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Articles principalement au format texte avec quelques images et éventuellement l’inclusion de vidéos

Le tango argentin

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Les Français fréquentant les bals populaires connaissent bien le tango depuis des années. Ils le dansent en tournant tranquillement autour de la piste au son de l’accordéon, c’est le tango de bal. D’autres, adeptes de la danse sportive, connaissent aussi le tango. Une variante plus dynamique où alternent accélérations, mouvements de tête et changements de direction. Mais le tango qui remporte de plus en plus l’assentiment du grand public est le tango argentin d’où ressort un mélange de passion, de sensualité et d’une certaine élégance. C’est le tango des origines, celui d’où tout est parti. Cela se passait en Amérique du Sud il y a plus d’un siècle. Je vous raconte cette histoire ci-après.

Le tango est né dans le Rio de La Plata, une zone d’Amérique latine à la frontière entre l’Argentine et l’Uruguay qui est devenue le cœur de flux migratoires et d’un peuplement intensif au XIXe siècle. C’est là que l’on trouve les villes de Buenos Aires et de Montevideo. On parle d’ailleurs de tango rioplatense (remplacé par la suite par le terme de tango argentin, même si les Uruguayens le dansent tout autant) pour faire référence au tango issu de cette région du Rio de La Pata. Les origines du mot « tango », quant à elles, sont teintées de références aux Africains immigrés (généralement contre leur volonté) en Amérique du Sud. Certaines sources citent, dans les années 1800, le tango comme des rassemblements festifs de Noirs à Buenos Aires. Par extension, on parlera du « rythme de tango » comme équivalent au rythme de habanera en référence à la musique qui y est jouée par des tambours.

Au commencement, le tango est la musique de la ville avec la milonga urbana qui s’oppose à la musica folklorica des campagnes. Le commerce du Rio de La Plata favorise les influences musicales variées et les différentes formes de musique interagissent. Au XVIIIe siècle, les danses noires étaient interdites, puis elles ont été autorisées certains jours (défilés). Les Blancs rejoignirent peu à peu les Noirs dans ces manifestations (comparsas) et apprirent leurs « tangos » au point de les dépasser en nombre et d’ainsi créer leur propre musique afro-argentine blanche. Vers 1880, trois types de danses cohabitent dans le Rio de La Plata : les criollas (chorégraphiques, musique issues d’Espagne), les danses de salon anciennes (contredanse, menuet, quadrille, etc.) et les danses populaires urbaines (polka, mazurka, milonga, etc.). C’est dans ce contexte que se forme peu à peu le tango porteño/rioplatense (encore appelé criollo à ses débuts) qui devient une danse parmi d’autres comme le shimmy, le foxtrot et le paso doble à l’époque. La danse s’inspire, entre autres, des figures de candombe (dansées dans les défilés de rues), de la habanera quebrada et du style de danse des gauchos. Vers 1910, le tango arrive à un stade où on l’associe à la danse pratiquée dans les carnavals et où il bénéficie de la reconnaissance des masses populaires. Il continue son ascension sociale, sort des rues et des lupanars, et pénètre les classes moyennes et les grands cabarets. Le tango argentin est une danse d’improvisation par excellence qui débute par une invitation à la danse par le regard : le cabeceo. Les partenaires se choisissent ainsi sans mot, par le simple appel des yeux.

À cette époque, on met sur papier les partitions de tangos populaires qui se transmettaient oralement et l’industrie du disque permet de diffuser la musique au-delà des frontières de l’Argentine et de l’Uruguyay. Il semble que la diffusion de la musique « tango argentino » en France soit passée par le port de Marseille aussi bien que par des artistes venus à Paris. Une folie du tango envahit alors la capitale française. Les autorités religieuses n’approuvent pas ces « danses de nègres », mais ne s’y opposent pas formellement. On assiste alors, à Paris, à une simplification du tango argentin : on enlève par exemple les mouvements qualifiés de trop vulgaires, ce qui entraîna l’approbation tacite du pape. Il semble que la manière stylisée de danser de Rudolph Valentino en 1921 dans le film « Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse » soit à l’origine de cette simplification. La popularité de cette danse à la mode fut telle que de nombreux Argentins traversèrent l’Atlantique pour s’improviser professeurs de tango en France. Des musiciens les accompagnèrent et les mélodies du tango furent bientôt reprises par les accordéonistes français des bals populaires et guinguets. Avec son arrivée en Europe, le tango connaît donc un certain nombre de déformations (en particulier aussi une standardisation par les Anglais pour la compétition) qui aboutiront aux autres formes de tango que nous connaissons aujourd’hui et qui n’entrent pas dans le cadre de cet article. Je n’en dirai donc pas plus ici sur ces formes.

Les années 40 marquent l’âge d’or du tango en Argentine et en Uruguay : de nouvelles salles de danse s’ouvrent, les cours de danse se multiplient. La fin d’une période de prospérité économique et de stabilité politique est accompagnée par la fin des symboles associés, dont le tango. Les années 60 sont marquées par l’ouverture de tanguerias, des lieux dédiés assimilables à des cabarets où les aficionados du tango peuvent se retrouver, écouter de la musique et danser. C’est cela, en plus des spectacles chorégraphiés, qui a permis au tango de survivre à l’oubli. Après avoir été délaissé par la jeunesse rebelle des années 60, comme bon nombre de danses en couple, le tango argentin fait son retour en France à compter des années 1980 du fait de concerts (dont celui d’Astor Piazzolla en 1977 à l’Olympia) et tournées mondiales de troupes de danseurs Argentins. Citons ici la tournée « Tango Argentino », ses musiciens et ses dix danseurs qui fait le tour du monde et qui, passant par Paris en 1982, provoque le déclic de la renaissance. Les cours de tango argentin s’ouvrent alors peu à peu dans la capitale. En parallèle, ce renouveau a également lieu en Argentine où des milongas (lieux pour danser le tango) s’ouvrent dans les années 1990. Une certaine codification naît en même temps que ce renouveau du tango argentin qui est à présent enseigné dans des écoles de danse aussi bien en Argentine (académies) qu’en France. Pour illustrer le tango argentin, je voulais vous proposer une vidéo une vidéo produite par le ministère de la culture argentin, mais elle est bloquée sur YouTube pour des raisons de droits d’auteur… Alors je vous propose une prestation spectaculaire de Juan Vargas et Paulina Majia à l’occasion d’une compétition à Buenos Aires en 2019.

Un dernier mot pour rappeler que le tango argentin fait partie depuis 2009 de la liste de « patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ». Cette liste est gérée par l’Unesco qui y a ajouté en 2010 de nouvelles danses dont le flamenco (Espagne), la danse Chhau (Inde), la danse des ciseaux (Pérou) et la Huaconada (Pérou). Si vous souhaitez avoir la liste complète (il n’y a pas que de la danse), c’est sur le site de l’Unesco.

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La danse phénomène sur « I like to move it »

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Ceux qui consultent l’application TikTok n’ont pas pu passer à côté de cette danse devenue un phénomène de popularité sur le titre « I Like To Move It » sorti par Real 2 Real en 1994, repris depuis dans l’un des films « Madagascar ».

Junior JmssDepuis des années, les réseaux sociaux sont devenus les vecteurs de contenu dit « viral » et le support vidéo est particulièrement concerné. Autant YouTube était le principal site de propagation durant longtemps, autant de nos jours les plateformes proposant des vidéos courtes au format portrait comme TikTok ou Instagram ont-elles su tirer leur épingle du jeu. Et c’est de TikTok qu’est parti l’engouement pour une danse en déplacement permanent sur une portion du titre « I Like To Move It ».

Tout est parti d’une idée du danseur parisien Junior Jmss qui aime proposer des chorégraphies assez faciles à reproduire. En mai 2021, il se fait filmer en dansant cette chorégraphie pleine de bonne humeur en mode « travelling » qui le fera connaître dans le monde entier à vitesse grand V.

Mariage I Like To Move ItSa vidéo a été likée des millions de fois (presque 8 sur la version d’origine TikTok) et cela laisse imaginer le nombre de vues caché derrière (plus de 60 millions sur la vidéo originale) sans compter les reprises, copies, etc. Cela a entraîné l’explosion du nombre de ses abonnés (au jour où j’écris il en est à 2,5 millions d’abonnés sur TikTok : @junior_jmss). La chorégraphie est sympa, assez simple à reproduire et particulièrement entraînante associée à la musique choisie. Alex Madagascar move itElle a été reprise dans le monde entier par des danseurs connus, mais aussi par des inconnus dans des situations de tous les jours aussi variées que dans la rue, qu’en salle de sport, dans un hôpital, lors d’un mariage, etc. Même Alex, le lion du dessin animé Madagascar, a eu la possibilité de danser cette chorégraphie en 3D grâce au graphiste @jgcruz3d ! Allez, juste pour le plaisir je vous mets ci-dessous l’une de ces versions de la chorégraphie. Si vous en voulez d’autres, il suffit de chercher le hashtag #iliketomoveit ou #iliketo sur Tiktok ou alors de chercher le nom de « junior_jmss » l’auteur de la danse sur YouTube ou Instagram par exemple ! Et puis, pourquoi n’essaieriez-vous pas cette danse à votre tour, histoire de relever le challenge ?

@kausha_campbell

How I imagine the lemurs from Madagascar visiting the penguins in Antarctica. 🥶 @happykelli ##moveit ##iliketomoveitmoveit DC: @jikamanu @junior_jmss

♬ Like move it dance – Jikamanu

Alors voici un peu d’aide :

  • 4 temps : rame sur le côté gauche puis droit
  • 4 temps : gla gla il fait froid
  • 4 temps : rame sur le côté gauche puis droit
  • 4 temps : gla gla il fait froid
  • 4 temps : on fait le manchot
  • 4 temps: on tape à la porte
  • 4 temps : on fait le manchot
  • 4 temps: on tape à la porte
  • 4 temps : on fait le manchot
  • 4 temps : on marche en battant des bras
  • 8 temps : croisés des bras en bas puis en haut (2 fois)
  • 4 temps : vague de profil
  • 4 temps : on pointe du doigt et saut en tournant !

À vous de jouer !

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Site Mis à jour !

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Août 2021 : une sérieuse mise à jour a démarré pour permettre de conserver en ligne tout un tas d’informations précédemment publiées sur ultradanse.com (en supprimant les données obsolètes) sous la forme du blog ici présent. Les articles du blog et quelques autres informations du sites sont portés et convertis dans le nouveau format dans un premier temps, puis une actualisation des articles sera faite. En même temps, c’est l’occasion de fusionner l’annonce des vidéos plus récentes publiées sur YouTube ainsi que les pages Facebook « UltraDanse.com » et « Kwiscat ».

Étapes :
1. Création de la plateforme blog et développement des fonctions Fait!
2. Reprise des articles anciens et adaptation à la nouvelle forme Fait!
3. Actualisation des anciens articles ayant des parties obsolètes En cours
4. Écriture et intégration de nouveaux articles En cours

Lorsque tout cela sera fini, ultradanse.com pointera directement sur ce blog et les données actuellement en ligne ne seront plus accessibles sous leur forme historique.

Voilà, il y a du boulot, mais il faut évoluer avec son temps, même si le résultat de beaucoup de travail sur plusieurs années doit être supprimé ou actualisé ! Revenez régulièrement pour consulter les anciens articles qui auront été mis en ligne de nouveau, mais aussi pour voir les nouveautés qui sortiront à la rentrée de septembre 2021 !

Pour en savoir davantage sur l’histoire d’UltraDanse sur Internet, je vous conseille de lire l’article qui y est entièrement consacré sur ce site !


— Kwiscat

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Genèse d’UltraDanse .fr/.com

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Août 2021 : nous venons de fêter les 20 ans d’activité d’UltraDanse.com sur Internet ! Avez-vous suivi son évolution ? Il y a déjà 10 ans, je faisais un article dans le blog UltraDanse.com pour célébrer un anniversaire similaire et y raconter la genèse de ce site. À l’occasion du changement de format vers un site de type blog utilisant les dernières technologies, je reprends cet article et je l’actualise pour vous.

Lorsqu’on souhaite partager une passion avec d’autres personnes, différentes méthodes sont possibles. Pour ma part et pour ce qui concerne la danse, j’ai choisi d’écrire, à commencer par Internet. Nous venions donc de passer le cap de l’an 2000 quand m’est venue l’idée de créer un site web entièrement dédié à la danse, mais aussi et surtout en français. En effet, les Américains étaient déjà très présents sur la toile, alors qu’il n’y avait que quelques rares sites à destination des francophones. D’ailleurs, la plupart des sites étaient des sites vitrines pour des écoles de danse. Mais ce que je voulais faire était différent : je voulais faire découvrir la danse aux internautes d’une manière moderne et avec les outils que me proposait Internet à l’époque, tout en restant indépendant de toute école. Comme mon domaine de prédilection était la danse en couple, j’ai donc abordé le projet sous cet angle particulier.

Voici donc qu’à l’issue de l’été 2000, je me lance dans le concret. La première chose à faire était de trouver un nom. Pour cela, j’ai cherché pendant plusieurs semaines, interrogeant mes connaissances afin de glaner quelques idées. Mais rien de ce qu’on me proposait ne me correspondait. Je voulais un nom qui n’existait pas et qui ne donnait aucune connotation particulière au site en dehors de la danse. J’ai eu l’idée de différents termes pour, en définitive, tomber sur « UltraDanse » qui me semblait dégager l’idée de toujours aller vers l’avant. Mon site allait donc permettre à ses visiteurs d’aller de l’avant dans leur connaissance de la danse et dans leur pratique technique. Une fois le nom trouvé, il fallait ensuite acheter le nom de domaine correspondant : ultradanse.com (le « .com » a été choisi car, à l’époque, un particulier ne pouvait pas acheter de « .fr »). Me voici donc, le 23 octobre 2000 avec un nom de domaine original (preuve de l’enregistrement ici) et un hébergement.

Il m’a fallu quasiment un mois 1/2 pour développer (codage « à la main ») la première version du site, maquette comprise. Ensuite, allait venir la fastidieuse étape du référencement qui allait signer l’ouverture officielle du site, le 5 décembre 2000. Les premiers visiteurs étaient évidemment peu nombreux puisque le site n’était pas connu. Au début, j’étais déjà content avec 20 visiteurs par jour. Les semaines passant, j’y ajoutais du contenu régulièrement et le nombre de visiteurs a petit à petit augmenté. Un jour, je me suis posé la question de décrire les pas de base d’une manière simple sur le site. Je suis tombé sur un logiciel de conception 3D qui m’a séduit. Après en avoir acheté la licence, je me suis donc lancé dans la création de personnages. Cela a commencé par Julie qui est toujours présente sur certaines pages du site aujourd’hui. J’ai même utilisé ce personnage comme support pour animer le site : l’édito était signé « Julie ». En réalité, je n’ai que très tardivement mis mon nom sur le site : je ne souhaitais pas particulièrement me mettre en avant et c’était plus amusant de jouer avec des personnages virtuels. En second est apparu Alex, le partenaire de danse masculin de Julie. Les images crées en 3D de l’époque sont toujours sur les pages décrivant les pas de base. J’avoue qu’à l’époque cela me prenait énormément de temps de créer les images mettant en scène Julie et Alex. Cela a eu pour conséquence une petite baisse de régime dans l’alimentation du site en pages pendant quelques mois.

Vous retrouverez dans les images d’illustration de cet article l’allure du site à différentes étapes de son existence. L’équipe d’animation d’UltraDanse.com a un peu varié dans le temps. Au début, j’étais tout seul. Puis j’ai eu un peu d’aide par moments, mais jamais sur du long terme : l’animation bénévole d’un site prend du temps et demande de l’énergie. Il y a eu quelques tentatives de spécialisation de contenu et de partenariat. Le site ZikADanser.com, présentant une sélection de CD pour danser vendus dans les commerces grand public, en est un exemple. La sélection faisait à l’origine partie d’UltraDanse.com, puis, avec une amie, nous avons décidé de créer un site dédié. Nous complétions les fiches selon nos envies, mais là encore le temps a commencé à manquer. D’autres activités (dont l’enseignement de la danse) nous ont pris beaucoup de temps, à tel point que le site n’a plus bougé durant des mois. Plus tard, j’ai réintégré le contenu de ZikADanser.com dans UltraDanse.com, histoire de ne pas perdre tout le travail effectué.

Je suis donc à l’origine de la plus grande part du contenu du site depuis 20 ans. Je ne compte pas les milliers d’heures de travail qui ont abouti au site tel qu’il est aujourd’hui. Des rubriques ont disparu, d’autres sont apparues. Bref, le site a vécu durant toutes ces années. La dernière maquette du site date de fin 2008 (le huitième anniversaire). Elle a alors remplacé la maquette vieillotte d’origine et j’en ai profité pour redévelopper entièrement toutes les pages de manière qu’UltraDanse.com soit plus facile à maintenir. Car le problème essentiel dans la survie d’un site sur Internet c’est l’équilibre entre le nouveau contenu que l’on peut proposer et le temps qu’on peut y consacrer. UltraDanse.com a toujours été gratuit, mais il a de la valeur grâce à son contenu original. La publicité incluse durant une période dans les pages parvenait juste à financer les frais d’hébergement du site. Il y a eu quelques années de sommeil (je suis tombé à un moment à une mise à jour par trimestre) où j’avais envie de partager des choses, mais je ne savais pas trop comment les intégrer dans les rubriques du site. J’ai réglé cela avec la nouvelle maquette et l’idée du blog intégré au site général, tout en conservant l’intégralité des rubriques.

Dans le blog d’origine, j’exprimais ce qui me passe par la tête et je m’astreignais à tenir le rythme d’environ un article par semaine. Ce n’était pas toujours facile, car l’inspiration n’était pas toujours au rendez-vous. Parfois même, j’avais une idée d’article, mais le développement me demandait plusieurs heures de travail (parfois une bonne dizaine) et de documentation. C’était néanmoins un exercice très enrichissant, car l’objectif de partage et de « vulgarisation » que je poursuivais (et que je poursuis toujours) nécessite une bonne rigueur. En parallèle, une fois par mois environ, j’ajoutais du contenu dans le corps du site. Parfois, il s’agissait d’un article du blog que je retravaillais pour devenir une page de référence. Le blog était donc pour moi comme un laboratoire d’idées avant d’éventuellement intégrer celles-ci dans les rubriques du site. Il me fallait aussi essayer de répondre un maximum aux messages qui étaient postés sur le site. Malheureusement, je n’avais pas le temps de répondre systématiquement ; il fallait gérer les priorités.

Les fonctions remarquables d’UltraDanse à cette époque (de 2008 à 2013) intégraient donc un blog, des forums de discussion (très peu utilisés, car il fallait lancer les habitudes), une rubrique d’actualités automatisée et un annuaire des écoles de danse. Cet annuaire était particulièrement innovant puisqu’il se basait sur les données les plus récentes de la base de données de DanseSociale.org pour présenter sur des cartes dynamiques les lieux où se déroulent des cours de danse. J’ai par la suite intégré le contenu de DanseSociale.org dans UltraDanse.com, mais cela demande encore beaucoup de travail… et le temps panque un peu pour tout dire (n’oubliez pas que j’écris aussi des livres sur la danse à un rythme assez soutenu).

Encore une petite chose avant de conclure. Il est mentionné en bas de chaque page que le contenu du site n’est pas recopiable sans permission de ma part. On appelle cela un copyright en anglais et certains contreviennent à ce copyright en recopiant des pages entières d’UltraDanse sur leur propre site. Néanmoins, si on me le demande gentiment, j’accorde parfois la permission pour un texte donné à condition que la source soit citée et qu’un lien soit fait vers UltraDanse.com (mais c’est mieux de me le demander avant !). Cela dit, d’autres sont allés plus loin en utilisant le nom « Ultradanse » sans autorisation. Or, je n’ai à ce jour permis à personne l’utilisation de ce terme qui est une marque déposée à l’INPI. Il est dommage que certains aient eu envie d’exploiter mon travail et la bonne réputation du site à des fins commerciales… Victime de son succès, Ultradanse a fait de vilains envieux.

En 2013, j’ai décidé de créer ma propre école de danse (l’Espace UltraDanse) en réutilisant le nom du site. Ça évitait de faire de nouveau chauffer les neurones pour trouver un nom unique. Naturellement, l’essentiel de mon énergie et de mon temps se sont regroupés autour de ce nouveau projet et le site s’en est retrouvé délaissé jusqu’à ce jour de 2021 blog ultradanse 2021où j’ai entrepris de reprendre une partie des informations (surtout le blog) sur une nouvelle plateforme moderne et avec un look actuel. Entre temps, j’ai entrepris d’autres projets liés à la danse autour du support vidéo (incluant la plateforme YouTube) sous le pseudonyme « Kwiscat » et la nouvelle version d’UltraDanse (que ce soit en .fr ou en .com) est l’occasion de regrouper tous ces supports en un endroit unique et facile d’accès. J’ai donc beaucoup travaillé pour convertir l’essentiel du contenu encore utile de l’ancien site vers ce nouveau site au format d’un blog moderne et assurer la disponibilité du travail mis en ligne jusqu’ici (dont une partie sera en plus actualisée). Avec le renouveau du blog UltraDanse, arrivent aussi tout un tas de nouveaux articles et de vidéos en se basant sur un rythme plus régulier. Le blog étant doté de nouvelles fonctions de navigation et de recherche, je ne doute pas que vous puissiez y trouver plus facilement de nombreuses informations intéressantes dans certains articles passés inaperçus jusqu’ici. Côté réseaux sociaux, une page Facebook est associée au blog et j’y annonce les nouvelles publications (abonnez-vous !). Vous pouvez aussi utiliser les icônes sur chaque page d’article pour partager celui-ci sur vos pages personnelles sur les divers réseaux sociaux.

Voilà ! Vous savez presque tout sur UltraDanse et ses origines ! Depuis 20 ans, UltraDanse.com a été cité dans de nombreux articles de journaux et magazines (L’Express, Le Figaro, Femme Actuelle, Star Club, etc.), il a été pris comme référence sur les sites Internet de chaînes de télévision (M6, France 2, etc.) et d’autres sites portant ou non sur le thème de la danse, il est souvent cité dans des livres portant sur la danse (« Dansons comme des Dieux » chez Gremese, « Salsa, une danse aux mille couleurs » chez l’Harmattan), sans compter les citations dont je n’ai pas été informé. Tout cela sans promotion particulière. J’espère que chacun continuera encore longtemps à trouver avec UltraDanse de quoi satisfaire sa curiosité dans ce nouveau format.

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Échappés In The Streets

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Echappés In The StreetsSi vous cherchez un beau livre sur le thème de la danse à (vous) offrir, voici une bonne idée : Échappés In The Streets. Bon, d’accord, c’est un peu de l’autopromotion, car s’il a été écrit par Valérie Fourrier, il n’en demeure pas moins que j’en ai assuré la mise en page et le travail d’édition. Ce livre préfacé par Patrick Dupond fera la joie des amateurs de ballet, comme celle des amateurs de belles photos agrémentées d’un texte riche et inspirant. Voici le texte de la quatrième de couverture qui parle de lui-même :

Né de l’idée de célébrer les vingt ans du City Ballet de la ville de San Diego aux États-Unis et de la rencontre de l’initiatrice du projet avec une photographe de talent, cet ouvrage nous transporte non seulement dans les coulisses de cette compagnie de danse, mais aussi dans les rues et quartiers de sa ville de résidence. Évoquant les origines et des scènes de vie du City Ballet, les plus grands ballets classiques et contemporains de son répertoire sont décrits et mis en scène dans ces pages par l’auteur qui nous dévoile des anecdotes touchantes, parfois même amusantes. Faisant la part belle aux photographies d’Ursula Bensimon, « Échappés In The Streets » constitue, pour les néophytes, une découverte de ce monde onirique et, pour les initiés, un dépaysement assuré. La majorité des images est issue de séances spécifiques qui font renaître les ballets Carmen, Roméo et Juliette, le Lac des cygnes ou encore Casse-noisette dans des décors grandeur nature comme le musée de l’espace, le zoo de San Diego, la plage, les carrefours de la ville, le tarmac de l’aéroport, les quartiers industriels, etc. Comme son titre le suggère, « Échappés In The Streets » est, sous la forme d’un livre bilingue français/anglais, une invitation à suivre les danseuses et danseurs du City Ballet de San Diego dans les rues d’une ville magnifique qui sait à coup sûr séduire ses visiteurs.

Vous pouvez acheter ce livre dans votre librairie préférée ou directement chez l’éditeur en cliquant ici.

Auteurs : Valérie FOURRIER & Ursula BENSIMON
Éditeur : Christian ROLLAND Éditions, France
ISBN : 979-10-94832-00-4
Prix public 29 €
Format : 200 x 230 mm

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Danse d’ouverture de bal de mariage

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Cette semaine, on va parler mariage et plus particulièrement danse d’ouverture de bal. L’un des chapitres d’un des livres de technique que j’ai écrits porte sur l’ouverture du bal de mariage par une valse (et le protocole qui va avec) et c’est un grand classique que l’on retrouve chaque année. Bien sûr, l’objectif étant de pouvoir donner à voir quelque chose de joli en un minimum de temps d’apprentissage, je présente dans ce livre une méthode simple. Cependant, je ne me cantonne qu’à la tradition… Et si la valse était replacée par autre chose ?

Certains couples choisissent la facilité et font un slow simple (mais ils tombent trop souvent dans les pas raides et peu esthétiques du gauche-droite lourdaud et, pour faire cela, pas besoin de cours…). Certains futurs mariés que j’ai eus en cours particulier ont choisi quelque chose de romantique (mais pas la valse) : la scène finale de mambo du film Dirty Dancing. Là, déjà, ça demande du travail. J’en ai passé du temps à décortiquer les images du film afin de pouvoir proposer la vraie chorégraphie, mais il arrive aussi qu’on me demande une version simplifiée. D’autres de mes élèves ont choisi une chorégraphie de rock car c’est là qu’ils étaient le plus à l’aise et cela correspondait avec leurs goûts musicaux. Bref, tout est possible : ce sont eux les mariés et ils font du jour de leur mariage ce qui leur plaît. Le professeur de danse est là pour les y aider.

C’est vers l’année 2005 que l’on a vu apparaître sur Internet des vidéos où les mariés ont fait une bonne blague et une bonne surprise à leurs invités. Ils commençaient leur bal de mariage en valse viennoise comme le veut la tradition, mais leur bande-son était truquée : la valse se transforma bien vite en un morceau bien plus dynamique et empli de percussions d’Afrika Bambaataa. Faisant semblant d’être surpris, les mariés ne se démontent pas pour autant et suivent la musique en dansant à la manière hip-hop, faisant des pops, des locks, etc. Voici, ci-dessous, l’une de ces vidéos.

Quelques années plus tard, une autre vidéo dans le même style bat les records de visionnage. Je vous la mets ci-dessous. Il est vrai que la chorégraphie (il me semble avoir vu quelque chose de semblable dans une émission de « So You Think You Can Dance ») est beaucoup plus provocante et, dans ce contexte, amusante. « Quel couple de sauvages ! » doit-on penser dans l’assistance…

D’autres mariés ont, quant à eux, choisi de reprendre le sketch « L’évolution de la danse » de Judson Laipply que je vous ai déjà présenté dans un article, ici même, il y a plusieurs années. Si les mariés ont une bande de copains qui dansent aussi, ils peuvent préparer une petite chorégraphie pour épater la famille et les invités qui ne dansent pas. C’est ce que les mariés présentés dans la vidéo ci-dessous ont fait avec succès en reprenant la chorégraphie de « Thriller » de Mickael Jackson.

Cours bal mariageDepuis toutes ces années où j’ai préparé la danse d’ouverture de bal de mariage avec des dizaines de couples (oui, oui, c’est bien moi en plein travail sur la photo ci-contre issue d’un article du magazine Marie-Claire sur le sujet…), j’en ai vu défiler des demandes variées, allant de la petite danse simple « parce qu’il en faut une » au véritable show de 10 minutes. En même temps, tous les styles de danses y sont passés : valse viennoise (bien sûr), mais aussi slow amélioré, rumba, cha-cha, rock, charleston, lindy hop, contemporain, hip-hop new style, danses de l’été (oui, oui, il y en a !) etc. sans oublier les combinaisons hybrides entre ces styles. Certaines années, on repère des tendances entre le mambo de Dirty Dancing, les titres d’Ed Sheeran ou encore les tubes du moment à la radio. Tout dépend de la musique choisie, en fait. Pour moi, c’est toujours du sur-mesure. À chaque fois, c’est un réel plaisir pour moi que de comprendre la personnalité de chaque couple et leur envie afin de créer pour eux la chorégraphie qu’il prendront plaisir à présenter pour surprendre leurs invités. L’avantage dans cette situation est que les futurs mariés sont hyper motivés et n’économisent pas leur énergie dans les répétitions inlassables qui sont nécessaires pour atteindre leur objectif.

J’espère que tout cela donnera des idées à ceux d’entre vous qui doivent se marier dans l’année qui vient. N’oubliez pas que le jour de votre mariage est votre jour et qu’il n’est pas interdit que l’ouverture de votre bal de mariage vous ressemble. Traditionnel ou déjanté, c’est à vous de choisir, mais sachez qu’il vaut mieux s’y prendre à l’avance dans les deux cas pour préparer votre danse et notez qu’apprende à danser ne se fait pas en une heure de cours non plus… Et si vous êtes en région toulousaine, n’hésitez pas à me contacter : je me ferai un plaisir de préparer avec vous cette danse d’ouverture de bal qui fait tant peur quand on n’a jamais dansé !

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La danse indienne et Bollywood

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Aujourd’hui, je vous propose de continuer notre découverte du vaste monde de la danse. Depuis plusieurs années, un style de danse venu d’Inde attire de plus en plus nos contemporains, il s’agit de la danse Bollywood. D’apparence dynamique, joyeuse et souvent mettant en scène des personnages typiques, cette danse se situe au confluent de diverses cultures. Cet article tente de vous faire découvrir cet univers bien particulier, un peu mystérieux et pourtant très apprécié dans le monde entier.

Avant d’aborder la danse Bollywood, jetons un oeil à la danse indienne dans son ensemble. La pluralité culturelle de l’Inde n’est plus à démontrer et cela est autant dû à l’étendue du pays qu’à son histoire. La danse classique indienne impose au danseur une forte expression émotionnelle, une dextérité importante ainsi qu’un maniement du rythme très précis. Trois formes de danse classique indienne sont les plus connues : le Bharata Natyam (originaire sur Sud-Est de l’Inde), le Kathak (originaire sur Nord) et le Kathakali (Sud-Ouest de l’Inde), une forme de danse théâtrale où la symbolique des positions de mains est prédominante. Le Bharata Natyam, pratiqué au départ exclusivement dans les temples religieux par les femmes (les devadasi), est composé de plusieurs éléments dont le maître de danse qui fait aussi office de chef d’orchestre, des rythmiques effectuées par les pieds, des gestuelles de mains (mudras) inspirées de l’iconographie de la religion hindoue, des postures de corps (karanas), etc. Il est à noter que le dieu des arts de la scène hindou est Brahmâ et que le dieu de la danse est Shiva. La danse cosmique de ce dernier exprime le cycle de la destruction et de la création de l’univers. Comme le Bharata Natyam, le Kathak est une danse généralement effectuée en solo. Il a commencé par être associé à une certaine sensualité (ce qui lui a donné mauvaise réputation jusqu’au 19e siècle). Le Kathak raconte une histoire via le mime et des rythmiques de pied complexes. Enfin, le Kathakali, originaire de la région de Kerala, une importante zone de commerce avec l’étranger où le multiculturalisme est de mise. Les danseurs ont le visage fortement peint, une bande de papier faisant office de barbe, un énorme couvre-chef et une tunique imposante, faisant ainsi référence aux divinités, démons et humains de l’ancien temps. La danse se fait pieds nus et comporte des passages où l’on prend appui sur l’extérieur du pied. Dans un programme complet de danse indienne, les trois formes peuvent se succéder au gré des musiques employées. Pour vous donner une idée de ce que j’ai décrit dans ce paragraphe, voici un exemple de Bharata Natyam : un extrait de « Pushpanjali », dansé par Savitha Sastry.

Mais venons-en au Bollywood. Le cinéma indien s’est développé depuis le début du 20e siècle un peu de la même manière que le cinéma américain. Des premiers films silencieux en noir et blanc, on est passé progressivement aux films de comédie musicale dans les années 1930 et 1940. C’est le caractère imaginaire et enluminé des films musicaux de cette époque qui a probablement aidé les populations indiennes à surmonter des périodes difficiles de l’histoire comme la Seconde Guerre mondiale et la partition des Indes en 1947. Cet âge d’or du cinéma indien dura jusque dans les années 1960 et vit naître la plupart des grands classiques. La croissance de l’aspect commercial de ces films à succès continua jusque dans les années 1970 où le terme « Bollywood » est pour la première fois utilisé. Ce néologisme est la concaténation du « B » de Bombay (ville la plus peuplée de l’Inde et de nos jours connue sous le nom de Mumbai) et de l’essentiel du mot « Hollywood », capitale du cinéma américain. Ainsi, le terme « Bollywood » se rapporte-t-il uniquement aux films créés à Bombay (et il y en a beaucoup ; ils ont souvent en Hindi, très populaires, et comportent des scènes chantées et dansées). Chaque autre région de l’Inde (et même au-delà) produisant des films est dotée d’un surnom composé selon les mêmes règles : Kollywood pour les films du quartier de Kodambakkam à Chennai (anciennement Madras, et sont en Tamil avec beaucoup d’action et de cascades), Lollywood pour les films du Pakistan tournés à Lahore, etc. Ainsi, les films Bollywood sont construits à grand renfort de costumes brillants, d’éclairages évolués, d’accessoires divers pour appuyer les chorégraphies chantées un peu comme les musicals hollywoodiens. Depuis le début des années 2000, Bollywood a été le producteur du plus grand nombre de films grand public par an (soit environ 1000 films chaque année), dépassant largement ce qui se fait aux USA.

Dans les premiers films de Bollywood, les chorégraphies étaient basées sur la danse indienne traditionnelle ou classique, dont le Bharata Natyam et le Kathak. Petit à petit, l’influence américaine s’est fait ressentir dans ces danses. En particulier, des éléments des chorégraphies venues de Broadway et des clips passant sur les chaînes de télévision émises dans le monde entier (comme MTV, chaîne musicale « pour les jeunes ») ont peu à peu été intégrés pour ajouter de l’originalité et du spectaculaire dans les productions indiennes. Ces éléments sont donc principalement issus du jazz et du hip-hop. Chaque film raconte une histoire et les chorégraphies dansées sont là pour marquer une étape de l’histoire en question, il y a donc une mise en scène particulière dans chaque chorégraphie où l’histoire intervient. Par exemple, cela peut être une scène romantique entre une femme et un homme qui se rencontrent ou encore une dispute entre deux soeurs dans un décor un peu irréel. À titre d’exemple, j’inclus ci-dessous un exemple de danse Bollywood avec le titre « Bole Chudiyaan Bole Kangana » issu du film Kabhi Khushi Kabhie Gham, tourné en 2001.

En plus des films Bollywood que l’on peut acheter sur DVD un peu partout dans le monde, il est possible de voir des chorégraphies de ce type, par exemple, dans l’émission américaine « So You Think You Can Dance » (d’ailleurs, il y en avait une dans l’émission de la saison 10 américaine diffusée la semaine dernière ; petite copie d’écran maison ci-contre…), mais aussi dans plusieurs spectacles montés par des troupes dans divers pays, dont la France. Ces spectacles à caractère « exotique » pour nous combinent des éléments favorisant l’évasion du quotidien (vêtements d’Inde, bijoux, danseuses aux cheveux longs et bruns, chants dans une autre langue, mouvements différents, etc.), constituant ainsi un certain stéréotype apprécié de nos jours. Cela explique donc l’engouement actuel pour la danse indienne moderne, et en particulier Bollywood, qui permet la création de cours dédiés dans les écoles de danse.

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Descente et élévation du corps

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Pour cette fois, j’ai choisi d’aborder un sujet technique, peut-être un peu pointu pour certains, qui touche aux danses à deux. J’ai fait l’expérience de me livrer à une petite analyse comparative des impressions que l’on ressent lorsque l’on danse en me focalisant sur les élévations et les « descentes » (je n’ai pas trouvé de terme plus approprié) associées à un pas de base. C’est difficile à résumer, aussi entrons directement dans le vif du sujet.

Nous le savons bien, chaque danse, associée à un certain type de musique, nous donne une impression spécifique. Selon que l’on danse un tango, un rock ou une samba en couple, on se met naturellement dans une gestuelle spécifique et un mode de déplacement adéquat. Imaginez un tango argentin où les danseurs sautillent à chaque pas et vous n’avez plus l’impression de voir un tango argentin. L’idée m’est donc venue de regrouper sur un même graphique les différentes courbes qui pourraient symboliser l’aspect vertical de quelques danses, ce qui correspond à une partie de leurs signatures respectives. J’ai donc pris un axe des temps où sont représentés huit temps musicaux et un axe pour la hauteur d’élévation (ou de descente) en exagérant suffisamment pour que les choses soient bien visibles.

La position de base (position zéro) et une position debout, le dos et les jambes droites, les pieds à plat sur le sol ou, pour les danseuses en talons, le talon et la plante en contact avec le sol. Lorsqu’on fait une élévation, on monte sur les demi-pointes en utilisant les articulations du pied et les chevilles. Lorsqu’on descend vers le sol, on fléchit les genoux, les chevilles et éventuellement même on se plie au niveau du bassin. Voilà pour le contexte.

Quant au schéma, le voici, avec une couleur par ligne :

La ligne la plus facile à repérer est la ligne noire du milieu (en pointillés). C’est une ligne qui correspond au fait que les danseurs conservent une hauteur constante durant tout le pas de base. J’y ai associé des danses comme le tango, la salsa et le west coast swing et j’aurais pu y ajouter le paso doble, la rumba et bien d’autres danses. Cela montre bien que cet aspect ne constitue qu’une partie de la signature de chaque danse. Par souci de simplification, je n’ai pas essayé de dissocier les subtilités de chacune de ces danses au niveau rythmique. Ce qui m’intéresse ici, c’est l’élévation ou l’abaissement du corps sur un pas de base (et non sur une figure en particulier).

Prenons ensuite les courbes de haut en bas. La première est celle de la valse (valse lente ou anglaise uniquement). C’est la seule danse se pratiquant sur de la musique en 3/4 dans ce graphique et l’allure de la courbe se différencie donc bien des autres. Sur le temps 1, on glisse sur le sol après avoir fait une légère flexion des genoux (c’est pour cela qu’on descend brièvement en dessous de la ligne du zéro) et une remise à plat des pieds qui étaient en élévation. Ensuite, sur le second temps, on se lance vers le haut puisque c’est le moment où l’on pivote sur les demi-pointes. Enfin, on maintient l’élévation sur le temps 3 avant de redescendre et de recommencer le second demi-pas de base. L’amplitude de la courbe étant importante et l’élévation durant 2 temps donne une sensation de grosses vagues déferlant sur le rivage ou encore de montagnes russes où la pente descendante est plus raide que la pente montante.

La courbe suivante représente la samba. On voit que l’on est à plat sur le temps et que l’on est en élévation sur le demi-temps. Cela donnt un peu une image de kangourou qui sautille. Cette courbe correspond à ce que font les personnes débutant leur apprentissage de la samba. Bien sûr, l’ajout de la rétroversion du bassin que l’on acquiert par la suite atténue, voire annule, ces sautillements, mais ce que je veux montrer ici est l’impression que le danseur peut avoir. Cette impression est donc orientée en permanence vers le haut, comme si l’on rebondissait sans cesse. Les rebonds sont alors réguliers, malgré une rythmique de pas qui dure successivement 3/4 de temps, 1/4 de temps, puis 1 temps et qui, donc, ne se constate pas dans la rythmique des élévations. C’est une partie de la difficulté de la samba.

La courbe suivante montre le pas de base du rock à 6 temps. J’ai ajouté la mention « rapide », car cet effet est plus visible (et davantage ressenti) sur les tempos les plus rapides. On reconnaît la rythmique lent, lent, vite, vite, lent, vite, vite, lent (1, 2, 3 et 4, 5 et 6) du rock à 6 temps. Sur chaque pas, le danseur revient à plat (ou presque), mais comme il doit repartir très vite, il ne pose quasiment jamais le talon au sol, il reste donc en légère suspension sur les demi-pointes. C’est la raison pour laquelle la courbe bleue ne revient jamais au point zéro. Ce n’est pas pour autant que le mouvement monte aussi haut que la samba ou la valse (là on est au maximum), car on ne recherche qu’un effet ressort qui permet de se déplacer rapidement et de pivoter aisément sur l’avant du pied.

La dernière courbe est celle du lindy hop. C’est la seule courbe qui se trouve sous le niveau zéro (jambes droites et pieds à plat) puisque le style le plus souvent rencontré impose une légère flexion des genoux et un amortissement des pas effectués sur chaque temps. On voit une courbe régulière, comme pour la samba, où chaque temps est marqué. Mais, contrairement à cette dernière, le mouvement est orienté vers le sol. Il s’agit des « bounces », des amortis de pas qui sont effectués à chaque temps, même lorsqu’il y a un pas triple syncopé (pas chassé, par exemple, soit 3 pas sur 2 temps). Cela permet donc de mettre le doigt sur l’une des difficultés de lindy hop au niveau du style. Ainsi, le danseur peut-il avoir l’impression de s’enfoncer dans le sol à chaque pas, sans jamais décoller. C’est donc exactement l’opposé de la samba.

Encore un mot à propos des musiques. Chaque style de danse est généralement associé à un ensemble de styles musicaux qui vont bien avec. Pour être compatible avec une danse (samba, valse, etc.), l’orchestration des musiques en question doit donc permettre de calquer les courbes que j’ai décrites ci-avant. Si l’on veut danser une valse lente, il faut (outre l’écriture en 3/4) que la musique propose un temps fort (la courbe descend), suivi de deux temps faibles (la courbe remonte et reste un peu en haut). Même chose pour le lindy hop pour lequel la musique swing idéale comporte des bounces (terme aussi utilisé par les musiciens) réguliers qui donnent la pulsation vers le bas à la danse. Le petit bémol concerne le rock, pour lequel un rythme binaire alternant temps fort et temps faible (malgré tout bien marqué) fait l’affaire. Je viens de regarder la saison 16 de « Dancing with the stars », la version américaine de « Danse avec les stars », et je dois avouer que sur ce point les Américains s’en sortent mieux que les Français, malgré quelques exceptions à noter. Malheureusement, chaque saison de la version française ne déroge pas à la règle qui propose trop de morceaux de musique ne correspondant pas à la danse qui est pratiquée dessus… Voir mon article sur le sujet, il y a plusieurs mois dans ce blog.

Voici donc qui conclut ce petit essai que l’on pourrait sûrement compléter de bien d’autres pistes de réflexion, n’hésitez pas à me faire parvenir vos idées ou commentaires en fin d’article, par le formulaire de contact du site ou sur Facebook. Pour finir à propos de graphiques sur la danse, je vous conseille de lire un article intéressant mettant sous la forme de courbes la progression des personnes apprenant à danser en couple, filles et garçons. Il s’agit d’un article écrit par une amie au pseudo Internet de Sundrine Nereide auquel vous pourrez accéder en cliquant sur la présente phrase.

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Carolyn Carlson

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L’article d’aujourd’hui sera consacré à une danseuse et chorégraphe que les adeptes de la danse contemporaine connaissent bien : Carolyn Carlson. J’en profiterai pour vous présenter le dernier livre que j’ai édité, puisque ce dernier porte sur cette même danseuse.

Il est vrai que je ne suis pas spécialiste de la danse contemporaine mais, comme vous le savez, je m’intéresse à toutes les formes de danse. Et c’est par le biais d’un projet de livre que l’on m’a proposé que je me suis intéressé à cette danseuse et chorégraphe qu’est Carolyn Carlson. Mais commençons par le début : Carolyn Carlson est née en 1943 à Oakland, en Californie, de parents d’origine finlandaise. Elle apprend la danse classique sur la Côte Ouest des États-Unis et passe sept années à l’Alwin Nikolais Dance Theatre à New York (1965-1971) d’où elle tirera une grande partie de sa vision de la danse. Elle arrive en France en 1971 où elle est danseuse étoile-chorégraphe au Ballet de l’Opéra de Paris, invitée par Rolf Liebermann. Son parcours professionnel la conduit ensuite en Italie où elle prend durant 4 ans la direction artistique du théâtre de La Fenice de Venise, puis de nouveau à Paris, au théâtre de la Ville. Ensuite, elle passe quelques années en Finlande et en Suède avant de revenir à Venise. Enfin, elle revient en France en 1999. D’abord à Paris où elle crée sa propre structure, y invitant régulièrement des artistes renommés comme Trisha Brown ou Lloyd Newson, puis parallèlement à Roubaix comme directrice artistique du Centre chorégraphique national.

La conception de la danse de Carolyn Carlson intègre à la fois une dimension philosophique et une dimension spirituelle. D’ailleurs, elle parle elle-même de « poésie virtuelle ». La poésie est en effet un exercice qu’elle pratique aussi en dehors de la danse puisqu’elle est l’auteur de plusieurs livres de poèmes et calligraphies. Son approche de la danse contemporaine privilégie l’improvisation et les solos dans un univers souvent très dépouillé et minimaliste. On y retrouve un peu l’esprit de la calligraphie asiatique où tout s’exprime en quelques coups de pinceau et un peu d’encre de Chine. Depuis 40 ans, Carolyn Carlson a influencé de manière importante la danse contemporaine en Europe et ses créations font le tour du monde. Sa première pièce, « Density 21.5 », est montée en Avignon en 1972. Depuis, elle a créé plus de 100 pièces, dont certaines comme « Blue Lady » (1983), « Signes » (1997, et qui a remporté une victoire de la musique en 1998) ou encore « Mundus Imaginalis » (2010) ont marqué les esprits. Entre autres distinctions, elle a été décorée des insignes de chevalier de la légion d’honneur en 2000, puis de celles de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres le 20 mars 2013. Elle a également été la première chorégraphe à recevoir le lion d’or à la Biennale de Venise en 2006 À l’âge de 70 ans, Carolyn Carlson est actuellement à la tête du Centre chorégraphique national (CCN) de Roubaix et du Nord-Pas-de-Calais et sera remplacée par Olivier Dubois le 1er janvier 2014. Par ailleurs, elle dirige l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson une structure internationale créée en 1999 dans les locaux de la Cartoucherie de Paris.

J’intègre ci-dessous la vidéo d’un passage de « Blue Lady », filmée au Bataclan, où Carolyn Carlson danse lors d’un concert de René Aubry (le compositeur de la musique) en mars 2004.

Carolyn Carlson est le sujet d’un tout nouveau livre de photographies, « Carolyn Carlson – Regards, gestes et costumes », écrit et photographié par Raphaël-Didier de l’Hommel. Ce livre tout en couleurs a deux particularités, outre ses photographies exclusives et uniques : la première est de présenter 7 calligraphies réalisées par Carolyn Carlson elle-même (dont une inédite), la seconde est d’être en édition bilingue français-anglais. J’ai moi-même beaucoup travaillé sur ce livre avec l’auteur afin d’aboutir à un livre d’un format pratique (contrairement à d’autres livres déjà édités précédemment ailleurs) et visuellement agréable à parcourir. L’auteur, quant à lui, est un admirateur du travail de Carolyn Carlson de longue date, puisque les photos qu’il présente ont été prises entre 1980 et 2010. Il a été le témoin de séances d’improvisation exceptionnelles dans divers pays d’Europe, qu’il a pu photographier de manière privilégiée. J’avoue que c’était pour moi un travail important puisqu’il s’agit du premier livre en couleur que j’édite. L’erreur n’était pas permise, mais je sais de source sûre (et directe…) que Carolyn Carlson a beaucoup apprécié le travail réalisé sur ce livre et je ne doute pas qu’il plaira également à tous ceux qui aiment cette danseuse/chorégraphe ainsi que son travail. Pour en savoir davantage, vous pouvez visiter le site de l’éditeur.

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La danse (country) en ligne

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Comme j’ai été très actif ces dernières semaines dans le domaine des livres sur la danse, mon second article de la saison portera encore sur un livre que j’édite. Celui-ci, je l’ai écrit moi-même et il porte sur la danse en ligne, qu’elle soit country (majeure partie du livre) ou non. Cela me donne aussi l’occasion de clarifier dans cet article un certain nombre d’idées reçues dans ce domaine.

De nos jours, parler de danse en ligne, de line dance ou encore de danse country est bien souvent équivalent. Pourtant, il y a un peu d’abus de langage là-dedans. Même si le retour de la danse en ligne sur le devant de la scène française est principalement dû à une certaine ferveur autour de la musique country américaine dans les années 1990, toute danse en ligne n’est pas forcément country. À l’inverse, toute danse country & western n’est pas forcément de la danse en ligne. La danse country & western est en réalité une famille de danses qui sont pratiquées au son de la musique traditionnelle country américaine. On y trouve des danses en couple (dont le two-step ou des variantes de polka), des danses à deux (les « partner dances » où la notion d’homme/femme est moins prononcée) et donc des danses en ligne. Comme je l’ai déjà expliqué lors de la présentation du livre de Ralph Giordano « La danse country & western », cette famille de danse vient de loin et hérite du mélange culturel des Européens (Anglais, Irlandais, etc.) qui ont émigré vers le nouveau continent par le passé. Ainsi, le fait de « danser la country » va-t-il plus loin que danser en ligne.

Pour ce qui est de la danse en ligne à proprement parler, cette forme de danse existe depuis très longtemps. Certaines danses traditionnelles françaises se dansent même en ligne (le Brise Pied, par exemple) et les danses traditionnelles en chaîne ou en cercle sont aussi quelque part une déclinaison des danses en ligne. L’une des danses en ligne américaine les plus anciennes pourrait être le Shim Sham des années swing (1930-1940) qui était dansé aussi bien par les danseurs de claquettes que les danseurs de swing. J’y ai déjà consacré un article dans ce blog. D’autres danses en ligne existent à la même époque, mais on a essentiellement retenu les danses des années 60 comme le madison (même si, aujourd’hui en France, nous ne le dansons plus de la même façon qu’à l’époque) ou encore le hully gully. Avec la période de la danse en solo (« free style »), les danses en ligne chorégraphiées ont été moins populaires. Puis est elles sont revenues durant la période disco avec des enchaînements comme le Bus Stop et ce que l’on voit dans le film « La Fièvre du samedi soir » avec John Travolta.

Enfin, durant les années 1990, est arrivé ce nouvel engouement pour la musique country et les chorégraphies de danse en ligne associées en particulier « Acky Breaky Heart » de Billy Ray Cyrus. Petit à petit, les danses en ligne se sont multipliées sur de la musique country et elles se sont propagées dans le monde entier. Au fur et à mesure, de la pratique de ces danses, certains danseurs et chorégraphes ont eu envie d’appliquer la logique de la danse en ligne à d’autres types de musique et c’est là où la notion de « country » a eu tendance à disparaître de l’expression « country line dance » pour devenir simplement « line dance » (traduction par « danse en ligne » en français). Même si la dominance des musiques country est flagrante, la pratique de la danse en ligne voit chaque année apparaître des dizaines de nouvelles chorégraphies sur des styles musicaux très variés : musique irlandaise, musique latino, musique disco/funk, etc. Voilà donc pourquoi le livre que je viens d’écrire comporte le mot « country » entre parenthèses.

« La danse (country) en ligne » est donc un livre de technique de line dance. Le premier chapitre introduit la danse en ligne dans l’histoire des danses et donne quelques conseils pour les débutants. Le second chapitre présente toutes les techniques et notions qui servent de base à l’apprentissage des danses qui sont présentées dans le reste de l’ouvrage. Cela va du simple pas de marche avec la gestion du poids du corps, au sailor step en passant par le grapevine, le hook et le heel split. Après ces descriptions, ne viennent pas moins de 37 danses parmi les plus dansées dans les bals country et les soirées de line dance de nos jours en France. Ce sont principalement les grands classiques (Electric Slide, Tush Push, Hooked on Country) et certaines autres danses servant de prétexte à l’apprentissage progressif de certaines techniques et déplacements (en particulier certaines danses de la série AB de Val Myers). Il y a même des danses récentes comme Foxy Girl. Enfin, le dernier chapitre aborde tous les aspects musicaux liés à la pratique de la line dance : suggestion de titres, calcul de la vitesse, reconnaissance du style, utilisation des tags et restarts. Bref, c’est un ouvrage complet dont la grande originalité est de présenter chaque pas sous forme illustrée : chaque mouvement d’une danse est présenté à la fois sous la forme d’un schéma et sous la forme d’une description textuelle. Aucun livre en français ne propose ce genre de représentation à ce jour.

Voilà, pour le reste, je vous laisse découvrir les détails dans ce livre (d’autres infos sur le site de l’éditeur) disponible à la vente depuis cette semaine, et qui a été relu par trois enseignantes spécialistes de la line dance (elles sont citées dans le livre et sur mon site Internet). Leurs suggestions ont été particulièrement utiles au généraliste versé dans les danses swing que je suis. Ce livre aurait pu être écrit directement par un professeur spécialiste de line dance, mais il est particulièrement difficile de trouver des professeurs de danse prêts à s’investir dans l’écriture d’un livre (ça prend beaucoup de temps et cela ne rapporte pas grand-chose…). Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui manqueraient et je vois bien qu’il y a une attente dans ce domaine. Ainsi, si vous avez envie d’écrire un livre sur la danse et que vous avez les compétences pour faire du travail de qualité, n’hésitez pas à m’en parler en m’envoyant un petit e-mail. De même, si vous ne trouvez pas tel ou tel type de livre dans le domaine de la danse, faites-moi part de votre constat et je verrai ce qu’il est possible de faire pour répondre à ce manque.

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Isadora Duncan et la danse libre

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Dans ce blog, il m’arrive de temps à autre de m’intéresser à une danseuse ou à un danseur en particulier. Certain(e)s sont devenu(e)s célèbres par la télévision ou le cinéma, d’autres sont connu(e)s dans un certain domaine de la danse pour avoir marqué les esprits et influencé la pratique de nombreux de leurs contemporains. Aujourd’hui, je vous propose de parler un peu d’Isadora Duncan, une Américaine que certains ont surnommée « la danseuse aux pieds nus ». Difficile de résumer en quelques lignes tout ce qui a été dit et raconté à son sujet, mais je vais tenter d’aborder l’essentiel. En corollaire à cet article, je vais aussi vous parler d’un livre qui sort ce mois-ci et dont le sujet est en relation.

Isadora Duncan est née à San Francisco, aux États-Unis en 1877. Son père était banquier et grand amateur d’art de manière générale, avec une sensibilité particulière pour la culture grecque antique, et sa mère était musicienne. Suite au divorce de ses parents vers 1880, Isadora et sa famille déménagèrent à Oakland. La petite famille vécut pauvrement et les filles durent donner quelques cours de danse à d’autres enfants du quartier durant leur adolescence afin de compléter les revenus de la mère de famille. En 1895, à l’âge de 18 ans, Isadora Duncan intégra la Augustin Daly’s theater company à New York, mais la danse classique ne lui donnait aucune réelle satisfaction. Sous l’impulsion d’Isadora et pour développer la conception de la danse de celle-ci, toute la famille déménagea pour Londres en 1899, puis quelques mois plus tard pour Paris. Dans ces deux villes, les vestiges grecs des musées (le British Museum et le Louvre) passionnèrent Isadora. On dit qu’à cette époque elle dansait en imitant les positions des peintures de vases antiques tandis que son frère Raymond la photographiait. Ses spectacles de danse étaient basés sur une interprétation de morceaux de musique classique comme le Beau Danube bleu de Strauss, la Marche funéraire de Chopin ou encore la Symphonie Pathétique de Tchaïkovsky.

Plus tard dans sa vie, après l’avoir déjà fait en France et en Allemagne, Isadora Duncan créa sa propre école de danse à Moscou, motivée par la promesse du gouvernement russe de lui apporter son soutien. Une fois l’école bâtie, le soutien en question ne vint pas et elle dut reprendre le chemin de la scène. Le rêve d’Isadora Duncan était de pouvoir enseigner à des enfants qui, à leur tour, auraient enseigné à d’autres enfants. Isadora Duncan est décédée alors qu’elle était dans une automobile en 1927 à l’âge de 50 ans, étranglée par son écharpe. Ses cendres se trouvent au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Philosophiquement, Isadora Duncan s’est radicalement éloignée de la technique de danse classique rigide et, selon elle, contraire à la nature humaine. Elle a toujours recherché le mouvement le plus naturel possible, prônant la connexion entre les émotions et le mouvement. Dans le cadre de cette démarche, elle s’est inspirée de la culture de la Grèce ancienne associée à la recherche de liberté présente dans la culture américaine, donnant ainsi ses fondations à la « danse libre » et à la danse moderne de manière générale, dont s’inspirent certains courants de la danse contemporaine. Lorsqu’elle se produisait, elle était souvent vêtue à la grecque, se drapant dans une pièce de tissu et dansant pieds nus. Six de ses élèves les plus doués s’installèrent aux USA. Ils furent adoptés par Isadora Duncan et prirent son nom de famille. Son travail a permis à la danse de retrouver une place de choix en tant qu’art là où l’aspect divertissement avait tendance à dominer.

L’un des adeptes de la manière de danser d’Isadora Duncan, François Malkovsky, était ami avec l’un des frères de celle-ci, Raymond Duncan. Venu en France pour travailler le chant lyrique, il se découvrit à son contact une vocation pour la danse. Il finit par enseigner lui-même la danse libre dans les écoles et les cours d’éducation physique, imaginant ainsi une approche pédagogique du mouvement naturel humain au sein de la « danse libre » telle qu’elle a été initiée par Isadora Duncan. François Malkovsky est décédé en 1982 en France, à Laon, et son approche de la danse libre continue de se transmettre dans de nombreuses villes.

Cela m’amène à vous parler d’un des livres sur lesquels j’ai travaillé ces dernières semaines et qui a, entre autres activités, retardé le redémarrage de l’écriture d’articles pour le blog que vous consultez. Ce livre, écrit par Anne-Marie Bruyant (qui enseigne la danse libre depuis de nombreuses années), s’intitule « La danse libre » avec pour sous-titre « Sur les traces d’Isadora Duncan et de François Malkovsky ». Je pense qu’à l’éclairage des lignes ci-dessus vous aurez deviné ce dont il parle et que le terme « danse libre » ne fait pas référence au fait d’improviser dans n’importe quel style de danse.

En réalité, ce livre n’est ni un livre sur l’histoire de la danse libre, ni un livre de technique permettant d’apprendre la danse libre chez soi. C’est un ouvrage qui, même si les aspects précédemment cités sont en partie présents, tente d’expliquer les bases de la danse libre, vues de l’intérieur. En effet, la danse libre permet de s’exprimer en toute liberté et en adéquation avec la nature profonde du corps humain, mais elle peut aussi constituer un cheminement intérieur vers un certain bien-être. Le principe est de ne pas forcer le corps dans des positions extrêmes (comme les pointes de la danse classique) et de faire se succéder des mouvements et positions qui correspondent à celle que le corps humain peut faire sans aucune contrainte. C’est donc une forme de danse toute en douceur qui peut très bien convenir aux enfants, aux adultes et aux personnes âgées et elle peut se faire avec ou sans accessoires (balles, bâtons, etc.). S’il est clair que ce n’est pas une manière de danser spectaculaire (mais il existe des chorégraphies et des spectacles de danse libre), le travail se fait à la fois intérieurement, en s’accordant avec la musique et avec sa nature propre, et extérieurement, en oubliant certaines déformations qu’occasionne la vie moderne. Par exemple, il est courant que les personnes débutant la danse libre découvrent qu’ils ne savent pas vraiment marcher et que leur marche de tous les jours pour aller au travail induit des contraintes inconscientes à leur corps. Ceci n’est qu’un exemple de ce que le livre d’Anne-Marie Bruyant explique et j’ai pu découvrir dans cet ouvrage une approche de la danse plus spirituelle que dans d’autres formes de danse. Il est difficile d’expliquer tout cela dans un petit paragraphe comme ici, je vous laisse vous faire votre propre idée en lisant ce livre qui comporte de nombreuses photographies de danse libre aussi bien issues d’archives que prises récemment.

À noter que ce livre, à paraître le 19 novembre prochain, est encore disponible par le biais d’une souscription à tarif préférentiel sur le site des éditions Rolland.

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Chorégraphie et improvisation

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Les personnes ne dansant pas imaginent souvent que chaque danse qu’ils voient est chorégraphiée au millimètre et que les danseurs ont répété durant des heures. S’il est vrai que des heures de travail ont été nécessaires pour parvenir au résultat, il n’est pas certain que la danse ne soit pas issue d’une improvisation. Parlons donc aujourd’hui de ce qui différencie l’improvisation de la chorégraphie, deux manières tout à fait différentes et complémentaires de concevoir la danse.

En cette période de fin de saison, les galas et spectacles de fin d’année sont nombreux dans toutes les villes où des cours de danse sont dispensés. C’est l’occasion de montrer ce qui a été fait durant l’année et de fêter la fin d’une saison où l’on a mis tout son coeur à perfectionner sa danse. Apprendre une chorégraphie pour la reproduire à la perfection lors d’un spectacle est une tâche où la mémoire est beaucoup sollicitée, mais qui a l’avantage, répétition après répétition, d’imprégner le corps des mouvements qui composent la danse. Il n’est donc pas seulement question d’apprendre une poésie par coeur, chacun s’approprie aussi l’esprit de la poésie au point de pouvoir en écrire une nouvelle variante après des heures de répétition. La chorégraphie forme une certaine logique dans les mouvements et cette logique intègre plus ou moins consciemment la danseuse ou le danseur. Cela fait partie de sa formation.

En ce moment, j’ai moi-même des élèves qui travaillent des chorégraphies de ce type. Prenons le cas de cours de rock au niveau débutant. La chorégraphie permet de réviser toutes les figures que l’on a apprises depuis le début de l’année et de les intégrer. Pour mettre un peu de piment dans l’exercice, j’ajoute en général un petit passage où l’interprétation musicale prime sur l’enchaînement de figures. L’apprentissage de l’enchaînement des figures connues et structurées se passe généralement bien. Je précise, pour les lecteurs qui ne pratiquent pas les danses en couple, que ces fameuses figures sont comme des briques ou des séquences de mouvements et de pas que l’on assemble pour former la danse. Pour simplifier, en soirée dansante, on utilise les mêmes briques, mais c’est ordre qui change au gré du danseur et de son aptitude à improviser cette succession selon la musique qu’il entend. Mais je reviens à mon enchaînement chorégraphique. La partie qui pose davantage de problèmes aux élèves habitués à manipuler ces fameuses briques est celle où j’ai un peu changé le rythme des pas et où je propose une gestuelle démonstrative inspirée par la musique et l’histoire que l’on veut raconter aux éventuels spectateurs. Autant la danse à deux improvisée est-elle un dialogue entre les partenaires, autant cet aspect spectacle ajoute-t-il le public comme troisième larron de l’affaire. Les danseurs doivent sortir de leur cadre protégé de la technique réglée du rock qui leur permet d’improviser et, le temps de quelques mesures, faire un tout autre exercice très cadré, mais où l’improvisation n’est plus possible. Cela oblige à écouter la musique et à danser pour un public, bref, à faire ce que font tout le temps les danseuses et danseurs de hip-hop, modern jazz, etc.

Tiens, parlons-en, des danseuses et danseurs de hip-hop, modern jazz et autre danse classique. Leur spécialité, c’est le spectacle en priorité, c’est la performance au sens anglais du terme. Ce n’est donc pas tout à fait la même problématique pour eux. Leur style de danse les habitue à danser soit pour eux-mêmes, soit pour un public. Les spectacles sont donc chorégraphiés au millimètre et il vaut mieux ne pas s’écarter de la ligne dessinée par le chorégraphie sous peine de perturber tout le spectacle. J’admets qu’en hip-hop, ce n’est pas tout à fait cela, car les battles peuvent amener les danseurs à improviser, mais tous les danseurs de hip-hop ne font pas des battles… En modern jazz, classique, etc. tout est donc cadré. La chorégraphie de fin d’année représente le travail de toute la saison et, à chaque représentation, les mouvements doivent être reproduits à l’identique. Il n’y a généralement pas d’improvisation, c’est un exercice que l’on apprend beaucoup plus tard après avoir appris des dizaines de mouvements nouveaux et après avoir suffisamment gagné en maturité pour les faire se succéder en suivant son inspiration. C’est plus difficile que pour les danseurs en couple, car le niveau n’est plus la brique dont je parle plus haut, mais plutôt le gravillon voire le grain de sable. Mais une fois que la danseuse ou le danseur a atteint ce niveau, quelle liberté s’offre à elle/lui ! Cela a toutefois un revers : un danseur formé uniquement au spectacle aura du mal à danser en fonction d’un/une partenaire. On connaît les pas de deux du ballet classique, mais je pense que même dans ce cas les danseurs, bien souvent, dansent chacun l’un à côté de l’autre et assez peu l’un avec l’autre (en dehors des portés, évidemment). La danseuse peut faire une pirouette sans l’aide ou le guidage de son partenaire et le danseur tente généralement de bien se positionner, mais ne donne aucun guidage puisque sa danseuse ne l’utiliserait pas.

On le voit, il y a différents niveaux d’improvisation et différents types de techniques. Je ne crois pas que certains soient davantage « vrais danseurs » que d’autres comme j’entends parfois dire. Les usages sont différents : d’un côté, il y a l’aspect social et convivial de la danse où l’improvisation est faite de briques qu’il faut ordonner un minimum (et parfois de petits cailloux lorsqu’il y a des jeux de jambes ou des attitudes). De l’autre côté, il y a l’aspect, spectaculaire et festif de la danse où l’improvisation se fait au niveau du grain de sable. C’est un peu plus long d’atteindre l’aisance en improvisation, mais le degré de liberté est aussi plus important. Le danseur complet devrait donc être en mesure à la fois de danser avec une/un partenaire en utilisant cette notion de suivi/guidage que tous les danseurs de danse à deux connaissent et de danser librement en improvisation devant un public. Ce sont ces deux qualités qui sont nécessaires dans le cadre de l’émission So You Think You Can Dance dont la nouvelle saison vient de démarrer aux USA. Et c’est peut-être pour cela que j’aime bien ce concept.

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