Archives de catégorie : Société

Article sur un thème de société

Danseurs, DJ et musiciens

Partagez cet article :

La danse est généralement vécue par ses pratiquants comme un vrai plaisir. Mais le plaisir vient aussi probablement de la synergie qui doit exister entre la musique et la danse. J’ai déjà eu l’occasion de critiquer dans ce blog l’inadéquation entre une musique que l’on entend et la danse que l’on effectue dessus. Ce genre de situation arrive particulièrement dans les soirées de danse « en société ». Pour ce qui concerne l’animation musicale, les fameuses soirées dansantes sont de deux types. Il y a tout d’abord les soirées CD et il y a aussi les soirées avec un orchestre en direct live. Aujourd’hui, je vous parle donc musique à danser et des musiciens qui vont avec.

Dans le premier type de soirées dansantes que je viens d’énoncer, l’animation musicale est faite en utilisant de la musique enregistrée (CD, MP3, etc.). La programmation musicale est en général faite par une personne (un DJ, tout comme dans n’importe quelle boîte de nuit). Cependant, ce DJ est un peu spécial dans le cadre des soirées de danses en couple, danses de salon, danses sociales, danses swing, danses latino, etc. Ce DJ en effet ne parle pas BPM (battements par minute) comme en boîte de nuit classique, il parle MPM (mesures par minute) pour déterminer le tempo d’un morceau. Cela signifie que, comme un enseignant qui contrôle la progression et les aptitudes de ses élèves, le DJ doit pouvoir contrôler le déroulement de sa soirée en termes de difficulté, d’ambiance et de variété. Côté difficulté, c’est effectivement le facteur MPM qui peut déterminer cela : plus la musique est rapide et moins elle est accessible aux débutants. L’ambiance est déterminée partiellement par le plaisir que prend le public : il faut donc passer des morceaux spécifiquement adaptés à la danse et ne pas satisfaire tout le temps les débutants au détriment des avancés ou inversement. Enfin, il semble logique qu’une soirée « toutes danses » doive proposer une variété de rythmes (rock, cha-cha, valse, tango, etc.) et répondre aux attentes des danseurs présents. Le DJ s’adapte donc généralement au public qu’il a en face : une soirée d’association rurale n’est probablement pas la même qu’une soirée d’école de danse citadine qui fait de la compétition de danse sportive ou qui est spécialisée en swing.

Tous ces paramètres sont généralement ajustés en temps réel tout au long de la soirée par un DJ (ou disc-jockey). Un bon DJ est un DJ qui est en permanence à l’écoute des danseurs, qui sait juger s’ils sont fatigués où à quel moment ils souhaitent se défouler et qui sait donc adapter en permanence sa programmation aux conditions de la soirée. Depuis quelques années, cependant, un facteur perturbant est venu s’insérer dans ce type de soirées dansantes : l’ordinateur. C’est l’avènement du format musical MP3 et de la virtualisation des platines de DJ qui a permis de mettre l’ordinateur (généralement portable) au centre de la diffusion de musique lors des soirées dansantes. Le logiciel de DJing, parfois assorti d’un périphérique dédié simulant les platines CD manuelles, permet de visualiser à l’écran sa collection de musique MP3, de l’organiser, d’y faire sa sélection et de paramétrer l’ordre de passage pour le déroulement automatique d’une soirée dansante. Ainsi, plus la peine d’avoir quelqu’un devant le clavier et l’écran : le DJ peut très bien aller s’amuser et danser avec les autres participants. Pratique lorsque tout se déroule bien et lorsqu’on n’a cure de répondre aux attentes mouvantes des danseurs sur la piste. J’ai déjà vu plusieurs fois des soirées de ce type où le programme se déroulait coûte que coûte à l’aveugle jusqu’au point où il n’y avait plus aucun danseur sur la piste pendant plusieurs minutes faute de musique répondant aux attentes. Ce n’est pas l’image d’une soirée réussie qui est restée dans la mémoire des participants à ce genre de soirée…

À l’opposé du « tout automatique et tout enregistré », il y a le « tout en direct et avec orchestre ». Là ça peut être le pied. Dans le cas idéal, les musiciens sont en forme, ils ont un vaste répertoire dansant et des orchestrations qui donnent envie aux danseurs de se remuer. Si l’on ajoute à cela, une bonne sonorisation, des pauses adéquates et des danseuses et danseurs qui respectent les musiciens, on obtient une soirée mémorable pour tout le monde. Imaginez qu’au lieu de simplement installer un ampli, des enceintes, un ordinateur et trois spots automatiques, il a fallu redoubler d’efforts pour préparer le terrain : accueil des musiciens (vestiaires, salle de repos), organisation de l’espace réservé à l’orchestre (montage de la scène), mise en place de la sono, des instruments (batterie, piano, etc. parfois) et des microphones, petite répétition avec les instruments et réglages de la sonorisation (balance) pour que l’intervention des instruments soit globalement équilibrée, réglage de la lumière, organisation du ravitaillement des musiciens (boissons, repas), etc. Et tout cela n’est que la préparation ! Pensez bien qu’une fois la soirée finie, il faut encore ranger tout cela, démonter la scène, payer les musiciens, etc. C’est plus compliqué, mais c’est comme cela qu’un orchestre aura envie de s’investir et qu’il pourra faire danser l’assistance jusqu’au bout de la nuit… Lors d’une soirée avec orchestre, les musiciens proposent la musique aux danseurs, qui en disposent. Les musiciens gèrent, morceau après morceau, l’ambiance de la soirée en fonction de ce qu’ils voient sur la piste de danse (il est donc important que les danseurs ne soient pas dans l’obscurité, ni les musiciens aveuglés par les spots lumineux). À l’inverse, les danseurs dansent en fonction de ce qu’ils entendent, interprètent la musique et peuvent réagit à la moindre surprise. Et des surprises, certains musiciens et chanteurs habitués aux soirées dansantes en parsèment leurs prestations à la plus grande joie des danseurs. Je me souviens d’une soirée swing où, dans la prolongation d’un couplet lent, la chanteuse (Jennie Löbel pour ne pas la citer) s’est envolée dans un scat de plus en plus rapide annonçant habituellement une section rapide pour, au bout de sa course de « bidouap tibidibidi », nonchalamment continuer sa chanson à la vitesse lente initiale, alors que les danseurs s’apprêtaient à dynamiser leur danse. Elle s’est amusée de ce contre-pied avec un petit sourire tandis qu’une grande partie des danseurs de la salle éclataient de rire.

Dans son livre « L’ambassadeur du lindy hop », Frankie Manning, parle aussi très bien de cette interaction entre les danseurs et les musiciens. La scène se situe lorsque Frankie s’apprête à faire une acrobatie en lindy hop pour la toute première fois en public. Les musiciens cités sont le batteur et chef d’orchestre Chick Webb et le trompettiste Taft Jordan.

Ce fut une fois où nous dansâmes vraiment sur la musique et c’était comme si l’orchestre captait tout ce que nous faisions. À chaque fois que je lançai fort ma jambe, Chick disait :  » chiboum !  » Si je faisais un petit swing out, Taft Jordan jouait :  » biiyooouuww !  » Frieda avait l’un des twists les plus géniaux de toutes les filles et elle savait vraiment le mettre en valeur. Quand elle faisait des twists autour de moi, Chick Webb jouait :  » chiii-chichi, chiii-chi-chi  » sur les cymbales, tenant la mesure avec elle. Ils jouaient un riff derrière moi et je pensais :  » Ouais, restez avec moi les gars !  » Je ressentais tout ce qu’ils faisaient et l’orchestre marquait chaque pas que nous faisions.

Dans un autre genre, l’interaction entre les danseurs et les musiciens est un peu différente, mais elle est tout aussi présente. Dans le livre « La danse country & western » de Ralph G. Giordano (à sortir en français avant l’été : je suis en train de travailler sur sa traduction), l’auteur décrit, entre autres thèmes, l’ambiance des honky-tonks et des salles de danse au Texas. Il raconte quelque chose qui montre bien que les danseurs peuvent être attachés à un orchestre et au fait qu’il y ait de la musique dans une soirée…

En général, l’orchestre jouait de manière continue et retenait les gens sur la piste de danse. De temps à autre, un musicien ou deux faisaient une pause tandis que les autres membres de l’orchestre jouaient un long solo ou un morceau spécifique qui ne nécessitait pas tous les instruments ou les chanteurs. Dans la plupart des cas, une pause longue ou un entracte sans musique impatientait généralement la foule et entraînait parfois du rififi.[…]
Il était clair que les Musical Brownies étaient l’attraction principale et drainaient les foules, peu importe ce qu’ils jouaient.

Dans certaines soirées dansantes, je suis peiné de voir que les danseurs ne « calculent » pas les musiciens qui jouent pour eux. Ils dansent exactement comme s’ils entendaient le son d’un CD sortir des haut-parleurs, ignorant sereinement qu’il y a quelques bonshommes qui gigotent sur l’estrade d’où vient le son. Imaginez une soirée dansante où l’ensemble des danseurs ignore les musiciens. Cela ne donne assurément pas à ces derniers l’envie de se démener pour faire la meilleure prestation possible et cela devient aussi assez désagréable pour eux. Les musiciens aiment savoir qu’ils jouent pour un public et s’ils voient que, en plus, le public s’amuse en dansant et apprécie ce qui est joué, cela les motive d’autant plus. C’est là que les petites surprises musicales peuvent survenir. Ainsi, lorsque vous dansez sur la musique d’un orchestre en direct, jetez de temps en temps un coup d’oeil aux musiciens avec un grand sourire, réagissez aux subtilités de ce qu’ils jouent et applaudissez pour les remercier lorsque le morceau est fini. Dans certaines soirées swing, il est courant que les danseurs insèrent un shim-sham pour remercier l’orchestre. Le principe est simple : tous les danseurs se mettent face à l’orchestre et dansent à l’unisson la chorégraphie de danse swing en ligne du shim-sham. Il existe plusieurs variantes de shim-sham et le shim-sham promu, entre autres, par Frankie Manning est entièrement détaillé dans mon livre « Le lindy hop et le balboa », sorti en 2010.

Sans la musique et les musiciens qui la composent et la jouent, il n’y aurait pas de soirées dansantes, ni de cours de danse. Ce qui me désole parfois, c’est de voir des danseuses et danseurs considérer la musique comme un simple accessoire. Certains demandent : « passe-moi une valse, n’importe laquelle, je m’en fiche », d’autres disent : « cette chanson est nulle » alors que d’autres adorent danser dessus. Il y a aussi des personnes qui copient des CD sans se préoccuper de savoir ce qu’il y avait d’écrit sur la pochette, ni quel artiste en interprète la musique. Je pense que ce qu’il y a de pire que de copier illégalement un CD, c’est de ne pas respecter l’artiste qui l’a créé. Quand on aime un morceau de musique, la moindre des choses est de s’intéresser à l’artiste qui en est l’auteur. Bien sûr, on ne mémorise pas tout d’un seul coup et c’est à force d’écouter et de lire le nom de l’artiste associé à une chanson qu’on le mémorise. Dans le même esprit, si vous adorez un artiste et que vous écoutez souvent ses chansons issues d’un CD ou d’un MP3 piraté (il faut tout de même prendre la réalité en compte), la moindre des choses est, au moins de temps en temps, d’acheter légalement un CD ou un MP3 de cet artiste. Il faut garder en mémoire que sa musique c’est son gagne-pain. C’est d’autant plus vrai pour les « petits » artistes et les « petits » labels qui fonctionnent d’une manière proche de l’artisanat. C’est à la fois une question de reconnaissance et une question de respect pour l’artiste.

Partagez cet article :

Danse avec les stars à la TV en 2011

Partagez cet article :

Cela fait plus de deux ans, dans ce blog, je faisais la remarque qu’il n’y avait pas d’émissions de danse grand public à la télévision française et j’émettais le souhait que la situation change. Est-ce suite à mon message (soyons un peu mégalos !) ou est-ce l’évolution naturelle du paysage audiovisuel (soyons un peu réalistes…) ? Toujours est-il que depuis deux semaines une émission de danse en couple passe en prime time sur une grande chaîne française. Il s’agit de « Danse avec les stars » qui passe sur TF1 le samedi à 20h35. Après deux semaines d’émission, il est temps de faire un petit bilan avec un regard de danseur amateur de télévision… non sans avoir refait un petit tour d’horizon du PAFD, le Paysage Audiovisuel Français de la Danse, une exclusivité UltraDanse.com !

Contrairement à ce que certains pourraient croire, entre mon article de 2008 et aujourd’hui, la présence d’émissions de danse à la télévision française n’a pas été nulle. Et je dirais même que, dans l’année qui s’est écoulée, il y en a eu plusieurs. Le tout était de ne pas les manquer… Les émissions en question étaient de plusieurs ordres. Il y avait tout d’abord les émissions où la danse était mêlée à d’autres arts du spectacle. C’est par exemple le cas de l’émission La France a un incroyable talent de M6, adaptation de l’émission américaine America’s Got Talent. Les danseurs en solo ou en groupe ont bien souvent été au premier plan parmi les votes de cette émission de type télé-crochet. Le dernier cas en date est celui du tout jeune couple de danse Axel et Alizée qui sont sortis vainqueurs de la saison en montrant de la danse sportive. Il est à noter que sur 5 saisons de 2006 à 2010, les vainqueurs ont été par 4 fois des danseurs.

En plus des émissions non spécialisées, il y a aussi eu des émissions entièrement dédiées à la danse. Je passe ici sous silence les rediffusions de championnats de danse sportive sur France 3 et Paris Première ainsi que les divers spectacles diffusés sur Arte et Mezzo, par exemple, que l’on connaît depuis déjà un certain temps. Côté séries d’émissions, il y a par exemple eu Dance Street sur France ô (chaîne du groupe France Télévisions). Le principe était que chaque semaine quatre groupes de danseurs, confrontés à diverses épreuves éliminatoires et au vote du public, se défiaient sur des danses dites « urbaines ». Ils devaient convaincre un jury composé du danseur Bruce Ykandji, du chanteur Jessy Matador, et de la professeur de danse Malika Benjelloun. L’équipe gagnante obtenait le droit de participer à une grande soirée événement ou d’apparaître dans un clip. Le casting était un peu biaisé à mon sens, car on essayait de faire rentrer dans la case « danse urbaine » le coupé-décalé, le forro ou encore la danse latine. Il est clair que cela ne pouvait être qu’une troupe de hip-hop qui pouvait en ressortir vainqueur, en 2010 en l’occurrence, ce furent les « 91 Pact » avec du hip-hop new style. Finalement, une émission qui doit encore gagner en maturité malgré certaines prestations de danse de très bonne qualité… Une autre série d’émissions récente était U Dance sur NRJ12, dont c’était la seconde saison en 2010. La finalité gagner sa place pour danser devant 3000 personnes sur la scène mythique de l’Olympia aux cotés de M. Pokora (dont je vais vous reparler un peu plus bas…). Lors d’un grand casting national, 5 candidates ont été retenues pour participer à l’aventure. C’est à Barcelone qu’elles ont rejoint M. Pokora durant 1 semaine et Mylène, Kiya, Ambre, Laure et Emilie ont du relever des challenges quotidiens. Entraînées et épaulées par Laura Treves, une chorégraphe au caractère de feu, elles ont du repousser leurs limites pour montrer qu’elles étaient à la hauteur de l’enjeu. Côté résultat, Émilie a été élue par le public pour faire un solo avec la star et Mylène choisie par M. Pokora pour être le leader du groupe.

En plus des émissions entièrement en français, il y avait aussi des émissions en anglais, mais doublées en français. Une première émission s’appelait Got to Dance. La saison 1 (2009-2010) de cette émission anglaise de casting de danseurs initialement diffusée sur Sky 1 a été diffusée doublée en français sur Gulli (chaîne 18 de la TNT). Parmi le jury on trouvait Ashley Banjo, le leader de la troupe Diversity (vainqueur de « Britain’s Got Talent », l’équivalente anglaise de notre « Incroyable talent » qui a révélé Susan Boyle), ainsi que Kimberly Wyatt (membre des Pussycat Dolls) et Adam Garcia (danseur à claquettes d’origine australienne). L’objectif était de sélectionner la meilleure troupe de danseurs par le biais d’un casting éliminatoire. Ici, il ne s’agissait donc pas de danseurs en solo, mais de prestations en groupe. Dans un registre différent, mais toujours en doublage en français, il y a eu une autre émission récente au concept plus original. Il s’agit de Dance your ass off, émission américaine diffusée en France sur Virgin 17 (l’ancien nom de l’actuelle chaîne DirectStar). L’objectif était, pour un ensemble de personnes à forte corpulence, de perdre un maximum de poids en dansant en association avec un danseur professionnel. Bien sûr, sur plusieurs semaines, l’épreuve portait ses fruits. Les bienfaits de la danse sur la santé sont à présent bien reconnus. Deux saisons de cette émission ont été produites. La première saison était présentée par Marissa Winokur (demi-finaliste dans Dancing With the Stars, saison 6 — voir un peu plus loin à quoi correspond cette émission — et ayant joué dans la version Broadway du film Hairspray) et la seconde par Mel B des Spice Girls (elle aussi demi-finaliste dans Dancing With the Stars, saison 5, mais moins potelée…). Et malgré cela vous pensiez qu’il n’y avait pas beaucoup de danse à la télévision ? La difficulté était juste de trouver la bonne chaîne et le bon horaire. J’essaye d’afficher dans la section « actualités/médias » d’UltraDanse les informations quand je les ai assez tôt, restez donc à l’écoute !

Venons-en à l’émission dont je parlais dans l’introduction de cet article… Danse avec les Stars est l’adaptation française de l’émission anglaise Strictly Come Dancing (également adaptée aux États-Unis sous le titre Dancing with the Stars). En France, elle est présentée par Sandrine Quétier et Vincent Cerutti. Sa diffusion a lieu sur TF1, depuis le 12 février à 20 heures 45 pour une série de 6 émissions. Les noms des célébrités (les fameuses « stars ») qui participent à l’émission sont: David Ginola, Sofia Essaïdi, Adriana Karembeu, André Manoukian, Jean-Marie Bigard, Rossy de Palma, M. Pokora et Marthe Mercadier. Chaque semaine l’un d’eux est éliminé par un vote composé à 50% de celui du jury et à 50% de celui des téléspectateurs qui votent par SMS ou téléphone. Le jury du plateau est composé d’Alessandra Martines (ancienne ballerine et actrice d’origine Italienne), Jean-Marc Généreux (venant du Canada, compétiteur de danse sportive et chorégraphe dans So You Think You Can Dance) et Chris Marques (ancien compétiteur en salsa et chorégraphe dans Strictly Come Dancing, d’origine franco-portugaise exilé en Angleterre). On peut se demander pourquoi la production n’a pas retenu un seul danseur actif en France pour former le jury. Pourtant des professionnels très reconnus avaient passé le casting pour le jury. Si le critère était de « crier » son avis, de se montrer et d’avoir de bons « jeux de mots » lors de l’annonce des résultats, il est sûr qu’ils ont fait le bon choix… Même si le jury peut être considéré comme légitime, les critères « télévisuels » sont encore manifestement trop prédominants par rapport à la danse proprement dite.

À chaque émission, plusieurs danses sont présentées par les couples composés d’une célébrité et d’une danseuse/d’un danseur professionnel(le). Il s’agit d’une des 10 danses que compte la danse sportive (celle des compétitions). Pas de rock, pas de java, pas de lindy hop, ni de tango argentin donc (du moins pour l’instant). Commençons par le positif.

Il y a de jolies prestations comme celles de Sofia Essaïdi et de M. Pokora, deux artistes jeunes avec en plus un background de danseurs (mais pas en couple). En revanche, il y a aussi des prestations désastreuses comme celles de Marthe Mercadier (et l’âge n’est malheureusement pas le seul responsable). Bref, il y a à boire et à manger, mais le critère qui prime, encore une fois, est le spectacle de divertissement, même si la danse n’est pas réussie. Alors, dans ce genre d’émission, qu’est-ce qui fait un bon résultat ?

C’est un ensemble de facteurs dont une star douée pour la danse et motivée, un professionnel compétent et qui sait rendre rapidement accessible une technique complexe à un néophyte, une chorégraphie qui fait un joli spectacle sans négliger la base de la danse utilisée et enfin une jolie musique. Parlons-en de la musique… Je m’interroge sur l’utilisation de certains titres qui me semblent totalement en décalage par rapport à la danse annoncée. Samedi, il y avait une « rumba » sur « Time of My Life » de la BO de Dirty Dancing qui n’a rien à voir avec une rumba. La semaine précédente, il y avait une « valse » sur « Cry Me a River » où la soi-disant valse ne correspondait pas à la musique. Dans les deux cas, il s’agissait du même couple de danseurs (Bigard et Fauve) ; je ne sais pas d’où vient le problème, mais même sans être puriste un débutant prenant des cours de danse en couple en école ou association n’a aucune chance de s’y retrouver. Bref, en conclusion sur cette émission, disons que c’est une initiative positive, car elle a l’avantage de proposer de la danse à une heure de grande écoute. C’est très bien pour le grand public qui ne danse pas et cherche un divertissement. Toutefois, les erreurs de jeunesse et le manque de rigueur au niveau de la danse en elle-même pourraient générer des critiques au sein des personnes qui savent déjà danser et qui auront peut-être du mal à comprendre que la danse n’est qu’un facteur de jugement parmi tant d’autres. Et malgré tout cela, je suis chaque semaine devant l’écran, car peu importe ce que l’on pense, ça fait quand même du bien de voir de la danse à la télévision et j’espère que cela en motivera plus d’un à s’y essayer en vrai.

Me voilà encore arrivé à la fin d’un article fleuve… J’avais pourtant pris la résolution de faire plus court cette année ! Ca compensera donc le début d’année irrégulier de ce blog. Il donc est temps de conclure… Voilà, voilà. J’attends toujours avec impatience l’adaptation française de mon émission de danse préférée So You Think You Can Dance qui doit attaquer cette année sa huitième saison. Je ne parle pas ici du doublage en français qui a déjà été diffusé sur DirectStar pour la saison 3 américaine (tiens, je l’avais oubliée dans la liste, celle-là…), mais d’une vraie version française avec des danseuses et danseurs français ainsi qu’un jury français de bon niveau. Si cela pouvait se faire sans frilosité et avec les moyens adéquats, cela ravirait, je pense, toute la communauté de la danse en France (et probablement en Belgique et en Suisse aussi). Mais sait-on jamais que mon message soit entendu un jour jusqu’au niveau des producteurs et diffuseurs ?

Partagez cet article :

Dean Martin et Jerry Lewis

Partagez cet article :

Dans les années 1945 à 1956, un duo d’artistes était particulièrement connu aux États-Unis aussi bien pour la qualité de ses sketches qui contenaient aussi bien des chansons que de la danse. Ce duo, mêlant le charme de crooner de l’un de ses membres à l’humour déjanté du second était composé de Dean Martin et de Jerry Lewis. Ce sont deux personnages que l’on a un peu oubliés (et en particulier leur duo à succès) et que je vous propose de redécouvrir ci-après, avec un focus sur leurs prestations dansées qui tenaient une place particulièrement importante dans leurs numéros.

C’est le duo de type clown blanc (Dean Martin) et Auguste (Jerry Lewis) qui a fait le succès de ses membres. Il est vrai qu’auparavant les compères n’avaient pas autant de succès séparément. Avant leur rencontre, Dean Martin (de son vrai nom Dino Paul Crocetti) était un crooner de night-club après avoir été boxeur ou encore croupier de casino. De son côté, Jerry Lewis (pseudo pour Joseph Levitch) était un comique qui faisait des numéros où il mimait de manière exagérée une bande-son. Les deux artistes passaient au Glass Hat Club de New York lorsqu’ils firent connaissance en 1945. Dans leurs premières apparitions en tant que duo, Dean Martin chantait tandis que Jerry Lewis faisait le pitre autour, tentant de le déstabiliser. Le numéro se terminait par une poursuite. Leur succès s’accrut rapidement et leur ouvrit les portes de la radio et de la télévision au point d’avoir leur propre émission. Leur relation se dégrada au bout de quelques années et la fin de leur association était marquée par de nombreuses disputes. À partir de 1956, chacun reprit une carrière en solo au cinéma.

Durant toutes ces années de collaboration, les deux artistes ont persemé leurs numéros de danse. Essentiellement de la danse en couple, mais pas seulement. Cela est arrivé dans des émissions de télévision, mais aussi dans des films. Par exemple, dans le film « Livig It Up » de 1954 (photo ci-contre), on voit Jerry Lewis danser le lindy hop/jitterbug avec Sheree North. Même s’il fait le pitre, on devine bien ses qualités de danseur (que je vous propose de découvrir à la fin de cet article). Pour le duo de choc, l’émission « Colgate Comedy Hour » (voir plus bas) a été un terrain expérimental particulièrement riche où ils s’adonnaient à toutes sortes d’exercices allant du sketch burlesque à des prestations aux allures de comédie musicale. Et il faut bien avouer qu’ils n’hésitaient pas à faire quelques pas dans les bras l’un de l’autre pour faire rire le public. C’est dans cet état d’esprit caractéristique que ces amoureux du jazz et des danses associées ont fait découvrir le swing à des milliers d’Américains.

Je vous propose de regarder une vidéo en 2 parties. Il s’agit du sketch de la leçon de danse de Dean Martin et Jerry Lewis. Cette vidéo est extraite de l’émission américaine « Colgate Comedy Hour » (sponsorisée par la marque incluse dans son nom), diffusée à la télévision le 11 décembre 1950. Dean Martin fait le professeur de danse et Jerry Lewis fait un néophyte un peu simplet… Ceux qui ne parlent pas anglais auront peut-être un peu de mal à saisir toutes les subtilités des gags, mais ils pourront quand même comprendre l’essentiel de l’humour des deux comparses que j’aime personnellement beaucoup. On se demande si Jerry Lewis, à son époque, n’avait pas déjà inventé le jumpstyle (danse dont j’ai parlé il y a plusieurs mois dans un autre article de ce blog).

Et voici la seconde partie du sketch…

Le « Colgate Comedy Hour » est une émission de télévision qui a été diffusée à la télévision américaine de 1950 à 1955. Jerry Lewis et Dean Martin firent les beaux jours de cette émission, comme vous avec pu le deviner dans les vidéos ci-dessus. Dans une émission de la série, Jerry Lewis (presque) tout seul fait la comparaison avec la danse swing des années 40 et une nouvelle manière de danser en progression. C’est ce que je vous propose de regarder ci-dessous.

Pendant longtemps, j’ai cru que Dean Martin était simplement un chanteur grâce à des CD de compilation de crooners et Jerry Lewis un clown à cause de la rediffusion de certains films comme « Docteur Jerry et Mister Love ». Ce n’est que plus tard, avec l’ère de Youtube, que je suis tombé sur des vidéos d’époque qui m’ont prouvé qu’ils aimaient aussi beaucoup la danse et qu’ils en parsemaient leurs numéros pour notre plus grand plaisir. J’ai souhaité limiter à 3 le nombre de vidéos de cet article, mais je vous conseille d’aller faire un tour sur les sites d’hébergement de vidéos (Youtube ou Dailymotion) et d’en découvrir d’autres (dont certaines faites chacun de son côté après la fin de leur duo).

Partagez cet article :

Bien tirer parti d’un stage

Partagez cet article :

Lorsqu’on apprend à danser, il arrive que le virus de la danse nous contamine à tel point que les cours réguliers hebdomadaires dans notre école préférée ne nous suffisent plus. C’est là que les stages intensifs s’imposent petit à petit comme un moyen d’en apprendre toujours plus. Pour ceux qui en sont à ce stade, il est important de faire attention à quelques détails qui permettront de tirer efficacement parti des stages intensifs.

La première chose à faire est de bien choisir son stage. Il s’agit donc de cibler ce que l’on souhaite faire (perfectionnement ou découverte). Un stage intensif est en effet particulièrement utile pour se perfectionner avec un enseignant différent de celui/celle qui nous a formés. Il est important de ne pas rester focalisé sur une seule et unique vision de la danse afin de ne pas se fermer des portes et s’ouvrir l’esprit et le corps à d’autres mouvements. Même si nous n’avons pas a priori l’habitude des nouveaux mouvements (ou des nouvelles techniques) qui sont enseignés dans certains stages, chaque effort pour comprendre et appliquer ne peut être que bénéfique pour notre danse. Un stage est également utile pour découvrir une nouvelle manière de danser. C’est là où, même si l’on a plusieurs années de pratique derrière soi, il faut consentir à revenir au niveau débutant en partant du principe qu’une nouvelle danse, une nouvelle technique doit être comprise à partir des bases.

Le choix du stage étant fait, il faut trouver un hébergement si les cours se déroulent à loin de chez nous. Il vaut mieux prendre un hébergement proche du local de stage et s’y installer la veille du premier jour si possible. Il est en effet difficile de cumuler la fatigue du voyage aller avec une journée entière de cours sans en ressentir les conséquences sur notre niveau d’attention. Il faut donc se coucher tôt et passer une bonne nuit avant de commencer un stage du bon pied. Cela est particulièrement vrai pour les stages de week-end où les deux jours doivent pleinement être mis à profit. Pour les stages plus longs, il faut savoir que le corps ne prend le nouveau rythme intensif qu’à compter du quatrième jour. Les trois premiers sont donc particulièrement éprouvants physiquement parlant (courbatures, fatigue, etc.). Ensuite, ça s’arrange. Il ne faut évidemment pas lésiner sur de bons repas équilibrés et s’hydrater. Il vaut encore mieux manger un peu trop et avoir assez de forces pour tenir la route que tomber de fatigue et ne pas parvenir au bout du stage… Durant tout le stage, il faut s’astreindre à un minimum de discipline ; l’objectif étant de pouvoir se rappeler du contenu des cours par la suite.

Lors des cours, il ne faut pas hésiter à se donner à fond afin de bien ressentir les mouvements que nous sommes censés faire. Si les mouvements ne sont pas faits qu’à moitié, les sensations se graveront plus facilement dans notre corps et notre mémoire. C’est davantage fatigant, certes, mais plus efficace. Lorsqu’un cours se termine, il est parfois autorisé de filmer les enseignants qui refont le programme exprès. N’hésitez donc pas à apporter un bon caméscope (ou un appareil qui fait de bonnes vidéos) non sans avoir oublié de charger la batterie et y avoir inséré une cassette (ou une carte mémoire) avec suffisamment de capacité. Il va sans dire qu’il est préférable de tester l’appareil en question au préalable afin de ne pas manquer l’unique prise de fin de cours. Ainsi, à chaque fin de cours, il faut rester attentif au moment où les enseignants feront les mouvements appris durant la séance. S’il n’est pas autorisé de filmer les enseignants, il est possible de demander la permission à un autre stagiaire (ou plusieurs) de refaire le programme du cours devant votre objectif. L’idée est ici de capturer le mouvement à chaud.

La phase suivante se passe le soir de chaque journée de stage. Il est utile de noter dans un calepin ou un cahier tout ce dont vous vous souvenez de ce qui a été dit durant les cours de la journée. Encore mieux, si vous avez un creux dans votre programme de cours durant la journée, vous pouvez en profiter pour y prendre vos notes. Ces notes sont un complément très utile à la vidéo puisque vous pouvez aussi y porter vos sensations, vos commentaires et tout ce que vous trouvez important de noter pour une reproduction fidèle.

La dernière phase du processus parfait se situe après le stage. C’est là où il faut reprendre votre vidéo et en faire un petit montage rapide, mais propre, avec des titres pour chaque cours ou séquence enregistré(e). Il existe des outils gratuits (Movie Maker sous Windows) ou pas trop chers et très simples d’utilisation (Première Elements) pour faire cela. Il faut absolument effectuer cette opération qui permet l’archivage propre des vidéos du stage dans un laps de temps très cours après le stage. La raison essentielle est que plus vous traînez, moins vous en aurez l’envie et moins vous en trouverez le temps. Puis les vidéos s’accumulent : un stage, puis deux, puis on finit par ne pas exploiter les vidéos faute d’accès facile aux différentes scènes. La vidéo étant montée (et éventuellement gravée sur DVD), le nec plus ultra est alors de la visionner en relisant vos notes et de compléter ces dernières avec les détails que les images vous remettront en mémoire.

Et vous voilà enfin prêt(e) à retravailler les mouvements du stage au moment qui vous conviendra le mieux, vidéo et support écrit à l’appui. Il est toutefois conseillé de ne pas trop tarder afin de bien profiter de la mémoire du corps qui, elle aussi, se détériore avec le temps sans pratique. Par la suite, un petit rappel de temps en temps permettra d’asseoir ces nouvelles connaissances sur le long terme. Ce ne sont là que quelques conseils (que j’ai essayé de généraliser à divers types de stages de danse, en couple ou non) que chacun saura adapter à sa personnalité et ses habitudes. Rappelons-le, un stage n’est pleinement profitable que si l’on intègre sur le long terme ce que l’on y a étudié. Si, par malchance, vous n’avez pas la possibilité de réviser le contenu des cours sous quelques semaines après le stage, vous risquez de devoir participer de nouveau à un stage similaire pour réellement progresser.

Partagez cet article :

Je ne sais pas danser en boîte

Partagez cet article :

Combien de fois a-t-on pu entendre cette phrase : « Je ne sais pas danser » dans la bouche d’une personne qui refuse de se lever de sa chaise pour bouger sur la piste de danse ? J’avoue que cela a longtemps été mon cas, particulièrement durant toute mon adolescence. Je fais en effet partie de ces gens qui pensent que lorsqu’on ne sait pas on ne fait (ou dit) pas. En d’autres mots, je ne savais pas danser et je n’allais donc pas me ridiculiser à gesticuler maladroitement sur la piste. En revanche, je fais aussi partie de ces gens qui pensent que ne pas savoir ne dispense pas d’apprendre. C’est en partie ce qui m’a un jour poussé à m’inscrire à des cours de danse. Depuis lors, je n’ai cessé d’apprendre de nouvelles danses, de nouvelles techniques, de nouvelles informations sur la danse et je n’en vois toujours pas la fin. Le sujet est si vaste !

Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais l’idée aujourd’hui est de donner un espoir à ceux qui pensent qu’ils ne pourront jamais danser en soirée (en solo comme en couple). Pour tout dire, avant de commencer les cours, j’avais vraiment « les deux pieds dans le même sabot ». Un vrai boulet. Mal à l’aise, maladroit, en dehors de marquer correctement la mesure, je ne pouvais pas bouger mon corps de manière naturelle quand il s’agissait de suivre la musique. Heureusement, cela a changé. Mes premiers cours de danse (madison, rock et valse) m’ont permis de mieux intégrer sur quels aspects de la musique je pouvais me baser pour faire des mouvements. Dans les musiques de danse de salon, il y a souvent des temps forts et des temps faibles, mais aussi des temps plus accentués que d’autres que mes premiers pas de danse m’ont permis d’identifier plus ou moins consciemment. La batterie d’un morceau de rock est utile pour cela par exemple. Progressivement, le fait d’apprendre des pas et figures appliqués sur diverses musiques — mais sans encore improviser — a forgé la connexion entre mon corps (et en particulier mes jambes) et la musique. Les bras sont venus après. Petit à petit, au fil des semaines, mon horizon s’est éclairé. J’ajoute que l’apprentissage de la danse fonctionne par paliers : on a parfois l’impression de stagner durant quelques semaines, puis un déclic se fait et on passe au niveau suivant et ainsi de suite. Cela n’est pas régulier et dépend de chacun, mais ça arrive !

Comme de nombreux débutants en danse en couple, ce n’est qu’au troisième trimestre de ma première année que j’ai osé sortir en soirée dansante. Ma première soirée en dehors des entraînements proposés aux autres élèves du cours et une soirée où j’ai compris que j’étais capable de danser de manière autonome sans que les gens se moquent de moi. Finalement, nous étions tous dans le même bateau, car la musique était la même et tout le monde était là pour danser et se divertir. La soirée se passait dans une boîte classique qui avait juste un programme de danses de salon jusqu’à 1 heure du matin et qui enchaînait sur des musiques plus habituelles de ce genre d’endroit et plus propices aux danses en solo (dance, disco, années 80, etc.). Emporté par l’esprit de groupe formé par les autres élèves du cours de danse avec qui j’étais venu, je me suis essayé à faire deux pas en solo malgré mes craintes. En réalité, j’ai commencé par me dire que mes pas de rock allaient peut-être coller à la musique. La réponse fut oui, mais je passais alors pour une sorte d’hurluberlu qui bougeait bizarrement sur du disco. En rythme et d’une manière assurée, certes, mais bizarrement tout de même. J’ai alors observé les autres qui faisaient des mouvements plus simples et qui demandaient moins d’énergie. Ils se laissaient aller à onduler au rythme de la musique et les pieds faisaient des mouvements plus simples que les pas de rock que je maîtrisais à présent.

Alors, voilà comment on peut danser simplement en solo lors des soirées et sans sortir de la moyenne. Il est entendu qu’il faut en fait se fondre dans le mouvement général des personnes sur la piste afin de ne pas attirer l’oeil et se sentir à l’aise. Pour cela, les pas battus d’un air détendu sont très bien.

1. Écarter le pied droit à droite avec le poids du corps.2. Assembler le pied gauche au pied droit.
3. Écarter le pied gauche à gauche avec le poids du corps.4. Assembler le pied droit au pied gauche.

Sur Internet, on trouve un certain nombre de vidéos qui expliquent comment danser en boîte. Comme d’habitude, il y a à boire et à manger. Toutes ces vidéos ne sont pas forcément utiles ou judicieuses. Pour l’anecdote, j’intègre ci-dessous une vidéo sur laquelle je suis tombé où de jolies filles (c’est le titre et visiblement le principe de la séquence) répondent à la question. Pour comprendre le texte, il vous faudra parler anglais. En résumé, elles expliquent aux garçons comment mettre les chances de son côté pour ne pas prendre un râteau et ne pas se ridiculiser en boîte. On commence par inviter la jeune fille de face (pas en arrivant par derrière), puis on danse en faisant le pas que je vous ai décrit plus haut, enfin on la raccompagne à son siège. Tout cela paraît si simple…

Il y a aussi un autre mouvement qui est utilisable sur certaines musiques. Pour ma part, je l’ai découvert après quelques cours de samba (de salon, pas la brésilienne). Il va sans dire qu’à un certain moment, dès que j’apprenais un nouveau pas ou une rythmique de base, je l’essayai dans le contexte « solo » en soirée. Une rythmique semblable à celle du pas de samba peut donc être utilisée. C’est particulièrement vrai sur des morceaux comme les classiques de Claude François comme « Alexandrie, Alexandra » ou « Ces années-là »… On peut compter « et 1, et 2, et 3, et 4 » où le « et » correspond au demi-temps. Voici une description rapide.

  • et  Faire une petite élévation sur les demi-pointes.
  • 1   Écarter le pied droit à droite.
  • et  Pointer le pied gauche derrière le pied droit avec le poids du corps.
  • 2   Reposer le poids du corps sur le pied droit.
  • et  Faire une petite élévation sur les demi-pointes.
  • 3   Écarter le pied gauche à gauche.
  • et  Pointer le pied droit derrière le pied gauche avec le poids du corps.
  • 4  Reposer le poids du corps sur le pied gauche.

Ensuite, on reprend au début, et ainsi de suite. Et si vous vous sentez vraiment à l’aise, il suffira ensuite de s’essayer aux petits mouvements des chorégraphies de Cloclo pour compléter votre danse…

Par la suite, il suffit de bien observer les autres et d’essayer de copier leur manière de bouger pour enrichir sa propre bibliothèque de mouvements. Bon, je parle ici de mon modeste parcours lors de mes premiers mois d’apprentissage de la danse, il y a assez longtemps. J’avoue que je ne suis plus sorti en dehors de soirées de danse en couple depuis quelques années. Mais, à présent, j’ai pris des cours de modern jazz, de hip-hop, de ragga, etc. (toujours ce principe de ne pas parler de quelque chose qu’on ne connait pas… et de s’ouvrir aux autres formes de danse tout simplement en les pratiquant) et je pense que ma « danse de boîte » s’est enrichie naturellement de tous ces apports qui mettent en oeuvre tout le corps. Ca me donne l’envie de me mettre en situation, tiens… Pour conclure, je conseille donc à ceux qui prétextent ne pas savoir danser pour ne pas se joindre aux autres sur la piste de danse de s’inscrire dans un cours à la rentrée. Peu importe le style de danse (rock, salsa, danses de bal, country, jazz, hip-hop, etc.), ils acquerront une base de mouvement et feront le lien entre la musique et leur corps. Cela leur permettra à coup sûr (une fois passé le premier plongeon en public) de trouver leur style et de s’amuser avec leurs amis sur la piste de danse. Il arrive même que l’on trouve un mouvement par hasard, que les autres autour de soi trouvent sympa et qu’ils reprennent à leur compte par la suite !

Partagez cet article :

Rétrospective de la diffusion musicale

Partagez cet article :

J’ai eu un peu de mal à trouver un titre parlant pour cet article. En fait, je vais essayer de parcourir rapidement les divers moyens utilisés en un siècle pour diffuser de la musique lors de soirées dansantes ou de cours de danse. En effet, tous les adolescents d’aujourd’hui n’ont jamais rien connu avant le CD audio et les enfants encore plus jeunes auront tous toujours connu la musique au format numérique. Petit retour en arrière…

En 1900, la musique pouvait être écoutée et diffusée uniquement de deux manières : soit en direct par le biais des musiciens et orchestres qui se produisaient en divers endroits, soit mécaniquement par l’intermédiaire de disques. En ce début de siècle, la qualité des enregistrements est telle que cela n’avait rien à voir avec un orchestre en vrai. Le développement du marché du disque se fait à partir de 1902 (le cylindre est peu à peu abandonné) et la durée d’un disque est portée de 2 à 4 minutes en 1908, mais ce n’est qu’en 1926 que cette durée est couplée avec le procédé de gravure électrique qui apportait un gain substantiel en qualité. Je passe ici sur les divers progrès autour de ce support comme le microsillon dans les années 50.

Faisons donc une petite pause chronologique ici. Dans les années 20, les particuliers pouvaient avoir leur propre tourne-disque qui se matérialisait parfois par une petite armoire dédiée qui intégrait le mécanisme de lecture et le cône amplificateur comme les produits de la marque Victrola vendus entre 1906 et 1929. Dans la publicité ci-contre, vous pouvez lire : « Il est exquis de danser sur la musique d’un Victrola ». Des années plus tard, c’est le tourne-disque de marque Teppaz qui a été le symbole des années de « Salut les copains ». Ce matériel (aussi appelé pick-up) était entièrement contenu dans une petite valise dont le couvercle logeait les haut-parleurs. Le matériel fixe a par la suite été appelé « platine » avec l’apparition des chaînes hi-fi et n’intégrait plus les éléments d’amplification et les haut-parleurs. Dans les lieux publics, les années 30 voient apparaître les juke-box, armoires intégrant un système de choix de disques à la demande, mais ce sont les modèles bariolés des années 50 qui restent dans les mémoires. Servant aussi à diffuser de la musique, mais intégrant aussi un système diffusant des clips, on passe des Panoram des années 40 (avec des petits films en noir et blanc appelés soundies) aux scopitones (terme désignant aussi les clips qui y étaient proposés) dans les années 60. Voilà donc en quelques lignes ce qui permettait aux gens de diffuser de la musique pour danser en privé ou en public. Dans les années 30 et 40, on connaît l’âge d’or des big bands (pour qui la musique swing est reine) composés de nombreux musiciens alors que dans les années 50 et 60, les orchestres sont de taille modeste et le rock’n’roll est à son apogée. C’est la fameuse époque des yéyés.

Continuons donc notre parcours chronologique avec le passage de l’analogique au numérique. Je n’oublie évidemment pas l’étape de l’apparition du premier magnétophone à cassettes en 1963 qui révolutionne le domaine en terme de portabilité. L’avantage de ce système à bande magnétique est qu’il est réenregistrable et compact. Cela conduit naturellement à l’invention du baladeur (sous le nom walkman) par Sony en 1979, donnant une certaine liberté aux amateurs de musique et de danse. On peut alors danser le disco ou faire du roller sur ses morceaux préférés. Sur une cassette, on stocke alors de 60 à 180 minutes de musique alors que sur les disques à 33 tours on en trouvait que de 40 à 60 minutes. C’est toujours Sony, associé à Philips, qui en 1983 signe le passage au son enregistré numériquement en créant le disque compact (CD). Ici, on ne stocke que 74 minutes de musique (650 Mo), mais le support est réputé inusable (surtout vis-à-vis de la K7 audio qui est sensible aux ondes magnétiques). La platine CD est aussi déclinée en version baladeur, cela va de soi. Le système du CD audio est encore énormément utilisé de nos jours. Beaucoup d’enseignants et DJ utilisent ce support dans des platines spéciales où l’on peut faire varier la vitesse de la musique (comme la ralentir pour travailler une chorégraphie sur le bon morceau, mais sans trop stresser… ou encore passer d’un titre à un autre tout en douceur au niveau du tempo).

Le lecteur de CD n’est pas seulement un matériel de lecture audio, c’est aussi un périphérique informatique pour les ordinateurs. En 1995 les premiers graveurs de CD enregistrables (CD-R) grand-public apparaissent et chacun peut y faire soit des sauvegardes informatiques, soit de compilations personnelles de ses morceaux préférés issus des CD non réinscriptibles. Et puis, renouant avec la capacité d’enregistrement, voici que naît le Digital Versatile Disc (DVD) en 1996, qui grâce à ses propriétés multi-face et multi-couche, est capable de stocker de 4,7 à 17 Go de données (soit des dizaines d’heures de musique). Il est évident que, avec cette capacité, l’utilisation classique du DVD est plutôt informatique ou vidéo. Le CD reste donc le support audio roi de nos jours, mais c’est sans compter avec la compression et les formats comme le MP3. Ce format audio a été breveté en 1996 par l’institut allemand Fraunhofer. Par rapport au format numérique du CD audio (PCM/WAV/CDA), le format MP3 est compressé. Autrement dit, le son est traité de manière à prendre moins de place une fois stocké. Il faut donc obligatoirement le décompresser via des calculs complexes avant de pouvoir l’écouter. Dans un fichier MP3, le son peut être plus ou moins compressé, mais le gain de place se fait au détriment de la qualité audio.

Voici donc que le son est dématérialisé et extrêmement portable. D’ailleurs, il ne reste pas dans les ordinateurs et les premiers lecteurs MP3 portables ont tôt fait d’apparaître en 1999. Des fabricants comme Saehan, Rio et Creative démarquent alors par leurs produits. Comme les mémoires de type flash (mémoire qui ne s’efface pas lorsqu’on éteint l’appareil) n’atteignaient pas encore les capacités que nous connaissons aujourd’hui, ces baladeurs contenaient un disque dur où l’on enregistrait les fichiers audio en MP3. J’ai moi-même acheté l’un de ces appareils en 2000 sous la forme du Creative Nomad DAP Jukebox avec un disque dur de 6 Go. À l’époque, c’était l’appareil rêvé pour gérer la musique pour mes cours de danse et les fonctions EAX me permettaient même de réduire la vitesse d’un morceau sans faire varier la hauteur du son. De nos jours, on a des appareils qui tiennent au creux de la main pour faire la même chose et une mémoire micro-HD de 8Go est plus petite qu’un ongle… Les enseignants utilisent ces appareils (beaucoup ont des iPods ou des appareils similaires) pour se déplacer avec leur CDthèque sur eux alors que d’autres préfèrent encore le grand écran d’un ordinateur portable associé à son disque dur (éventuellement externe) plein de MP3 comme c’est souvent le cas pour les DJ. On a même des platines DJ virtuelles connectables en USB à un ordinateur qui permet de retrouver le toucher des platines CD sans avoir à manipuler des dizaines de disques en une seule soirée.

Voilà en une page plus de 100 ans d’évolution des habitudes d’écoute musicale pour danser au son de ses musiques favorites. À chacun sa préférence. Je connais des personnes qui préfèrent le contact du boîtier du CD et lire les titres sur le livret associé afin de se laisser porter par l’inspiration. J’en connais d’autres qui préfèrent le choix technique des morceaux triés par thème, par tempo ou par titre et manipuler leur ordinateur avec dextérité. Je connais même au moins un enseignant qui anime toujours ses cours et soirées avec ses cassettes audio qu’il connaît par coeur, quitte à passer son temps à changer la K7, rembobiner, activer l’auto-reverse, etc. Cela me donne l’occasion de dire que, pour un enseignant comme pour un DJ, rassembler et trier sa collection de morceaux de musique est une tâche capitale. Cela représente des heures et des heures d’écoute, de recherche et de classement afin de trouver les titres de qualité pour danser. Parfois, cela a nécessité des jours, des efforts importants et de l’argent pour acquérir un seul disque ou un CD donné. Ainsi lorsque vous demandez à un professionnel s’il peut vous donner une copie d’un disque ou un CD qu’il a utilisé en soirée ou en cours, vous comprendrez aisément qu’il puisse vous dire non. La première raison de ce refus est, je viens de le dire, que c’est un investissement pour lui. La seconde raison est légale, évidemment. Il vaut mieux que vous achetiez vous-même votre musique. En tout état de cause, un enseignant ou un DJ vous donnera probablement volontiers le nom et l’artiste d’un titre ou d’un album pour que vous puissiez vous le procurer en toute légalité. Sinon, si vous aimez danser sur bon son, vous pouvez aussi guetter les soirées avec orchestre ou les concerts où il y a de la place pour danser. Quel bonheur lorsqu’une soirée est organisée au son d’un véritable orchestre en direct live ! Pour ma part, je préfère largement cela à une soirée aux morceaux certes de styles très variés, mais à base de MP3 d’une qualité sonore se rapprochant des cynlindres des années 20… Et là, j’exagère à peine, car j’ai parfois l’impression de ce retour en arrière à cause de DJ qui utilisent mal la technologie ou qui ont négligé d’acheter légalement leur musique…

Partagez cet article :

L’habit du moine et du danseur

Partagez cet article :

Les beaux jours reviennent et chacun remplace petit à petit les gros pullovers à col roulé par une garde-robe plus courte et estivale. Sur les pistes de danse, cela ne se remarque pas toujours, car il y fait souvent chaud quand on bouge sans arrêt (petit appel du pied aux propriétaires de salles ou écoles : une clim’ performante ou, à défaut, une bonne ventilation est réellement obligatoire lorsqu’il commence à faire beau). Lorsqu’on regarde la foule bigarrée des danseurs lors d’une soirée dansante, on remarque qu’il y a de tout : de la robe démodée au pantalon chic aux mouvements fluides ou de la chemise du dernier cri au t-shirt trop grand et bariolé.

Qui n’a jamais souri un jour en regardant un gringalet pas très bien fait de sa personne portant des vêtements de sport high-tech et des lunettes de star s’essouffler au bout de 5 petites minutes de course ? Ce n’est pas vraiment le gringalet qui nous prête à sourire ; c’est plutôt le décalage entre ce qu’il semble être et ce qu’il veut paraître qui nous interpelle. On connaît bien l’adage « l’habit ne fait pas le moine » qui nous suggère que ce n’est pas parce qu’on s’habille comme les sportifs de haut niveau qu’on va automatiquement en devenir un. Les apparences sont parfois trompeuses… Mais revenons à la danse et voyons si l’habit ne fait pas le danseur.

D’un premier abord, nous dirons qu’il y a deux principales manières de concevoir l’habillement quand on est danseuse ou danseur qui fréquente les soirées dansantes. La première est une vision sportive : la danse est vue comme une activité physique et, tout comme un sportif, il faut que le vêtement soit fonctionnel avant tout. Ici, on trouve ceux qui utilisent les tissus « respirants », qui disposent d’une petite serviette accrochée à la ceinture ou qui privilégient le t-shirt simple à la chemise. La seconde manière de voir les vêtements quand on danse est d’ordre esthétique. La danse est perçue comme une belle chose où il faut faire honneur à son partenaire ou sa partenaire et paraître soi-même au mieux de sa forme. Là, on parle de maquillage waterproof, de chemise à la mode ou de robes avenantes. Ces deux visions de la chose sont aux antipodes l’une de l’autre et il faut trouver le juste milieu. En réalité, une robe très jolie, mais nécessitant en permanence un réajustement pour qu’elle ne laisse pas trop voir un décolleté n’est pas idéale et, dans le même registre, un chapeau n’est pas un accessoire très commode pour danser. De même, la serviette éponge pendouillant d’une poche n’est pas toujours très commode quand on souhaite avoir toute liberté de mouvement. Je prends volontairement quelques cas très marqués pour bien faire comprendre la chose. Les danseuses et danseurs expérimentés essayent donc en général de trouver le juste milieu entre élégance et fonctionnalité des vêtements.

Ainsi, peut-on s’interroger sur le fait qu’une danseuse de tango argentin danse mieux en talons très hauts, qu’une danseuse de salsa danse mieux avec un pantalon fluide ou une robe faisant des vagues au moindre mouvement, ou enfin qu’un danseur de lindy hop danse mieux avec un pantalon extralarge coupé style années 30 ? N’est-ce pas uniquement lié à l’apparence ? La réponse n’est pas si claire que cela. En effet, la danseuse de tango argentin est susceptible de souvent pivoter sur l’avant de ses pieds, de s’appuyer en avant sur son danseur, etc. et une position où l’appui est naturellement porté sur les demi-pointes lui facilite le travail. Côté esthétique, il est clair que les talons affinent les jambes et rendent la danse plus jolie. Dans le second exemple, la danseuse de salsa peut se sentir davantage « danseuse latino » avec des vêtements qu’elle va sentir bouger sur ses jambes. Pour danser la salsa, la tenue estivale est de rigueur et l’on se sent davantage l’envie de se déhancher et de tourner si les vêtements que l’on porte font penser aux Caraïbes. Enfin, le danseur de lindy hop sera incommodé s’il danse dans un pantalon moulant du fait de sa position aux jambes légèrement fléchies. Celui-ci sera donc bien mieux dans un pantalon large qui, de surcroît, masque sa position fléchie et améliore sa silhouette et l’allure de sa danse (mais on n’est pas obligé de porter la veste comme dans la photo ci-contre…). L’effet de ces vêtements bien choisis est par conséquent à la fois pratique, esthétique et psychologique.

Dans ces quelques exemples, il semble donc bien que l’habit fasse une partie du danseur ou, pour être plus exact, l’habit favorise une danse dans un certain style. Il est difficile d’imaginer des compétitions de danse sportive où les danseuses de latine auraient de grandes robes à plumes pour danser le cha-cha ou la samba et les danseuses de standard auraient de petites robes échancrées pour danser la valse ou le slowfox. Il est par ailleurs clair qu’un très mauvais danseur restera un très mauvais danseur (tant qu’il n’aura pas progressé, évidemment), peu importe son vêtement, tout comme un excellent danseur restera excellent même dans des vêtements peu seyants. L’endroit où se fait la différence se situe donc au niveau intermédiaire (c’est ce qu’on pourrait appeler le « danseur moyen », et il y en a beaucoup !) où les vêtements peuvent contribuer à la danse, à l’état d’esprit du danseur, voire même à détourner l’attention du public qui verra donc davantage l’aspect général que les pas de danse. Il restera toujours à ceux qui ne savent pas bien danser, et qui veulent garder tout le bénéfice d’une belle allure vestimentaire dans une salle de danse, l’option de rester sur le bord de la piste et de paraître occupé à autre chose. Mais on finira tôt ou tard par se poser des questions et se rendre compte de la supercherie…

Partagez cet article :

Lindy hop : Savoy, Hollywood, Smooth

Partagez cet article :

Les mots qui composent ce titre peuvent être inconnus à certaines personnes dansant en couple pourtant depuis des années. C’est probablement parce qu’on ne leur a jamais proposé de danser sur du jazz ou du swing de l’âge d’or des big bands. Sur ce type de musique, il est possible de danser le rock, le quickstep, le foxtrot ou le slow-fox. Cependant, quand il s’agit de l’orchestre de Count Basie ou de celui de Duke Ellington, le lindy hop est le must. Développée dans les années 20, 30 et 40 à partir de Harlem (le quartier de New York), cette danse est toujours pratiquée dans le monde entier, particulièrement depuis le renouveau du swing des années 1980. Il a fallu une bonne trentaine d’années au lindy hop pour se remettre de la déferlante du rock’n’roll après la Seconde Guerre mondiale.

Si l’on danse le lindy hop un peu partout (et de plus en plus), ce n’est pas pour autant que tout le monde danse de la même manière. C’est un peu comme pour le rock. On ne le danse pas tout à fait de la même façon dans toute la France, sans parler des variantes à 6 temps et à 4 temps. Bref, la différence par rapport au rock, c’est qu’on entend ça et là qu’il y aurait une rivalité entre le lindy « Savoy style », le lindy « Hollywood style » ou le lindy « Smooth style ». Certaines personnes considèrent les deux dernières appellations comme synonymes, alors que d’autres considèrent que ces styles sont différents même s’ils sont tous les deux issus de la côte Ouest des États-Unis). Essayons de voir ce qu’il en est.

Comme je l’ai dit, le lindy hop est né au Savoy Ballroom de Harlem à la fin des années 20. En réalité, il n’est pas apparu un beau jour comme ça. Il a été développé progressivement à partir du breakaway, du collegiate, du charleston et d’autres influences (dont des acrobates, des comiques et autres spectacles de vaudeville). Les principaux contributeurs à l’évolution de cette danse sont issus des habitués du Savoy qui fait office de plaque tournante, mais d’autres salles de danse de Harlem ont également été impliquées comme le Renaissance Ballroom ou le Cotton Club. C’est à cette époque où, chacun cherchant à épater les autres, les danseuses et danseurs faisaient preuve d’une inventivité telle que la danse pratiquée sur le swing a évolué vers ce que l’on a appelé le lindy hop, mais on peut dire qu’à l’époque, avant qu’une grande tendance ne se dégage, tout le monde avait un peu sa manière de danser le lindy hop. C’est à cette époque que des grands noms de l’histoire du lindy hop ont vécu : Shorty George, Frankie Manning, Norma Miller, Al Minns, Leon James et la troupe des Whitey’s Lindy Hoppers d’une manière générale (elle aussi basée au Savoy dans les années 30). Frankie Manning a énormément contribué à la danse et, avec la troupe que je viens de citer, il a diffusé en soirée, en spectacle ou au cinéma une certaine manière de danser de lindy hop qui est restée sous l’appellation de « Savoy style » (le style du Savoy Ballroom).

Dans cette période riche en nouveautés des années 30 et 40, un certain nombre de personnes sont passées par le Savoy et y ont découvert le lindy hop. En particulier on remarquera un certain Dean Collins qui emmena avec lui les bases du lindy hop du Savoy vers la Californie en 1936 et en particulier Los Angeles dont un quartier, Hollywood, connu pour ses studios de cinéma. Bien sûr, Dean Collins a intégré les bases du lindy et sa pratique les a transformées vers un style qui lui est propre, éliminant par exemple les bounces du style d’origine. On parle souvent du film « Hellzapoppin' » pour la scène de lindy hop dynamique et pleine d’acrobaties effectuée par la troupe des Whitey’s Lindy Hoppers. Mais ce que l’on sait moins (probablement parce que peu d’amateurs de danse ont réellement vu le film en entier…), c’est que Dean Collins danse aussi dans une autre scène de ce film, celle de « Watch the Birdie » au bord de la piscine. On peut voir Dean Collins dans presque 40 films tournés dans les années 40 avec diverses partenaires, mais essentiellement avec Jewel McGowan dont je trouve le style très élégant.

Si l’on devait définir les styles de lindy hop, on pourrait dire ceci. Le lindy hop « Savoy » est très circulaire, la connexion entre les partenaires varie au sein d’une figure afin de laisser une grande liberté à la danseuse, la pulsation rythmique (« bounces ») est très présente, et un certain nombre de figures caractéristiques sont souvent dansées (hand-to-hand charleston, mini dip,… ainsi que de nombreux pas de jazz spécifiques comme le Shorty George, Suzie Q, etc.). Le style Savoy dispose d’une manière de danser « sociale » pour les soirées et les tempos lents à mediums ainsi que d’une manière « spectacle » avec de nombreux kicks pour les démonstrations et les tempos rapides. Enfin, la position « horizontale » des danseurs est orientée vers le/la partenaire, chacun portant son propre poids sans interférer avec l’autre à l’arrêt. Le style « Savoy » conserve donc de nombreux liens avec la culture afro-américaine. Le lindy hop « Hollywood » (ou « Smooth ») se danse plutôt sur une ligne (même si ce n’était pas le cas aux origines de ce style), la connexion est très présente (effet de contrepoids dans le couple) et permet des figures très précises ; de plus, l’ensemble de la danse semble fluide dans tous les axes de l’espace et le triple step n’est pas systématique. Enfin, la position « horizontale » des danseurs est plutôt vers l’arrière, créant une tension entre les partenaires et donc une connexion plus forte. Le style « Hollywood » ou « smooth » s’est éloigné des racines afro-américaines et a donné naissance à encore d’autres variantes à base de lindy hop (où j’avoue parfois ne pas retrouver les bases). Il est à noter que l’on crédite aussi Dean Collins comme étant à l’origine du West-Coast swing qui partage un certain nombre de points communs avec le style « Hollywood ». Notez, par exemple, que le lindy turn s’appelle le whip en West-Coast swing.

Ainsi lorsque la danse swing a commencé à revenir dans les soirées dansantes à partir des années 80, on a naturellement cherché ceux qui étaient là lorsque la danse est née. C’est comme cela que l’on a redécouvert cette danse à New York (mais aussi en Californie) par le biais d’Al Minns, Frankie Manning ou Norma Miller qui ne sont devenus professeurs de danse qu’à cette époque récente. C’est à partir de ce style « Savoy » que le lindy hop s’est donc diffusé de nouveau dans le monde dans les années 80 et 90. Suite à ce renouveau, certains danseurs ont souhaité redonner vie au style originel de Dean Collins dans les années 90. Et c’est là où la dénomination de « Hollywood » est née, pour faire référence à ce style dansé dans les films d’Hollywood. Il faut noter que Dean Collins enseignait la danse en Californie. Ce style a été adopté par les amateurs de swing en recherche de nouveauté et deux « tribus » ont vu le jour en France : les Savoy et les Hollywood (on se croirait dans Koh Lanta…). En général, là où dans une grande ville il y avait des cours de Savoy, on trouvait aussi des cours de Hollywood chez le concurrent. C’est d’ailleurs toujours un peu le cas, un peu comme on a la salsa cubaine opposée à la salsa portoricaine (mais c’est une autre histoire). Cela dit, les danseurs de swing se mélangent au sein des mêmes soirées, car la musique swing reste la base du lindy hop qu’il soit Savoy, Hollywood, Smooth ou que sais-je encore. Ainsi, des figures passent d’un style à l’autre et inversement là où la technique de base ne fait pas obstacle. Car un danseur de Savoy peut avoir du mal à danser avec une danseuse d’Hollywood. En effet, cette dernière attend une connexion forte que le premier n’a pas l’habitude de donner. Apprendre les deux styles peut résoudre l’affaire, mais peut-être est-ce au détriment d’un style visuel marqué ? À chacun de voir. En tout cas, tout cela c’est du lindy hop et cette danse très riche n’a pas fini d’évoluer. À une époque, les danseurs américains de style Savoy venant en France parlaient de « that French lindy hop », ce qui montre bien que les Français ont, eux aussi, apporté leur pierre à l’édifice et ont fait évoluer le lindy hop des origines dans une nouvelle direction.

Avant de clore cet article, j’ai une pensée pour Frankie Manning, décédé il y a presque un an. Il y a un an, j’achevais aussi la traduction et l’édition française de l’autobiographie de ce personnage du lindy hop (« Frankie Manning, l’ambassadeur du lindy hop » ). Coïncidence malheureuse. Frankie n’aura pas eu l’occasion de tenir entre ses mains cette édition française à laquelle il a contribué en personne en écrivant une introduction spéciale pour les Français et en me donnant gentiment des photographies personnelles qui n’ont pas été publiées dans l’édition originale américaine. En revanche, sa co-auteur Cynthia Millman l’a vu et m’en a dit le plus grand bien. En tout cas, je suis heureux que ce livre puisse permettre aux francophones de connaître les origines du lindy hop racontées par l’un de ses créateurs ainsi que le message de paix et de tolérance que Frankie Manning ne cessait de diffuser de son vivant. Ce livre a été primé par la communauté des amateurs de musique jazz en recevant le prix du livre jazz 2009 du « Hot Club de France » et je ne cesse de recevoir des retours positifs sur cet ouvrage depuis qu’il est disponible. Cela m’encourage aussi à poursuivre un travail sur un livre présentant les figures de base du lindy hop d’un point de vue technique et qui sera disponible à la vente cet été.

Partagez cet article :

Le carnet de bal

Partagez cet article :

Il y a quelques jours, j’ai vu un film de 1937, « Un carnet de bal », réalisé par Julien Duvivier avec, entre autres, Marie Bell, Fernandel, Raimu et Louis Jouvet. Il raconte l’histoire d’une veuve qui, à la mort de son mari, décide de retrouver tous les jeunes hommes listés dans son carnet de bal ayant servi à ses 16 ans, lors de son premier bal. En dehors de cela et d’une petite scène dudit bal, pas plus de rapport avec la danse dans ce film. Cela dit, il pose le problème philosophique du « que serais-je devenu si j’avais fait un autre choix ? » et des conséquences de nos décisions sur la vie des autres. Question que l’on se pose sûrement lorsqu’on vient de s’étaler par terre après s’être emmêlé les pinceaux sur la piste de danse en entraînant avec soi son (ou sa) partenaire…

Mais revenons à ce fameux carnet de bal qui donne son titre au film (et dont je vous présente une image ci-dessus). Le carnet de bal commence sa carrière au début du XIXe siècle en tant qu’un discret éventail de minces feuilles d’ivoire où les jeunes filles écrivaient le nom des hommes (jeunes ou non) à qui elles accordaient une danse. Il s’agissait donc d’un aide-mémoire afin de ne pas froisser untel ou untel en oubliant pour quelle danse celui-ci devait être son cavalier. À cet éventail se trouvait généralement relié, par une cordelette, un porte-mine permettant d’ajouter de nouveaux noms. Comme ce support était réutilisable, les noms étaient ainsi effacés au lendemain du bal afin que l’objet puisse de nouveau être prêt à l’emploi pour l’événement suivant. Dans certains cas, le carnet pouvait être associé à un autre accessoire de bal comme un petit flacon à sels (au cas où sa propriétaire se sente défaillir…).

Ainsi, la danseuse danse-t-elle en permanence avec son carnet de bal sur elle. Certains modèles comportaient une chaînette munie d’un anneau que les dames passaient au doigt afin de ne pas perdre leur précieux aide-mémoire. Il existait aussi des carnets de bal à usage unique sous la forme d’une ou deux feuille(s) de carton gaufré où était inscrite à l’avance la liste des danses composant le programme de la soirée. En face de chaque danse, se trouvait réservé l’espace nécessaire pour inscrire le nom des cavaliers ayant réservé telle ou telle danse (valse, polka, galop, etc.). Vous pouvez en avoir un aperçu ci-dessus avec le porte-mine associé.

En évoluant, le carnet de bal s’adapte à divers usages et se perfectionne. De la simple feuille, on passe au petit carnet (le fameux « carnet de bal ») ayant donné son nom au film de Duvivier que j’ai mentionné au début de ce billet. Le programme n’est pas forcément imprimé sur les pages, mais on y trouve un ensemble de lignes précédées soit d’un numéro correspondant au numéro d’ordre de la danse dans le programme de la soirée, soit de la mention « 1re danse », « 2e danse », etc. Ainsi, le carnet de bal pouvait-il s’appliquer à n’importe quel programme de danses puisque rien n’était imposé en la matière. Ces carnets étaient protégés par une couverture cartonnée qui comportait en option un anneau permettant de recevoir un crayon à papier.

Voici qui vous donne un tour d’horizon de ce qu’était ce carnet de bal qu’on ne voit plus de nos jours dans les soirées dansantes. Pourtant, un tel accessoire pourrait se révéler bien utile, mais pas tout à fait comme on l’entendait au début du XXe siècle. En effet, de nos jours, il pourrait être utilisé par les hommes à la place des femmes. Je m’explique. Les hommes étant souvent moins représentés en soirée dansante par rapport aux femmes, les rôles sont de plus en plus souvent inversés. Ce sont les danseuses qui sollicitent les danseurs afin d’obtenir une danse (parfois deux si elles ont de la chance). Ainsi, si les hommes participant à une soirée disposaient d’un petit carnet de bal pour être sûrs d’accorder des danses aux plus de danseuses possible, cela simplifierait leur tâche. J’avoue avoir parfois promis une danse à une personne en début de soirée et ne pas avoir l’occasion de danser avec elle avant la fin. Lorsque nous nous croisions, soit je dansais déjà avec quelqu’un, soit elle se faisait inviter par un autre, soit c’était à la sortie de la salle et il me fallait alors faire la promesse d’une danse lors de la soirée suivante. Avec un petit carnet de bal, cette personne nous aurions convenu dès le début à quel moment de la soirée nous aurions pu nous retrouver pour la danse promise ! Certaines pratiques dites désuètes pourraient donc se révéler bien pratiques de nos jours…

Partagez cet article :

De la musette à la guinguette

Partagez cet article :

S’il y a un mot qui rime avec musette c’est bien le mot guinguette. Typiquement français, ces lieux ont fait les beaux jours des sorties des Parisiens mais aussi des habitants des régions françaises durant les 19e et 20e siècles. On imagine très bien les familles de délassant au bord de l’eau tandis que d’autres personnes tournoient sur la piste de danse aux flonflons des accordéons jouant de la valse musette ou de la java. Comme ces danses (en plus de la valse viennoise et de la valse lente) constituent le sujet de mon nouveau livre technique à sortir en fin d’année, je vous propose de découvrir l’univers où on les a pratiquées des années durant.

L’histoire des guinguettes commence à Paris dans les années 1700. Ce sont à l’origine des établissements qui servent du guinguet, un vin des environs de Paris soi-disant « tellement aigre qu’il fait danser les chèvres »… On y trouve généralement une petite piste de danse pour ceux qui le souhaitent. Le Petit Larousse fait donne une autre étymologie que je vous livre ici. Le mot proviendrait de l’ancien français guinguet qui signifie étroit. Et d’en donner la définition suivante : « lieu de plaisir populaire […], débit de boissons où l’on peut danser, généralement en plein air ». Du fait de considérations fiscales, les guinguettes s’éloignent progressivement du centre de Paris à la fin du 18e siècle. À cette époque, et durant tout le 19e siècle, on y danse la contredanse et le quadrille (avec son cancan) au départ, puis apparaissent la valse (viennoise), la mazurka, la polka et la scottish. Nous sommes encore loin de l’image de carte postale des bords de la Marne car les origines liées aux cabarets sont encore présentes dans ces établissements.

À la fin du 19e siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, les guinguettes sortent de Paris et abordent la banlieue et en particulier les rives des fleuves et rivières. La plupart sont localisées sur les bords de la Seine et de la Marne. Le canotage prend une place très importante dans les guinguettes qui proposent également un cadre pour les activités du dimanche : pêche, baignade, etc. Les animations musicales sont faites par des orchestres composés d’un piano, de violons, de clarinettes ou de pistons. D’autres danses sont introduites : le boston (valse ayant fait un petit tour par les USA), la matchiche (ou maxixe) brésilienne, le tango argentin, mais aussi d’autres danses importées des USA comme le cakewalk, les danses animalières, le one-step et le two-step. Les guinguettes rivalisent d’imagination pour attirer les familles en recherche de dépaysement : promenades à dos d’âne, cabanes dans les arbres et espace pour danser. L’ambiance de l’époque est particulièrement bien rendue dans le table de Renoir « Le Moulin de la Galette » (ci-contre) en 1876.

L’entre-deux-guerres correspond réellement à l’image de carte postale des guinguettes : bords de rivière, canotiers, petit vin blanc. Ajoutons à cela le fameux accordéon qui remplace la musette (petite cornemuse). Les rythmes des dancings envahissent les guinguettes : foxtrot, charleston, one-step, paso doble. Dans le même temps, de nouvelles danses typiques du style musette se développent : la valse musette (et sa fameuse toupie), la java et le tango musette. La java en particulier porte une image du marlou (qui fait parfois partie des Apaches, sur lesquels j’ai déjà écrit quelques mots dans un article précédent) avec sa casquette et son air débonnaire qui danse avec une fille qui lui est soumise. C’est aussi l’époque de la valse chaloupée, appelée aussi danse apache, mais qu’on ne pratique normalement pas dans les guinguettes… Les bals musette des guinguettes s’ouvrent petit à petit et deviennent des bals populaires. La batterie jazz fait son entrée après la Première Guerre mondiale et donne une nouvelle dynamique aux danses que les danseurs payaient à l’unité.

La Seconde Guerre mondiale contraint malheureusement à la fermeture la plupart des guinguettes qui rouvrent petit à petit à partir de 1945. Les conditions économiques sont différentes et les musiciens légalement être déclarés, ce qui entraîne la disparition des grandes formations. L’industrialisation et l’évolution de la société ne favorisent pas la fréquentation des guinguettes. Le rock envahit les ondes radio et la télévision et certaines d’entre elles sont transformées en dancings où la musique américaine est reine. Les années 80 verront un retour de l’accordéon musette et le métissage des styles musicaux comme le mélange du jazz et de l’accordéon, mais les guinguettes survivantes ne connaissent le succès que du fait de leur image délicieusement rétro généralement associée à l’accordéon musette.

Voici donc le résumé du point de vue de la danse de l’histoire des guinguettes. Il y a un très bon ouvrage sur le sujet dans le commerce« Mémoire de guinguettes » avec beaucoup d’illustrations et qui donne plus de détails sur le sujet. J’avoue m’être en partie inspiré de celui-ci pour rédiger ce billet car les illustrations replongent le lecteur dans l’ambiance des différentes époques.

Partagez cet article :

La danse en BD

Partagez cet article :

Toujours à l’affût de documents ou d’informations en relation avec la danse (et en particulier la danse en couple), je suis tombé cette semaine sur le numéro 396 de la revue Fluide Glacial. Créé le 1er avril 1975 par Marcel Gotlib et Jacques Diament, il s’agit d’un un mensuel de bandes dessinées humoristiques au ton décalé et spécialement conçu pour les adultes. Divers auteurs de côtoient dans ces pages avec des styles très différents aussi bien dans le graphisme que les sujets traités. Les planches de bande dessinée qui ont attiré mon attention ont été réalisées par le dessinateur Frank Margerin dont on connaît plus particulièrement le personnage nommé « Lucien » (créé il y a déjà 30 ans !). Ce dernier est un rocker à la banane qui, vêtu de son perfecto, adore les motos et le rock’n’roll.

Quelle n’a pas été ma surprise en lisant le titre de la BD : « F. Margerin présente : LE LINDY HOP ». Et il s’agit bien d’une aventure de Lucien le rocker qui va prendre des cours de lindy hop ! L’histoire est très sympathique et amusante. Par-dessus le marché, Margerin est bien informé sur les cours de lindy (le rock step, triple step, step, step, triple step est abordé en plus d’autres détails techniques). De là à dire que l’auteur a probablement fréquenté ce genre de cours, il n’y a qu’un pas… Ce qui est particulièrement agréable. Je vous laisse apprécier deux vignettes qui m’ont bien fait rire (je sais, il m’en faut peu, mais c’est quand même bien vu). Pour l’intégralité des 4 planches de l’histoire, je vous laisse vous procurer les originales…

Il y a en réalité peu de BD qui parlent de danse. C’est pour cela que l’initiative de Margerin m’a étonné. J’avais déjà apprécié sa collaboration avec Shirley et Dino (dont je suis plutôt fan) et la BD qu’il a réalisée autour de leurs personnages (plus de détails sur son travail sur ce site. Mais pas réellement de danse dans ce travail. Il existe cependant un autre initiative intéressante en relation avec la danse ; il s’agit de la série d’albums Studio Danse de Crip, le dessinateur, et Béka, les auteurs originaires du sud-ouest de la France. Studio Danse est édité aux éditions Bamboo et en est à son troisième tome. La série raconte l’histoire d’adolescents dans une école de danse où cohabitent la danse classique et le hip-hop. C’est une BD plutôt pour les ados, mais les adultes peuvent aussi très bien s’amuser des historiettes. Il n’y a pas ici de danse de salon dans les scénarii proposés. J’ai depuis longtemps envie de lire une BD ayant pour thème les danses de société, mais rien n’a été fait pour l’instant. Pourtant, il y a de quoi dire. Les histoires courtes et les portraits caricaturés que j’ai écrits dans mes recueils « Histoires de danseurs » et « Nouvelles histoires de danseurs » en sont un bon exemple, je pense. Peut-être un jour une adaptation en BD verra-t-elle le jour si je trouve un dessinateur au style adéquat avec qui je pourrai m’associer ? Encore une idée à suivre !

Partagez cet article :

Le swing : une danse de dégénérés

Partagez cet article :

La danse en couple a eu beaucoup de mal avec la bienséance par le passé. Particulièrement au sein des hautes autorités religieuses. Je vous propose de parcourir aujourd’hui un article issu du New York Times du 26 octobre 1938, page 20 (article présenté ci-contre en Anglais). Comme vous le savez à présent, la traduction de textes en Anglais est un exercice que je pratique beaucoup dans le moment, je vous en livre ci-dessous une version française (assez rapidement faite je l’avoue, j’espère que vous pardonnerez les quelques imprécisions).

AVERTISSEMENT SUR LES EFFETS
DU « SWING » SUR LA JEUNESSE
L’archevêque Beckman attaque
les « orgies de jitterbug »
devant la Catholic Women’s Session.
POUR UN PROJET DE L’ÉGLISE CONCERNANT L’ART


Les jam sessions et les « orgies » nerveuses de musique « swing » courtisent les jeunes gens « tout au long de la voie de la facilité qui conduit à l’enfer », a déclaré ce soir le révérend Francis J.L. Beckman, archevêque de Dubuque, au National Council of Catholic Women. L’archevêque Beckman, parlant de « l’art pour la jeunesse et l’Église », a déclaré que « les forces du mal » favorisaient un type d’art « incarnant une propagande maléfique et malveillante » et que l’Église doit agir contre celui-ci. « Aujourd’hui, a-t-il dit, alors que l’Église poursuit avec plus d’ardeur qu’elle l’a jamais fait dans le passé sa politique de motivation, conservation et d’attraction vers elle du meilleur de l’art moderne, les forces du mal travaillent beaucoup à ébranler son statut chrétien, à débaucher ses hauts objectifs et à l’exploiter pour servir des fins personnelles et diaboliques. » « Nous laissons, si nous n’avalisons pas largement par notre indifférence criminelle, les « jam session », les « jitter-bugs » ainsi que les orgies rythmiques de cannibales occuper une place dans notre manière de concevoir les choses en société, faisant suivre à notre jeunesse le chemin de la facilité qui mène à l’enfer ! » « Dans cette position, on a dépouillé l’art, tout comme l’homme de Jéricho, de sa belle essence et de sa belle signification et on l’a laissé pour mort sur le bord de l’autoroute des perspectives communautaires. » L’archevêque Beckman a recommandé que l’Église accorde tout d’abord à la jeunesse « tous les avantages de poursuivre leurs aptitudes culturelles en établissant un nouveau et vigoureux programme d’éducation conçu pour reconstruire et de définir la conception chrétienne de l’art. Deuxièmement, a-t-il dit, les autorités cléricales et laïques devraient s’éveiller à « l’extrême danger de la situation de l’art comme il existe aujourd’hui » et un programme devrait être suivi portant sur « des projets artistiques louables et ayant de la valeur s’étendant dans tous les domaines des efforts artistiques et regroupant les jeunesses diverses du pays. » Mrs. Alfred S. Lucas de Mobile en Alabama, a déclaré aux délégués « notre jeunesse est l’espoir de la nation » et a exhorté à une action catholique par le biais d’un travail d’éducateur et de guide. Une messe pour la jeunesse fut célébrée dans la Church of the Nativity par le révérend Dr. Thomas K. Gorman, évêque de Reno. L’archevêque Joseph Francis Rummel de la Nouvelle-Orléans a déclaré au conseil national que la « philosophie diabolique du contrôle des naissances et du suicide pour la nation. » Il avertir ses ouailles de « regarder les nouvelles tactiques des contrôleurs des naissances, particulièrement les corporations de la maternité. » Miss Margaret Lynch, assistante au secrétariat du bureau, dit que les États-Unis devraient regarder vers les zones fermières pour garder la population. Les zones rurales, par l’intermédiaire de leur isolation et dans certains cas à travers des principes religieux, a-t-elle déclaré, ont été préservées de la « soi-disant civilisation » des villes.

Le swing, une « orgie rythmique de cannibales »… C’est cela oui… Parfois l’être humain me fait peur. Si l’on regarde dans le passé, ce mode de pensée contre les courants nouveaux n’est pas exceptionnel. Imaginez qu’à une certaine époque l’Église avait classé les danses en trois catégories : les danses honnêtes, les danses franchement mauvaises (par leur indécence et leur obscénité) et les danses douteuses et dangereuses. Et il est amusant de constater que la valse était classée dans la seconde catégorie… Rappelez-vous aussi comment la musique rock a été accueillie dans les années 1950. On parlait alors de musique de délinquants et les déhanchements suggestifs des rock stars comme Elvis Presley dérangeaient à tel point que ce dernier était cadré au-dessus de la taille lorsqu’il était filmé au début de sa carrière… Heureusement, les choses et les mentalités évoluent, sinon nous ne pourrions pas nous détendre dans une soirée dansante de nos jours.

Partagez cet article :