Dans le domaine des danses en couple, il est une discipline qui est souvent associée aux traditionnels foxtrot, lindy hop ou autres danses pratiquées sur du jazz. Je fais référence ici à ce que beaucoup appellent « les claquettes » et que d’autres préfèrent voir appeler « la danse à claquettes », traduction directe de son nom en anglais « tap dance ». Car « faire des claquettes », ce n’est pas simplement faire de petits sons avec ses pieds, c’est plutôt mêler danse et percussions. C’est ce que je vous propose de découvrir aujourd’hui…
La danse à claquettes est issue de plusieurs pratiques allant du « clogging » anglais (sorte de gigue dansée en sabots à l’origine) aux danses et rythmes africains en passant par la danse traditionnelle irlandaise. Que ce soit du côté des origines européennes ou de celui des origines africaines, on retrouve un point commun dans le fait que les gens accompagnaient leur travail du son de leurs pieds frappés au sol. Bien sûr, entre ces cultures, les rythmes sont différents et les traditions aussi. C’est cela qui a initié la diversité des pas que nous connaissons aujourd’hui. La rencontre s’est opérée à la fin du XIXe siècle et au début des années 1900 aux États-Unis avec, d’un côté, les ouvriers émigrants venant d’Angleterre et d’Irlande et, de l’autre côté, les esclaves africains.
Les mouvements qui scandaient le travail passèrent de la vie à la scène par le biais des « Minstrel Shows » dont j’ai parlé dans un autre article de ce blog. Les Blancs grimés en Noirs faisaient le spectacle en imitant ces derniers. Jusque dans les années 1920, les frappes sont faites grâce à des semelles en bois en deux parties (sur des chaussures de cuir), mais devant l’usure rapide de celles-ci, on les remplaça définitivement par des plaques de métal, les fers (ou taps en anglais), qui pour autant sont de nos jours en aluminium.
Pour l’anecdote, notez que les moins fortunés fixaient des capsules de bouteille sous leurs chaussures à la place de vrais fers. Les spectacles de danse à claquettes devinrent de plus en plus techniques et étonnants grâce au Vaudeville et à la concurrence entre les diverses salles de spectacle aux USA. Le mélange des styles de numéros (comiques, acrobaties, danseurs de caractère, etc.) contribua à l’enrichissement des numéros de danse à claquettes par l’importation de nouveaux mouvements de plus en plus spectaculaires et innovants. À cette époque, il était courant de se faire chorégraphier un numéro de claquettes par un professionnel et de l’apprendre en cours particuliers avant de le produire en spectacle. De cette période, on connaît de nombreux artistes comme Bill Robinson, Honi Coles, John Bubbles, les Nicholas Brothers, etc.
La danse à claquettes devint de plus en plus populaire avec les comédies musicales hollywoodiennes à partir des années 30 où des vedettes comme Fred Astaire, Ginger Rogers, Gene Kelly, Ann Miller, Eleanor Powell ou Shirley Temple firent de cette discipline une part essentielle du rêve américain. Ils y ajoutèrent des pas de danse classique et la musique jazz était omniprésente dans leurs numéros qui comportaient aussi du chant. De nombreux films cultes de cet âge d’or sont connus de tous comme « Top hat » (1935)
, « Broadway Melody of 1940 »
, « Chantons sous la pluie » (1952)
, etc.
Comme d’autres manières de danser de l’époque swing, la danse à claquettes passa de mode avec la déferlante du rock’n’roll après la Seconde Guerre mondiale. Mais le renouveau est là de nos jours grâce au retour de l’attrait du public pour les danses traditionnelles et folkloriques (comme les danses irlandaises) ainsi que pour le jazz et le swing. Je dirais, pour simplifier, qu’on parle aujourd’hui de deux principales catégories dans la pratique de la danse à claquettes :
- les claquettes irlandaises où l’essentiel de l’attention du danseur est portée sur les frappes et que l’on retrouve dans des spectacles comme « Lord of the Dance »
; - les claquettes américaines (au début correspondant au style Broadway et comédies musicales où les postures et déplacements de tout le corps sont importants) qui, de nos jours, correspondent à tout ce qui n’est pas inclus dans les claquettes irlandaises.
Il est intéressant de noter des pratiques spécifiques de la danse à claquettes comme le soft shoe, pratique légère, classe et dansée en chaussures sans fers (le sol est alors parsemé de sable pour qu’il y ait tout de même du bruit…) ou encore le hoofing aux frappes très intenses et complexes. Aux danseurs à claquettes, il est aussi possible d’associer, pour être complet, les percussionnistes qui font feu de tout bois… ou plutôt bruit de tout support comme les artistes du spectacle « Stomp »
puisqu’ils incorporent des claquettes dans leurs numéros. Plus récemment, des artistes comme Gregory Hines ou Savion Glover (photo ci-contre) ont continué ou continuent de faire rêver le public américain (et les autres !) par leur dextérité et de faire évoluer la discipline. Ce dernier fait en particulier partie de ceux qui mêlent les rythmiques hip-hop à la pratique de la danse à claquettes. On voit aussi des innovations en terme de spectacle avec les « Tap Dogs », ces Australiens qui sont loin du sage costume et du chapeau melon de Bill « Bojangles » Robinson dans les années 30… Ce danseur à claquettes a marqué l’histoire à tel point que le « Tap Dance Day » (la journée de la danse à claquettes) est fêté aux États-Unis depuis 1989 le jour de son anniversaire, le 25 mai.
Les claquettes sont liées aux danses en couple de plusieurs manières. Tout d’abord, nous avons tous en tête l’image de Fred Astaire dansant avec ses partenaires (voir un autre de mes billets sur le sujet dans ce blog) à Hollywood où, entre deux refrains et trois pas de foxtrot, les danseurs s’adonnent à des rythmiques qui semblent sortir naturellement de leurs semelles. On a même pu assister à des claquettes sur patins à roulettes dans « Shall we dance »
(« L’Entreprenant Monsieur Petrov » en version française et non le film avec Richard Gere que je vous présente dans un autre article). Donc voilà, la danse à claquettes est particulièrement esthétique en couple, il est simplement dommage que cette manière de les pratiquer ait un peu été oubliée de nos jours. Mais il est à noter que la danse à claquettes continue de se développer non seulement sous l’impulsion d’Américains, mais aussi d’Européens dont certains ont acquis une réputation excellente. Second argument, plus technique, le développement des qualités de danseur à claquettes permet d’améliorer son équilibre, son aisance et ses jeux de jambes dans les danses à deux comme le rock, le lindy hop,… et même la valse.
Je l’ai moi-même vérifié dans ma manière de danser les danses à deux au fil de mon apprentissage de la danse à claquettes et je recommande à tout le monde de faire au moins une année (voire deux) de claquettes pour cela. Et (qui sait ?) peut-être ne pourrez-vous plus vous en passer, tout comme le petit manchot empereur du film d’animation « Happy Feet » (2005)
qui ne peut s’empêcher de faire naturellement des claquettes depuis sa naissance…
Les débuts du jazz ont été marqués par diverses influences entre les instruments de musique européens et les chants issus du continent africain. Il faut considérer que l’on trouve les origines du jazz dans la culture africaine des esclaves qui étaient « importés » par bateaux entiers sur le continent américain. On confiait aux esclaves noirs africains les tâches les plus difficiles et ces derniers se donnaient du courage en chantant des hymnes de leur patrie d’origine de l’autre côté de l’Océan Atlantique. De leur côté, leurs maîtres blancs avaient aussi des origines transocéaniques puisque leurs ancêtres provenaient pour la plupart de la vieille Europe. La culture des Blancs tournait donc autour de la musique classique et des rythmes des traditions européennes où l’on dansait volontiers la polka, la valse, la scottish, le quadrille ou encore le cotillon.
Les esclaves noirs sont petit à petit entrés dans les maisons des maîtres blancs puisqu’il fallait bien faire les diverses tâches ménagères comme le ménage, la cuisine, le service, etc. Ainsi les Afro-américains ont-ils pu regarder avec curiosité et amusement les loisirs de leurs patrons. En particulier, lorsqu’au son d’un piano, les jeunes gens dansaient à l’européenne, les serviteurs trouvaient cela bien curieux. Lorsque les maîtres avaient tourné le dos, certains des serviteurs se mettaient à les imiter pour s’amuser. Or, ils n’avaient pas cette culture européenne de leurs maîtres et faisaient des gestes peu élégants, sans compter qu’ils exagéraient souvent les mouvements pour faire éclater de rire leurs collègues.
on voit Shorty George (oui, oui, le Shorty George qui a inventé la figure jazz du même nom) qui sort de scène de cette manière (image arrêtée ci-contre). Le cakewalk fait donc partie des lointains ancêtres qui ont évolué ou influencé la danse des Afro-Américains pour donner le lindy hop que nous dansons encore aujourd’hui sur la musique swing. Mais de nos jours, il n’y a plus besoin de motiver les danseurs par une part de gâteau (en dehors de certains pique-assiettes spécialistes des soirées dansantes à buffet gratuit !) et les Noirs dansent aussi très bien avec les Blancs qui, à présent, essayent d’imiter leurs mouvements de danse avec plus ou moins de bonheur en lindy hop, salsa, ragga, danse africaine, etc. Ci-dessous un exemple qui ne me semble pas si mauvais que cela dans le domaine de la danse africaine.
). Décidément, mes derniers articles concernent beaucoup les danses swing, il va falloir que j’aborde d’autres thèmes pour satisfaire tous les goûts… Mais revenons au west coast swing. Comme son nom le suggère, il s’est développé sur la côte ouest des États-Unis dans les années 40 à partir du lindy hop (qui, lui, est parti de New York).
Pour tout vous dire, c’est moi qui ai écrit l’article présentant le west coast swing sur UltraDanse.com le 9 juin 2001. Cela fait donc plus de huit ans. J’avais pris mon premier cours de West coast swing l’année précédente et cette danse m’avait intrigué. J’y ai vu tout d’abord une danse en 6 temps très fluide et sexy. Sans doute parce qu’elle se danse de préférence sur de la musique lente et particulièrement du blues. Comme tous les stagiaires danseurs de rock présents, le plus perturbant a sans doute été le fait de devoir donner un guidage dès le compte « 1 » des différentes figures. Je me souviens avoir vu un pas de base stationnaire, puis le push break, puis le break Elvis ainsi que quelques autres figures. En 2000, les cours de WC swing étaient rares en France et ils le sont restés jusque ces, disons…, trois dernières années.
À présent que le WC swing se développe en France, je suis naturellement le mouvement d’une manière plus affirmée. Dans le Sud-Ouest de la France, cela fait environ 2 ans que le west coast swing marche bien. En faisant une rapide comparaison par rapport à il y a 8 ans, je remarque que la musique a évolué. Bien sûr, les musiques que nous entendons à la radio ont aussi évolué et on ne peut pas en permanence danser sur les mêmes « vieux » disques. Le R’n’B (parfois à la sauce latino) a envahi les ondes ainsi que les soirées rock/swing/WC swing. Je reste toutefois circonspect quant à l’utilisation de n’importe quelle musique pour danser le WC swing. Le blues est parfait, le disco-funk n’est pas mal, le R’n’B pourquoi pas, mais pas tous les morceaux. Même si la base de la danse est en 6 temps comme le rock, il ne faut pas rester hermétique à une certaine sensibilité musicale. Une rythmique binaire marquée ne suffit pas pour danser le WC swing. Le week-end dernier, j’ai participé à une soirée dansante où quelques morceaux étaient clairement destinés aux danseurs de WCS. L’un de ces titres aurait clairement dû être dansé en rumba (on pouvait deviner la présence de la clave latino par intermittence), mais tout le monde dansait le WC swing. Peut-être n’y avait-il pas d’amateurs de rumba ? Dans doute ce facteur a-t-il pu jouer un rôle.
Cela faisait un certain temps que je n’avais pas présenté de morceau de musique dans ce blog. Il s’agit évidemment d’un titre sur lequel on danse. Et pour pouvoir vous raconter quelques anecdotes sur le sujet, j’ai choisi « Portrait of the Lion » de Duke Ellington. C’est un morceau swing (et non une chanson comme les précédents titres que j’ai abordés ici) sur lequel j’ai longtemps répété un enchaînement chorégraphique au sein d’une troupe professionnelle il y a quelques années et cela m’a fait tout drôle de le réécouter récemment.
Alors qu’est-ce donc que cette histoire de lion qu’on prend en photo ? En réalité, il n’y a ni animal à crinière, ni appareil photographique dans l’histoire. Lorsque Duke Ellington compose « Portrait of the Lion » en 1939, il pense en réalité à un de ses pianistes modèles : Willie Smith, surnommé « le Lion » pour rappeler sa bravoure durant la Première Guerre mondiale. Ce dernier est l’un des maîtres du piano stride (bien souvent identifiable par son inséparable chapeau melon et son inamovible cigare) dont Duke Ellington a beaucoup appris au point de lui dédier non pas un portrait musical, mais deux puisqu’il composa plus tard « Second Portrait of the Lion ». Le Lion lui rendit la politesse en 1957 en composant un « Portrait of the Duke ». Si vous vous rappelez bien, je vous avais déjà parlé de Wille « the Lion » Smith il y a quelques mois, dans ce blog, dans un article à propos d’une fameuse photo représentant quasiment tous les grands jazzmen. Willie Smith ressortait du lot… par son absence. C’est lui qui se reposait à côté du groupe alors qu’était prise la photo qui a ensuite été sélectionnée et publiée. La faute à pas de chance…
Le fait est qu’il était très fréquent que les musiciens de jazz se fassent mutuellement des hommages sous la forme de « portraits » musicaux. On vient de le voir entre Duke Ellington et Willie Smith, mais il en existe de nombreux autres comme « The Count » (portrait de Count Basie par Benny Goodman), « Portrait of Django » (portrait de Django Reinhardt par Lucky Thompson) voire même le comble de l’exercice dans « Portrait », le portrait de Charlie Mingus par lui-même… On a même des portraits musicaux de danseurs par des musiciens comme « Bojangles », le portrait de Bill « Bojangles » Robinson (fameux danseur à claquettes) par Duke Ellington ou encore « Taps Miller », le portrait de Marion Joseph « Taps » Miller (danseur à claquettes et trompettiste) par Count Basie.
Enfin, je vous mets en lumière quelques points qui peuvent permettre de danser des figures appropriées (à chacun de voir ensuite ce qu’il ressent).
Me voici donc à la fin de cet article mêlant diverses choses, entre culture générale swing et technique en rapport avec la danse. Avec ce petit exercice, j’ai essayé de vous montrer comment on part d’un morceau de musique pour arriver à une danse. Je ne vous ai pas donné d’enchaînement chorégraphique et j’aurais pu décortiquer encore plus, mais je voulais juste ouvrir quelques perspectives à ceux qui n’ont pas encore beaucoup mis en relation la musique et la danse. Ici, l’objectif est aussi de pouvoir improviser librement sur cette musique et, à chaque nouvelle écoute, de découvrir de nouvelles manières d’interpréter les subtilités des musiciens de swing en dansant à deux. J’espère, en tout cas, que cela vous aura donné l’envie d’aller plus loin dans l’écoute et la compréhension des musiques sur lesquelles vous dansez habituellement. Elles recèlent sûrement tout un tas de subtilités que vous ne soupçonniez peut-être pas. Et je ne parle pas que du swing, mais d’autres styles musicaux peuvent vous surprendre.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire dans un article précédent, l’accordéon est l’instrument roi des bals musette. Mais, si l’on regarde la fiche consacrée à l’histoire de la valse musette sur UltraDanse.com, on découvre que musette n’est pas forcément synonyme d’accordéon. J’ai donc décidé aujourd’hui de vous en dire plus sur cette curiosité qui intrigue souvent les danseurs peu au fait de l’histoire.
Au début était la cornemuse, un instrument à vent composé de trois ou quatre tuyaux sortant d’un sac en peau de chèvre ou de mouton que l’on remplit d’air. L’un des tuyaux sert à gonfler le sac à la bouche, un autre est percé de trous comme une flûte et permet au sonneur de faire les différentes notes ; enfin, les autres font une note permanente (on les appelle les bourdons). Ce type d’instrument était déjà connu dans l’Antiquité et, au Moyen-Age, on l’appelait « muse ». Plus tard, les Écossais et les Irlandais l’on appelé « bag-pipe » (« tuyau à sac ») et les Bretons le nomment « biniou » ou « biniou braz » (la grande cornemuse). Comme son nom pourrait le suggérer (mais c’est une mauvaise piste, comme nous allons le voir plus loin), la musette est une petite cornemuse composée de deux tuyaux à trous et d’un tuyau à son unique. Le tuyau dans lequel on souffle dans le cas de la cornemuse n’y existe donc pas et l’entrée de l’air dans le sac de cuir était assurée par un des soufflets que l’artiste plaçait sous ses bras. En Auvergne, patrie des hommes à l’origine des guinguettes parisiennes, cet instrument était également appelé cabrette, rapport au cabri dont on utilisait la peau pour fabrique le sac à air.
Mais la ressemblance s’arrête là, car la musette n’est en aucun cas l’ancêtre de l’accordéon. L’accordéon est plus ou moins issu de l’harmonica sous l’impulsion de l’Autrichien Cyrill Demian qui eut l’idée de remplacer le souffle humain par un « souffle » mécanique. Habitant de Vienne et associé à ses deux fils Carl et Guido, ce dernier déposa un brevet en 1829 décrivant un instrument nommé « accordion ». Le brevet le décrit comme consistant « d’une petite boîte avec des hanches de métal et un soufflet qui lui est rattaché de manière à pouvoir être facilement transportée » (traduction personnelle). Suivant un flot constant de brevets autour de cet instrument, divers contributeurs le feront évoluer, dont des Anglais, des Italiens et des Français. L’accordéon a ainsi connu de très nombreuses étapes avant de parvenir au stade de l’instrument que nous connaissons de nos jours.
La fin du XIXe siècle est marquée par une forte rivalité à Paris entre les joueurs de cabrette (les cabrettaires) et les joueurs d’accordéon (les accordéonistes) dans l’animation des bals musette. La rue Lappe est le théâtre de certaines scènes clefs. Les riches sonorités de l’accordéon diatonique tenu par l’Italien Félix Peguri s’opposent à la cabrette classique de l’Auvergnat Antoine Bouscatel (le moustachu représenté un peu plus haut). Peu à peu, l’accordéon remporte le match car les airs qui en sortent sont vifs et très entraînants. En effet, l’accordéon diatonique fait un son différent selon qu’on pousse ou qu’on tire sur le soufflet et confère un style bien particulier aux morceaux joués. Le mot « musette », lui, est resté attaché au style musical associé à l’accordéon, bien que ce dernier ait bien vite été aussi utilisé dans un contexte de jazz. On dit que le mot musette est resté parce que c’est aussi le nom donné au petit sac où l’on rangeait l’accordéon diatonique au début du XIXe siècle. Par la suite, l’accordéon a été mis à toutes les sauces : jazz, pop, rock. Sa variante chromatique permet en effet de jouer les demi-tons en plus des sept notes d’une gamme. Non seulement les grands noms de l’accordéon des années 50 étaient de la partie (Marcel Azzola, Yvette Horner — même relookée par Jean-Paul Gaultier en 91 —, André Verchuren, Aimable, etc.), mais aussi de nouveaux venus plus « rock » dans les années 80 comme les Garçons Bouchers, les Négresses Vertes, Blan Kass et Gérard Blanchard (et ses fameuses grottes de Rocamadour…). On parle alors aussi de « piano à bretelles » pour faire plus moderne car les touches rectangulaires blanches et noires ont fait leur apparition sur l’instrument. Cela dit, en dehors des bals populaires et des bals tango, l’accordéon (quel que soit son type) n’est plus le roi des instruments aujourd’hui. L’informatique et les synthétiseurs sont passés par là.
Bien sûr, parallèlement à tout cela, la danse a, elle aussi, évolué. Je vous laisse en découvrir la manière par vous-mêmes en lisant les quelques pages de présentation de la valse et de la java, que j’ai écrites à l’occasion de mon nouveau livre (dont je vous parlerai un peu dans mon prochain article). Mais pour cela, il vous faudra vous le procurer…
Disponibilité prévue la semaine prochaine.
Dans ce mouvement du moonwalk de Michael Jackson, autrement appelé backslide (soit le « glissé arrière » en français), le danseur semble avancer alors qu’il recule en réalité. Tout est donc dans l’illusion tout comme le travail des mimes.
Cela rappelle la « marche contre le vent » que le célèbre mime Marceau mettait en avant il y a quelques années, à la différence près que cet exercice classique du mime consiste à rester sur place en donnant l’illusion de lutter contre le vent pour avancer. En réalité, Michael Jackon, lui-même, a admis s’être inspiré de Marcel Marceau pour peaufiner son interprétation du moonwalk. En effet, ce mouvement existait en breakdance bien avant que Michael Jackson ne le popularise et ce dernier n’en est donc pas l’inventeur. En réalité, ce mouvement a même été réalisé bien avant la breakdance puisque sa première apparition filmée date de 1943 dans le film « Cabin In the Sky ». Il y est fait devant Ethel Waters par Bill Bailey qui le danse aussi en 1955 dans le film « Showtime at the Apollo » comme sortie de son numéro de claquettes.
Michael Jackson s’est inspiré de trois gamins-danseurs des rues au début des années 80 (d’après « Moonwalk » son autobiographie bien nommée) et des techniques de mime pour personnaliser son mouvement qu’on a pu découvrir à la télévision en 1983 alors qu’il chantait « Billie Jean » (le mouvement est fait sur le riff de guitare aux 4/5 de la chanson). Si le moonwalk est devenu par la suite une sorte de signature pour Michael Jackson, ce pas n’en a pas moins été repris par d’autres artistes comme James Brown ou encore Debbie Allen (dans l’un des épisodes de la série TV « Fame »). Flashdance a aussi une scène où l’on voit un danseur faire le moonwalk avec un parapluie juste après avoir mimé la marche contre le vent.
En plus du backslide, les danseurs de hip-hop font aussi une figure nommée le moonwalk, mais elle est réalisée d’une manière circulaire (d’où la référence à la lune : moon+walk=marche lunaire). Ce pas fait partie d’un ensemble de mouvements regroupés sous la dénomination glides ou floats avec le sidewalk ou le kangaroo walk (backwalk en courant). Dans les années 90, ces mouvements ont été intégrés dans le style de danse hip-hop appelé liquid pop où les danseurs miment le déplacement d’un fluide d’énergie dans le corps et ses effets.
Lorsqu’on parle de danse, on pense parfois aux films d’Hollywood en noir et blanc mettant en vedette Fred Astaire et Ginger Rogers. Comme j’adore cette époque et ce genre de films, je m’en suis d’ailleurs inspiré dans une nouvelle composant mon second recueil
Fred poursuivit alors sa carrière en solo tout en se rapprochant d’une nouvelle partenaire, Claire Luce, puis plus tard de Dorothy Stone. 1933 est l’année où Fred Astaire passe, pour la RKO, une audition restée célébrée pour son compte-rendu succinct : « [Fred Astaire] ne sait pas jouer, légèrement dégarni, sait aussi danser. » Sans plus… et assez peu encourageant, mais il paraît que ses grandes oreilles et la ligne de son menton lui conféraient un charme au point qu’il fut finalement embauché. S’en suivit une série de tournages pour la MGM (
On crédite Fred Astaire de deux innovations majeures : en premier, le fait de tourner une scène de danse en une seule fois sans s’arrêter (comme dans un spectacle en direct) et avec une seule caméra filmant en légère contre-plongée ; en second, ses scènes de chant et danse faisaient partie intégrante de l’action du film qui progressait dans le même temps. Fred Astaire est considéré comme un artiste-danseur icône de l’âge d’or de la comédie musicale (de 1932 à 1957). Le style de l’exécution chorégraphique de Fred Astaire est reconnu pour son originalité, son élégance et sa précision. Il a composé son propre style à partir de diverses influences, dont les claquettes, le swing, la danse classique et le style de danse en couple introduit par Vernon et Irene Castle. Tout cela mélangé, c’est donc bien le style Fred Astaire. Il est à noter que, même si sa manière de danser sur de la musique swing diffère sensiblement du lindy hop et se rapproche plutôt du foxtrot, Fred était admiratif des danseurs de lindy et inversement. C’est tout du moins ce que Frankie Manning raconte dans
Après ses films avec Ginger Rogers, Fred fut associé à d’autres danseuses de premier plan comme Eleanor Powell ou Rita Hayworth. Mais le succès ne fut pas au rendez-vous. L’échec de
Et voici
Sorti il y a quelques semaines seulement, le dernier livre d’Érik Orsenna a rapidement attiré mon attention. Vous vous en doutez, il y a tout d’abord le titre, « Et si on dansait ? », très intriguant pour un passionné de danse. Ensuite, il y a la couverture, composée de portées musicales où un couple danse au même niveau que des lettres qui semblent également danser. Enfin, il y a le sous-titre : « Éloge de la ponctuation » ; un thème qui parle beaucoup à l’amateur de livres et de typographie que je suis. Mais quel rapport peut-il donc bien avoir entre la ponctuation et la danse ? Laissez-moi donc vous toucher quelques mots de ce livre.
Ce livre est le quatrième d’une série qui commence par « La grammaire est une chanson douce ». Après avoir abordé successivement les thèmes de la grammaire, du subjonctif et des accents, l’auteur continue dans sa métaphore des mots vivants — et qui parlent ! — en s’intéressant à la ponctuation. Qu’est-ce que la ponctuation ? Il y a tout d’abord, l’espace qui sépare les mots, il y a ensuite le point, puis la virgule et encore le mystérieux point-virgule qu’on ne sait plus utiliser de nos jours et qui a donné lieu à la création de l’Association internationale pour la défense du point-virgule. On voit aussi au fil des pages l’apparition des parenthèses ainsi que des guillemets. Chaque signe a une signification : la séparation de deux idées, une petite pause dans le discours pour reprendre sa respiration ou alors une pause plus longue, etc. Et de se demander quel signe nouveau il faudrait inventer pour marquer la respiration de la mer avec ses vagues immenses et ses creux effrayants.
Bon, il est vrai qu’on ne parle pas trop de danse ici, si ce n’est de la danse des mots qui se disposent sur la page pour former une histoire. Mais la danse n’est-elle pas aussi une histoire de rythme ? Chaque danse est faite pour une musique (et rarement l’inverse) et impose donc aux danseurs de se conformer à un rythme donné qui donne tout son caractère la danse en question. p. 90. « Chaque livre a aussi son rythme, sa manière de respirer, lente ou rapide, saccadée, syncopée ou régulière… […] Il y a des livres à deux temps, d’autres à trois ou quatre temps… Il y a des livres-valse, des livres-tango… »
De même, Érik Orsenna suggère que les apparences sont trompeuses. Parfois, ce sont les personnes qu’on s’attendrait le moins à voir danser qui étonnent par leur enthousiasme et leur motivation. J’en connais des gens comme cela dans certains cours de danse en couple : toujours présents, très motivés et qui, du fait de leur ténacité, sont finalement considérés comme de très bons partenaires par les personnes qui dansent avec eux en soirées. « — […] la ponctuation donne du rythme. Prouvons-le.
Il est temps de conclure sur ce livre. Ceux qui achèteront le livre uniquement pour son titre seront déçus. Mais si vous aimez les histoires simples à lire et qui font un peu réfléchir, ce livre vous plaira. Il y a de jolies idées comme celle de remplacer la ponctuation par les soupirs, demi-soupirs, pauses, etc. de la notation de la musique sur les partitions. J’aurais personnellement aimé que l’auteur aille un peu plus loin dans son idée en introduisant le point d’exclamation, le point d’interrogation voire même le
Je profite de cette période estivale pour aborder des sujets plus légers que dans le reste de l’année. Cette fois-ci, je vais vous présenter l’anecdotique (mais néanmoins populaire) danse des canards. Tout le monde connaît la danse des canards dans sa version de 1981 où la chanson de J.J. Lionel a déferlé sur la France. Ce disque est issu de la volonté du producteur belge Marcel De Keukeleire de lancer cette chanson en français et la danse qui va avec à destination des enfants, mais aussi de la famille au sens large. Aujourd’hui tout le monde sait (parfois malgré soi) danser la danse des canards sur les paroles très simples de : « C’est la danse des canards, qui en sortant de la mare se secouent le bas des reins et font coin-coin« .
Pour mémoire, voici la chorégraphie (que l’on trouvait aussi à l’époque sur la pochette du disque de J.J. Lionel). L’enchaînement est prévu pour être réalisé à deux personnes, mais on peut le danser seul ou en groupe (généralement en cercle).
Au-delà de l’aventure franco-française de cette chanson et de la danse associée, je voulais vous en faire découvrir les vraies origines que peu de gens connaissent. Le morceau original ayant donné naissance à la danse des canards a été composé à la fin des années 50 ou les années 60 par Werner Thomas, un accordéoniste suisse. Il l’appelait alors « Ententanz » (la danse des oiseaux) et on l’a souvent prise pour une polka, ce qu’elle n’est vraisemblablement pas. Nous ne sommes pas encore au stade des poulets, bien que le compositeur travaillait à cette époque comme musicien dans un restaurant. Un jour, un producteur belge, Louis van Rijmenant, entendit le morceau et essaya de sortir le disque en 1970, mais sans succès. Quelques années plus tard, le morceau intéressa d’autres producteurs et le titre fut introduit en 1981, aux USA, en Angleterre et en France entre autres. C’est ainsi que la danse des canards est devenue internationale. Elle porte différents noms selon la langue concernée : « Ententanz » (danse des canards) en allemand, « Chicken dance » (danse des poulets) en anglais, « il ballo del qua qua » (la danse des coin-coin) en italien, « El baile de los pajaritos » (la danse des oiseaux) en espagnol. De nos jours, cette danse est incontournable dans les mariages et, à l’étranger, dans les Oktoberfests (fêtes de la bière).
Un dernier mot pour l’anecdote : le même Jean-Jacques Lionel dont je parlais au début de cet article a bien essayé de lancer la « danse des petits chats » en 1982, mais cela n’a pas fonctionné et les canards sont bien restés au top des préférences des Français. Comme quoi on ne fait pas un succès comme on veut. D’autres se mettront plus tard à ce concept des hits d’été avec une danse nouvelle avec la Macarena, etc.). Je vous en reparlerai sûrement.
Cette fois, je vais vous parler d’un musicien qui me permet de faire la transition entre le thème swing du dernier livre que j’ai édité et le thème du projet sur lequel je travaille actuellement : la technique de la valse (aussi bien celle de la valse viennoise que celle de la valse musette). Si le mot « musette » est automatiquement associé aux guinguettes (dont je vous parlerai dans un autre article) et à l’accordéon, ceux qui ont parcouru l’article consacré à l’accordéon et la musette sur ce site auront sûrement appris les origines de ce mot. Je n’y reviendrai donc pas. Cependant, la musette (l’accordéon) a été utilisée pour jouer d’autres styles de musique que la valse ou la java. Le musicien Gus Viseur en fut le plus parfait artisan.
Gustave « Gus » Viseur est né en mai 1915 à Lessines, en Belgique. Son père, Adolphe, jouait de l’accordéon en amateur (il était mouleur de pierre de profession) et cela a sûrement incité le jeune Gustave (surnommé aussi « Tatave ») à apprendre à jouer de cet instrument. Après avoir pris des cours (en particulier à Suresnes), il joue dans le petit orchestre familial, le Jojo Jazz. Il passe ses premières années de musicien à parcourir la région parisienne qui fourmille de bals musette, de dancings, de foires, etc.. Il lui arrive d’accompagner des chanteurs et chanteuses (dont Édith Piaf en 1940) et de jouer du bandonéon dans des orchestres de tango argentin. Bref, Gus Viseur s’intéresse à tout et fait son expérience.
Les amateurs de jazz et d’accordéon ne sont généralement pas les mêmes. Il est vrai qu’il y a peu de big bands dans les guinguettes. D’ailleurs, ne trouvait-on pas des panneaux indiquant « Interdiction de danser le swing » à l’entrée de certains établissements ? Il est vrai qu’un lindy hop ou un be-bop prend plus de place qu’une petite danse collée serrée. Cependant, la musique de Gus Viseur réconcilie deux mondes qui ne pensent pas pouvoir cohabiter. Le secret réside en réalité dans son instrument, modifié afin de rendre mieux les sonorités du jazz. En effet, Gus Viseur jouait « sur une lame », cela signifie qu’il avait limé une lame de son accordéon afin d’utiliser deux fois le la à 440 Hz là où les musiciens de musette l’utilisent trois fois à 436, 440 et 443 Hz. La sonorité de son instrument devenait donc compatible avec des mélodies swing. Mais cela n’aurait probablement pas suffi sans son excellent sens de l’improvisation, nécessaire à tout jazzman.
Je souhaite un bon été à tous ceux qui vont fréquenter les pistes de danse et les festivals, peu importe le style de danse pratiqué : swing, musette… ou les deux !
Du point de vue de la danse, on parle d’apache de nos jours lorsqu’on danse le lindy hop. Il s’agit d’un style de figure dans lequel certains classent le Texas Tommy (appelé aussi arm breaker) ainsi que d’autres mouvements où la danseuse semble réellement malmenée par son partenaire. Cette dernière effectue ainsi des mouvements un peu désarticulés comme si elle était une poupée de chiffon dans les bras d’un danseur un peu violent. Mais je vous rassure : cela n’est que du style et de la comédie. En réalité, tout est étudié et la danseuse joue un rôle dans cela. Un exemple de position caractéristique de ce type de figure a fait la couverture du magazine Life le 23 août 1943. On le voit, la danseuse est dans une position inconfortable, complètement avachie sur son danseur (qui à ce moment-là effectue un pas nommé fish tail en reculant).
La violence des membres de ce gang a également inspiré un certain type de danse également nommée apache qui a elle-même inspiré les mouvements repris dans le lindy hop. La danse apache simule une scène de dispute entre un maquereau et l’une de ses prostituées. L’homme fait ainsi semblant de brutaliser la femme, de la frapper, de la jeter au sol, etc. Il est à noter que la femme peut à l’occasion se rebeller dans ce petit jeu. On trouve des scènes de danse apache dans le dessin animé Popeye (entre sa petite amie Olive et son ennemi Bluto) ou encore dans la scène du Tango de Roxane du film Moulin Rouge de Baz Luhrmann en 2001. Voici, ci-après, un exemple de vidéo de danse apache (dans le style parisien que l’on nomme aussi la valse chaloupée) en 1935.
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