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Articles principalement au format texte avec quelques images et éventuellement l’inclusion de vidéos

S’amuser en dansant

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Voici la fin de l’année calendaire. Une de plus ! En même temps, c’est l’occasion de dire « un article de plus ! ». Ce sera toutefois mon dernier article pour cette année 2010. Et j’ai choisi de faire ce 43ème article de l’année sur un thème réjouissant. À chaque soirée dansante à laquelle je participe ou à chaque spectacle dansant auquel j’assiste, il n’y a rien de plus réjouissant que de voir des gens qui s’amusent en dansant. Mais ce n’est pas à la portée de tout le monde.

Pour commencer ma petite réflexion sur le sujet, je vais parler de l’aspect spectacle. On a toujours dit qu’une danse est belle quand les danseuses et danseurs semblent se mouvoir sans effort, comme si toute leur danse était facile. Évidemment, cela n’est généralement pas le cas et c’est cela qui fait que l’on ne peut pas détacher ses yeux du spectacle : on est captivé. Pour moi, c’est aussi l’une des caractéristiques des films hollywoodiens de l’âge d’or où Fred Astaire semblait parfois flotter au-dessus du sol lorsqu’il dansait. C’est aussi l’effet que font les danseuses étoiles dans les ballets classiques : faire des pointes semble si facile lorsqu’on les regarde danser, mais c’est une tout autre histoire lorsqu’on s’y essaye soi-même ! Bref, tout est une histoire de maîtrise de soi. J’assistais à un spectacle il y a quelques jours où certains danseurs étaient tellement concentrés sur leur chorégraphie qu’ils en oubliaient qu’ils dansaient pour un public. Leur sourire absent ne m’a pas donné envie de les regarder, contrairement à d’autres juste à côté. Si cela se trouve, ils ont fait de jolies figures, mais j’ai préféré regarder, sur la scène, d’autres danseuses/danseurs qui, elles/eux, arboraient un joli sourire et avaient l’air d’apprécier ce qu’elles/ils faisaient.

Voici un extrait vidéo de l’émission « Strictly Come Dancing » (saison 6/2008 anglaise). Le champion de danse sportive Matthew Cutler danse avec Christine Bleakley, une présentatrice de télévision irlandaise. Je vous laisse regarder le spectacle et les sourires omniprésents.

Mais le spectacle n’est qu’un aspect de la danse. La danse libre que l’on pratique en soirée, aussi dite « sociale » en référence à son caractère d’interactivité entre les personnes, est aussi un aspect important. Et là, l’amusement est aussi un facteur d’épanouissement. L’amusement peut être soit intérieur (tout se passe entre les deux partenaires, leur connexion et la musique) ou plus extérieur (l’amusement des partenaires se voit et divertit aussi les spectateurs au bord de la piste de danse). Le premier cas est caractéristique du tango argentin ou du balboa par exemple. On a l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose vu de l’extérieur, mais en réalité il y a un dialogue permanent entre les partenaires. Le second cas et davantage visible en salsa, en rock, en lindy hop ou encore en west-coast swing où les danseuses et danseurs s’écartent, se rapprochent, se lâchent, se retrouvent, etc. Il faut évidemment avoir quelques années de pratique dans l’une ou d’autre de ces danses pour être en mesure de se détacher des pas et figures de base et de réellement se lâcher. C’est un peu comme lorsqu’on apprend à conduire : quand on sort de l’auto-école, on doit penser à tout un tas de détails pour bien conduire et on ne peut pas regarder le paysage. Lorsqu’on est davantage expérimenté, on peut se permettre de lever les yeux, se détacher de sa conduite sans pour autant perdre le contrôle de son véhicule et donc apprécier le paysage. Pour résumer, en danse, on commence réellement à s’amuser lorsqu’on peut apprécier le paysage sans mettre la voiture dans le fossé… Tout le monde peut y arriver, mais il faut un minimum de travail.

Pour illustrer cela, je vous propose une vidéo amateur où deux américains (Tatiana Mollmann et Mickey Topogigio) se lâchent complètement en dansant le west-coast swing. Cela fait vraiment plaisir de les regarder s’amuser et le public ne s’y trompe pas. Et pourtant ils dansent…

À chaque Noël, je me dis que je pourrais faire une rubrique « cadeaux pour les danseurs », mais j’y pense toujours un peu trop tard pour que cela soit réellement utile aux visiteurs d’UltraDanse… Cette année, il y a de nombreux coffrets DVD regroupant plusieurs films de danse, des CD de musique pour danser à foison, des calendriers avec des photos de danse, sans oublier les livres pour les passionnés. Quelques idées classiques de dernière minute faute de mieux… En attendant de se retrouver au début de l’année 2011, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année à tous. Il vous reste encore quelques jours en 2010 pour vous amuser en soirée dansante et — pourquoi pas ? — prévoir de passer le réveillon en dansant !

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Bien tirer parti d’un stage

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Lorsqu’on apprend à danser, il arrive que le virus de la danse nous contamine à tel point que les cours réguliers hebdomadaires dans notre école préférée ne nous suffisent plus. C’est là que les stages intensifs s’imposent petit à petit comme un moyen d’en apprendre toujours plus. Pour ceux qui en sont à ce stade, il est important de faire attention à quelques détails qui permettront de tirer efficacement parti des stages intensifs.

La première chose à faire est de bien choisir son stage. Il s’agit donc de cibler ce que l’on souhaite faire (perfectionnement ou découverte). Un stage intensif est en effet particulièrement utile pour se perfectionner avec un enseignant différent de celui/celle qui nous a formés. Il est important de ne pas rester focalisé sur une seule et unique vision de la danse afin de ne pas se fermer des portes et s’ouvrir l’esprit et le corps à d’autres mouvements. Même si nous n’avons pas a priori l’habitude des nouveaux mouvements (ou des nouvelles techniques) qui sont enseignés dans certains stages, chaque effort pour comprendre et appliquer ne peut être que bénéfique pour notre danse. Un stage est également utile pour découvrir une nouvelle manière de danser. C’est là où, même si l’on a plusieurs années de pratique derrière soi, il faut consentir à revenir au niveau débutant en partant du principe qu’une nouvelle danse, une nouvelle technique doit être comprise à partir des bases.

Le choix du stage étant fait, il faut trouver un hébergement si les cours se déroulent à loin de chez nous. Il vaut mieux prendre un hébergement proche du local de stage et s’y installer la veille du premier jour si possible. Il est en effet difficile de cumuler la fatigue du voyage aller avec une journée entière de cours sans en ressentir les conséquences sur notre niveau d’attention. Il faut donc se coucher tôt et passer une bonne nuit avant de commencer un stage du bon pied. Cela est particulièrement vrai pour les stages de week-end où les deux jours doivent pleinement être mis à profit. Pour les stages plus longs, il faut savoir que le corps ne prend le nouveau rythme intensif qu’à compter du quatrième jour. Les trois premiers sont donc particulièrement éprouvants physiquement parlant (courbatures, fatigue, etc.). Ensuite, ça s’arrange. Il ne faut évidemment pas lésiner sur de bons repas équilibrés et s’hydrater. Il vaut encore mieux manger un peu trop et avoir assez de forces pour tenir la route que tomber de fatigue et ne pas parvenir au bout du stage… Durant tout le stage, il faut s’astreindre à un minimum de discipline ; l’objectif étant de pouvoir se rappeler du contenu des cours par la suite.

Lors des cours, il ne faut pas hésiter à se donner à fond afin de bien ressentir les mouvements que nous sommes censés faire. Si les mouvements ne sont pas faits qu’à moitié, les sensations se graveront plus facilement dans notre corps et notre mémoire. C’est davantage fatigant, certes, mais plus efficace. Lorsqu’un cours se termine, il est parfois autorisé de filmer les enseignants qui refont le programme exprès. N’hésitez donc pas à apporter un bon caméscope (ou un appareil qui fait de bonnes vidéos) non sans avoir oublié de charger la batterie et y avoir inséré une cassette (ou une carte mémoire) avec suffisamment de capacité. Il va sans dire qu’il est préférable de tester l’appareil en question au préalable afin de ne pas manquer l’unique prise de fin de cours. Ainsi, à chaque fin de cours, il faut rester attentif au moment où les enseignants feront les mouvements appris durant la séance. S’il n’est pas autorisé de filmer les enseignants, il est possible de demander la permission à un autre stagiaire (ou plusieurs) de refaire le programme du cours devant votre objectif. L’idée est ici de capturer le mouvement à chaud.

La phase suivante se passe le soir de chaque journée de stage. Il est utile de noter dans un calepin ou un cahier tout ce dont vous vous souvenez de ce qui a été dit durant les cours de la journée. Encore mieux, si vous avez un creux dans votre programme de cours durant la journée, vous pouvez en profiter pour y prendre vos notes. Ces notes sont un complément très utile à la vidéo puisque vous pouvez aussi y porter vos sensations, vos commentaires et tout ce que vous trouvez important de noter pour une reproduction fidèle.

La dernière phase du processus parfait se situe après le stage. C’est là où il faut reprendre votre vidéo et en faire un petit montage rapide, mais propre, avec des titres pour chaque cours ou séquence enregistré(e). Il existe des outils gratuits (Movie Maker sous Windows) ou pas trop chers et très simples d’utilisation (Première Elements) pour faire cela. Il faut absolument effectuer cette opération qui permet l’archivage propre des vidéos du stage dans un laps de temps très cours après le stage. La raison essentielle est que plus vous traînez, moins vous en aurez l’envie et moins vous en trouverez le temps. Puis les vidéos s’accumulent : un stage, puis deux, puis on finit par ne pas exploiter les vidéos faute d’accès facile aux différentes scènes. La vidéo étant montée (et éventuellement gravée sur DVD), le nec plus ultra est alors de la visionner en relisant vos notes et de compléter ces dernières avec les détails que les images vous remettront en mémoire.

Et vous voilà enfin prêt(e) à retravailler les mouvements du stage au moment qui vous conviendra le mieux, vidéo et support écrit à l’appui. Il est toutefois conseillé de ne pas trop tarder afin de bien profiter de la mémoire du corps qui, elle aussi, se détériore avec le temps sans pratique. Par la suite, un petit rappel de temps en temps permettra d’asseoir ces nouvelles connaissances sur le long terme. Ce ne sont là que quelques conseils (que j’ai essayé de généraliser à divers types de stages de danse, en couple ou non) que chacun saura adapter à sa personnalité et ses habitudes. Rappelons-le, un stage n’est pleinement profitable que si l’on intègre sur le long terme ce que l’on y a étudié. Si, par malchance, vous n’avez pas la possibilité de réviser le contenu des cours sous quelques semaines après le stage, vous risquez de devoir participer de nouveau à un stage similaire pour réellement progresser.

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Le « vrai » swing

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L’idée de cet article m’est venue il y a quelques mois en lisant une vieille méthode de danse de 1946 qui porte le même nom que cet article « Le vrai Swing » de A. de Vyver. Dans ce fascicule de 24 pages, l’auteur décrit ce qu’il considère comme étant le « vrai swing ». Cela amène un peu plus loin ma réflexion à ce que peut être une « vraie » danse… Je commence donc par recopier ci-dessous la préface du fascicule en question qui est édifiante.

Extrait de « Le vrai Swing » de A. de Vyver (1946)
Cette méthode a été étudiée spécialement pour permettre à tous d’acquérir rapidement et facilement le « Swing » tel qu’il doit être, c’est-à-dire correct, dansant et spectaculaire. Avant de passer à l’étude des bases fondamentales du « Swing », il est bon, pour la clarté même de l’enseignement, d’établir une classification des différents « Swing » qui firent fureur ces dernières années.
Premièrement : Le « Swing » pratiqué en dancing.
Deuxièmement : Le « Swing » réel.
Le « Swing » pratiqué dans les dancings, appelé aussi « Swing » populaire, ne fut en réalité qu’un « Swing » déformé, dans sa tenue, dans ses figures, dans ses bases, et ceci, afin de simplifier. Ainsi on vit naître un peu partout des « Swing » de toutes sortes et baptisés « Swing » américain, nègre, double-temps, slow-swing, etc… Chaque danseur avait le sien. L’un dansait un « Swing » à quatre temps, un autre dansait en six temps, un autre dansait en huit temps, etc… Et l’on vit dans les bals des excentricités de toutes sortes : tiraillements, sauts séparés, rattrapés, course à cloche-pied (exact). Naturellement, rien de tout ceci ne ressortait du « Swing » et encore moins de la danse.
Et l’accueil que ces curieuses figures trouvèrent auprès de la jeunesse ne peut s’expliquer que par l’absence de distractions à laquelle cette jeunesse fut contrainte pendant les années 1940 à 1945. Nous n’enseignerons donc pas ce genre de « Swing », puisqu’il est la déformation même du vrai, et puisque, pour l’apprendre, il n’est pas besoin de leçons.
Le « Swing » réel, dit aussi « Swing » de Club, a toujours été le préféré des amateurs de danse. La correction de sa tenue (rapprochée), ses figures spectaculaires, élégantes, ne nécessitant, par ailleurs, que peu de place, en font le « Swing » de prédilection pour les amateurs de vraies danses récréatives. Notons que ses figures ne sont pas toutes composées du même nombre de temps ; on y trouve des 4, 6, 8, 10 et même 12 temps, comme d’ailleurs dans la plupart des danses. C’est à l’étude de ce « Swing » qu’est consacrée cette méthode. Nous étudierons seulement les figures les plus usitées, accessibles à tous, en laissant de côté les fantaisies compliquées nécessitant la présence d’un professeur.

Dans sa méthode, le « professeur A. De Vyver », décrit une danse semblable au foxtrot (position fermée, suivant la ligne de danse autour de la piste de danse) et qui fait alterner genoux fléchis (temps pairs) et genoux tendus (temps impairs) dans un pas de marche. Il y présente le pas chassé, le break sur 6 temps (rien à voir avec un break musical), le croisé tourné sur 8 temps, ainsi que le snap sur 10 temps. Je ne vais pas m’étendre plus loin sur le contenu de cette méthode, puisque ce n’est pas réellement l’objet de l’article.

Ce qui me semble intéressant de remarquer, c’est cette notion de « vrai swing ». Une danse peut-elle être vraie ? Peut-être est-ce oui si l’on veut faire référence à une pratique à un moment donné en un lieu donné par une personne donnée (ou à un standard diffusé), mais peut-être est-ce non dans d’autres cas. Je ne vois pas pourquoi une manière de danser serait plus vraie qu’une autre du moment qu’elles sont toutes les deux pratiquées sur une piste de danse ou une scène. On devine bien que l’auteur se base sur ses connaissances de l’époque (1946, rappelons-le) et qu’il veut tordre le cou à une nouvelle vague de mouvements qui apparaît sous le nom de « swing » alors qu’il pratique lui-même une danse du même nom, mais qui a des mouvements différents. Il faut aussi garder en tête que cette personne est professeur de danse (et, à l’époque, c’est un statut d’importance semble-t-il) et qu’il voit d’un mauvais oeil cette concurrence qui ne nécessite pas de leçons, selon ses mots. Il est évident que l’auteur de ce texte n’a pas le recul que nous avons aujourd’hui pour pouvoir trancher ce débat sur le « vrai swing » qui naît déjà en 1946.

Cela me rappelle un peu une fiche d’UltraDanse.com que je viens de modifier (celle qui présente le rock) et le début de mon travail sur le site il y a 10 ans. J’avais écrit à l’époque que le « vrai rock se danse sur 6 temps ». Je souhaitais diffuser la bonne parole (en tout cas celle dont j’étais partisan à mon stade de maturité). Oui, mais voilà : on évolue au fil de nos nouvelles connaissances et aptitudes. Aujourd’hui, j’ai compris qu’il n’y a pas de « vrai rock », mais plusieurs manières de danser le rock. Le seul problème ensuite est d’être en mesure de danser avec quelqu’un d’autre qui dit aussi danser le rock. Quoi qu’il en soit les différents styles cohabitent sur les pistes de danse lors des soirées. C’est la même chose pour le lindy hop, dont la guéguerre entre « Savoy » et « Hollywood » n’a plus réellement cours, puisque la nouvelle génération de lindy hoppers ne fait plus vraiment la distinction et utilise des techniques issues des deux styles concurrents dans les années 90.

Mais je reviens un peu sur cette histoire de foxtrot/swing du professeur De Vyver. Si ce qu’il appelle swing ressemble beaucoup au foxtrot, c’est qu’il y a une raison. J’ai déjà eu l’occasion de dire ici que le foxtrot, le lindy et le rock peuvent très bien cohabiter sur une piste de danse. En réalité, ce type de cohabitation se faisait déjà dans les années swing au fameux Savoy Ballroom de New York où s’est développé le lindy hop des origines. Voici un extrait issu du documentaire « Frankie Manning: Never Stop Swinging » (PBS, 2009) qui reprend lui-même un film des années 1950 à l’on voit comment l’on dansait au Savoy Ballroom de Harlem. Ce montage vidéo met en évidence les danseurs de « Swing Walk » (autre nom donné au foxtrot) qui dansent autour de la salle alors que les danseurs de lindy hop en occupent le centre.

Y a-t-il un « vrai swing » en tant que danse ? La réponse est non, de toute évidence. Et nous ne le savons que depuis quelques années. Le swing, c’est une famille musicale qui a donné naissance à tout un ensemble de danses. Cela part du foxtrot au West-Coast swing en passant par le lindy hop, le balboa, le shag et même le rock. La meilleure preuve en est que ces différentes danses cohabitent souvent sur les pistes de danse au son d’un même titre. Bien sûr, l’évolution de la musique a élargi l’application de ces danses à d’autres styles musicaux. On danse ainsi le balboa sur du swing manouche, le rock sur de la pop des années 80, le West-Coast swing sur du R’n’B, etc. De plus, ces danses ont subi l’influence d’autres danses qui n’ont rien à voir au niveau musical, comme la salsa ou le tango, ainsi que l’influence d’autres cultures issues de la diffusion mondiale des danses. Ainsi, à chaque époque correspond une certaine pratique de telle ou telle danse. Nous ne dansons plus le lindy hop comme dans les années 40, pas plus que nous le dansons comme dans les années 80 et il y a de fortes chances que nous ne le danserons plus comme aujourd’hui dans 20 ou 30 ans. Tout est un subtil mélange entre influences, maturité, standardisation et contexte musical. Entre les amateurs de la tradition et ceux de la modernité s’établit un équilibre qui évolue selon les époques et les lieux.

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Des robots et des hommes

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Comme tous ceux qui suivent l’actualité des nouvelles technologies, je remarque mois après mois les progrès des recherches dans ce domaine. En particulier, il y a une dizaine de jours a été dévoilé au Japon un nouveau robot nommé « HRP-4C », capable de chanter et de danser. Je vous livre donc aujourd’hui quelques réflexions sur ce sujet.

Depuis que l’homme a compris qu’il pouvait construire des machines capables d’être autonomes, celui-ci a imaginé qu’elles pouvaient un jour ou l’autre le remplacer dans certaines tâches. Cela a commencé au niveau d’un certain nombre de tâches simples où les machines en question avaient le statut de simple outil (moulin à eau, voiture, etc.). Puis, la technologie évoluant, ces outils sont devenus de plus en plus perfectionnés et certains domaines en particulier sont nés. Parmi ceux-là, il y a la science des automates, l’informatique, puis la robotique. De nos jours ces trois disciplines se sont rassemblées pour que les robots aient l’air plus vrais que nature ou, en tout cas, de plus en plus proches de l’être humain.

En réalité, on ne parle de robots que depuis 1941. Le premier à utiliser ce terme fut chercheur et écrivain Isaac Asimov. Ce concept ne s’est répandu qu’à partir d’une dizaine d’années plus tard où l’on a pu développer des robots industriels pour construire des voitures, par exemple, ou encore des robots ménagers pour hacher, mixer, etc. Pendant des années, les robots n’ont en rien pu ressembler aux hommes : le bras mécanique d’un poste à assembler les voitures ne ressemble pas à un humain, pas plus que le robot aspirateur Roomba (dont le nom se prononce comme la danse « rumba ») n’a de jambes pour se déplacer. Ainsi, chaque robot a la forme qui sert le mieux la fonction pour laquelle il a été conçu. Il ne restait qu’aux films de science-fiction la possibilité d’imaginer des robots aux formes vaguement humanoïdes dans un premier temps (par exemple, « Forbidden Planet »/ »Robby the Robot » de Fred M. Wilcox en 1956), puis aux formes des plus réalistes par la suite (« Blade Runner » de Ridley Scott en 1982, mais n’oublions pas « Metropolis » de Fritz Lang en 1927).

Ces dernières années, de nombreux progrès ont été faits qui permettent de s’approcher de ce qu’ont imaginé les scénaristes des films de science-fiction. Celui qui a le premier fait parler de lui était le robot Asimo de Honda. Créé en 1986, ce robot humanoïde ressemble un peu à un cosmonaute. Sa particularité est qu’il sait marcher, cela était d’autant plus remarquable que la gestion de l’équilibre est très difficile à gérer pour un robot sur deux jambes. Nous, les humains, n’imaginons pas forcément tous les microajustements qui sont faits par notre cerveau et nos muscles à chaque instant pour conserver notre équilibre. Et c’est évidemment encore plus difficile quand on danse. Le fait même d’écarter un bras fait se déplacer le centre de gravité de notre corps vers le bras en question et nous oblige à compenser par ailleurs. Si cela n’était pas fait, nous tomberions tout simplement par terre de déséquilibre. Le robot Asimo du début a été amélioré et il a été suivi par d’autres semblables fabriqués par des laboratoires de recherches autres que ceux de Honda. De nos jours, Asimo sait bouger les bras, descendre les escaliers, éviter des obstacles, etc. D’autres robots savent courir, chevaucher un vélo, etc. De là, à savoir danser, le pas est vite franchi.

Je vous propose une petite vidéo de robots dansants. Ils sont fabriqués par Sony et se nomment les SDR-4X. Cette vidéo date de 2006, il y a fort à parier qu’ils font encore mieux aujourd’hui. Cela dit, ils ne se fondent pas encore réellement dans une troupe de danseuses.

À présent, la vidéo de l’événement que j’évoquais en introduction de cet article. Voici la prestation du robot HRP-4C qui non seulement sait danser, mais il sait aussi chanter en même temps (la voix du robot est une voix de synthèse). Si l’on regarde bien, son visage sait prendre un certain nombre d’expressions humaines. L’équipe de développement de ce robot (National Institute of Advanced Industrial Science and Technology au Japon) appelle sa technologie « Chorenoïd » pour bien montrer que ce robot sait faire plusieurs choses à la fois et que cela est géré simplement par un logiciel. Ce qui m’a frappé dans ce robot est sa capacité à déhancher. Regardez par vous-même.

On le voit, il est naturel que l’homme essaye de fabriquer des machines à son image et qui se rapprochent le plus possible de ce qu’il sait faire. Ce qui est moins naturel est d’effet inverse. On connaissait « Monsieur Data », le robot « droid » de Star Trek, The Next Generation, qui n’avait de cesse que de ressembler à un humain au point d’apprendre à danser pour faire bonne figure devant une humaine qu’il a invitée dans un épisode. Mais, dans le monde de la danse, et celui du hip-hop en particulier, il y a les humains qui veulent ressembler à des robots. Par exemple, voici un enchaînement dansé par un duo de Danois sur une émission du style « Incroyable Talent » en 2009.

D’un côté, les robots qui s’approchent de l’être humain, d’un autre côté les humains qui veulent ressembler à des robots. Je trouve amusante cette comparaison qui nous permet de nous interroger sur notre nature humaine et sur la raison qui nous pousse à danser d’une manière ou d’une autre. Est-ce que cela fait partie de la nature humaine profonde de danser ? Est-ce qu’un robot qui sait danser a gagné une part d’humanité ? Est-ce si compliqué d’être humain que certains cherchent à simplifier cette nature pour se rapprocher de robots ? La liste des questions peut être longue et les réponses ne sont pas si simples que cela. Le débat est ouvert ! Je vous laisse donc ici avec de quoi réfléchir…

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Tilili, Chilili, Guili-guili, kuduro ?

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Certains ont peut-être remarqué qu’une nouvelle danse se diffuse petit à petit depuis quelques mois dans les soirées dansantes. C’est une danse en ligne qu’on m’a présentée sous le nom de « Tilili ». On m’en avait déjà parlé, mais je n’avais pas eu l’occasion de m’y intéresser… Jusqu’à il y a quelques jours où, dans une soirée dansante l’un des participants s’est proposé de la faire faire à toute l’assemblée. Tout d’abord intrigué, je me suis levé afin de mieux voir et d’éventuellement pratiquer ces nouveaux pas qui ont l’air d’avoir du succès. Ce que j’ai vu m’a laissé coi.

La personne en question, pleine de bonne volonté, a montré les quelques pas composant la danse : bascules avant-arrière achevées par un coup de talon en tournant d’1/4 de tour puis déplacement à droite, déplacement à gauche, petits pas en reculant, bascules avant-arrière achevées par un coup de talon en tournant d’1/4 de tour avant de recommencer dans la nouvelle direction. Cela ne vous rappelle rien ? Jetez un oeil à la chorégraphie country en ligne de l’electric slide. En informatique, on appelle cela un copier-coller…

Si la personne ayant montré ce « Tilili » avait été habituée à danser cet enchaînement et si le début avait été positionné au niveau des pas de côté, je l’aurai reconnu encore plus vite. Ce qui autorise à se poser la question de la nouveauté est la musique très « Caraïbes » qui sert de base à la danse. Par ailleurs, la personne en question n’a pas appliqué le style « danses des Caraïbes » qui s’imposait : déhanchés marqués et remplacement du « kick » à la fin des déplacements latéraux par un coup de hanche à la manière de la bachata. Je connaissais les trois manières de danser l’electric slide (country, swing et Caraïbes), mais je ne savais pas qu’on avait donné (récemment, semble-t-il) un nom particulier à la variante « Caraïbes ». Bien évidemment, de retour chez moi, je n’ai pas pu m’empêcher de rechercher de plus amples informations autour de ce fameux « Tilili ». D’où vient ce titre ? Pourquoi a-t-on commencé à danser l’electric slide dessus ? Voici ce que j’ai trouvé…

Tout d’abord, le nom : Tilili. En effectuant des recherches, je n’ai tout d’abord pas trouvé de chanson nommée comme cela. En revanche, j’ai trouvé un morceau nommé « Tchiriri » (ou « Xiriri »), interprété par le groupe Costuleta et qui correspond à la musique que j’avais entendue en soirée. On trouve ce titre (« A Dança Do Tchiriri ») sur plusieurs compilations libellées « Kuduro » et il semble qu’il passe dans les discothèques de la région parisienne et des Antilles depuis plus d’un an. On peut aisément deviner qu’une personne ayant vu la danse un jour sur ce titre, l’a transmise à d’autres personnes en déformant le nom « Tchiriri » en « Tilili » du fait d’une mauvaise compréhension des paroles et de la méconnaissance du titre d’origine. Cela aurait tout aussi pu devenir « guili-guili » (vous comprenez enfin le titre de cet article ?) ou autre chose…

La musique kuduro (« cul dur » en portugais mais avec un « k » au lieu du « c » initial) aurait été inventée par Tony Amado (un Angolais) en 1996, inspiré par « I Like to Move It » et les rythmes traditionnels d’Angola. Pour résumer, il pourrait s’agir de techno angolaise. La danse kuduro, quant à elle, est plutôt frénétique et met en action les hanches et les fesses d’une manière importante. Tony Amado déclare avoir inventé les premiers mouvements en s’inspirant d’une danse de Jean-Claude Van Damme saoûl vue dans « Kickboxer » et de danse traditionnelle angolaise. La musique et la danse kuduro sont particulièrement populaires chez les jeunes au Portugal, au Brésil et au Cap-Vert, destinations de nombreux immigrants angolais. Le kuduro se développe lentement en France depuis quatre ans pour la musique et un ou deux ans pour la danse. Jusqu’ici, pas grand chose à voir avec l’electric slide… C’est à ce moment de mes recherches que je m’aperçois que certains clips de musique kuduro mettent en scène la chorégraphie de l’electric slide avec quelques autres mouvements. C’est peut-être de là que vient l’association entre la danse kuduro et l’enchaînement en ligne de l’electric slide. On attribue l’electric slide original à Ric Silver qui, entre 2004 et 2007, a effectué plusieurs actions en justice pour réclamer la paternité de cet enchaînement qu’il aurait créé en 1976. Il souhaitait en plus que chaque représentation filmée de l’electric slide soit faite en conformité avec l’original. Je ne sais pas ce qu’il pense de ce « Tilili ». Peut-être le simple changement de nom suffit-il à en faire légalement un autre enchaînement ? Je n’ai pas la réponse. En tout cas, Ric Silver souhaite que l’on mentionne son nom à chaque fois qu’on parle de l’electric slide, ce qui est donc fait dans cet article…

Pour étayer tout ce que je viens de dire, voici une vidéo d’une émission brésilienne qui met en concurrence diverses danseuses de kuduro. Même en regardant de très près, je n’ai pas vu trace de l’electric slide…

Cet article montre bien, je pense, qu’une nouveauté n’en est pas toujours une. Ici, la musique est bien d’un style nouveau qui met du temps à s’imposer en France. Mais la danse n’est pas nouvelle. Il n’y a que les gens qui ne connaissent pas les danses en ligne qui peuvent prendre cet enchaînement « Tilili » pour une série de nouveaux pas. Je ne sais pas réellement si l’on peut dire qu’ils se sont faits avoir, car ils ont réellement appris un enchaînement qu’ils peuvent à présent danser en bal country ou en soirée swing (!). En tout cas, cela pose l’éternel problème des personnes qui copient des choses et, au lieu de dire : « je l’ai copié là », disent : « je viens de l’inventer ». Et ce mensonge leur attribue la paternité d’un travail qui n’est pas le leur. C’est une attitude que je n’approuve pas.

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La danse bretonne

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S’il est intéressant de découvrir les danses traditionnelles de France dans leur ensemble, il est encore plus intéressant d’approfondir le cas de certaines d’entre elles. Mon nom de famille ne cache pas mes origines bretonnes et il me semble donc logique de vous présenter un peu de la culture qui est la mienne. Ce n’est pas parce que j’ai émigré vers le Sud que j’en oublie mes racines, loin de là. Je vous invite donc à passer quelques minutes dans le monde des danses bretonnes (comme la célèbre gavotte) où le fest noz et la langue bretonne sont bien présents. Précisons dès à présent que danse se dit dañs en breton et que cela se prononce comme le mot français.

Pour bien comprendre ce qui suit, il faut savoir que la Bretagne n’est pas une région où la culture est uniforme. D’ailleurs, on ne parle pas le même breton à Brest qu’à Vannes. C’est une région composée de plusieurs « pays » (bro en breton) qui ont chacun leur propre microculture et n’ont pas de réel rapport avec les départements (Finistère, Côtes-d’Armor, etc.) que nous connaissons aujourd’hui. En marge de ce découpage de type « province », on rencontre une division qui a son importance dans le domaine de la danse : Basse-Bretagne (à l’Ouest et où l’on parle breton) et Haute-Bretagne (à l’Est et où l’on ne parle pas beaucoup breton, voire plus du tout). J’espère que ces précisions aideront les non-Bretons à mieux comprendre les choses…

La première danse bretonne dépeinte par écrit serait le trihori. (On rapproche le nom de trihori du breton tri c’hoari qui signifie « trois jeux » en référence aux trois parties composant la danse.) On retrouve sa trace dans un document de 1588 de Thoinot Arbeau qui la décrit comme une sorte de branle (danse du moyen-âge). En cette comparaison, on trouve donc des similitudes avec des danses traditionnelles d’autres régions de France. En Basse-Bretagne, on distingue cinq danses dont semblent découler les autres : la gavotte (dañs tro, largement diffusée), l’an dro parfois écrit en dro (région de Vannes et souvent associé à l’hanter dro), la dañs Treger (région du Trégor), la dañs Leon (Nord du Finistère) et la dañs tro plinn (centre de la Basse-Bretagne). En Haute-Bretagne, c’est moins clair, car les travaux de recensement n’ont été réalisés que tardivement. On trouve néanmoins clairement des danses apparentées à l’an dro bas-breton, des ronds ou rondes, des passe-pieds, des branles vendéens. On remarque l’absence de noms bretons pour ces danses de Haute-Bretagne. Toutes ces danses se pratiquaient souvent en cercles fermés. On peut ainsi citer d’autres danses connues comme la ridée, le laridé, la danse du loup, le jabadao, la dañs plinn, mais aussi en Haute-Bretagne la pastourelle, l’avant-deux et les quadrilles.

Comme pour beaucoup de danses traditionnelles, la pratique a longtemps été essentiellement tournée vers les moments clef de la vie des gens : grands travaux agricoles (moissons, arrachage des pommes de terre, grands défrichages, etc.), activités de groupe (confection de paniers, etc.), événements familiaux (mariage, etc.), événements commerciaux (foires), événements religieux (pardons, feux de la Saint-Jean, etc.) La danse était accompagnée de chants ou de musiciens (sonneurs de biniou et de bombarde, mais ils ont été rejoints par des joueurs de violon, de clarinette ou d’accordéon). Le recours aux musiciens (qui étaient payés) avait généralement lieu lors de grands événements. Les autres fois, les danses étaient animées par des chanteurs (qui n’étaient pas payés, eux) qui peuvent très bien danser en même temps qu’ils chantent. À noter, la spécificité des chants bretons en la technique du kan ha diskan (« chant et contre-chant ») où deux chanteurs alternent en une sorte de question-réponse.

À l’époque, chaque bro avait ses propres danses qui se diffusaient peu et les différentes danses étaient généralement transmises par mimétisme : chaque nouveau danseur apprenait sur le tas en regardant les autres ou en intégrant directement (et maladroitement) la danse de groupe. Mais l’industrialisation de la fin du XIXe siècle avec ses voies de communication crée une ouverture vers l’extérieur, qui fera évoluer la danse plus rapidement que précédemment. En effet, la société évolue vers une individualisation plus présente là où l’esprit de groupe était essentiel à la survie. C’est ici que le cercle formé par les danseurs s’ouvre et se transforme en longue chaîne où le meneur du début de la chaîne décide du chemin. Puis, on passe à des chaînes de plus en plus courtes (jusqu’à finir au simple couple) où chaque individu pourra être amené à se montrer un peu plus. En parallèle de cette évolution, les mouvements de bras sont apparus là où les danseurs se serraient littéralement les coudes à l’origine, ce qui ne permettait pas aux bras de bouger, mais renforçait le lien entre les danseurs. Au XVIIIe siècle, les danses de Haute-Bretagne sont également influencées par la contredanse anglaise (country dance) où l’on danse couple par couple, comme dans un quadrille. La contamination sera effective au début du XIXe siècle. Et l’on ne parle pas des polkas et autres scottiches qui se diffusent dans tout le pays et sont assimilées par les danses traditionnelles.

La danse bretonne la plus connue de nom est probablement la gavotte. Cette danse bretonne (aussi appelée dañs tro en breton) doit son appellation française à la gavotte française dansée à la Cour du fait que les deux danses se pratiquent en cercle, mais il semble que l’origine de la danse n’ait pas de rapport avec la gavotte française. Les pas de la gavotte bretonne varient selon la zone géographique où elle est pratiquée (différence au niveau des changements d’appuis, petits sauts, vitesse, etc.). Cette zone s’étend sur environ les 3/4 de la Basse-Bretagne. La gavotte peut se trouver au sein de suites de danses incluant des moments de repos (parfois marqués par une marche). Je réserve une description détaillée des pas pour un autre article.

Même si elle est la plus connue du fait de son nom français, ce n’est pas à la gavotte à laquelle pensent les touristes se rendant en Bretagne. Ils ont en tête l’image d’une danse se dansant en cercle, certes, mais qui comporte des mouvements de bras et où les danseurs se tiennent par le petit doigt. En réalité, il s’agit là de l’an dro (que l’on peut traduire par « la ronde » ou « le tour » en français). Cette danse peut aussi se faire en chaîne ouverte où les hommes et les femmes sont alternés et se tiennent effectivement par le petit doigt. Le néophyte en danse peut éprouver des difficultés à synchroniser le mouvement de ses pieds avec celui de ses bras qui est caractéristique de la variante de Baud et qui correspond à ce qui est dansé de nos jours en fest noz. Je vous donne quelques détails.

Lorsqu’ils dansent en rond, les danseurs démarrent face au centre du cercle et se tiennent par le petit doigt. La rythmique de base est : « 1 et 2, 3 et 4 », que l’on peut aussi énoncer : « vite, vite, lent, vite, vite, lent ». Cette rythmique est marquée par les pieds : un pas par mot en commençant par le pied gauche, on sautille très légèrement, les pieds toujours posés à plat.

  • 1. Écarter le pied gauche à gauche.
  • et. Assembler le pied droit au pied gauche.
  • 2. Écarter le pied gauche à gauche.
  • 3. Assembler le pied droit au pied gauche.
  • et. Piétiner du pied gauche sur place.
  • 4. Piétiner du pied droit sur place.

Donc pour résumer, un déplacement en pas chassé se fait sur « 1 et 2 » alors que l’on reste sur place sur le « 3 et 4 ». Enfin, il y a le fameux mouvement des bras. En réalité, il est simple : on enroule comme si on tournait deux manivelles à la fois (on termine coudes en bas et mains en haut) sur « 1 et 2 » et on effectue le mouvement inverse (on déroule) sur le « 3 et 4 ». Ce qui est compliqué au début, c’est de faire les pas et les bras en même temps. En guise d’exemple, voici un an dro dansé en chaîne en 2008 par le cercle celtique « Bleuniou Lann An Aven » lors de la soirée de l’Aven à Riec sur Belon, dans le Finistère. Un film réalisé par un amateur, mais qui est assez représentatif.

Depuis années 40 et encore davantage après la Seconde Guerre mondiale, les cercles celtiques et les groupes de loisirs déforment (volontairement ou non) les danses que leurs danseurs pratiquent. Ils créent ainsi de nouvelles danses et variantes. L’invention de nouvelles danses a aussi été parfois faite en contradiction avec le support musical traditionnel (on effectue des pas sur une musique qui n’y est traditionnellement pas associée). Le renouveau de la danse traditionnelle bretonne se fait en partie grâce au chanteur et harpiste Alan Stivell (dont l’une des mélodies connues a été reprise dans les années 90 par le groupe Manau) qui, par la musique et ses prises de position, affirma sa culture et l’identité de ses racines. Après 1970, l’évolution des musiques populaires amena le remplacement du chant dans les festoù noz par des formations musicales où apparaissent les guitares électriques. Une petite précision : festoù noz est le pluriel de fest noz, une fête en soirée. Si la fête se passe le jour, on appelle cela un fest deiz (« fête de jour »). Ces fêtes traditionnelles sont devenues un vecteur de transmission non seulement des danses bretonnes, mais aussi de la musique bretonne. Ces rassemblements se font comme les soirées de danses à deux, il s’agit d’une sortie de loisir pour se divertir et voir du monde dans une ambiance festive. Le mot fest noz dépasse aujourd’hui les limites de la Bretagne puisqu’on qualifie parfois de fest noz les bals folk d’autres régions où d’autres danses traditionnelles sont pratiquées (mazurka, polka, scottich, bourrée, etc.). Ces rendez-vous familiaux et populaires ouverts à tous semblent être très positif, cependant ils ont produit des effets pervers sur les danses des origines par un gommage des difficultés techniques, l’uniformisation des gestes lorsque des cours d’initiation sont donnés, etc. En même temps, on voit parfois la disparition des rituels de danse dans les festoù noz (disparition du meneur, attitude légère vis-à-vis des traditions, perte de respect, etc.). De même, on assiste à la dissociation entre la musique et chant d’un côté et la danse de l’autre côté.

Comme pour beaucoup de danses traditionnelles, si nous pouvons encore danser ces danses traditionnelles bretonnes, c’est grâce aux efforts de collectage qui ont été faits du temps où il y avait encore des survivants connaissant les danses des origines. Il y a toujours une opposition entre les partisans de la tradition intacte des origines et ceux qui pensent que les danses ne vivent que si elles sont pratiquées et si elles évoluent selon leur contexte de pratique dans le temps. Là-dessus, je vous laisse réfléchir… L’été est passé et vous aurez peut-être manqué quelques festoù noz lors de vos vacances en Bretagne. Néanmoins, jetez un oeil à côté de chez vous : il y a sûrement un groupe d’irréductibles Bretons expatriés qui vous accueilleront avec plaisir. Il y en a partout, même où je vis à présent, dans le Sud-Ouest toulousain…

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Bonnes et mauvaises surprises

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En parcourant diverses vidéos sur Internet, on tombe parfois sur quelques surprises. Certaines surprises sont bonnes d’autres sont plutôt mauvaises. Il est clair qu’Internet est un vecteur pour tout type de contenu et qu’il en faut pour tous les goûts. Dans cet article, je vais vous présenter une vidéo de chaque type (à mon avis !). À vous de juger…

Je mets la première vidéo dans la catégorie des mauvaises surprises. Voici en effet une vidéo de 2007 issue de l’émission « Dancing With The Stars ». Cette émission est diffusée aux USA et a pour principe d’associer une célébrité avec un professionnel de la danse. Ensemble, ils doivent concourir et affronter d’autres couples en présentant des chorégraphies au public et au jury. On dit que TF1 devrait reprendre ce principe dans quelques semaines, attendons de voir le résultat… Dans cette émission américaine, il y a parfois des démonstrations hors compétition. C’est ce qui a été filmé dans la vidéo que je vous présente ici. La chorégraphie est dansée par des danseurs de Los Angeles et du comté d’Orange. Je vous laisse déjà regarder et écouter. Je vous donne mon avis juste après.

Cette chorégraphie est présenté comme une démonstration de rock’n’roll. Il est évident que la musique se prête à cette appellation (les « Fall out boy » sont un groupe de rock alternatif), mais que la danse en est très loin… Il s’agit en fait d’un mélange de lindy hop, de jive, de boogie et de shag. Je trouve que la danse ne colle pas réellement à la musique. Il est vrai que les Américains pratiquent des styles de danse qui se prêtent difficilement à de telles musiques (à part peut-être l’East Coast ?). Les Français ont le rock pour cela et ça colle plutôt bien à ce genre de musique nerveuse. Mais le rock (la danse) ne colle pas à toutes les musiques ; c’est pour cela que les Français se sont mis à apprendre le lindy hop pour aller avec le swing et le West Coast swing pour aller avec le blues ou le R’n’B. La première fois où j’ai vu cette vidéo, j’avais même l’impression que l’image et le son étaient décalés tellement ce qui est dansé ne me semble pas correspondre à la musique, un peu comme si les danseurs entendaient mal. Pour atténuer mon jugement, je dirais que, malgré tout, la danse n’est pas mauvaise en soi et que le chorégraphe a probablement essayé de faire de l’expérimental avec cette association. Tout le monde a le droit de faire des erreurs. Le tout est de le comprendre, de l’accepter et de se corriger pour la suite. Je reste toujours fidèle au principe (que j’énonce souvent ici) que la danse et la musique doivent correspondre afin de se sublimer l’une l’autre.

Je disais qu’il y avait de mauvaises surprises sur Internet, mais il y en a aussi de bonnes. Et donc, pour équilibrer, la vidéo qui suit fait selon moi partie des bonnes surprises. Il s’agit d’une chorégraphie (« Guan Yin », la compassion de Bouddha) d’une troupe chinoise, ici filmée en 2005 pour une diffusion sur la chaîne CCTV4, qui s’inspire de la mythologie indienne.

À première vue, on est émerveillé par la qualité de la synchronisation de ces demoiselles. On imagine déjà la difficulté avec quatre ou cinq personnes, alors avec une vingtaine, c’est une bonne performance. Cela fait un peu penser aux ballets de natation synchronisée des comédies musicales hollywoodiennes où figurait Esther Williams. Mais là où l’on tombe des nues, c’est quand on apprend que la plupart de ces danseuses sont… sourdes ! Et pourtant elles dansent d’une manière parfaitement rythmée et en musique. Les personnes sourdes ou malentendantes perçoivent la musique par le biais des vibrations. Mettez-vous devant un haut-parleur où est diffusée de la musique à un bon volume et fermez les yeux et bouchez-vous les oreilles, vous comprendrez alors un peu comment cela se passe. Malgré tout, on ne perçoit pas tout le spectre audio : si les sons graves sont faciles à saisir, il n’en est pas de même des sons les plus aigus. Si l’on regarde bien, il y a des personnes sur le côté de la scène qui leur donnent des indications et il est probable qu’il y en ait d’autres en face des danseuses (où se trouve le public). Cela n’enlève rien à la performance, car même avec un petit support de ces « guides », cela est extrêmement difficile à danser même pour des personnes entièrement valides. On imagine les répétitions qu’il a fallu pour arriver à ce niveau. J’avoue être impressionné (et cela ne m’arrive pas si souvent…). Pour ceux qui comprennent bien l’anglais, voici un lien vidéo pour en savoir plus : http://www.youtube.com/watch?v=x1XzvRBInnQ (dépêche AFP à l’occasion de la présentation de cette chorégraphie aux Jeux paralympiques de 2008 à Beijing).

J’aime bien faire des parallèles, histoire d’amener chacun à réfléchir un peu. J’ai donc ici rassemblé deux vidéos : dans l’une la musique est audible et la chorégraphie (même si elle est en rythme) n’est pas appropriée, dans l’autre les danseuses n’entendent pas la musique et pourtant c’est comme si elles dansaient en harmonie avec elle. Comme quoi, la beauté d’un spectacle est un tout : musique, danse et un soupçon de sensibilité et d’empathie du public avec les danseurs.

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Un tour du monde en 80 jours

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Cet été, en prenant l’avion, j’ai mis dans mon sac un livre au format poche, un récit de voyage de Jean Cocteau : « Mon premier voyage » , sous-titré « Tour du monde en 80 jours ». J’avais décidé de me changer les idées et de voyager encore plus loin que mon billet ne m’autorisait et la danse n’était pas censée faire partie des bagages cabine. Mais le hasard n’est pas toujours complice d’un éloignement, même temporaire, d’une passion de tous les jours…

« Mon premier voyage » a été écrit en 1936 par Jean Cocteau, que personnellement je ne connaissais que de réputation et par l’intermédiaire du film « La Belle et la Bête »  qu’il réalisa en 1946 avec Jean Marais et Josette Day. Le concept de départ est simple : il s’agissait, pour Jean Cocteau, de refaire le voyage décrit par Jules Verne dans son « Tour du monde en 80 jours »  en 1872, mais 64 ans plus tard (et pour fêter le centenaire de la mort de l’écrivain) afin de constater l’évolution du monde. Jean Cocteau (qui se met dans la peau de Philéas Fogg) est accompagné de Marcel Khill (qu’il surnomme « Passepartout ») et il envoie son carnet de voyage au journal Paris-Soir qui fait ainsi, à l’époque, partager à ses lecteurs les péripéties de ces successeurs des personnages de Jules Verne autour du monde. C’est ainsi que nous suivons pas à pas ce voyage haletant de bateau en train et de voiture en avion (sur la fin seulement) afin de tenir le défi contre la montre. Jean Cocteau essaye de redécouvrir les pays qu’il traverse en évitant les grandes fêtes préparées par les consuls et ambassadeurs, au courant de son projet, et en fréquentant des quartiers parfois peu recommandés, coupe gorges, salons où l’on fume l’opium et autres boui-boui où la nourriture fait peur. Il passe ainsi par l’Italie, l’Égypte, l’Inde, la Chine, les États-Unis avant de revenir en France. Il a aussi la bonne surprise de passer du temps sur un bateau avec Charlie Chaplin (dont j’ai appris qu’il fallait prononcer le nom à la française, car il est le fils du peintre français Charles Chaplin) avec qui il devient ami.

C’est vers la fin du livre (je finissais mon voyage en même temps que le livre, situation sympathique) que j’ai découvert le passage où Jean Cocteau arrive à New York et à Harlem en particulier. Nous sommes en 1936, vous devinez un peu ce qui va suivre, non ? Eh bien oui, son voyage le mène au Savoy Ballroom à la découverte du swing et du lindy hop ! Pour la peine, je vais vous recopier ci-après l’extrait correspondant. Il faut juste noter avant d’aller plus loin que le vocabulaire utilisé à l’époque n’avait pas la même portée que les mêmes mots utilisés de nos jours. Il n’y a, je pense, pas de notion péjorative dans les propos de Cocteau qui s’emballe facilement dans un lyrisme exacerbé ici et dans d’autres pages de son récit.

Extrait de « Mon premier voyage », par Jean Cocteau, 1936, (c) Gallimard
« Harlem c’est la chaudière de la machine et sa jeunesse noire qui trépigne, le charbon qui l’alimente et qui imprime le mouvement […] New York éprise de cathédrales, d’orgues, de cierges, de gargouilles, de burlesques, de ménestrels, de mysticisme et de mystères, est secouée par le rythme noir. » […] Où se rencontrent noirs et blanches ? Quelle est la fièvre qui renverse l’obstacle des races et l’emporte sur le vieux réflexe défensif ? La danse. Le Lindy Hop (Lindbergh dance) qui secoue Harlem d’une trépidation électrique et propage ses ondes partout.
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Le Lindy Hop qui règne depuis cinq ans est une gavotte nègre. Il se danse au Savoy, le dancing noir de Harlem.

Une longue salle basse entourée dune balustrade. Au milieu, la piste et l’orchestre. Autour, un promenoir, des loges et des tables où les spectateurs et les danseurs consomment des boissons naïves. Lorsque nous arrivâmes, l’orchestre jouait une valse, ou plutôt l’ombre d’une valse, ou plutôt, l’ombre de l’ombre d’une valse, une valse zombie, un motif de valse fredonné par un ivrogne sentimental, et, sur cette valse morte, les couples comme suspendus au plafond, laissaient traîner des jambes et des jupes molles, s’arrêtaient, se penchaient jusqu’à terre, la danseuse couchée sur le danseur, se redressaient lentement et reprenaient la promenade, la main dans la main ou face à face, sans jamais sourire. Valses et tangos sont la seule halte que s’accordent ces âmes blanches, ces somnambules secoués d’un érotisme candide et d’une ivresse rituelle. Soudain l’orchestre ressuscite, les morts qui dansent s’éveillent de l’hypnose et le Lindy Hop les secoue.

Sur quelle herbe ont-ils marché ? Sur la marihuana, l’herbe qui se fume et qui grise. Ces grosses négresses en cheveux et ces petites filles dont la poitrine se cabre et dont pointe la croupe, le chapeau placé comme une gifle, deviennent un lasso que les noirs déroulent et enroulent à bout de bras, un boomerang qu’ils lancent et qui les frappe au coeur après avoir tournoyé dans le vide. Parfois, le visage sévère, extatique, la négresse passe sous le bras du danseur, se détache, s’éloigne, exécute un cavalier seul, parfois elle s’élance et le prend d’assaut comme une vague. Il arrive que les couples s’isolent et combinent les figures d’un quadrille plus grave qu’une partie d’échecs. Des blanches se mêlent aux couples noirs. Le vertige, la fatigue ne ralentissent jamais les jambes dont le « dope », les reefers (cigarettes de marihuana) soutiennent le rythme ininterrompu. Rythme d’une foule qui finit par n’être que son propre reflet dans de l’eau qui bouge.

À Paris on exécute le Lindy Hop, mais il y manque je ne sais quel chanvre diabolique, je ne sais quel poivre de Cayenne qui fait de ce menuet nègre une danse de Saint-Guy contagieuse, et de Harlem l’usine du dynamisme américain.

[…] au bar Onyx, une cave où vous allez entendre les meilleurs swing de New York, […] le Swing a remplacé le Jazz. C’est le terme nouveau qui désigne un band noir dont la musique tourne et vous boxe l’âme. Au bout de cette petite cave étroite se démènent, sur une estrade, les cinq nègres de l’orchestre le plus pur. C’est l’oeuf cru qui deviendra l’oeuf cuit et les oeuf sur le plat et l’omelette aux fines herbes. Car ces ensembles s’abîment. Même un Armstrong qu’on croyait de diamant s’est laissé corrompre. Le rêve de ces Ford construites avec des ficelles et des boîtes de conserve est de devenir Rolls Royce et l’orchestre symphonique qui monte des profondeurs, les smokings blancs, les saxophones de nickel éclaboussés de lumière, seront la perte de ces vieux tambours, de ces vieilles trompettes et de ces vieux chapeaux. Le drummer est un nègre d’origine indienne. Il roule son tonnerre et jette ses foudres, l’oeil au ciel. Un couteau d’ivoire miroite entre ses lèvres. Près de lui les jeunes loustics d’une noce de campagne se disputent le microphone, s’arrachent de la bouche des lambeaux de musique saignante et s’excitent jusqu’à devenir fous et à rendre folle la clientèle qui encombre les tables. Lorsque le swing s’arrête, un roulement de caisse accompagne les acclamations et les saluts des choristes Halte ! Les tables s’écrasent contre un mur brutal de silence, et après une stupeur de catastrophe, le Swing empoigne le Boléro de Ravel, le déchire, le malaxe, le scalpe, l’écorche vif, entortille autour de son bâton monotone les pampres écarlates d’un tyrse vaudou. »

Voici qui donne une perception du swing à Harlem en 1936 par un Français. Bien sûr, c’est enveloppé dans un discours plutôt lyrique et l’herbe qui fait rire est mentionnée comme inspirationnelle. Je précise que, dans le reste du livre, Cocteau donne l’impression de se mouvoir dans un milieu où la consommation de drogue est plus ou moins une habitude naturelle. Le fait que je reprenne ici mot pour mot le texte de Jean Cocteau ne signifie pas que j’encourage la consommation de produits stupéfiants pour trouver l’inspiration dans la danse. Je souhaite juste conserver le rythme et l’ambiance donnée par le texte d’origine. Que ceux qui souhaitent lire le récit du voyage de Cocteau dans son intégralité n’hésitent pas à acheter le livre, non sans avoir relu le récit de Jules Verne (qui, lui, n’a pas plus connu le swing et le lindy hop que ses personnages) afin de mieux apprécier les références.

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Attirance par la danse

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J’étais parti pour écrire un texte sur un sujet totalement différent de ce qui va suivre, mais au dernier moment je suis tombé sur un article intéressant, et en relation avec la danse, qui vient de paraître sur le site scientifique américain Science 2.0. Je me suis alors dit qu’il était intéressant de vous en faire part. Si, messieurs, vous vous demandiez quels mouvements faire en boîte pour faire craquer ces dames, la réponse est peut-être ci-dessous…

L’article en question relate l’expérience d’une équipe anglaise de chercheurs en psychologie, dirigée par le docteur Neave de l’université de Northumbria dans le nord de l’Angleterre, qui a travaillé sur l’influence sur les femmes de la manière de danser des hommes en termes d’attirance. Pour cela, cette équipe a utilisé les techniques de capture de mouvement en 3D (« motion capture ») — utilisées fréquemment pour faire certains dessins animés récents, ainsi que dans les jeux vidéo — pour appliquer à un mannequin virtuel les mouvements de vrais êtres humains. Ce principe a l’avantage de ne jamais dévoiler les caractéristiques physiques des danseurs et donc de ne pas influencer les participantes à l’expérience. Pour y parvenir, on barde les hommes de marqueurs réfléchissants dont l’ordinateur va suivre les mouvements afin des les reporter sur les points clés d’un mannequin virtuel. C’est donc ce mannequin virtuel en mouvement qui est montré aux femmes et non les vrais danseurs. Ainsi, seule la manière de bouger compte. Dix-neuf hommes de 18 à 35 ans ont été filmés alors qu’ils dansaient sur un rythme basique pendant 30 secondes et leurs mouvements ont été présentés à 38 femmes qui devaient leur donner une note de 1 à 7. Voilà pour les conditions de l’expérience.

L’équipe du docteur Neave déclare avoir ainsi identifié des différences biomécaniques potentielles entre un « bon » danseur et un « mauvais » danseur. Un homme perçu comme un bon danseur serait synonyme, dans l’esprit des femmes, de bonne santé, de bonnes qualités reproductives. Il semble qu’on bon danseur est identifiable parce qu’il bouge le cou, le buste, l’épaule gauche, le poignet gauche et le genou droit sous différents axes et à des vitesses différentes, alors que le mauvais danseur ne ferait que des hochements de tête et se limiterait à des mouvements simples et rigides. Bien sûr, ces résultats ne reflètent que les mouvements des 19 cobayes : il y a fort à parier qu’un plus large éventail de mouvements aurait été identifié pour un échantillon plus grand. Ces résultats ont déjà l’avantage de donner un aperçu.

Pour commencer, voici la vidéo montrant huit des mouvements associés aux mauvais danseurs. (c) Université de Northumbria.

Ensuite, voici (ci-dessous) la vidéo montrant huit des mouvements associés aux bons danseurs. (c) Université de Northumbria.

J’en conviens, même les mouvements des « bons » danseurs de l’expérience ne sont pas terribles. On imagine alors le pouvoir d’attraction de ceux qui savent réellement danser… C’est un peu une lapalissade : on imagine bien que la danse de John Travolta dans « La fièvre du samedi soir » est plus attractive que celle de Mister Bean dans la série du même nom… De mon point de vue, cette expérience ne peut que justifier davantage le fait qu’il faille un tant soit peu apprendre à danser, peu importe le style. Cela apporte à un homme (ou une femme, car cette expérience aurait sûrement pu être réalisée dans l’autre sens) un minimum d’aisance pour bouger de manière plus originale que les « mauvais » danseurs de l’expérience et ainsi sortir du lot. Enfin, si vous ne recherchez pas particulièrement à séduire les filles parce que vous avez déjà une chérie à la maison, pensez à elle et à la manière dont vous pouvez, par la danse, entretenir la flamme dans ses yeux. Dans tous les cas, une danse en couple est sûrement le meilleur moyen d’attirer l’attention du sexe opposé. Si vous voulez lire l’article original, c’est ici.

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La danse tahitienne

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Pour marquer la saison chaude, je vous propose de partir dans les îles. Non, pas l’île de Ré ou la Corse, mais beaucoup plus loin, dans l’océan Pacifique. Je vous emmène aujourd’hui à Tahiti, collectivité d’outre-mer faisant partie de la Polynésie française. Aussi loin que je me souvienne, c’est là — j’y ai vécu 2 ans — que j’ai fait, étant enfant, mes premiers pas de danse en apprenant à l’école ce que la majorité des Français métropolitains connaissent sous le nom de tamure (prononcer « tamouré »). Il est temps pour moi de vous faire découvrir cela avec un soupçon de culture tahitienne.

L’imaginaire collectif est très vivant par rapport à Tahiti : des grandes plages désertes, des cocotiers, la mer bleue turquoise, sans oublier les vahines (prononcer « vahiné ») qui, au son des ukuleles, dansent le « tamouré » vêtues d’un soutien-gorge en noix de coco, un pagne en feuilles de bananier et la fleur de tiaré fixée au-dessus d’une oreille. C’est très caricatural, évidemment. En réalité, la danse tahitienne doit être appelée ‘ori tahiti (le mot ori signifie « danse » en tahitien). Mais d’où provient donc alors cette histoire de tamure ? Le tamure est à l’origine un poisson de la famille des becs de cane et présent dans les archipels de la Société et des Tuamotu. Une chanson fut composée après la Seconde Guerre mondiale avec le mot tamure dans son refrain. Comme sa mélodie était basée sur les rythmes traditionnels tahitiens, on eut tôt fait d’associer le nom du poisson à ceux-ci ainsi que, par ricochet, à la danse qu’on pouvait effectuer dessus. Il existe toutefois une autre hypothèse quant à l’utilisation de ce mot : il semble que Cook ait décrit des danses indécentes qu’il appelle « timorodee » vers 1780 et qu’il utilisait donc le mot tamure en l’ayant déformé.

Lorsque les explorateurs Wallis, Bougainville (qui qualifia l’île de « Paradis terrestre » à son premier voyage) et Cook se rendirent (successivement) à Tahiti à partir de 1767, ils y virent des habitants vivant dans une société hiérarchisée, où les conflits étaient fréquents, où des actes de cannibalisme existaient, où le corps et les relations sexuelles n’étaient pas contraints. Ils remarquèrent particulièrement que les femmes dansaient nues ou presque. On pense bien que les premiers missionnaires protestants qui arrivèrent sur l’île en 1797 ont eu tôt fait de combattre ces gestes indécents et ces danses lascives, en particulier l’upa upa qui se dansait en couple. La seule exception dans le domaine de l’indécence était le hura, une danse ancienne, qui pratiquée dans un habit richement élaboré. Tahiti est massivement convertie au christianisme en 1815 et en 1842 arrivent les Français qui autorisent les danses du pays (mais avec modération et décence). La Fête nationale est établie le 14 juillet 1881 tout comme en France et cela correspond aux fêtes de Tiurai (les fêtes de juillet). C’est dans ce cadre que la danse regagne peu à peu du terrain aux côtés des himene, les chants traditionnels. Sortant de sa clandestinité, la danse refait surface à partir de 1956 avec le réveil de la conscience culturelle polynésienne et sous l’impulsion de Madeleine Mou’a. Suite à un séjour en France métropolitaine où elle a vu des groupes folkloriques auvergnats, cette institutrice décide de créer l’équivalent à son retour à Tahiti en créant le groupe Heiva. La danse est particulièrement à l’honneur lors du Tiurai où des concours de danse sont organisés. En 1984, le Tiurai est renommé Heiva (toujours au mois de juillet) et cela marque aussi le début d’une certaine codification des mouvements de la danse.

La danse traditionnelle tahitienne traduit une relation entre l’homme et la nature. Elle regroupe toute une famille de mouvements suivant des règles relatives à l’espace, la durée et le rythme marqué par les percussions traditionnelles. La danse est individuelle ou collective. Le ‘ori tahiti est composé de quatre types de chorégraphies (que l’on peut qualifier de danse à proprement parler) : le ‘ote’a, le hivinau, le pa’o’a et le ‘aparima.

Le ‘ote’a :danse de groupe d’origine guerrière, où les danseuses et danseurs sont disposés en colonnes ou en alignements étudiés, et accompagnée exclusivement d’instruments à percussion. Le ote’a correspond bien souvent à l’image de carte postale que l’on se fait de la danse tahitienne.
Le hivinau,danse configurée en deux cercles concentriques et accompagnée de tambours et d’un soliste vocal masculin (meneur) auquel les danseurs répondent en choeur. Les thèmes abordés ont trait aux tâches de la vie quotidienne.
Le pa’o’a,danse sensuelle en demi-cercle (parfois en cercle fermé) durant laquelle des couples composés d’un danseur et d’une danseuse se lèvent successivement pour improviser une danse au centre, les autres danseurs, accroupis, tapent des mains en cadence.
Le ‘aparima,danse gracieuse où les danseurs miment des scènes de la vie quotidienne correspondant aux paroles d’un chant au son de la guitare et du ukulele. Les mouvements de mains ont naturellement une grande importance ici (‘aparima peut être traduit en français par « mimer avec les mains »).

Au niveau des mouvements proprement dits, le roulement circulaire des hanches des danseuses et les ciseaux effectués par les danseurs sont connus. Cependant, les bases ne se limitent pas qu’à cela. Les danseuses doivent maîtriser cinq mouvements fondamentaux du bassin ou du ventre dont il y a ensuite de nombreuses variantes. Le mouvement des mains est aussi très important en particulier lors du ‘aparima, comme je l’ai dit plus haut. Les danseurs, quant à eux, font des mouvements plus masculins et amples, il y a des sauts, des coups de pieds, des flexions de genoux, etc. Le fameux pas des ciseaux (pa’oti, voir illustration ci-contre) est d’ailleurs présent dans une autre danse qui n’a rien à voir : le lindy hop. On les y appelle les crazy legs (les « jambes folles » en français).

De nos jours, la danse tahitienne continue d’évoluer. De grands groupes comme les Grands Ballets de Tahiti (photo ci-contre) y incorporent de la nouveauté sous la forme de mouvements issus de la danse contemporaine ou de la danse classique. L’opposition entre tradition et modernité est donc présente dans certaines chorégraphies modernes de ‘ori tahiti. Par ailleurs, la danse est naturellement influencée par d’autres formes de danse traditionnelle comme le hula venu de Hawaii. Depuis la fin du XXe siècle, les danses traditionnelles tahitiennes connaissent de nouveau une grande popularité et un grand nombre d’écoles de danse voient le jour. La musique est aujourd’hui jouée par des tambours polynésiens (je passe ici sous silence les noms des instruments en tahitien, peu familiers en dehors de la Polynésie), des flûtes nasales, des guitares, de ukuleles et parfois du didgeridoo et d’autres instruments traditionnels comme le pu, la conque marine, qui marque souvent le début d’une prestation. Les costumes contemporains sont divisés en trois types : le grand costume (souvent porté en début de spectacle et marqué par sa grande jupe en fils d’écorce d’hibiscus et sa coiffe), le costume végétal (marqué par la couleur verte des feuilles de végétaux qui le composent) et le costume en tissu (marqué par le paréo de tissu imprimé de motifs polynésiens et parfois de la couronne de fleurs).

Pour vous donner un aperçu de danse tahitienne, j’intègre ci-dessous une vidéo débutant par un ‘aparima.

La langue tahitienne appartient à une famille de plus de 400 langues parlées dans une zone géographique s’étendant de Madagascar à l’île de Pâques. Ce sont les langues malayo-polynésiennes. Comme la Polynésie française est en relation étroite avec la France, certains mots tahitiens sont passés dans le langage courant des métropolitains ou, en tout cas, sont devenus familiers même pour ceux qui n’ont jamais fait le voyage jusqu’à l’île. En voici quelques exemples ci-après. Notez que le « e » se prononce « é » et que le « u » se prononce « ou ».

  • Fiu = las, fatigué (on dit : « je suis fiu » – prononcer « fiou »)
  • Maeva = bienvenue (un prénom bien connu)
  • Monoi = huile de coco parfumée (utilisé dans des produits cosmétiques)
  • Pareu = pièce de tissu imprimé (qui est devenu « paréo »).
  • Tapu = interdit, défendu (qui est devenu « tabou »)
  • Tiare = gardenia tahitensis (fleur poussant à Tahiti)
  • Tiki = représentation sculptée d’un dieu (souvent connu comme pendentif)
  • Ukulele = instrument de musique à cordes (on l’écrit aussi parfois yukulélé)
  • Vahine = femme (les vahines des îles…)

J’espère que cet article vous aura fait un peu rêver, surtout si vous n’avez pas pu partir en vacances cet été. Peut-être cela vous aura-t-il donné envie de vous essayer au tamure, appellation que l’on retrouve de nos jours davantage dans les dancings et un contexte touristique ? Sachez en tout cas qu’il existe des cours et stages de danse tahitienne en France métropolitaine. Renseignez-vous autour de chez vous ! (Une première étape peut être de consulter le site Tahiti en France.) En me relisant, je m’aperçois que j’ai quelque peu débordé du contexte de la danse, mais un peu d’évasion ne fait pas de mal de temps en temps, non ?

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Musique et danse et vice-versa

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C’est aujourd’hui la fête de la musique en France et dans 110 pays dans le monde entier. À cette occasion, je vous fais part de quelques réflexions du moment sur la relation entre la danse et la musique (ou inversement). En effet, en danse libre en couple, le principe communément appliqué lors des soirées dansantes est que l’orchestre ou le DJ propose les morceaux de musique sur lesquels la danseurs improvisent leur danse. Cela n’est cependant pas le cas dans toutes les situations.

Je regardais récemment l’émission « Got to dance » qui passe sur Gulli et j’ai été frappé par le fait que toutes les chorégraphies de hip-hop étaient dansées sur un morceau de musique fait sur mesure. À la limite, je dirais qu’il était difficile de qualifier cela de musique tellement il y avait de bruitages et de petits bouts de 10 secondes enchaînés les uns derrière les autres. Il est certain que le spectacle était là, la bande-son mettait en valeur les mouvements des danseurs et les positions en arrêt qui étaient prises. Mais au niveau de mes oreilles un peu mélomanes, c’était peu agréable. Et pourtant, j’apprécie tous les morceaux de r’n’b, dancehall ou electrodance qu’on entend sur les ondes aujourd’hui. Je me suis dit que la bande-son n’était pas un assemblage de titres aux ambiances différentes avec quelques transitions, mais plutôt un assemblage de transitions avec quelques notes d’ambiance.

Je considère que la musique et la danse sont indissociables. Si l’on a une belle musique associée à une belle danse, c’est déjà bien. Mais si, en plus, les deux concordent parfaitement, c’est l’idéal. Certains enseignants en danse qui auront préparé des chorégraphies pour finir la saison par un gala se seront probablement posé la question de cette concordance. D’autres non, et c’est dommage. Je crois qu’au minimum la danse doit pouvoir s’adapter à une musique donnée. C’est comme cela que sont créées les chorégraphies : le chorégraphe écoute la musique et exprime ce qu’il ressent dans sa création chorégraphique. Cela semble évident en danse classique par exemple. Rappelons aussi qu’un morceau de musique est bien souvent enregistré ou mis en partition et qu’il est donc difficile aux musiciens de la modifier et de s’adapter à la danse sans en changer la nature.

D’un autre côté, il y a un genre musical que j’apprécie tout particulièrement et qui fait exception : le swing. Comme toute forme de jazz, le swing est basé sur l’improvisation. À l’époque des big bands dans les années 1930 et 1940, les morceaux de swing étaient composés pour faire danser les foules et, lors de leur interprétation en public, il arrivait fréquemment que les musiciens réagissent à la manière de danser du public et modifient ainsi leur improvisation. Ce jeu entre les danseurs et les musiciens (qui n’hésitaient pas à se faire mutuellement des blagues et clins d’oeil) est très bien décrit par Frankie Manning dans son autobiographie. Comme je l’ai laissé entendre plus haut, de nos jours, la technologie numérique permet de constituer un morceau à partir samples et de bruits ou de restructurer un morceau de manière qu’il colle à un enchaînement chorégraphique donné. C’est donc la musique qui s’adapte à la danse. L’idéal est, bien évidemment, quand la musique va vers la danse et vice-versa. Les deux genres se complètent et se rencontrent au juste milieu pour le meilleur effet général possible. L’impression que cela doit donner est que la musique est faite pour la danse et que la chorégraphie dansée est faite pour la musique jouée. Pour y parvenir, les qualités de danseur ne suffisent pas, il faut aussi des qualités dans le domaine de la musique. Tout se passe très bien quand le danseur est musicien et quand le musicien est danseur, mais ce n’est pas toujours le cas.

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Je ne sais pas danser en boîte

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Combien de fois a-t-on pu entendre cette phrase : « Je ne sais pas danser » dans la bouche d’une personne qui refuse de se lever de sa chaise pour bouger sur la piste de danse ? J’avoue que cela a longtemps été mon cas, particulièrement durant toute mon adolescence. Je fais en effet partie de ces gens qui pensent que lorsqu’on ne sait pas on ne fait (ou dit) pas. En d’autres mots, je ne savais pas danser et je n’allais donc pas me ridiculiser à gesticuler maladroitement sur la piste. En revanche, je fais aussi partie de ces gens qui pensent que ne pas savoir ne dispense pas d’apprendre. C’est en partie ce qui m’a un jour poussé à m’inscrire à des cours de danse. Depuis lors, je n’ai cessé d’apprendre de nouvelles danses, de nouvelles techniques, de nouvelles informations sur la danse et je n’en vois toujours pas la fin. Le sujet est si vaste !

Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais l’idée aujourd’hui est de donner un espoir à ceux qui pensent qu’ils ne pourront jamais danser en soirée (en solo comme en couple). Pour tout dire, avant de commencer les cours, j’avais vraiment « les deux pieds dans le même sabot ». Un vrai boulet. Mal à l’aise, maladroit, en dehors de marquer correctement la mesure, je ne pouvais pas bouger mon corps de manière naturelle quand il s’agissait de suivre la musique. Heureusement, cela a changé. Mes premiers cours de danse (madison, rock et valse) m’ont permis de mieux intégrer sur quels aspects de la musique je pouvais me baser pour faire des mouvements. Dans les musiques de danse de salon, il y a souvent des temps forts et des temps faibles, mais aussi des temps plus accentués que d’autres que mes premiers pas de danse m’ont permis d’identifier plus ou moins consciemment. La batterie d’un morceau de rock est utile pour cela par exemple. Progressivement, le fait d’apprendre des pas et figures appliqués sur diverses musiques — mais sans encore improviser — a forgé la connexion entre mon corps (et en particulier mes jambes) et la musique. Les bras sont venus après. Petit à petit, au fil des semaines, mon horizon s’est éclairé. J’ajoute que l’apprentissage de la danse fonctionne par paliers : on a parfois l’impression de stagner durant quelques semaines, puis un déclic se fait et on passe au niveau suivant et ainsi de suite. Cela n’est pas régulier et dépend de chacun, mais ça arrive !

Comme de nombreux débutants en danse en couple, ce n’est qu’au troisième trimestre de ma première année que j’ai osé sortir en soirée dansante. Ma première soirée en dehors des entraînements proposés aux autres élèves du cours et une soirée où j’ai compris que j’étais capable de danser de manière autonome sans que les gens se moquent de moi. Finalement, nous étions tous dans le même bateau, car la musique était la même et tout le monde était là pour danser et se divertir. La soirée se passait dans une boîte classique qui avait juste un programme de danses de salon jusqu’à 1 heure du matin et qui enchaînait sur des musiques plus habituelles de ce genre d’endroit et plus propices aux danses en solo (dance, disco, années 80, etc.). Emporté par l’esprit de groupe formé par les autres élèves du cours de danse avec qui j’étais venu, je me suis essayé à faire deux pas en solo malgré mes craintes. En réalité, j’ai commencé par me dire que mes pas de rock allaient peut-être coller à la musique. La réponse fut oui, mais je passais alors pour une sorte d’hurluberlu qui bougeait bizarrement sur du disco. En rythme et d’une manière assurée, certes, mais bizarrement tout de même. J’ai alors observé les autres qui faisaient des mouvements plus simples et qui demandaient moins d’énergie. Ils se laissaient aller à onduler au rythme de la musique et les pieds faisaient des mouvements plus simples que les pas de rock que je maîtrisais à présent.

Alors, voilà comment on peut danser simplement en solo lors des soirées et sans sortir de la moyenne. Il est entendu qu’il faut en fait se fondre dans le mouvement général des personnes sur la piste afin de ne pas attirer l’oeil et se sentir à l’aise. Pour cela, les pas battus d’un air détendu sont très bien.

1. Écarter le pied droit à droite avec le poids du corps.2. Assembler le pied gauche au pied droit.
3. Écarter le pied gauche à gauche avec le poids du corps.4. Assembler le pied droit au pied gauche.

Sur Internet, on trouve un certain nombre de vidéos qui expliquent comment danser en boîte. Comme d’habitude, il y a à boire et à manger. Toutes ces vidéos ne sont pas forcément utiles ou judicieuses. Pour l’anecdote, j’intègre ci-dessous une vidéo sur laquelle je suis tombé où de jolies filles (c’est le titre et visiblement le principe de la séquence) répondent à la question. Pour comprendre le texte, il vous faudra parler anglais. En résumé, elles expliquent aux garçons comment mettre les chances de son côté pour ne pas prendre un râteau et ne pas se ridiculiser en boîte. On commence par inviter la jeune fille de face (pas en arrivant par derrière), puis on danse en faisant le pas que je vous ai décrit plus haut, enfin on la raccompagne à son siège. Tout cela paraît si simple…

Il y a aussi un autre mouvement qui est utilisable sur certaines musiques. Pour ma part, je l’ai découvert après quelques cours de samba (de salon, pas la brésilienne). Il va sans dire qu’à un certain moment, dès que j’apprenais un nouveau pas ou une rythmique de base, je l’essayai dans le contexte « solo » en soirée. Une rythmique semblable à celle du pas de samba peut donc être utilisée. C’est particulièrement vrai sur des morceaux comme les classiques de Claude François comme « Alexandrie, Alexandra » ou « Ces années-là »… On peut compter « et 1, et 2, et 3, et 4 » où le « et » correspond au demi-temps. Voici une description rapide.

  • et  Faire une petite élévation sur les demi-pointes.
  • 1   Écarter le pied droit à droite.
  • et  Pointer le pied gauche derrière le pied droit avec le poids du corps.
  • 2   Reposer le poids du corps sur le pied droit.
  • et  Faire une petite élévation sur les demi-pointes.
  • 3   Écarter le pied gauche à gauche.
  • et  Pointer le pied droit derrière le pied gauche avec le poids du corps.
  • 4  Reposer le poids du corps sur le pied gauche.

Ensuite, on reprend au début, et ainsi de suite. Et si vous vous sentez vraiment à l’aise, il suffira ensuite de s’essayer aux petits mouvements des chorégraphies de Cloclo pour compléter votre danse…

Par la suite, il suffit de bien observer les autres et d’essayer de copier leur manière de bouger pour enrichir sa propre bibliothèque de mouvements. Bon, je parle ici de mon modeste parcours lors de mes premiers mois d’apprentissage de la danse, il y a assez longtemps. J’avoue que je ne suis plus sorti en dehors de soirées de danse en couple depuis quelques années. Mais, à présent, j’ai pris des cours de modern jazz, de hip-hop, de ragga, etc. (toujours ce principe de ne pas parler de quelque chose qu’on ne connait pas… et de s’ouvrir aux autres formes de danse tout simplement en les pratiquant) et je pense que ma « danse de boîte » s’est enrichie naturellement de tous ces apports qui mettent en oeuvre tout le corps. Ca me donne l’envie de me mettre en situation, tiens… Pour conclure, je conseille donc à ceux qui prétextent ne pas savoir danser pour ne pas se joindre aux autres sur la piste de danse de s’inscrire dans un cours à la rentrée. Peu importe le style de danse (rock, salsa, danses de bal, country, jazz, hip-hop, etc.), ils acquerront une base de mouvement et feront le lien entre la musique et leur corps. Cela leur permettra à coup sûr (une fois passé le premier plongeon en public) de trouver leur style et de s’amuser avec leurs amis sur la piste de danse. Il arrive même que l’on trouve un mouvement par hasard, que les autres autour de soi trouvent sympa et qu’ils reprennent à leur compte par la suite !

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