Archives de catégorie : Culture

Article sur un thème culturel :  cinéma, télévision, vidéo, livres, musique, peinture, photographie, etc.

Une musette qui swingue

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Cette fois, je vais vous parler d’un musicien qui me permet de faire la transition entre le thème swing du dernier livre que j’ai édité et le thème du projet sur lequel je travaille actuellement : la technique de la valse (aussi bien celle de la valse viennoise que celle de la valse musette). Si le mot « musette » est automatiquement associé aux guinguettes (dont je vous parlerai dans un autre article) et à l’accordéon, ceux qui ont parcouru l’article consacré à l’accordéon et la musette sur ce site auront sûrement appris les origines de ce mot. Je n’y reviendrai donc pas. Cependant, la musette (l’accordéon) a été utilisée pour jouer d’autres styles de musique que la valse ou la java. Le musicien Gus Viseur en fut le plus parfait artisan.

Gustave « Gus » Viseur est né en mai 1915 à Lessines, en Belgique. Son père, Adolphe, jouait de l’accordéon en amateur (il était mouleur de pierre de profession) et cela a sûrement incité le jeune Gustave (surnommé aussi « Tatave ») à apprendre à jouer de cet instrument. Après avoir pris des cours (en particulier à Suresnes), il joue dans le petit orchestre familial, le Jojo Jazz. Il passe ses premières années de musicien à parcourir la région parisienne qui fourmille de bals musette, de dancings, de foires, etc.. Il lui arrive d’accompagner des chanteurs et chanteuses (dont Édith Piaf en 1940) et de jouer du bandonéon dans des orchestres de tango argentin. Bref, Gus Viseur s’intéresse à tout et fait son expérience.

À l’âge de 18 ans, il découvre le jazz et l’improvisation. Il va alors se laisser séduire par cette manière de faire de la musique. Il délaisse petit à petit le style musette au profit du jazz et devient l’un des pionniers de l’accordéon-swing. Il connaîtra les grands noms du jazz manouche comme Django Reinhardt, les frères Ferret ou Gus Deloof. Il fera un long séjour sur le continent américain avant de revenir à Paris. Décédé en août 1974, il reste probablement le premier accordéoniste à avoir été accueilli sans réserve dans le milieu des musiciens de jazz. Par la suite, d’autres seront séduits par ce style, parmi lesquels on trouve Jo Privat ou Tony Murena.

Il y a un disque regroupant quelques enregistrements de Gus Viseur dans le domaine du jazz musette que je peux vous conseiller : « Gus Viseur à Bruxelles ». Je vous laisse découvrir d’autres de ses enregistrements disponibles, sachant que l’on peut trouver certains titres indépendamment dans des compilations de musette. Pour revenir, à ce que j’écrivais au début de cet article, je vous conseille d’écouter attentivement le titre « Swing valse » joué par Gus Viseur (le son du lien YouTube ci-dessous n’est pas très bon, achetez plutôt le CD…). Peut-être parviendrez-vous à comprendre ce que c’est qu’une valse qui swingue (un concept dont il est l’inventeur).

Les amateurs de jazz et d’accordéon ne sont généralement pas les mêmes. Il est vrai qu’il y a peu de big bands dans les guinguettes. D’ailleurs, ne trouvait-on pas des panneaux indiquant « Interdiction de danser le swing » à l’entrée de certains établissements ? Il est vrai qu’un lindy hop ou un be-bop prend plus de place qu’une petite danse collée serrée. Cependant, la musique de Gus Viseur réconcilie deux mondes qui ne pensent pas pouvoir cohabiter. Le secret réside en réalité dans son instrument, modifié afin de rendre mieux les sonorités du jazz. En effet, Gus Viseur jouait « sur une lame », cela signifie qu’il avait limé une lame de son accordéon afin d’utiliser deux fois le la à 440 Hz là où les musiciens de musette l’utilisent trois fois à 436, 440 et 443 Hz. La sonorité de son instrument devenait donc compatible avec des mélodies swing. Mais cela n’aurait probablement pas suffi sans son excellent sens de l’improvisation, nécessaire à tout jazzman.

Je souhaite un bon été à tous ceux qui vont fréquenter les pistes de danse et les festivals, peu importe le style de danse pratiqué : swing, musette… ou les deux !

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Les Apaches sont là !

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Ne vous fiez pas au titre de cet article : je ne vais pas vous parler ici des danses traditionnelles des Apaches, l’une des tribus dont on parle dans les films de cow-boys et d’Indiens. Le mot est le même mais le sujet est tout autre.

Du point de vue de la danse, on parle d’apache de nos jours lorsqu’on danse le lindy hop. Il s’agit d’un style de figure dans lequel certains classent le Texas Tommy (appelé aussi arm breaker) ainsi que d’autres mouvements où la danseuse semble réellement malmenée par son partenaire. Cette dernière effectue ainsi des mouvements un peu désarticulés comme si elle était une poupée de chiffon dans les bras d’un danseur un peu violent. Mais je vous rassure : cela n’est que du style et de la comédie. En réalité, tout est étudié et la danseuse joue un rôle dans cela. Un exemple de position caractéristique de ce type de figure a fait la couverture du magazine Life le 23 août 1943. On le voit, la danseuse est dans une position inconfortable, complètement avachie sur son danseur (qui à ce moment-là effectue un pas nommé fish tail en reculant).

À l’origine, les Apaches étaient les membres d’un gang parisien à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Si leur nom vient effectivement des Indiens « Apaches », c’est que leur comportement violent a été comparé à la supposée sauvagerie des Indiens. Ces gangsters étaient donc connus pour leurs méfaits associés à un certain type de pistolet (le révolver Apache), leur coup de poing américain, leur couteau de poche rétractable ainsi que leur technique de combat.

La violence des membres de ce gang a également inspiré un certain type de danse également nommée apache qui a elle-même inspiré les mouvements repris dans le lindy hop. La danse apache simule une scène de dispute entre un maquereau et l’une de ses prostituées. L’homme fait ainsi semblant de brutaliser la femme, de la frapper, de la jeter au sol, etc. Il est à noter que la femme peut à l’occasion se rebeller dans ce petit jeu. On trouve des scènes de danse apache dans le dessin animé Popeye (entre sa petite amie Olive et son ennemi Bluto) ou encore dans la scène du Tango de Roxane du film Moulin Rouge de Baz Luhrmann en 2001. Voici, ci-après, un exemple de vidéo de danse apache (dans le style parisien que l’on nomme aussi la valse chaloupée) en 1935.

Cette danse est méconnue du grand public, pourtant une vedette comme Rudolph Valentino a pratiqué la danse apache avant d’aller aux États-Unis danser le tango dans les clubs de New York. Il est ainsi possible que ce style de danse ait influencé le tango à un moment dans le 20e siècle tout comme il a influencé le lindy hop.

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Frankie Manning en Français

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Je fais une petite pause dans les articles généraux sur le monde de la danse pour (re)parler un peu de l’autobiographie de Frankie Manning (écrite en collaboration avec Cynthia Millman) en français qui n’a jamais été aussi proche de sa sortie (en fin de mois). Comme cet article va être long, je vais le diviser en deux parties que je mets en ligne au fil de l’écriture.

Genèse
Voici un peu plus de 8 mois, je signai le contrat d’acquisition des droits de traduction et d’édition du livre « Frankie Manning: Ambassador of Lindy Hop » avec Temple University Press, l’éditeur original aux États-Unis. Je ne m’imaginais alors pas l’ampleur de la tâche qui m’attendait. Au début, je me suis uniquement focalisé sur le texte. Comme la plupart des Francophones, j’avais lu (ou plutôt survolé) le texte en américain et en avais saisi le sens global sans particulièrement m’arrêter sur chaque mot ou chaque expression que j’avais du mal à comprendre. J’avais ainsi saisi la mine d’informations sur la danse et la musique swing ainsi que la culture afro-américaine et particulièrement celle des années 1920 à 1950. Ensuite, j’ai décidé qu’il fallait faire partager tout cela aux personnes qui ne parlaient pas l’anglais. D’où mes diverses démarches (ayant duré plusieurs mois) pour quasiment harceler les détenteurs des droits pour qu’ils me les vendent. L’affaire étant lancée, j’ai donc porté successivement diverses casquettes que je vous détaille ci-après.

Traducteur
La lecture du livre original m’avait laissé apparaître que j’étais capable de me lancer dans cette tâche. En effet, mon niveau d’anglais (que je qualifie de correct mais que mes interlocuteurs étrangers disent bon), ma connaissance du monde de la danse (et de la danse swing en particulier) à un bon niveau et de celui de la musique (dont le jazz) ainsi que mon aisance dans la pratique de la langue française sont des outils qui m’ont été indispensables à ce travail. J’y ajoute, bien sûr, de multiples dictionnaires, livres, sites Internet encyclopédiques, forums de traducteurs et autres amis ayant vécu à New York et parlant l’anglais depuis leur naissance qui m’ont été extrêmement utiles. Dans ce travail, j’ai essayé de rendre le mieux possible le style de Frankie et de faire une traduction la plus neutre possible vis-à-vis du large public visé. En particulier, certains termes et anglicismes trop spécifiques au milieu du swing français n’ont pas été repris tels quels (« routine » ou « danser en social » par exemple). Ainsi, que l’on soit danseur de lindy hop ou danseur de danses de salon, que l’on soit amateur de jazz ou néophyte complet ou que l’on soit simplement intéressé par l’histoire afro-américaine ou par l’histoire édifiante d’une vie, ce texte devrait être abordable part tous.

Correcteur
Une fois le texte traduit, il faut s’assurer de la cohérence de l’ensemble en français ainsi que de la bonne application des règles élémentaires d’orthographe et de grammaire. Cette phase requiert de multiples revues de texte, corrections, reformulations, etc. sans pour autant trahir le texte d’origine. Plusieurs bonnes volontés sont été mises à contribution dans cette relecture (et je les en remercie) en plus de logiciels automatiques. Mais je dois dire que jusque dans les dernières minutes, des coquilles étaient encore trouvées. J’ai corrigé dans ma traduction des erreurs qui restaient dans l’édition en anglais, mais il y a des chances que, malgré toute l’énergie qui y a été consacrée, des fautes de frappe subsistent. En tout cas, le maximum a été fait dans le temps imparti pour produire le résultat le meilleur possible.

J’ajoute ci-dessous un lien vers un petit clip qui a servi à faire la promotion de livre lors de sa sortie aux États-Unis en 2007 et en anglais. Cela vous donnera quelques informations en plus avant d’aller plus loin dans les explications.

Je continue cet article en détaillant les différentes casquettes que j’ai dû porter pour aboutir au livre que vous allez bientôt pouvoir acheter.

Éditeur
Une fois le contrat de cession des droits pour l’Europe négocié et signé et le texte étant fait, si l’on regarde le livre d’origine, il manque encore les photos. Certaines d’entre elles proviennent directement de Frankie et Cynthia, un contrat additionnel a donc encore été réalisé. Pour d’autres photos, ce fut plus compliqué. Par exemple, l’acquisition des droits de la photo de couverture fut une véritable chasse au trésor afin de trouver qui pouvait bien donner cette licence pour l’Europe (avec le fichier image, bien entendu). Au bout du compte, cette tâche de recherche d’autorisations de reproduction aura pris énormément de temps par rapport à ce que j’avais prévu. Et encore, je ne parle pas des coûts importants que je n’avais pas anticipés pour certaines photos (dont les images rares issues de la Warner et de la RKO). Heureusement que toutes les photos n’ont pas été acquises auprès de professionnels et que j’ai ainsi pu éviter des dépenses supplémentaires qui auraient encore alourdi le prix de vente du livre.

Graphiste et informaticien
Voilà, nous avons le texte, nous avons les photos. Il nous faut à présent les assembler dans un ensemble agréable. J’ai choisi de m’inspirer du design de l’édition américaine qui me semble à la fois moderne et sympathique. J’ai donc fait un compromis entre celui-ci et la charte graphique que je suis généralement pour tous les livres que j’édite (polices de caractères définies, emplacement de certaines informations dans le livre, logo, etc.). Le résultat est plutôt probant, mais il a demandé des heures de travail pour réaliser une maquette automatiquement appliquée d’une manière homogène à tout le livre. Je précise qu’un tel résultat n’aurait pas été atteint si j’avais utilisé un simple outil de bureautique comme Word (beurk !) : comme pour tous mes ouvrages, c’est le logiciel LaTeX qui a été mis à contribution avec grand succès. Ensuite, l’intégration des photos a demandé un travail de restauration pour certaines. En effet, Frankie Manning disposait de très vieilles photos plusieurs fois pliées et ayant donc de gros défauts. Là aussi, quelques heures de travail ont permis d’atteindre un résultat correct (dans l’édition originale, les photos n’avaient pas été restaurées). Enfin, une fois cela réalisé, on s’imagine que tout est fini, mais ce n’est pas le cas. Il reste encore un gros travail pour créer un index réellement utilisable, les tables des matières, les légendes en fonction des divers crédits et copyrights, etc. D’ailleurs, l’index a demandé le développement d’un petit programme maison pour automatiser quelques derniers ajustements. Ainsi, même si au dernier moment l’emplacement d’un mot changeait, l’index était toujours recréé en conséquence avec les bons numéros de page.

Encore éditeur
Eh oui. C’est la casquette d’éditeur qui revient à cette étape. Il faut à présent traiter avec l’imprimeur pour la fabrication du livre. Contrairement à mon habitude, j’ai souhaité avoir un objet plus robuste au niveau de la reliure (mais cela a un coût et implique des contraintes techniques…). Ensuite, il faut voir comment faire entrer cela dans le budget prévisionnel. Je vous passe quelques détails, mais le résultat est la réception de plusieurs palettes de cartons contenant des centaines d’exemplaires d’un même livre. Il ne reste plus qu’à le vendre pour au moins récupérer les milliers d’euros d’investissement (déjà dépensés avant même d’avoir vendu un livre).

Petit bilan…
Jusqu’au dernier jour (et la dernière minute !), j’ai échangé des coups de téléphone et des e-mails avec les États-Unis, en particulier avec Cynthia Millman à qui j’ai fait valider tous les changements que je souhaitais apporter par rapport à l’édition d’origine. Ce travail, malgré sa complexité (décalage horaire, distance, culture et langue, recherches à distance dans des archives, investissement personnel et temps passé pour aboutir au résultat, etc.), a été pour moi très enrichissant. J’ai la satisfaction d’être le seul (en plus des auteurs) à être entré dans le texte dans ses moindres détails et à en connaître les subtilités. Un simple lecteur ne peut pas le faire, même en lisant le livre plusieurs fois. Comme le dit gentiment Cynthia dans son introduction spécialement écrite pour l’édition française, ce travail m’a passionné et je suis heureux d’en être venu à bout. À présent, je souhaite que ce livre résultant du travail de Frankie, Cynthia et moi-même puisse contribuer à faire connaître le lindy hop et ses origines à tous les francophones. Je pourrai écrire encore des pages sur ce travail intensif sur neuf mois (c’est un peu comme mon dernier né…), mais peut-être aurai-je l’occasion de le faire de vive voix si un jour je suis invité à le faire près de chez vous ?

Pour finir, j’ajoute que je prépare un petit montage vidéo promotionnel d’une trentaine de minutes que je pourrai présenter dans diverses écoles, soirées, stages sur demande afin de donner un avant-goût du livre. Je ne vendrai ni ne diffuserai ce montage vidéo pour la simple raison que je n’ai pas acquis les droits de vente DVD de ce qui s’y trouvera. Je pourrai ainsi parler du travail autour de cette édition française, montrer des photos rares (dont certaines que je n’ai pas mises dans le livre !), des extraits de films anciens que Frankie mentionne dans son récit, ainsi que quelques anecdotes non racontées dans le livre et que je tiens directement des auteurs. Bien sûr, le livre pourra être disponible à la vente à l’issue de cet exposé si les organisateurs le souhaitent.

Ah, encore un mot… La disponibilité de cette édition en français est prévue le 27 avril 2009 au prix de 35 euros (je sais ce n’est pas donné, mais je ne suis pas une major de l’édition qui tire à des centaines de milliers d’exemplaires, le tirage est donc limité et le prix de vente en tient compte). N’hésitez pas à me contacter via mon site http://www.rolland-editions.fr (page « contact ») pour plus d’informations.

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Le Savoy Ballroom

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Il n’est pas fréquent que l’on puisse précisément identifier un lieu précis comme l’origine d’une danse en particulier. Qui peut dire où la java s’est développée ? Il y a cependant des exceptions. On peut, par exemple, remonter au Palladium pour le style de salsa portoricaine du même nom. Il s’agit d’une salle de bal à deux étages ouverte à New York en 1946 où de nombreux orchestres de musique latine se sont produits, favorisant ainsi le développement du style de mambo/salsa dit « Palladium » (on 2). Alors que je viens de finir la traduction de l’autobiographie de Frankie Manning, j’ai pensé vous parler d’un autre lieu, le lieu fétiche de Frankie : le Savoy Ballroom.

Le Savoy Ballroom est une salle de danse ouverte de 1926 à 1958 située dans le quartier de Harlem à New York. Le Savoy était tout en longueur : il s’étendait sur un pâté d’immeubles tout entier, de 140th Street à 141st Street sur Lenox Avenue. Il était large d’environ 23 mètres : 1122 mètres carrés au total ! Le Savoy avait deux estrades d’orchestre côte à côte, ce qui permettait l’organisation de batailles d’orchestres mémorables entre des big bands de renom (Chick Webb, Benny Goodman, Count Basie, etc.). La piste de danse en bois d’érable occupait la moitié de l’espace. Il y avait une balustrade le long du bord. Des tables et des chaises confortables séparées par des cloisons amovibles en bois se trouvaient derrière la rambarde. L’autre moitié de la pièce était constituée d’un espace-bar décoré d’or et de bleu. J’espère obtenir les droits de reproduction d’une photo de l’intérieur, vide, du Savoy pour illustrer l’édition française de l’autobiographie de Frankie Manning (parmi une trentaine d’autres photos rares).

C’est dans cet environnement motivant que s’est développé le lindy hop en évoluant selon les personnalités des danseurs fréquentant le Savoy à partir du breakaway, du charleston et des autres danses pratiquées dans les années 1930. Les danseurs du Savoy se firent remarquer à l’extérieur de la salle lors de compétitions organisées régulièrement comme le Harvest Moon Ball. Se structurant petit à petit sous l’égide d’Herbert « Whitey » White, les Savoy Dancers devinrent les fameux Whitey’s Lindy Hoppers que l’on rencontra dans des spectacles ou des films comme « Hellzapoppin' » en 1941. Ce groupe de danseurs est à l’origine du lindy hop (que l’on qualifie parfois de « Savoy style ») et de nombreuses innovations ont été faites par eux dans ce domaine (acrobaties, danse en formation, position vers l’avant et dans le sol, twist de la danseuse, etc.). Cette ambiance propice à l’inventivité et l’expression qu’apporta le Savoy fut pour une bonne partie derrière tout cela.

Il faut bien avouer que, de nos jours, des lieux comme cela n’existent plus. Ils ont été en partie remplacés par les écoles de danse, pour une autre partie par les soirées dansantes organisées ça et là (y compris dans des dancings) et pour une autre partie par les festivals, stages ponctuels ou compétitions. Mais je ne suis pas sûr qu’il y ait un lieu en particulier qui puisse prétendre rivaliser avec ce type d’établissement proposant à la fois un espace, de la musique live et une ambiance provoquant une réelle émulation. Mais les temps changent. À l’époque du Savoy, l’essentiel des distractions après une bonne journée de travail était centré autour des salles de danse et des salles de spectacle. Aujourd’hui, il y a la télé avec ses innombrables chaînes, la Wii avec sa manette à tout faire et l’ordinateur avec ses sites Internet de tout acabit (dont ce merveilleux blog ). À chacun de choisir… Pour en savoir plus sur le Savoy, ne manquez pas la sortie de l’édition française de l’autobiographie de Frankie Manning chez Ch. Rolland Éditions à la fin du mois d’avril 2009 !

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Fats Waller et Honeysuckle Rose

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Lorsqu’on danse librement en soirée, il s’établit un contact naturel entre les danseurs et la musique qui passe dans les haut-parleurs. Pour le danseur (et la danseuse évidemment), tout est bon pour trouver l’inspiration à l’improvisation de ses mouvements. Dans ce qu’il entend, il peut s’inspirer d’un instrument, d’un rythme ou d’une parole. Pour bien danser en soirée, on doit être en communion avec son environnement. C’est pour cela qu’une certaine sensibilité se développe par rapport aux mélodies ou aux paroles des chansons qu’on entend. Comme dans le moment je suis dans un état d’esprit très swing (je vous en ai parlé il y a peu de temps), je vais vous parler d’une certaine chanson, sur laquelle on peut danser préférablement le lindy hop, le shag ou le balboa, ainsi de ce qui l’entoure.

Cette chanson se nomme « Honeysuckle Rose ». Elle a été composée en 1929 par Thomas « Fats » Waller avec des paroles d’Andy Razaf. Elle a été reprise par pas moins d’une soixantaine de chanteurs et orchestres parmi les plus célèbres, dont Louis Armstrong, Count Basie, Nat King Cole, Ella Fitzgerald, Glenn Miller, Djamgo Reinhardt ou Dinah Washington. Je vous propose d’en écouter la version originale, chantée en personne par Fats Waller, le roi du piano stride.

Au-delà du plaisir d’écouter Fats Waller la chanter, essayons-donc de comprendre ce qu’il raconte. Je vous transcris les paroles ci-dessous et je vous mets ma traduction en face de chaque ligne.

Honeysuckle Rose Every honey bee fills with jealousy When they see you out with me I don’t blame them Goodness knows Honeysuckle rose When you’re passin’ by, Flowers droop and sigh I know the reason why You’re much sweeter Goodness knows Honeysuckle rose Well, don’t buy sugar You just have to touch my cup You’re my sugar And it’s oh so sweet When you stir it up When I’m takin’ sips From your tasty lips Seems the honey fairly drips You’re confection Goodness knows Honeysuckle rose Well, don’t buy sugar You just have to touch my cup You’re my sugar And it’s oh so sweet When you stir it up When I’m takin’ sips From your tasty lips Seems the honey fairly drips You’re confection Goodness knows Honeysuckle roseFleur de chèvrefeuille Chaque abeille se gonfle de jalousie Quand elle te voit sortir avec moi Je ne les blâme pas Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Quand tu passes, Les fleurs s’abaissent et soupirent Je connais la raison pour laquelle Tu es beaucoup plus sucrée Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Eh bien, n’achète pas de sucre Il te suffit de toucher ma tasse Tu es mon sucre Et c’est oh si suave Quand tu l’attises Quand je bois à petites gorgées À tes lèvres délicieuses C’est comme si le miel perlait bien Tu es une friandise Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Eh bien, n’achète pas de sucre Il te suffit de toucher ma tasse Tu es mon sucre Et c’est oh si suave Quand tu l’attises Quand je bois à petites gorgées À tes lèvres délicieuses C’est comme si le miel perlait bien Tu es une friandise Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille

Je l’admets, une traduction unique comme celle que je vous ai faite rend difficilement le sens du texte… d’autant plus qu’il y a beaucoup de sous-entendus basés sur des jeux de mots. Si, effectivement, le sens premier fait référence à un jeune homme qui flatte une demoiselle (c’est elle la fleur de chèvrefeuille) et qu’il lui dit qu’elle n’a qu’à lui demander (« touche ma tasse [de sucre] ») pour avoir tout ce qu’elle souhaite dans la vie, il y a beaucoup de sous-entendus. Des allusions osées sont manifestement faites dans cette chanson… La « tasse » du garçon peut être autre chose, le miel qui coule peut aussi prêter à interprétation. Et encore, je vous passe les subtilités de vocabulaire utilisées dans cette chanson. D’ailleurs, si vous en avez l’occasion, je vous conseille de chercher les multiples significations des mots utilisés dans un dictionnaire Anglais-Français. De plus, si vous recherchez « honeysuckle », vous trouverez que ce mot est une altération de honisouke, du viel Anglais hunisuce (qui a donné honey, « miel ») et sucan (qui a donné to suck, « sucer »). Là aussi, la traduction française « chèvrefeuille » ne rend pas toute la subtilité du double sens…

Cette chanson fait partie des nombreuses oeuvres de swing dans lesquelles les jazzmen ont clairement introduit des allusions sexuelles entre les lignes… Ils n’étaient pas forcément obsédés, mais ils avaient sûrement un esprit facécieux. Regardez donc dans la vidéo de Fats Waller présenté plus haut ses petites mimiques lorsqu’il dit : « You just have to touch my cup » et vous en aurez la confirmation. D’ailleurs, le mot « jazz » ne vient-il pas étymologiquement du mot jass qui faisait référence à la fois l’acte sexuel et à l’énergie que l’on donne dans l’exécution d’une action (la musique en l’occurrence) ?

Pour en revenir à la danse (c’est quand même le point de départ…), le danseur peut interpréter les paroles de la chanson dans sa danse tout comme Fats Waller les interprète par des mimiques amusantes devant la chaste jeune fille qui l’écoute. Je ne dis pas qu’il faut danser explicite, comme dans la chanson, tout doit être dans la retenue et en tout bien tout honneur : des petits regards, de rapprochements de partenaires au bon moment de la chanson, etc. Bref, mon message du jour est : « Écoutez les paroles des chansons sur lesquelles vous dansez, vous pourrez ainsi trouver encore plus de manières de vous exprimer en dansant et de vous amuser avec votre partenaire. »

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La valse mexicaine

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Il existe différents types de valse. Tout le monde connaît la valse viennoise que les nouveaux mariés aiment danser pour ouvrir leur bal. On connaît aussi la valse musette que l’on danse dans les bals populaires. On connaît moins la valse lente de compétition et encore moins le boston, une valse ayant fait l’aller-retour entre l’Europe et les États-Unis et y a pris son nom au passage. Et puis, il y a aussi la valse à deux temps, la java (qui se rapproche de la valse musette), etc. Enfin, citons des valses que nous qualifierons de folkloriques comme la valse écossaise, péruvienne, irlandaise ou encore la valse mexicaine dont je voulais vous dire quelques mots dans ce premier « vrai » article de l’année.

La valse mexicaine (la danse) est née dans la première moitié du XXe siècle (alors que les valses d’origine mexicaine ont commencé à être jouées dans la seconde moitié du XIXe siècle) et se danse sur un type de musique bien précis. Les couples y alternent les sections dansées en valse classique (plutôt musette) et les sections chorégraphiées comportant des claquements de mains. Dans ces dernières, les partenaires démarrent en position ouverte, légèrement décalés l’un par rapport à l’autre et se tiennent les deux mains. Ils font une série de mouvements, puis claquent deux fois des mains. C’est à cela que vous reconnaîtrez visuellement la valse mexicaine. Avec le temps (et probablement quelques malentendus…) différentes variantes sont apparues dans les pas, mais on peut cependant distinguer la variante de couple (où l’on effectue des pas chassés face à face) de celle de groupe (où tous les couples sont en cercle et où l’on alterne l’orientation face au cercle puis face à son/sa partenaire).

Fortement marquées par une influence espagnole, les musiques (de tempo modéré) utilisées ne sont pas très nombreuses et doivent avoir une structure particulière. Dans les versions originales, on entend beaucoup les cuivres, dont les trompettes et la guitare, mais la plupart des versions utilisées dans les bals en France sont jouées à l’accordéon. Les bals populaires n’ont pas la possibilité de se payer les Mariachis juste pour un titre… À propos, saviez-vous que le mot mariachi est une déformation du mot mariage qui a été faite à l’époque où l’empereur Maximilien a pu régner sur le Mexique aidé par Napoléon III (dans les années 1860) ? Ainsi, il désigne les orchestres jouant pour les mariages et autres cérémonies dans ce pays. Un peu de culture ne fait pas de mal.

Ce qui est amusant, c’est qu’on ne rencontre pas beaucoup la valse mexicaine dans les écoles de danse. C’est là où certaines associations trouvent le terrain complémentaire en proposant la valse mexicaine aussi bien dans leurs cours que dans leurs soirées. Il est vrai que la valse mexicaine fait un peu plus « vielliot » et moins classe que la valse viennoise, mais c’est néanmoins une variante aisée à apprendre (musique lente, majorité des pas semblables à la valse musette) et obligeant les danseuses et danseurs à écouter la musique. On la qualifie parfois de danse d’animation, mais du fait de la présence des pas de la valse, elle demande un peu plus de temps d’apprentissage. Restons-en donc à la dénomination de danse folklorique (ou traditionnelle).

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LA photo des jazzmen

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Cela fait quelques billets que je poste dans ce blog où je parle de swing. C’est en effet un de mes sujets de prédilection et, vous le savez, la relation entre la musique et la danse est très étroite ; c’est bien pour cela que l’on trouve généralement en librairie les livres sur ces deux thèmes au même rayon. Aujourd’hui, j’ai juste envie de vous parler d’une photo. Une simple photo ? Non, LA photo.

Cette photo, nommée « Harlem 1958 » ou encore « A Great Day in Harlem », a été prise en 1958 par Art Kane. Il s’agit d’une photo majeure dans le monde du jazz. En effet, cette photo représente, en une seule fois, 57 des plus grands musiciens de jazz (54 hommes et 3 femmes) regroupés à New York. Elle a été publiée pour la première fois en janvier 1959 dans l’édition jazz du magazine Esquire.

Alors pourquoi cette photo est-elle si extraordinaire ? La réponse est simple, vous pouvez y voir les visages de grands noms connus comme Dizzy Gillespie, Thelonius Monk, Charles Mingus, Benny Golson, Gene Krupa, Count Basie, Gerry Mulligan, Sonny Rollins ainsi que Lester Young et bien d’autres. Bien que tous les musiciens de jazz de l’époque fussent invités, Art Kane n’avait aucune idée de combien d’entre-eux seraient présents. Il se demandait même s’il en aurait un seul pour faire la photo tout comme ceux à qui il en avait parlé. Il devait être environ 10 heures du matin ; pas vraiment l’heure à laquelle les musiciens de jazz sortent habituellement du lit… L’un d’eux s’étonna d’ailleurs de découvrir qu’il y avait un « 10 heures » chaque matin. C’était en plein été et, pour cette occasion, les jazzmen arrivèrent l’un après l’autre par le bus, en taxi ou via le métro. Dans une interview, Dizzie Gillespie a dit un jour : « Quand j’ai découvert que cette photo allait donner l’occasion de cette grande réunion, je me suis dit que c’était une chance de voir tous ces musiciens sans avoir à aller à un enterrement. » La petite histoire associée à cette photo est qu’il y manque un musicien qui, pourtant était présent ; il s’agit de Willie « The Lion » Smith. En effet, fatigué du temps que mettait la photo à se faire, ce dernier s’était assis sur les marches au moment où le photographe appuya sur le bouton… Quoi qu’il en soit, ces 57 musiciens ont plus ou moins joué les uns avec les autres durant des années sous des combinaisons les plus variées et ont marqué leur temps et l’histoire du jazz. Pour ce qui concerne la danse, c’est leur musique qui a servi à un moment ou à un autre de support à tous les danseurs de lindy hop, de balboa, de shag, de charleston, etc.

Ci-dessus, voici la photo originale à gauche et le même immeuble de nos jours à droite. Sur la photo originale, je vous ai entouré les 3 femmes du groupe et je vous ai ajouté la photo de Willie « The Lion » Smith qui est assis. Il va de soi que cette incrustation est issue d’une autre photo prise le même jour. En avant-plan, on voit que les gamins du quartier ont été autorisés à figurer sur la photo. Peut-être des futurs musiciens (ou danseurs) ?

Au fil des années, cette photo unique a fait le tour du monde. Une très forte allusion à cette photo a d’ailleurs été faite dans le film Acheter sur Amazon de Steven Spielberg où Tom Hanks joue le rôle d’un ressortissant de Krakozie, un pays (fictif) en pleine révolution. Cet étranger au fort accent des pays de l’Europe de l’Est se retrouve coincé dans le no man’s land de l’aéroport de New York (JFK). Il faut attendre la fin du long métrage pour comprendre, mais je vous rassure, j’ai adoré ce film très touchant. Vous pouvez donc le voir ou le revoir si ce n’est pas déjà fait. Je précise quand même qu’il n’y a (quasiment) pas de danse dans ce film, c’est donc un coup de cœur dans l’absolu.

Si l’on a parfois tendance à consommer la musique en tant que danseur, il n’en reste pas moins que, à l’âge d’or du swing, les musiciens et les danseurs étaient très liés. Les danseurs portaient une attention toute particulière aux musiciens de chaque orchestre, car c’est leur musique live qui leur permettait de danser et de passer du bon temps. De leur côté, les musiciens connaissaient aussi certains danseurs et faisaient attention à ce qui se passait sur la piste de danse, et ils n’hésitant pas à même agrémenter leurs improvisations de quelques passages permettant aux danseurs de faire certains mouvements spécifiques. Avec l’expérience et cette cohabitation des musiciens et des danseurs dans un même lieu chaque soir, un lien fort s’est tissé entre eux. L’arrivée progressive des enregistrements, puis des fichiers mp3 et du streaming a ôté une partie de cette communication et a malheureusement souvent transformé la musique en un « consommable » sans âme utilisé pour danser dans l’esprit de certains. Il me semble donc qu’avoir un minimum de culture musicale lorsqu’on danse est particulièrement justifié (toutes musiques confondues) et je ne peux que vous encourager à vous précipiter pour danser devant un orchestre « en direct live » lorsque c’est possible, sans ignorer les musiciens, et de leur accorder vos applaudissements après chaque danse.

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Le breakaway et les minstrels

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Le site UltraDanse.com présente le lindy hop dans sa section Danses en couple. Quand on lit la page correspondante, on découvre que le lindy hop est l’ancêtre du rock’n’roll (la danse, pas la musique). Mais chacun le sait bien, peu de danses naissent spontanément du jour au lendemain. Le lindy hop, lui-même, est né d’une évolution.

Avant les années 30, à Harlem, on ne dansait pas le lindy comme aujourd’hui. D’ailleurs, il semble établi qu’avant 1927 on n’appelait pas encore « lindy hop » la manière de danser sur du swing. On dansait, entre autres danses, le charleston et le breakaway. C’est le mélange de ces deux danses qui donna le lindy. Tout le monde connaît le charleston, au moins de nom et peut-être aussi le nom de Josephine Baker vient-il à l’esprit en même temps. Car c’est en effet elle qui, dans sa Revue Nègre, diffusa les mouvements du charleston en France. On revoit aisément à cette époque (les « années folles »), les jeunes filles vêtues court avec un chapeau cloche et des robes à paillettes qui gesticulent dans tous les sens et jetant leurs pieds en avant, en arrière et sur les côtés.

Le breakaway est différent. C’est une danse ou la position du couple reste fermée. On retrouve plus ou moins le lindy turn qui servira de base au lindy hop plus tard ainsi que quelques variantes sur des jeux de jambes de charleston. La différence avec le lindy « Savoy style » est que les danseurs se tiennent très droits et suivent une orientation du corps verticale. Le lindy concrétisa une évolution de cette danse où les partenaires pouvaient ouvrir la position et se séparer pour faire des mouvements beaucoup plus libres. La photo ci-dessous fut prise en décembre 1941 où l’on voit un couple encore danser le breakaway, en tout cas c’est ce qu’un oeil exercé pourra vous dire. Et je vous le dis . Comme quoi la manière « moderne » (à l’époque) de danser le lindy cohabita un temps avec la manière « ancienne » de danser le breakaway. Et cela à tel point que le lindy de 1927 devait être dansé tout aussi redressé que le breakaway. Qui peut réellement dire le jour où l’on est réellement passé de l’un à l’autre ? Même les contemporains de cette période ne savent pas le dire.

Au passage, vous noterez peut-être à l’arrière-plan de la photo un personnage au canotier qui consulte ses notes. Il s’agit en réalité d’un « minstrel », un présentateur grimé en noir à outrance : peau noircie au cirage et lèvres marquées de blanc. Les minstrels étaient à l’origine des blancs qui se grimaient en noirs, mais après la Guerre de Sécession, ce sont les noirs eux-mêmes qui adoptaient le déguisement. Le nom « minstrel » vient du français « ménestrel  » et était adopté par des artistes au 19e siècle qui se produisaient dans un spectacle appelé le Minstrel Show, une forme de divertissement typiquement américaine comportant des sketches comiques, de la musique et de la danse. Le maquillage des minstrels a ensuite été adopté maintes fois dans le domaine des spectacles ou lors de films. Voici un exemple de film des années 30 qui adopte encore cette optique (il y a là à la fois des blancs et des noirs sous le maquillage). Le film s’appelle « Mammy » et on y voit chanter Al Johnson. Cela dit, au-delà de l’apparente joie de vivre, n’oublions pas qu’il y a un arrière-goût de racisme dans cette représentation stéréotypée…

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Connaissez-vous les Zazous ?

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Derrière la dénomination de « Zazou » se cache un mouvement mené par une certaine jeunesse française des années 1940 adepte de musique jazz. Ils doivent l’origine de leur nom à Cab Calloway (le célèbre chef d’orchestre américain à la mèche rebelle) qui, en 1934, chanta le premier les onomatopées « zah zuh zaz » reprises en 1939 par Johnny Hess dans sa chanson « Je suis swing » que tout le monde connaît (enfin au moins le refrain !). Mais au-delà de l’anecdote sur cette dénomination, c’est un vrai mouvement de jeunesse que nous évoquons ici. À titre d’information, je vous mets ci-dessous le début des paroles de la chanson « Je suis swing » de l’époque.

La musique nègre et le jazz hot
Sont déjà de vieilles machines.
Maintenant pour être dans la note
Il faut du swing.
Le swing n’est pas une mélodie
Le swing n’est pas une maladie
Mais aussitôt qu’il vous a plu
Il vous prend et n’vous lâche plus.

Je suis swing, je suis swing
Da dou da dou da dou da dou dé yeah
Je suis swing, oh je suis swing.
C’est fou, c’est fou c’que ça peut griser.
Quand je chante un chant d’amour
J’le pimente d’un tas de petits trucs autour
Je suis swing, je suis swing
Za zou za zou, c’est gentil comme tout.

Johnny Hess

Et un petit clip pour écouter…

Zazous habits

Les Zazous, aussi appelés « Petits Swings », se reconnaissaient par une tenue vestimentaire spéciale : chemise au grand col, cravate relâchée, veston trop long et pantalon trop court pour les garçons et chandail à col roulé détendu, robe plissée courte et bas noirs tombant vers des sandales de curé pour les filles. Leurs cheveux longs et frisés achevaient le tableau et leur donnaient un air rebelle.

L’ambiance des soirées Zazou tournait autour du swing et des vedettes française de l’époque : Johnny Hess, Charles Trénet, Irène de Trébert, Alix Combelle mais aussi Yves Montand et Charles Aznavour. Malgré les restrictions dues à la guerre et l’après-guerre et les erzatz remplaçant la bière ou de café, rien ne pouvait les empêcher de s’amuser en se retrouvant pour danser sur du swing. Tout cela se passait entre 1939 et 1950.

Pour aller plus loin sur le sujet, je vous conseille le coffret BD+CD de chez Nocturne Les ZazousAcheter sur Amazon qui m’a inspiré pour ce billet. Faisant partie d’une collection mêlant BD et CD audio, ce coffret est très instructif sur la période méconnue des Zazous (1938-1952). C’est l’époque où la musique swing rencontre la danse be-bop en France et où les Zazous se retrouvaient dans des caves pour danser. La BD explique tout cela d’une manière concise et agréable alors que les 48 morceaux de swing regroupés sur les 2 CD nous replongent dans l’ambiance musicale de l’époque. On y trouve les artistes clés dont Johnny Hess « Je suis swing », Irène Trébert « Mademoiselle swing » ou encore Charles Trénet « La poule zazou ». Des morceaux au son d’origine qui donnent envie de danser !

Vous pouvez aussi vous procurer le livre Les ZazousAcheter sur Amazon de J.-C. Loiseau, un peu plus ancien mais aussi très informatif ou encore le très récent L’histoire des zazous: Paris – Bruxelles – Prague – BerlinAcheter sur Amazon de Gérard Régnier. Côté musique les compilations regroupant des morceaux de jazz produits sous l’occupation sauront probablement vous mettre dans l’ambiance si les titres du coffret BD+CD cité plus haut ne vous suffit pas.

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