus anciennes troupes de danse aux États-Unis qui correspond aussi à une école de danse (qui a fêté ses 80 ans cette année). Ses capacités d’enseigner la danse lui ont permis de former et inspirer des générations de danseurs et chorégraphes. La compagnie de Martha Graham commence uniquement avec des femmes. Ce n’est qu’en 1938 qu’un homme viendra les rejoindre (celui-ci, Eric Hawkins, devint d’ailleurs le mari de Martha Graham…). La liste de ses élèves comporte de grands noms comme Merce Cunningham, Alvin Ailey, Twyla Tharp ou Paul Taylor et elle a collaboré avec certains parmi les plus grands artistes de son époque comme le compositeur Aaron Copland et le sculpteur Isamu Noguchi. Même Bette Davis, Gregory Peck, Eli Wallach, Woody Allen ou Madonna suivirent son cours « Movements for Actors ».
Pour la plupart de ses créations chorégraphiques, Martha Graham créait d’abord la danse avant d’y adjoindre un support musical. Dans de nombreux cas, elle s’occupait aussi elle-même des costumes. Elle a imaginé et chorégraphié plus d’une centaine de ballets dont « Primitive Mysteries » (1931), « Dark Meadow » (1946), « Acrobats of God » (1960), « Lucifer » (1975) pour Noureev et « The Rite of Spring » (1984). On le devine dans ces titres, les chorégraphies de Martha Graham traitent de tous les thèmes humains, de la naissance à la mort en n’évitant pas les thèmes les plus graves. En 1981, sa carrière est couronnée par le premier prix du « American Dance Festival Award » et elle a reçu la « National Medal of Arts » en 1985. Jusque très tard, Martha Graham a accompagné ses danseurs en tournée dans le monde entier, partageant ainsi les ovations du public.
Après sa mort (survenue en 1991), elle est désignée comme la « danseuse du siècle » par Time Magazine (édition du 8 juin 1998) pour l’ensemble de son oeuvre et en particulier sa recherche dans le domaine de l’expression corporelle dans les mouvements et la mise en valeur des angularités du corps. Dans le numéro en question, Time Magazine classe aussi la parmi les 100 personnalités les plus influentes du XXème siècle. Je conclurai cet article par une citation de l’artiste elle-même: « Je voulais commencer non par des personnages ou des idées mais par des mouvements […] Je voulais du mouvement avec du sens. Je ne voulais pas qu’il soit beau ou fluide. Je voulais qu’ils soit lourd de sens intérieur, avec de l’émotion et de brusques montées d’intensité. « . Martha Graham estimait qu’il fallait au moins 10 ans pour devenir une danseuse accomplie.
Je vous propose un exemple de la danse de Martha Graham. Il s’agit de « Lamentation », une célèbre chorégraphie en solo créée en 1930 et dont le costume était représenté tout à fait à droite du Doodle de Google dont je parlais en début d’article. Ce film (ici colorisé) a été tourné par le sculpteur Simon Moselsio en 1943. On y voit Martha Graham s’étirer et tendre son costume tubulaire élastique de couleur prune, un peu comme s’il formait une seconde peau. Elle disait : « J’ai vécu toute ma vie avec la danse. Être danseuse, c’est accepter d’être l’instrument de la vie. C’est parfois déplaisant, mais c’est inévitable« . Bref, on n’aime ou on n’aime pas, mais on n’y reste pas insensible.
Mais revenons à nos danses electro… J’ai récemment vu un clip où une manière de danser bien spécifique était mise à l’honneur : le Melbourne shuffle (ou « shuffle » tout court).
Cela me rappelle exactement la manière dont le lindy hop a trouvé son nom à la fin des années 20… Cela étant, les habitants de Melbourne appelaient cela le « rocking » à l’époque et c’est le public international qui a promu l’appellation « Melbourne shuffle » qui est restée.




D’autres figures existent. Par exemple, le « T-Step » est aussi très utilisé. Il consiste en un déplacement de côté basé sur le fait de poser les pieds l’un dans l’autre en T, ce qui implique un twist au niveau de la cheville. Aux différents pas de base, on peut adjoindre des tours, des twists au niveau des jambes ou des pieds, des glissades, des kicks et quelques mouvements de bras. Certains mouvements, par ailleurs, ont un fort air de ressemblance avec les pas du charleston des années 20 ou le twist des années 60. La similitude avec le charleston est tellement frappante que je ne peux m’empêcher de me demander
Dernièrement, deux groupes ont présenté du shuffle dans leurs clips. Il y a tout d’abord les Black Eyed Peas dans « The Time (Dirty Bit) », leur adaptation de « Time of My Life » de la BO de Dirty Dancing. Ils font figurer des danseurs de shuffle dans une boîte de nuit à environ 2’50 du début du clip. À côté de cela, il y a le groupe LMFAO qui a sorti son clip vidéo « Party Rock Anthem » (qui, à l’heure où j’écris ces lignes, passe encore fréquemment sur les chaînes TV musicales) où le shuffle est particulièrement mis à l’honneur aussi bien dans la danse que dans les paroles : « Everyday I’m shufflin' ». La musique est plutôt de la dance electro grand public et n’est pas aussi « hardcore » que les musiques habituellement utilisées pour danser le shuffle, mais tout cela marche très bien ensemble. J’intègre le clip en question dans cet article-ci dessous (vidéo (c) 2011 Interscope) s.
Le shuffle que je viens de vous présenter évidemment n’a rien à voir avec le shuffle des claquettes (une série de deux frappes sur un mouvement aller-retour du pied), mais il y a aussi quelques similitudes sur certains mouvements (on en voit quelques uns dans le clip des Black Eyed Peas que j’ai cité ci-dessus). En effet, certains mouvements de slide (glissade) des claquettes peuvent aussi donner l’impression que donne le « running man » du Melbourne shuffle. Je n’aurais pas été complet si je n’avait cité ce point, ne serait-ce qu’en fin d’article, non ?