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Articles principalement au format texte avec quelques images et éventuellement l’inclusion de vidéos

La danse des canards

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Je profite de cette période estivale pour aborder des sujets plus légers que dans le reste de l’année. Cette fois-ci, je vais vous présenter l’anecdotique (mais néanmoins populaire) danse des canards. Tout le monde connaît la danse des canards dans sa version de 1981 où la chanson de J.J. Lionel a déferlé sur la France. Ce disque est issu de la volonté du producteur belge Marcel De Keukeleire de lancer cette chanson en français et la danse qui va avec à destination des enfants, mais aussi de la famille au sens large. Aujourd’hui tout le monde sait (parfois malgré soi) danser la danse des canards sur les paroles très simples de : « C’est la danse des canards, qui en sortant de la mare se secouent le bas des reins et font coin-coin« .

Pour mémoire, voici la chorégraphie (que l’on trouvait aussi à l’époque sur la pochette du disque de J.J. Lionel). L’enchaînement est prévu pour être réalisé à deux personnes, mais on peut le danser seul ou en groupe (généralement en cercle).
1 – Commencer debout, face à face, les mains ouvertes en forme de bec à hauteur de la poitrine. Fermer et ouvrir 4 fois : « C’est la danse des canards« .
2 – Poser les mains sur les hanches puis agiter les coudes 4 fois d’avant en arrière pour imiter des battements d’ailes : « qui en sortant de la mare« .
3 – Plier les genoux, descendre le popotin en se trémoussant, puis se redresser pour le mouvement suivant : « se secouent le bas des reins« .
4 – Frapper dans les mains en criant 4 fois « COIN, COIN, COIN, COIN » : « et font coin-coin« .
5 – Sur le refrain, les danseurs, bras dessus-dessous tournent vers la droite, changent de bras pour tourner vers la gauche : « Tournez, c’est la fête, bras dessus-dessous, etc.« .

Au-delà de l’aventure franco-française de cette chanson et de la danse associée, je voulais vous en faire découvrir les vraies origines que peu de gens connaissent. Le morceau original ayant donné naissance à la danse des canards a été composé à la fin des années 50 ou les années 60 par Werner Thomas, un accordéoniste suisse. Il l’appelait alors « Ententanz » (la danse des oiseaux) et on l’a souvent prise pour une polka, ce qu’elle n’est vraisemblablement pas. Nous ne sommes pas encore au stade des poulets, bien que le compositeur travaillait à cette époque comme musicien dans un restaurant. Un jour, un producteur belge, Louis van Rijmenant, entendit le morceau et essaya de sortir le disque en 1970, mais sans succès. Quelques années plus tard, le morceau intéressa d’autres producteurs et le titre fut introduit en 1981, aux USA, en Angleterre et en France entre autres. C’est ainsi que la danse des canards est devenue internationale. Elle porte différents noms selon la langue concernée : « Ententanz » (danse des canards) en allemand, « Chicken dance » (danse des poulets) en anglais, « il ballo del qua qua » (la danse des coin-coin) en italien, « El baile de los pajaritos » (la danse des oiseaux) en espagnol. De nos jours, cette danse est incontournable dans les mariages et, à l’étranger, dans les Oktoberfests (fêtes de la bière).

Un dernier mot pour l’anecdote : le même Jean-Jacques Lionel dont je parlais au début de cet article a bien essayé de lancer la « danse des petits chats » en 1982, mais cela n’a pas fonctionné et les canards sont bien restés au top des préférences des Français. Comme quoi on ne fait pas un succès comme on veut. D’autres se mettront plus tard à ce concept des hits d’été avec une danse nouvelle avec la Macarena, etc.). Je vous en reparlerai sûrement.

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Une musette qui swingue

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Cette fois, je vais vous parler d’un musicien qui me permet de faire la transition entre le thème swing du dernier livre que j’ai édité et le thème du projet sur lequel je travaille actuellement : la technique de la valse (aussi bien celle de la valse viennoise que celle de la valse musette). Si le mot « musette » est automatiquement associé aux guinguettes (dont je vous parlerai dans un autre article) et à l’accordéon, ceux qui ont parcouru l’article consacré à l’accordéon et la musette sur ce site auront sûrement appris les origines de ce mot. Je n’y reviendrai donc pas. Cependant, la musette (l’accordéon) a été utilisée pour jouer d’autres styles de musique que la valse ou la java. Le musicien Gus Viseur en fut le plus parfait artisan.

Gustave « Gus » Viseur est né en mai 1915 à Lessines, en Belgique. Son père, Adolphe, jouait de l’accordéon en amateur (il était mouleur de pierre de profession) et cela a sûrement incité le jeune Gustave (surnommé aussi « Tatave ») à apprendre à jouer de cet instrument. Après avoir pris des cours (en particulier à Suresnes), il joue dans le petit orchestre familial, le Jojo Jazz. Il passe ses premières années de musicien à parcourir la région parisienne qui fourmille de bals musette, de dancings, de foires, etc.. Il lui arrive d’accompagner des chanteurs et chanteuses (dont Édith Piaf en 1940) et de jouer du bandonéon dans des orchestres de tango argentin. Bref, Gus Viseur s’intéresse à tout et fait son expérience.

À l’âge de 18 ans, il découvre le jazz et l’improvisation. Il va alors se laisser séduire par cette manière de faire de la musique. Il délaisse petit à petit le style musette au profit du jazz et devient l’un des pionniers de l’accordéon-swing. Il connaîtra les grands noms du jazz manouche comme Django Reinhardt, les frères Ferret ou Gus Deloof. Il fera un long séjour sur le continent américain avant de revenir à Paris. Décédé en août 1974, il reste probablement le premier accordéoniste à avoir été accueilli sans réserve dans le milieu des musiciens de jazz. Par la suite, d’autres seront séduits par ce style, parmi lesquels on trouve Jo Privat ou Tony Murena.

Il y a un disque regroupant quelques enregistrements de Gus Viseur dans le domaine du jazz musette que je peux vous conseiller : « Gus Viseur à Bruxelles ». Je vous laisse découvrir d’autres de ses enregistrements disponibles, sachant que l’on peut trouver certains titres indépendamment dans des compilations de musette. Pour revenir, à ce que j’écrivais au début de cet article, je vous conseille d’écouter attentivement le titre « Swing valse » joué par Gus Viseur (le son du lien YouTube ci-dessous n’est pas très bon, achetez plutôt le CD…). Peut-être parviendrez-vous à comprendre ce que c’est qu’une valse qui swingue (un concept dont il est l’inventeur).

Les amateurs de jazz et d’accordéon ne sont généralement pas les mêmes. Il est vrai qu’il y a peu de big bands dans les guinguettes. D’ailleurs, ne trouvait-on pas des panneaux indiquant « Interdiction de danser le swing » à l’entrée de certains établissements ? Il est vrai qu’un lindy hop ou un be-bop prend plus de place qu’une petite danse collée serrée. Cependant, la musique de Gus Viseur réconcilie deux mondes qui ne pensent pas pouvoir cohabiter. Le secret réside en réalité dans son instrument, modifié afin de rendre mieux les sonorités du jazz. En effet, Gus Viseur jouait « sur une lame », cela signifie qu’il avait limé une lame de son accordéon afin d’utiliser deux fois le la à 440 Hz là où les musiciens de musette l’utilisent trois fois à 436, 440 et 443 Hz. La sonorité de son instrument devenait donc compatible avec des mélodies swing. Mais cela n’aurait probablement pas suffi sans son excellent sens de l’improvisation, nécessaire à tout jazzman.

Je souhaite un bon été à tous ceux qui vont fréquenter les pistes de danse et les festivals, peu importe le style de danse pratiqué : swing, musette… ou les deux !

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La danse en BD

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Toujours à l’affût de documents ou d’informations en relation avec la danse (et en particulier la danse en couple), je suis tombé cette semaine sur le numéro 396 de la revue Fluide Glacial. Créé le 1er avril 1975 par Marcel Gotlib et Jacques Diament, il s’agit d’un un mensuel de bandes dessinées humoristiques au ton décalé et spécialement conçu pour les adultes. Divers auteurs de côtoient dans ces pages avec des styles très différents aussi bien dans le graphisme que les sujets traités. Les planches de bande dessinée qui ont attiré mon attention ont été réalisées par le dessinateur Frank Margerin dont on connaît plus particulièrement le personnage nommé « Lucien » (créé il y a déjà 30 ans !). Ce dernier est un rocker à la banane qui, vêtu de son perfecto, adore les motos et le rock’n’roll.

Quelle n’a pas été ma surprise en lisant le titre de la BD : « F. Margerin présente : LE LINDY HOP ». Et il s’agit bien d’une aventure de Lucien le rocker qui va prendre des cours de lindy hop ! L’histoire est très sympathique et amusante. Par-dessus le marché, Margerin est bien informé sur les cours de lindy (le rock step, triple step, step, step, triple step est abordé en plus d’autres détails techniques). De là à dire que l’auteur a probablement fréquenté ce genre de cours, il n’y a qu’un pas… Ce qui est particulièrement agréable. Je vous laisse apprécier deux vignettes qui m’ont bien fait rire (je sais, il m’en faut peu, mais c’est quand même bien vu). Pour l’intégralité des 4 planches de l’histoire, je vous laisse vous procurer les originales…

Il y a en réalité peu de BD qui parlent de danse. C’est pour cela que l’initiative de Margerin m’a étonné. J’avais déjà apprécié sa collaboration avec Shirley et Dino (dont je suis plutôt fan) et la BD qu’il a réalisée autour de leurs personnages (plus de détails sur son travail sur ce site. Mais pas réellement de danse dans ce travail. Il existe cependant un autre initiative intéressante en relation avec la danse ; il s’agit de la série d’albums Studio Danse de Crip, le dessinateur, et Béka, les auteurs originaires du sud-ouest de la France. Studio Danse est édité aux éditions Bamboo et en est à son troisième tome. La série raconte l’histoire d’adolescents dans une école de danse où cohabitent la danse classique et le hip-hop. C’est une BD plutôt pour les ados, mais les adultes peuvent aussi très bien s’amuser des historiettes. Il n’y a pas ici de danse de salon dans les scénarii proposés. J’ai depuis longtemps envie de lire une BD ayant pour thème les danses de société, mais rien n’a été fait pour l’instant. Pourtant, il y a de quoi dire. Les histoires courtes et les portraits caricaturés que j’ai écrits dans mes recueils « Histoires de danseurs » et « Nouvelles histoires de danseurs » en sont un bon exemple, je pense. Peut-être un jour une adaptation en BD verra-t-elle le jour si je trouve un dessinateur au style adéquat avec qui je pourrai m’associer ? Encore une idée à suivre !

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De l’influence des danses

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Les lecteurs réguliers de ce blog commencent à le savoir, il y a de plus en plus de vidéos sur Internet portant sur la danse. Des sites comme YouTube ou DailyMotion s’en sont même fait une spécialité. En parcourant ces sites un peu au hasard, je suis tombé sur la vidéo qui servira à étayer l’article d’aujourd’hui. La voici.

Cette vidéo m’a tout d’abord surpris car elle est annoncée comme présentant du lindy hop et elle commence par ce qui s’apparente visuellement plus à du rock acrobatique. En suite, j’ai été de nouveau surpris car les transitions entre les acrobaties se font effectivement en lindy hop. Nous voici donc avec une démonstration de lindy acrobatique où les acrobaties ne sont plus les acrobaties des années 30 ou 40, mais où la technique est celle du rock acro des années 80 et suivantes. Nous voyons ici l’une des caractéristiques de l’évolution des danses et de l’influence qu’elles ont les unes sur les autres.

Dans les années 1920, il y avait le breakaway, le collegiate et le charleston qui, en cohabitant sur les pistes de danse, se sont mutuellement influencés pour donner naissance au lindy hop. Le lindy a ensuite été à son tour influencé par d’autres danses comme la danse apache (voir un article précédent de ce blog), les spectacles de vaudeville, etc. Dans les années d’après-guerre, le lindy passe l’atlantique sous la forme du be-bop qui ensuite évolue vers le rock. Mais de nos jours, le rock cohabite à son tour avec d’autres danses comme la salsa (et le lindy qui a fait son come-back dans les années 80) et le style de la danse s’en voit influencé. On voit ainsi apparaître des figures typiquement salsa dans le rock avec des mouvements de bras évolués ainsi que l’utilisation des techniques correspondantes. En parallèle, le lindy hop se laisse actuellement influencer à la fois par le rock et le west-coast swing et vice-versa. Qui peut dire à quoi ressemblera notre manière de danser dans 20 ans ?

S’il est clair que les danses évoluent en permanence et s’influencent mutuellement, il est certain qu’il n’est pas simple de prendre suffisamment de recul pour analyser cela. Cependant, sur une certaine durée, l’oeil exercé repère cette évolution contre laquelle on ne peut rien faire (même s’il y a parfois des courants qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus). L’essentiel est malgré tout de maîtriser les bases originelles de chaque danse afin de mieux les mélanger sur la piste de danse d’une manière harmonieuse et techniquement correcte. Tout ceci est finalement toute l’histoire de la naissance des styles de danse et a fortiori des nouvelles manières de danser.

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Les Apaches sont là !

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Ne vous fiez pas au titre de cet article : je ne vais pas vous parler ici des danses traditionnelles des Apaches, l’une des tribus dont on parle dans les films de cow-boys et d’Indiens. Le mot est le même mais le sujet est tout autre.

Du point de vue de la danse, on parle d’apache de nos jours lorsqu’on danse le lindy hop. Il s’agit d’un style de figure dans lequel certains classent le Texas Tommy (appelé aussi arm breaker) ainsi que d’autres mouvements où la danseuse semble réellement malmenée par son partenaire. Cette dernière effectue ainsi des mouvements un peu désarticulés comme si elle était une poupée de chiffon dans les bras d’un danseur un peu violent. Mais je vous rassure : cela n’est que du style et de la comédie. En réalité, tout est étudié et la danseuse joue un rôle dans cela. Un exemple de position caractéristique de ce type de figure a fait la couverture du magazine Life le 23 août 1943. On le voit, la danseuse est dans une position inconfortable, complètement avachie sur son danseur (qui à ce moment-là effectue un pas nommé fish tail en reculant).

À l’origine, les Apaches étaient les membres d’un gang parisien à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Si leur nom vient effectivement des Indiens « Apaches », c’est que leur comportement violent a été comparé à la supposée sauvagerie des Indiens. Ces gangsters étaient donc connus pour leurs méfaits associés à un certain type de pistolet (le révolver Apache), leur coup de poing américain, leur couteau de poche rétractable ainsi que leur technique de combat.

La violence des membres de ce gang a également inspiré un certain type de danse également nommée apache qui a elle-même inspiré les mouvements repris dans le lindy hop. La danse apache simule une scène de dispute entre un maquereau et l’une de ses prostituées. L’homme fait ainsi semblant de brutaliser la femme, de la frapper, de la jeter au sol, etc. Il est à noter que la femme peut à l’occasion se rebeller dans ce petit jeu. On trouve des scènes de danse apache dans le dessin animé Popeye (entre sa petite amie Olive et son ennemi Bluto) ou encore dans la scène du Tango de Roxane du film Moulin Rouge de Baz Luhrmann en 2001. Voici, ci-après, un exemple de vidéo de danse apache (dans le style parisien que l’on nomme aussi la valse chaloupée) en 1935.

Cette danse est méconnue du grand public, pourtant une vedette comme Rudolph Valentino a pratiqué la danse apache avant d’aller aux États-Unis danser le tango dans les clubs de New York. Il est ainsi possible que ce style de danse ait influencé le tango à un moment dans le 20e siècle tout comme il a influencé le lindy hop.

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Sur le 1 ou sur le 2 ?

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Il y a peu de temps, j’assistais au spectacle de Marc Barbiéri (Show Dance, que je conseille particulièrement aux amateurs de danses latines sportives), quand m’est revenue une constatation sur une particularité du public français. En effet, les danseurs se déchaînaient sur le célèbre titre « Sing, sing, sing » (il dansaient sur une base de jive et de mouvements divers en solo que les puristes chez les danseurs de swing n’auraient pas forcément reconnus) et entraînaient le public avec eux. Ce dernier, n’y pouvant plus, s’est mis à taper des mains en rythme. En rythme, oui, mais pas à l’unisson !

Il y avait toute une partie du public qui battait des mains sur le temps « 1 » de la musique et une autre qui le faisait sur le temps « 2 ». Chaque camp pouvait se demander qui avait raison et qui avait tort. Le première partie entendait particulièrement la grosse caisse tout comme on l’entendrait dans une marche militaire. Ils entendaient donc le temps « 1 » de la musique. Or, la musique en question est loin d’être une marche. Même si les percussions sont bien marquées, il s’agit d’un swing. Et qui dit swing, dit temps « 2 » (c’est aussi le cas du rock). C’est en effet sur ce temps que se trouve l’accent de la musique. C’est donc la seconde partie du public qui était dans le vrai et cela était confirmé par le fait que les danseurs battaient aussi des mains sur le temps « 2 ».

Dans le même contexte de spectacle, lorsque Marc Barbiéri et sa partenaire Agnès Morin ont dansé leur chorégraphie à succès sur Le Connemara de Michel Sardou, il y avait une section marche où le public battait naturellement des mains à l’unisson sur le temps « 1 » et il en faisait de même sur la section valse. En fait, sur la valse, le public tape des mains sur le « 1 » et sur le « 4 ». Cela montre bien la prédisposition des français à bien entendre les musiques dites « européennes » : valse, marche, paso, etc.

D’une manière générale, les personnes sensibles au jazz battent correctement la mesure. C’est d’ailleurs amusant, quand on assiste à un concert de swing, car il est facile de distinguer les aficionados de jazz (qui battent sur le « 2 ») des autres (qui battent souvent sur le « 1 »), moins habitués à ce genre de musique. Si l’on s’en tient strictement à la danse, entendre correctement la musique permet de mieux faire corps avec elle. En réalité, cela est nécessaire pour bien danser tout simplement. On rencontre souvent le même thème en salsa où l’on peut danser sur le « 1 » (break on 1) ou sur le « 2 » (break on 2), voire même sur le « 3 » ou le « 4 », disent certains enseignants. L’essentiel, en salsa, est que les partenaires se mettent d’accord une fois pour toutes dès le début de la danse. Pour le reste, c’est une affaire de ressenti musical. Certains sont plus à l’aise (avec leur style de danse) sur le « 1 », d’autres sur le « 2 ». Si l’on a le choix en salsa (car c’est une musique bâtie sur la clave qui n’induit pas une simple binarité), il n’en est pas de même dans le cas des autres danses où le « 1 » du pas de base doit correspondre à un temps impair de la musique et ou le « 2 » doit correspondre à un temps pair.

Ouh là là ! Je sens que les neurones chauffent avec tous ces chiffres. J’arrête donc là… pour cette fois !

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Frankie Manning en Français

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Je fais une petite pause dans les articles généraux sur le monde de la danse pour (re)parler un peu de l’autobiographie de Frankie Manning (écrite en collaboration avec Cynthia Millman) en français qui n’a jamais été aussi proche de sa sortie (en fin de mois). Comme cet article va être long, je vais le diviser en deux parties que je mets en ligne au fil de l’écriture.

Genèse
Voici un peu plus de 8 mois, je signai le contrat d’acquisition des droits de traduction et d’édition du livre « Frankie Manning: Ambassador of Lindy Hop » avec Temple University Press, l’éditeur original aux États-Unis. Je ne m’imaginais alors pas l’ampleur de la tâche qui m’attendait. Au début, je me suis uniquement focalisé sur le texte. Comme la plupart des Francophones, j’avais lu (ou plutôt survolé) le texte en américain et en avais saisi le sens global sans particulièrement m’arrêter sur chaque mot ou chaque expression que j’avais du mal à comprendre. J’avais ainsi saisi la mine d’informations sur la danse et la musique swing ainsi que la culture afro-américaine et particulièrement celle des années 1920 à 1950. Ensuite, j’ai décidé qu’il fallait faire partager tout cela aux personnes qui ne parlaient pas l’anglais. D’où mes diverses démarches (ayant duré plusieurs mois) pour quasiment harceler les détenteurs des droits pour qu’ils me les vendent. L’affaire étant lancée, j’ai donc porté successivement diverses casquettes que je vous détaille ci-après.

Traducteur
La lecture du livre original m’avait laissé apparaître que j’étais capable de me lancer dans cette tâche. En effet, mon niveau d’anglais (que je qualifie de correct mais que mes interlocuteurs étrangers disent bon), ma connaissance du monde de la danse (et de la danse swing en particulier) à un bon niveau et de celui de la musique (dont le jazz) ainsi que mon aisance dans la pratique de la langue française sont des outils qui m’ont été indispensables à ce travail. J’y ajoute, bien sûr, de multiples dictionnaires, livres, sites Internet encyclopédiques, forums de traducteurs et autres amis ayant vécu à New York et parlant l’anglais depuis leur naissance qui m’ont été extrêmement utiles. Dans ce travail, j’ai essayé de rendre le mieux possible le style de Frankie et de faire une traduction la plus neutre possible vis-à-vis du large public visé. En particulier, certains termes et anglicismes trop spécifiques au milieu du swing français n’ont pas été repris tels quels (« routine » ou « danser en social » par exemple). Ainsi, que l’on soit danseur de lindy hop ou danseur de danses de salon, que l’on soit amateur de jazz ou néophyte complet ou que l’on soit simplement intéressé par l’histoire afro-américaine ou par l’histoire édifiante d’une vie, ce texte devrait être abordable part tous.

Correcteur
Une fois le texte traduit, il faut s’assurer de la cohérence de l’ensemble en français ainsi que de la bonne application des règles élémentaires d’orthographe et de grammaire. Cette phase requiert de multiples revues de texte, corrections, reformulations, etc. sans pour autant trahir le texte d’origine. Plusieurs bonnes volontés sont été mises à contribution dans cette relecture (et je les en remercie) en plus de logiciels automatiques. Mais je dois dire que jusque dans les dernières minutes, des coquilles étaient encore trouvées. J’ai corrigé dans ma traduction des erreurs qui restaient dans l’édition en anglais, mais il y a des chances que, malgré toute l’énergie qui y a été consacrée, des fautes de frappe subsistent. En tout cas, le maximum a été fait dans le temps imparti pour produire le résultat le meilleur possible.

J’ajoute ci-dessous un lien vers un petit clip qui a servi à faire la promotion de livre lors de sa sortie aux États-Unis en 2007 et en anglais. Cela vous donnera quelques informations en plus avant d’aller plus loin dans les explications.

Je continue cet article en détaillant les différentes casquettes que j’ai dû porter pour aboutir au livre que vous allez bientôt pouvoir acheter.

Éditeur
Une fois le contrat de cession des droits pour l’Europe négocié et signé et le texte étant fait, si l’on regarde le livre d’origine, il manque encore les photos. Certaines d’entre elles proviennent directement de Frankie et Cynthia, un contrat additionnel a donc encore été réalisé. Pour d’autres photos, ce fut plus compliqué. Par exemple, l’acquisition des droits de la photo de couverture fut une véritable chasse au trésor afin de trouver qui pouvait bien donner cette licence pour l’Europe (avec le fichier image, bien entendu). Au bout du compte, cette tâche de recherche d’autorisations de reproduction aura pris énormément de temps par rapport à ce que j’avais prévu. Et encore, je ne parle pas des coûts importants que je n’avais pas anticipés pour certaines photos (dont les images rares issues de la Warner et de la RKO). Heureusement que toutes les photos n’ont pas été acquises auprès de professionnels et que j’ai ainsi pu éviter des dépenses supplémentaires qui auraient encore alourdi le prix de vente du livre.

Graphiste et informaticien
Voilà, nous avons le texte, nous avons les photos. Il nous faut à présent les assembler dans un ensemble agréable. J’ai choisi de m’inspirer du design de l’édition américaine qui me semble à la fois moderne et sympathique. J’ai donc fait un compromis entre celui-ci et la charte graphique que je suis généralement pour tous les livres que j’édite (polices de caractères définies, emplacement de certaines informations dans le livre, logo, etc.). Le résultat est plutôt probant, mais il a demandé des heures de travail pour réaliser une maquette automatiquement appliquée d’une manière homogène à tout le livre. Je précise qu’un tel résultat n’aurait pas été atteint si j’avais utilisé un simple outil de bureautique comme Word (beurk !) : comme pour tous mes ouvrages, c’est le logiciel LaTeX qui a été mis à contribution avec grand succès. Ensuite, l’intégration des photos a demandé un travail de restauration pour certaines. En effet, Frankie Manning disposait de très vieilles photos plusieurs fois pliées et ayant donc de gros défauts. Là aussi, quelques heures de travail ont permis d’atteindre un résultat correct (dans l’édition originale, les photos n’avaient pas été restaurées). Enfin, une fois cela réalisé, on s’imagine que tout est fini, mais ce n’est pas le cas. Il reste encore un gros travail pour créer un index réellement utilisable, les tables des matières, les légendes en fonction des divers crédits et copyrights, etc. D’ailleurs, l’index a demandé le développement d’un petit programme maison pour automatiser quelques derniers ajustements. Ainsi, même si au dernier moment l’emplacement d’un mot changeait, l’index était toujours recréé en conséquence avec les bons numéros de page.

Encore éditeur
Eh oui. C’est la casquette d’éditeur qui revient à cette étape. Il faut à présent traiter avec l’imprimeur pour la fabrication du livre. Contrairement à mon habitude, j’ai souhaité avoir un objet plus robuste au niveau de la reliure (mais cela a un coût et implique des contraintes techniques…). Ensuite, il faut voir comment faire entrer cela dans le budget prévisionnel. Je vous passe quelques détails, mais le résultat est la réception de plusieurs palettes de cartons contenant des centaines d’exemplaires d’un même livre. Il ne reste plus qu’à le vendre pour au moins récupérer les milliers d’euros d’investissement (déjà dépensés avant même d’avoir vendu un livre).

Petit bilan…
Jusqu’au dernier jour (et la dernière minute !), j’ai échangé des coups de téléphone et des e-mails avec les États-Unis, en particulier avec Cynthia Millman à qui j’ai fait valider tous les changements que je souhaitais apporter par rapport à l’édition d’origine. Ce travail, malgré sa complexité (décalage horaire, distance, culture et langue, recherches à distance dans des archives, investissement personnel et temps passé pour aboutir au résultat, etc.), a été pour moi très enrichissant. J’ai la satisfaction d’être le seul (en plus des auteurs) à être entré dans le texte dans ses moindres détails et à en connaître les subtilités. Un simple lecteur ne peut pas le faire, même en lisant le livre plusieurs fois. Comme le dit gentiment Cynthia dans son introduction spécialement écrite pour l’édition française, ce travail m’a passionné et je suis heureux d’en être venu à bout. À présent, je souhaite que ce livre résultant du travail de Frankie, Cynthia et moi-même puisse contribuer à faire connaître le lindy hop et ses origines à tous les francophones. Je pourrai écrire encore des pages sur ce travail intensif sur neuf mois (c’est un peu comme mon dernier né…), mais peut-être aurai-je l’occasion de le faire de vive voix si un jour je suis invité à le faire près de chez vous ?

Pour finir, j’ajoute que je prépare un petit montage vidéo promotionnel d’une trentaine de minutes que je pourrai présenter dans diverses écoles, soirées, stages sur demande afin de donner un avant-goût du livre. Je ne vendrai ni ne diffuserai ce montage vidéo pour la simple raison que je n’ai pas acquis les droits de vente DVD de ce qui s’y trouvera. Je pourrai ainsi parler du travail autour de cette édition française, montrer des photos rares (dont certaines que je n’ai pas mises dans le livre !), des extraits de films anciens que Frankie mentionne dans son récit, ainsi que quelques anecdotes non racontées dans le livre et que je tiens directement des auteurs. Bien sûr, le livre pourra être disponible à la vente à l’issue de cet exposé si les organisateurs le souhaitent.

Ah, encore un mot… La disponibilité de cette édition en français est prévue le 27 avril 2009 au prix de 35 euros (je sais ce n’est pas donné, mais je ne suis pas une major de l’édition qui tire à des centaines de milliers d’exemplaires, le tirage est donc limité et le prix de vente en tient compte). N’hésitez pas à me contacter via mon site http://www.rolland-editions.fr (page « contact ») pour plus d’informations.

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Le swing : une danse de dégénérés

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La danse en couple a eu beaucoup de mal avec la bienséance par le passé. Particulièrement au sein des hautes autorités religieuses. Je vous propose de parcourir aujourd’hui un article issu du New York Times du 26 octobre 1938, page 20 (article présenté ci-contre en Anglais). Comme vous le savez à présent, la traduction de textes en Anglais est un exercice que je pratique beaucoup dans le moment, je vous en livre ci-dessous une version française (assez rapidement faite je l’avoue, j’espère que vous pardonnerez les quelques imprécisions).

AVERTISSEMENT SUR LES EFFETS
DU « SWING » SUR LA JEUNESSE
L’archevêque Beckman attaque
les « orgies de jitterbug »
devant la Catholic Women’s Session.
POUR UN PROJET DE L’ÉGLISE CONCERNANT L’ART


Les jam sessions et les « orgies » nerveuses de musique « swing » courtisent les jeunes gens « tout au long de la voie de la facilité qui conduit à l’enfer », a déclaré ce soir le révérend Francis J.L. Beckman, archevêque de Dubuque, au National Council of Catholic Women. L’archevêque Beckman, parlant de « l’art pour la jeunesse et l’Église », a déclaré que « les forces du mal » favorisaient un type d’art « incarnant une propagande maléfique et malveillante » et que l’Église doit agir contre celui-ci. « Aujourd’hui, a-t-il dit, alors que l’Église poursuit avec plus d’ardeur qu’elle l’a jamais fait dans le passé sa politique de motivation, conservation et d’attraction vers elle du meilleur de l’art moderne, les forces du mal travaillent beaucoup à ébranler son statut chrétien, à débaucher ses hauts objectifs et à l’exploiter pour servir des fins personnelles et diaboliques. » « Nous laissons, si nous n’avalisons pas largement par notre indifférence criminelle, les « jam session », les « jitter-bugs » ainsi que les orgies rythmiques de cannibales occuper une place dans notre manière de concevoir les choses en société, faisant suivre à notre jeunesse le chemin de la facilité qui mène à l’enfer ! » « Dans cette position, on a dépouillé l’art, tout comme l’homme de Jéricho, de sa belle essence et de sa belle signification et on l’a laissé pour mort sur le bord de l’autoroute des perspectives communautaires. » L’archevêque Beckman a recommandé que l’Église accorde tout d’abord à la jeunesse « tous les avantages de poursuivre leurs aptitudes culturelles en établissant un nouveau et vigoureux programme d’éducation conçu pour reconstruire et de définir la conception chrétienne de l’art. Deuxièmement, a-t-il dit, les autorités cléricales et laïques devraient s’éveiller à « l’extrême danger de la situation de l’art comme il existe aujourd’hui » et un programme devrait être suivi portant sur « des projets artistiques louables et ayant de la valeur s’étendant dans tous les domaines des efforts artistiques et regroupant les jeunesses diverses du pays. » Mrs. Alfred S. Lucas de Mobile en Alabama, a déclaré aux délégués « notre jeunesse est l’espoir de la nation » et a exhorté à une action catholique par le biais d’un travail d’éducateur et de guide. Une messe pour la jeunesse fut célébrée dans la Church of the Nativity par le révérend Dr. Thomas K. Gorman, évêque de Reno. L’archevêque Joseph Francis Rummel de la Nouvelle-Orléans a déclaré au conseil national que la « philosophie diabolique du contrôle des naissances et du suicide pour la nation. » Il avertir ses ouailles de « regarder les nouvelles tactiques des contrôleurs des naissances, particulièrement les corporations de la maternité. » Miss Margaret Lynch, assistante au secrétariat du bureau, dit que les États-Unis devraient regarder vers les zones fermières pour garder la population. Les zones rurales, par l’intermédiaire de leur isolation et dans certains cas à travers des principes religieux, a-t-elle déclaré, ont été préservées de la « soi-disant civilisation » des villes.

Le swing, une « orgie rythmique de cannibales »… C’est cela oui… Parfois l’être humain me fait peur. Si l’on regarde dans le passé, ce mode de pensée contre les courants nouveaux n’est pas exceptionnel. Imaginez qu’à une certaine époque l’Église avait classé les danses en trois catégories : les danses honnêtes, les danses franchement mauvaises (par leur indécence et leur obscénité) et les danses douteuses et dangereuses. Et il est amusant de constater que la valse était classée dans la seconde catégorie… Rappelez-vous aussi comment la musique rock a été accueillie dans les années 1950. On parlait alors de musique de délinquants et les déhanchements suggestifs des rock stars comme Elvis Presley dérangeaient à tel point que ce dernier était cadré au-dessus de la taille lorsqu’il était filmé au début de sa carrière… Heureusement, les choses et les mentalités évoluent, sinon nous ne pourrions pas nous détendre dans une soirée dansante de nos jours.

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Chaussures pour danser

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Les mots pour nommer les chaussures sont nombreux. On y trouve les sages souliers d’antan, les godillots un peu rustiques, les vulgaires godasses, les plus modernes grolles, les sophistiqués escarpins, les antiques cothurnes, les grossiers écrase-merdes ou encore les simples tatanes ; et j’en passe ! Si le vocabulaire est riche, on pense bien que les utilisations sont tout aussi nombreuses. Les danseurs les plus aguerris n’hésitent pas à pousser le luxe jusqu’à changer de chaussures selon le type de danse qu’ils souhaitent pratiquer ou encore en fonction du type de sol. Alors cette manie est-elle bien fondée ?

Imaginez-vous, mesdames, mesdemoiselles, à danser le rock dans une soirée animée. L’ambiance monte tellement qu’à un moment donné votre danseur vous glisse à l’oreille : « Attention, acrobatie ! » Et là, c’est le drame ! Vous pensez à votre paire d’escarpins en nubuck avec le petit talon adéquat et refusez l’acrobatie au grand dam de votre partenaire. Eh oui, acrobatie ne rime pas avec talons hauts. Danser le rock se fait donc de préférence avec des chaussures plates voire même des baskets pour atténuer les petits chocs dus au piétinement continuel ou aux réceptions des petites acrobaties. Il existe même des chaussures spéciales avec des semelles compensées microaérées réellement très légères et pratiques. Et le jive ? allez-vous me dire. Effectivement, les danseuses de jive portent les mêmes chaussures à talons que pour les autres danses latines. Mais il faut savoir que le règlement de cette danse de compétition interdit les acrobaties : les partenaires doivent continuellement être en contact avec le sol.

Parlons-en, des compétitions. La danse sportive comporte deux catégories de danses : les danses latines et les danses standard. Les danseuses de danses latines (cha-cha, etc.) ont souvent des chaussures ouvertes (la sandale, un peu style été) avec un talon moyen (6,5 cm par exemple) alors que, pour les danses standard (valse, etc.), elles ont plutôt des chaussures fermées (l’escarpin, un peu style hiver pour caricaturer). Les danseurs ont aussi le choix : les chaussures standard au talon bas ou les chaussures latines au talon cubain (environ 4 cm de haut). Pour la danseuse comme pour le danseur, la semelle souple des chaussures est en cuir retourné afin de leur conférer un meilleur appui sur un parquet de bois (cela ne sert à rien si vous dansez sur du carrelage, évidemment). Il est évident que ces chaussures ne peuvent pas être portées à l’extérieur : elles ne sont pas faites pour cela. Comme les poussières et la saleté adhèrent facilement à la semelle, on la gratte de temps en temps avec une brosse en métal pour retrouver les qualités souhaitées.

En plus des cas de figure que je viens de détailler, il ne faut pas oublier que, pour faire de la danse à claquettes, il faut des chaussures à semelle rigide équipées de fers (mais on fait aussi à présent des sneakers à fers…), sinon ça fait beaucoup moins de bruit, forcément… Les danseurs de swing/lindy hop sont répartis entre ceux qui préfèrent les chaussures de villes traditionnelles (souvent bicolores noires et blanches) et ceux qui préfèrent les chaussures de sport avec leur semelle souple. Dans le premier cas, les glissades (slides) sont plus faciles et, dans le second, les pas sont bien amortis et la sensation des bounces du lindy est facilitée. À chacun sa préférence. Dans un autre registre, les danseuses de tango argentin et de salsa affectionnent des chaussures à talons très hauts. Leurs jeux de jambes sont ainsi mis en valeur et cela participe au style de la danse. Pour le tango, le poids du corps peut ainsi être facilement porté sur l’avant du pied alors que pour la salsa, le déhanché est augmenté.

Bien sûr, si vous débutez, n’investissez pas dans de multiples paires. Attendez d’avoir atteint un niveau minimal pour que cela serve réellement à quelque chose. D’autant plus que les chaussures de danse coûtent plus cher que des chaussures de ville que vous utiliserez en plus lors d’autres occasions. Pour démarrer, de simples chaussures de ville (ou des baskets pour le rock) peuvent convenir.

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La danse excentrique

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Dansant sur le titre swing « Dinah », voici une femme apparemment vêtue d’une manière commune qui danse sur le pont d’un navire de croisière sous le regard des passagers médusés. Qu’a donc de particulier cette danse ? La réponse se fait vite voir : Melissa Mason (c’est le nom de cette danseuse) fait faire des moulinets à 360 degrés à ses jambes tendues. À certains moments, la position dépasse même le grand écart ! Mélangeant des pas plus classiques de claquettes à ses prouesses physiques, elle semble avoir des jambes littéralement faites de caoutchouc. La scène se déroule dans le film « The Yacht Party » en 1932, un court-métrage de la Warner dont la musique est jouée par Roger Wolfe Kahn and His Orchestra. Pour la petite anecdote, si l’on fait bien attention on peut voir le célèbre Artie Shaw jouer de la clarinette bien qu’il ne soit pas cité dans le générique. Voici, ci-dessous, la vidéo de la scène que je décris.

Melissa Mason pratique la danse excentrique ou, pour être plus exact, un type de danse excentrique. Il paraît qu’elle pouvait se brosser les cheveux avec un pied et se balancer entre deux troncs d’arbres, un pied sur chacun. À l’époque, on la surnommait Toe-zan (jeu de mots sur Tarzan mais avec le mot « Toe », orteil à la place du « Tar ») de la Jungle.

La danse excentrique correspond à une certaine manière de se mouvoir. Bien souvent, un style de danse excentrique correspond à des capacités physiques spécifiques. Parmi ces styles, on trouve le snake hips (les hanches de serpent), le shimmy, la legomania (ou le rubberlegging, les jambes en caoutchouc), le kazatchok, des numéros d’acrobaties, etc. Le talent de Melissa Mason correspond donc à la catégorie « legomania » où les artistes mettent en valeur leurs jambes dans des numéros fascinants. Tout cela se rapproche bien du contorsionniste de nos jours (où les aspects relatifs à la danse ne sont plus réellement présents). En fait, dans les années 30, les journaux qualifiaient de danse excentrique tous les styles de danse nouveaux ou inconnus du grand public.

À notre époque, certains adeptes de hip-hop croient avoir inventé un style particulier, mais savent-ils que le passé regorge d’artistes faisant de la danse excentrique qui ont déjà inventé beaucoup de choses ? Cela va du fait de tourner sur la tête ou sur le dos, jusqu’à certains déhanchés et des effets visuels saisissants. Cependant, certains de nos danseurs de hip-hop contemporains adeptes des locks et des pops savent mettre en valeur leur talent. Prenez par exemple, Robert Muraine, l’un des candidats de la saison 4 de So You think You Can Dance. Quand vous le voyez bouger, c’est un mélange d’étonnement, de curiosité et d’émerveillement qui se fait à vous. Je dirais même que ça en est parfois effrayant. Mais, dans les années 30, on aurait bel et bien appelé cela de la danse excentrique ! Voyez donc ci-dessous.

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Et la politesse ?

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Il y a quelques jours, j’assistais aux finales d’une compétition de danse sportive et le moment de la pause arriva. Les organisateurs avaient prévu un entracte où le public pouvait danser librement sur le parquet où évoluaient les compétiteurs quelques minutes plus tôt. Les belles robes scintillantes et les chaussures aux semelles en cuir retourné cèdent la place à une foule plus sobre d’amateurs de danse. La musique donnait déjà depuis quelques minutes et les couples s’amusaient en effectuant quelques pas de valse quand je remarquai deux couples qui ne semblaient pas dans la même dynamique. En regardant de plus près, je m’aperçus que ces couples dansaient des figures de paso doble. Étaient-ils sourds pour ne pas reconnaître une valse ? Pas du tout ! C’étaient des compétiteurs qui répétaient leur enchaînement, ayant revêtu un kimono noir pour rester discrets. Or, ils n’étaient pas discrets puisque gêner les autres danseurs qui circulaient autour de la piste et remonter la ligne de danse ne les dérangeait apparemment pas. D’où quelques collisions avec les autres qui ne s’attendaient pas à voir un obstacle apparaître devant eux. Il se peut que l’on puisse leur accorder l’excuse de leur jeune âge (ils étaient dans la catégorie « youth » : de 14 à 18 ans), mais je crois que leur enseignant ne leur a probablement pas appris la politesse et le respect des autres. Peut-être aussi se croyaient-ils supérieurs aux autres danseurs qui ne participaient pas à la compétition, mais qui avaient bel et bien payé leur billet d’entrée et donc participé au fait que la compétition puisse être financée.

Le savoir-vivre sur une piste de danse est essentiel à la bonne entente entre les danseurs (et danseuses évidemment) tous niveaux confondus. Sur la piste de danse, un compétiteur n’a pas plus de valeur qu’un débutant. L’intérêt d’une piste de danse partagée par plusieurs couples réside dans le fait que tout le monde écoute la même musique et que, pour autant, chacun danse différemment. Lorsqu’un morceau de swing passe dans les haut-parleurs, il n’est pas impossible de voir ici un couple qui danse le quickstep, là un couple qui danse le rock et là un autre couple qui danse le lindy hop ou le balboa. Tout le monde se partage la piste en bonne entente : les danses progressives à l’extérieur et suivent la ligne de danse qui fait le tour, les danses stationnaires au centre. Une soirée dansante est un hymne à la différence et à la tolérance. Mais de là jusqu’à tolérer qu’on ne respecte ni un minimum de règles de savoir-vivre et de respect, ni le style de musique que l’on entend, il y a un grand écart qu’il ne faut pas faire. Dans ce cadre respectueux, chacun peut, par sa danse, interpréter la musique comme il l’entend. Chaque danseur est différent. D’ailleurs, dans un couple de danse, avez-vous remarqué que les deux partenaires sont même de sexes différents ?

Pour terminer sur ces considérations autour de la politesse, du savoir-vivre entre danseurs partageant un même espace et du respect des autres, je laisse à votre appréciation la scène vidéo ci-dessous. Il va sans dire que ce comportement est inacceptable (même entre mari et femme…), mais je voudrais aussi rappeler à tout le monde que la danse est avant tout un plaisir. Si elle est un plaisir pour vous, elle doit aussi être un plaisir pour votre partenaire et pour les autres danseurs qui vous entourent (dans la vidéo les voisins de la scène semblent très embarrassés).

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Le Savoy Ballroom

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Il n’est pas fréquent que l’on puisse précisément identifier un lieu précis comme l’origine d’une danse en particulier. Qui peut dire où la java s’est développée ? Il y a cependant des exceptions. On peut, par exemple, remonter au Palladium pour le style de salsa portoricaine du même nom. Il s’agit d’une salle de bal à deux étages ouverte à New York en 1946 où de nombreux orchestres de musique latine se sont produits, favorisant ainsi le développement du style de mambo/salsa dit « Palladium » (on 2). Alors que je viens de finir la traduction de l’autobiographie de Frankie Manning, j’ai pensé vous parler d’un autre lieu, le lieu fétiche de Frankie : le Savoy Ballroom.

Le Savoy Ballroom est une salle de danse ouverte de 1926 à 1958 située dans le quartier de Harlem à New York. Le Savoy était tout en longueur : il s’étendait sur un pâté d’immeubles tout entier, de 140th Street à 141st Street sur Lenox Avenue. Il était large d’environ 23 mètres : 1122 mètres carrés au total ! Le Savoy avait deux estrades d’orchestre côte à côte, ce qui permettait l’organisation de batailles d’orchestres mémorables entre des big bands de renom (Chick Webb, Benny Goodman, Count Basie, etc.). La piste de danse en bois d’érable occupait la moitié de l’espace. Il y avait une balustrade le long du bord. Des tables et des chaises confortables séparées par des cloisons amovibles en bois se trouvaient derrière la rambarde. L’autre moitié de la pièce était constituée d’un espace-bar décoré d’or et de bleu. J’espère obtenir les droits de reproduction d’une photo de l’intérieur, vide, du Savoy pour illustrer l’édition française de l’autobiographie de Frankie Manning (parmi une trentaine d’autres photos rares).

C’est dans cet environnement motivant que s’est développé le lindy hop en évoluant selon les personnalités des danseurs fréquentant le Savoy à partir du breakaway, du charleston et des autres danses pratiquées dans les années 1930. Les danseurs du Savoy se firent remarquer à l’extérieur de la salle lors de compétitions organisées régulièrement comme le Harvest Moon Ball. Se structurant petit à petit sous l’égide d’Herbert « Whitey » White, les Savoy Dancers devinrent les fameux Whitey’s Lindy Hoppers que l’on rencontra dans des spectacles ou des films comme « Hellzapoppin' » en 1941. Ce groupe de danseurs est à l’origine du lindy hop (que l’on qualifie parfois de « Savoy style ») et de nombreuses innovations ont été faites par eux dans ce domaine (acrobaties, danse en formation, position vers l’avant et dans le sol, twist de la danseuse, etc.). Cette ambiance propice à l’inventivité et l’expression qu’apporta le Savoy fut pour une bonne partie derrière tout cela.

Il faut bien avouer que, de nos jours, des lieux comme cela n’existent plus. Ils ont été en partie remplacés par les écoles de danse, pour une autre partie par les soirées dansantes organisées ça et là (y compris dans des dancings) et pour une autre partie par les festivals, stages ponctuels ou compétitions. Mais je ne suis pas sûr qu’il y ait un lieu en particulier qui puisse prétendre rivaliser avec ce type d’établissement proposant à la fois un espace, de la musique live et une ambiance provoquant une réelle émulation. Mais les temps changent. À l’époque du Savoy, l’essentiel des distractions après une bonne journée de travail était centré autour des salles de danse et des salles de spectacle. Aujourd’hui, il y a la télé avec ses innombrables chaînes, la Wii avec sa manette à tout faire et l’ordinateur avec ses sites Internet de tout acabit (dont ce merveilleux blog ). À chacun de choisir… Pour en savoir plus sur le Savoy, ne manquez pas la sortie de l’édition française de l’autobiographie de Frankie Manning chez Ch. Rolland Éditions à la fin du mois d’avril 2009 !

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